JOELYN B. M-THOMPSON ► Merritt Patterson

« Joey tu ne peux pas partir comme ça... Tu ne peux pas nous laisser ta mère et moi alors que nous avons simplement voulu te protéger. » Mes yeux noyés de larmes ne voyaient plus mes parents tels qu'ils les avaient toujours vu : des gens aimant, qui auraient tout donné pour leur fille, qui ont toujours tout donné pour leur fille... Non ils n'était pas cela, ils avaient été assez égoïste pour me cacher quelque chose de grave : mon adoption. Mes valises faites, les renseignements qu'ils avaient sur ma famille biologique pris, je n'avais pas hésité une seule seconde à quitter notre petite appartement de la banlieue de Chicago pour me rendre à Cambridge où au moins l'un des membres de ma famille biologique était censé vivre. Et oui, j'avais été adopté, et le pire c'est la manière dont je l'avais appris. Le scénario tournait et retournait dans ma tête, comme une boucle sans fin... tout comme ces quelques mots du docteur. « Si vous faites une rechute dans votre leucémie, vos parents ne pourront pas vous donner leur moëlle, ils n'ont aucune compatibilité avec vous... » Lorsque le docteur m'avait annoncé cela, j'avais compris de suite et ma mère n'avait pas tardé de se mettre à table pour me raconter toute la vérité. Alors oui après avoir affronté une leucémie et avoir fait de la chimiothérapie, avoir lutté contre tout cela, il fallait encore que j'affronte cela. En soi, ce n'était pas grave, ce n'était qu'une étape de plus dans le long parcours de la vie. Diagnostiquée très tôt pour une leucémie à la suite d'un banal don du sang, j'ai eu la chance de pouvoir être suivie et prise en charge rapidement. Les traitements ont suivi aussi rapidement et à part le fait d'avoir perdu mes cheveux, et donc d'avoir eu la sensation de perdre ma féminité, je n'ai rien perdu d'autre. Au contraire, survivre à cela m'a permis d'apprendre à croquer la vie à pleines dents et d'en profiter pleinement en savourant chaque seconde auprès de ce qu'on aime, sauf lorsqu'ils vous ont menti. Et oui pendant près de vingt ans mes parents m'ont caché le secret de mon adoption. Ne pouvant pas avoir d'enfant, j'ai été un don du ciel après de nombreuses années de procédure pour adopter. Aujourd'hui ils ont l'impression que Dieu leur reprend cette offrande avec mon départ, mais je suis juste en quête de vérité, en quête pour connaitre ma famille vraie famille, ma famille de sang, celle qui sera peut être apte à me sauver si cette leucémie ne me laisse pas tranquille pour toujours... Même si je suis en rémission depuis maintenant plus de deux ans, temps depuis lequel j'ai débarqué à Harvard pour mener ma petite enquête. En attendant de les rencontrer, je profite de la vie, je lui souris chaque jour, j'ai un petit job et ça me permet de payer un peu mes études, car ma bourse au mérite ne suffit pas et je ne veux pas toucher aux versements que mes parents adoptifs me font encore chaque mois pensant que je suis encore une petite fille qui ne peut pas se débrouiller seule.


« Priam je suis encore amoureuse de Jasper ! Arrête tout ça... Arrête de me courir après... » Qu'est ce que je suis en train de lui lancer à la figure ? Qu'est ce que je suis en train de lui faire ? Je suis atroce. Je m'en rends compte. Mais je dois bien dire que passer si près de la mort une seconde fois m'a changé. Je vois la vie d'une manière différente et je veux vraiment la croquer sans avoir de regret. J'ai vécu une belle histoire avec Priam, je sais que je suis amoureuse de lui, mais aujourd'hui il m'étouffe. On s'est séparé il y a des semaines, des mois même, quand il m'a quitté sur un coup de tête et que j'ai passé une nuit avec Jasper... Pourquoi est ce qu'il est revenu près de moi après ? Surement par amour, mais je n'ai fait que le repousser depuis son arrivée au Pérou. Mon hospitalisation suite à des complications pour la leucémie, leucémie qui prenait de plus en plus le dessus m'a presque arrangé. J'ai manqué de temps avec Judith mais au moins je n'ai pas vu Priam me supplier de le pardonner chaque jour. Aujourd'hui, j'ai reçu la greffe de ma soeur, elle m'a sauvé la vie. Je suis partante pour reprendre une vie normale, pour profiter de chaque instant mais je ne sais pas si j'ai envie de le faire avec Priam alors que mes sentiments pour mon premier amour sont tellement présents... Vraiment Jasper est dans ma tête sans que je ne puisse l'en sortir malgré ce que je ressens pour Priam. Est ce que j'ai envie de compliquer ma vie ? Peut être un petit peu. Je suis la gentille petite fille sage et disciplinée depuis tellement d'année. J'ai envie de vivre dangereusement, pas en étant inconsciente mais en vivant de la manière dont je m'interdisais de le faire avant, c'est à dire en vivant pleinement chaque chose qui se présente à moi.

« Ju t'es sûre que c'est une bonne idée d'aller les rejoindre au Spring Break ? » Si elle, elle est partie pour faire un semestre à l'étranger, moi je suis partie pour de bon, j'ai pas pensé à un retour. Puis j'ai la frousse de me retrouver en face de Priam et qu'il recommence, j'ai peur de me retrouver face à Jasper et qu'il soit fou amoureux d'une femme. J'ai peur de ne pas retrouver le bonheur à Cambridge une fois le Spring Break passé. Mais je ne suis pas le genre de peureuse à m'arrêter à ça d'ordinaire alors je me botte les fesses et je suis ma soeur... Adviendra ce qu'il adviendra... J'espère simplement que les cabots ne m'en voudront pas trop de ne pas les rejoindre à nouveau, mais je dois bien m'avouer que la musique a pris une trop grande importance dans ma vie, dans ma survie pour que je ne choisisse pas la confrérie que je veux rejoindre en le prenant en considération.