Décidant de nier encore et toujours, Joan protesta qu’à son tour elle allait se vexer, puisque visiblement je la confondais avec une autre, rajoutant qu’elle comprenait mon complexe puisque je n’avais su lui montrer l’étendue de ma virilité. D’un coup, quand il s’agissait d’affirmer ma médiocrité, la mémoire semblait bien lui revenir. « Je pensais que tu ne te rappelais de rien ?» Alors soit elle souffrait effectivement d’un blackout, la faute à trop d’abus, on en avait déjà tous été victime un jour, soit elle me menait en bateau et se rappelait très bien de notre nuit, option plus plausible, c’était surement que ça l’arrangeait de feindre l’amnésie. Je lui reprochais à mon tour son manque de souplesse, mais mademoiselle j’ai réponse à tout m’expliqua alors qu’elle n’avait simplement pas daigné faire le moindre effort. « Tu n’as rien trouvé de mieux parce que cela n’existe pas Joan… La prochaine fois essaie de faire un effort et tu pourrais vraiment apprécier. » répliquai-je alors, toujours persuadé qu’il y avait encore une chance que cette erreur de parcours pour la brune se reproduise à nouveau. C’est ensuite de son petit morveux qu’on parla, et je lui suggérai mon propre prénom comme sobriquet pour le futur miséreux qu’elle prendrait sous sa coupe. Option bien vite balayée par mon interlocutrice. Elle me révéla ensuite que son petiot était à la crèche, ajoutant qu’au moins là bas il était protégé des rencontres avec les personnes telles que moi soulignant mon influence désastreuse. « Parce que tu crois que l’absence d’image masculine va l’aider à s’épanouir dans la vie ? Un gosse a besoin d’un père Joan. » Ma voix perdit un instant de son sarcasme, de son ton désinvolte et provoquant alors que je prononçais ces derniers mots, repensant l’espace de quelques secondes à la propre absence de modèle masculin dans ma vie depuis que mon père était décédé, il y avait sept ans de cela. Est-ce que c’était pour cela que ma vie avait tendance à partir en cacahuètes ? Que je faisais n’importe quoi ? Je chassais ces idées, dignes d’un psychanalyste de bas étage, de mon esprit pour me recentrer sur la demoiselle, mon regard se perdant dans la contemplation de son corps voluptueux que son maillot de bain laissait bien entrevoir, me proposant alors de lui donner le numéro de ma chambre. Sauf qu’elle n’avait pas en tête de se rafraichir la mémoire. Je posai mon verre sur le bord, approchant ensuite mon visage du sien pour lui souffler : « On n’est pas obligés d’aller dans ma chambre tu sais… » Et joignant le geste à la parole, je la saisis par la taille et l’entrainai avec moi, nous faisant glisser dans la piscine devant nous…