It's Dana's Time

« Tu es dans une impasse alors ! A moins que tu ne le kidnappes, l’attache et que tu le bâillonnes pour le forcer à t’écouter. Je ne vois pas d’autres solutions » répondit le métisse sur un ton où l’on sentait clairement son amusement. Il ne voulait pas prendre à la légère le problème de son amie mais que voulez-vous qu’il lui réponde mise à part cela ? Dana avait visiblement en tête le déroulé des choses, il ne voyait pas comment l’aider plus que ce qu’il venait de faire. De tout de manière, il n’était jamais aisé d’aider son prochain dans les histoires de cœur car tout dépendait de la personnalité de chaque partie du couple. Or, il avait beau connaître Dana, il ignorait totalement comment elle agissait dans un cadre bien plus intime car les gens n’étaient jamais les mêmes. Après tout, s’il prenait son propre cas, c’était parfaitement vrai. Avec ses amis, Bonaventure était plutôt du genre introverti, à l’écoute mais rarement à faire des confidences. Il était très prude également dans la mesure où, il supportait que moyennement la vue d’un corps féminin partiellement dénués. Or, dans l’intimité, il était bien plus ouvert et passionné. Il y avait des choses qu’il supportait bien plus facilement. Oui, le Bonaventure ami et le Bonaventure amant étaient bien deux personnes différentes et encore heureux car l’être aimé apprécié d’avoir une place de choix, un rôle privilégié dans le cœur de l’autre. Voilà pourquoi il ne pourrait fondamentalement pas l’aider dans sa vie amoureuse. Il pouvait lui prêter une oreille attentive, essayer de démêler le vrai du faux etc. mais dans le fond, seule Dana détenait les clés de sa réussite ou de son échec. « Je sais que tu souhaites mon bonheur tout comme je le souhaite pour toi aussi ! » lui dit-il en tapotant sa main avec la sienne. « Au fait, comment ça se passe avec ta famille ? Cela fait un moment que je ne t’entends plus en parler ? Tout va mieux ? Ils t’ont laissé tranquille ? » s’inquiéta-t-il un instant pour son amie.

« J’espère surtout que les choses vont s’arranger entre vous deux » lui dit-il en toute sincérité. Certes, son côté le plus curieux espérait avoir des nouvelles histoires d’alimenter les besoins vitaux de sa part « commère » mais le meilleur ami en lui, lui, espérait avant tout un happy end pour leur couple. Bonaventure était bien trop romantique pour son propre bien surtout qu’il détestait les histoires se terminant mal. Il n’y avait rien de plus triste qu’une histoire se terminant bien que c’était toujours plus ou synonyme qu’une autre histoire allait débuter : un peu comme Lucy et lui. Leur histoire avait été merveilleuse, elle avait duré six longues années. Bonavenutre l’avait même demandé en mariage, chose qu’elle avait accepté en lui sautant dans les bras. Malheureusement, le destin avait voulu que leur amour s’achève ; Il en avait souffert durant des années mais à présent, Andrea partageait sa vie. Une nouvelle histoire commençait et il espérait bien qu’elle serait la dernière également car le métisse tenait vraiment beaucoup à cette femme. « S’il te laisse tranquille, je suis rassuré. Je m’inquiétais beaucoup à ce sujet mais le fait que tu ne vives pas seule me rassure. Au moins, quoiqu’il se passe entre vous, je suis certain que Luke ne te laisserait pas en danger » lui dit-il avec conviction. Il ignorait qui était ce Luke mais il voulait lui laisser une chance parce qu’il n’y avait rien de pire que d’être jugé sans pouvoir se défendre. Bonaventure l’avait trop subi par le passé. « Non toujours pas… Je t’avoue qu’avec Andrea, j’ai un peu oublié ma famille ces derniers temps » rigola-t-il doucement. « Et crois-moi, se tenir éloigné des problèmes familiaux, c’est fou ce que cela fait du bien » lui dit-il avant de se relever et de lui tendre une main. « Tu m’accordes une danse ? »

« Je te donnerai qu’un seul conseil : laisse parler ton cœur. Tu verras, il trouvera les mots quoiqu’il arrive, en toute circonstance » répondit-il à son tour avec un tendre sourire. Bonaventure était peut-être trop romantique pour son propre bien et celui des autres mais il avait foi en l’amour. C’était quelque chose d’important pour lui, au même titre que l’amitié et la famille. En parlant de famille, il ne put que s’inquiéter au sujet du demi-frère de Dana. Cette dernière lui avait confié la dernière fois qu’il s’était vu qu’elle avait des soucis avec -autant dire que sa réponse le soulagea grandement. « Je ne pourrais jamais arrêter de me soucier de toi. Tu es mon amie Dana, va falloir t’y faire… Je suis un vrai papa poule » rigola-t-il. Bien sûr, il n’était pas ce genre d’ami intrusif. Le métisse partait du principe qu’une amitié n’avait pas besoin d’être constamment alimenté pour durer au contraire de l’amour. Le véritable ami sait se montrer discret lorsqu’il le faut ou son contraire selon la situation. De même au niveau des confidences : être là dans les bons comme dans les mauvais moments, répondre présent au moment opportun… Voilà sa philosophie de vie. Aussi, même s’ils ne se voyaient pas aussi souvent qu’ils le souhaiteraient, Dana pourrait toujours trouver en Bonaventure une oreille attentive. « Ce serait avec plaisir que de le rencontrer ! » s’exclama-t-il. Après tout, il voulait voir de lui-même si ce Luke la méritait -même si au final, il respecterait son choix. Le jeune homme en vint à lui proposer une danse et il rigola face au scepticisme de sa meilleure amie. « J’ai fait des progrès depuis le Maroc. Je ne suis pas encore un grand danseur mais Andrea et moi avons pris des cours dans un bar en Argentine. Aussi, tes pieds ne risquent plus rien… par contre, je te garantis pas la danse de ta vie » grimaça-t-il tout en la prenant dans ses bras pour entamer un léger slow sur la musique qu’ils captaient faiblement depuis la terrasse où ils se trouvaient. « Prête à conquérir le Chili ? »