kidnapping / {r. Jillounette}

Le réveil n'aurait pas été son propre portable qu'il aurait certainement eu une fin bien plus tragique. Parce que oui, Jill devait être la seule à mettre un réveil en vacances, mais que voulez-vous, le Spring Break ne durait même pas deux semaines et elle n'avait franchement pas envie de le passer rouler en boule sous les draps comme elle l'était actuellement - et ce même si c'était la chose la plus agréable après la journée d'hier et qu'il était déjà une heure assez avancée de la matinée. Se forçant dans un grognement à poser ses pieds nus sur le parquet de bois quelques minutes plus tard, la blonde se dirigea d'un pas absent sous la douche, bénissant le bon Dieu d'avoir inventer l'eau chaude ou la meilleure chose qui soit. Et franchement, puisque ce n'était pas elle qui payait l'eau chaude (enfin, techniquement si puisque c'était compris dans le prix de la chambre) elle resta plus longtemps qu'un shampoing aura nécessité. Elle parvint à retrouver des idées claires assez vite pour se demander ce qu'elle allait pouvoir faire aujourd'hui. Elle enverrait peut-être un message à Célestine plus tard. Fermant enfin l'eau, elle se sécha rapidement avant d'enfiler simplement des sous-vêtements et de retourner dans sa chambre. Elle avait pris une chambre seule, ce n'était pas pour s'empêtrer à faire attention à ce à quoi elle ressemblait. Les cheveux encore humides tombant sur ses épaules, elle prit la direction de son chevet, marquant une hésitation à envoyer pour envoyer un message immédiatement mais se résigna à le faire une fois prête et reposa l'appareil. Rentrée tard, elle n'avait pas encore rangée sa valise et alors qu'elle se retournait pour aller y chercher ses affaires du jour, elle n'eut pas le temps de l'atteindre avant qu'un bruit ne la fasse sursauter, trop rapide pour qu'elle puisse se retourner avant de se retrouver emprisonner de bras visiblement masculins et les yeux bandés. Sans avoir le temps ni l'urgence de se demander comment elle avait bien pu oublier de fermer la porte la veille, elle laissa échapper un cri avant de se ressaisir et de se débattre violemment, jusqu'à ce que l'emprise s'étiole suffisamment pour la laisser s'échapper, sans prendre de précaution des coups qu'elle pouvait donner à son agresseur au passage, après tout, c'était le but. C'est dans un seul mouvement qu'elle retira le bandeau et se retourna, prêt à fuir vers la sortie à tout moment, avant de reconnaître la silhouette qui se tenait devant elle. ZIGGY ?! Son coeur battait encore la chamade et il lui fallut une fraction de seconde pour comprendre ce qu'il venait de se passer. Après l'effroi et la surprise, c'est la colère qui passa dans ses beaux yeux bleus alors qu'elle venait frapper le torse de son meilleur ami avec fureur. Sombre crétin, tu m'as foutue la trouille de ma vie ! Vous l'aurez compris, entre eux, pas de 'ravie de voir, comment tu vas, je savais pas que tu venais !' c'est tellement has-been.

Bien sûr, elle commença à se débattre. Jill n'était pas du genre à se marcher sur les pieds. Ziggy savait pertinemment que sa blagounette tiendrait à peine quinze secondes avec une nana comme Jill. Il faut dire qu'elle avait une certaine force, même le matin en sortant de la douche. En réalité, Ziggy ne résistait pas vraiment, il n'avait pas envie de lui casser quelque chose ou bien de se prendre un coup de coude de la jeune femme. Il préférait assurer pour être certain de passer une bonne journée. Alors, lorsqu'elle retira le bandeau d'un geste vif et se retourna vers lui, Ziggy l'accueillit avec un sourire radieux, bien qu'un brin moqueur. Il ouvrit grand les bras l'air de dire : "Surpriiiiise, c'est moi !". Mais vu la tronche que tirait Jill en cet instant, elle n'avait pas l'air ravie de le voir. Il baissa donc les bras tandis qu'elle se mettait à lui frapper le torse avec une certaine virulence. Il lui attrapa les poignets pour l'arrêter dans ses délires. Elle n'était pas vraiment fâchée dans le fond. Enfin... Peut-être un peu. C'était à Ziggy d'être assez malin pour faire apparaître un sourire sur le visage de sa meilleure amie. Arrête Jill, t'es ridicule avec tes tout petits poings. Il lui relâcha finalement les avants-bras et se colla à la paroi du placard, un sourire au coin des lèvres. T'es super heureuse de me voir, en réalité. Le Chili sans moi, ça n'aurait pas été la même chose. Un peu comme des pancakes sans sirop d'érable. Malgré tout ses efforts, Jill conservait sa tête des mauvais jours. Ziggy, lui, jubilait. Bien sûr, je suis le pancake, moelleux et savoureux. Toi, tu es le sirop d'érable, collant et sucré. Ziggy adorait les métaphores et souvent, Jill en faisait les frais. Même si sur ce coup là, Zig avait été plutôt sympa dans ses comparaisons.   

Crétin. Non franchement là elle avait pas d'autres mots. Il fallait juste qu'elle se calme. Elle et ses tout petits poings. C'était sur que face à la stature de Ziggy, elle n'aurait pas fait le poids même si le but n'était pas ici de lui faire mal, juste d'expulser la peur qu'elle avait eu. Croisant ses bras sous sa poitrine, elle l'écouta déblatérer ses idioties avec cet air satisfait qui le caractérisait si bien. Il savait très bien qu'elle ne pouvait rester en colère bien longtemps quand il faisait cette tête-là. Après tout, ça faisait plus d'un an qu'elle le supportait, elle ne devrait même pas être surprise de son dernier coup, c'était tellement lui. Arrête ou tu vas me faire rayer les pancakes de mon alimentation. Déjà qu'elle mangeait pas grand chose ou de façon fort peu équilibrée. Il avait toujours des métaphores pour chaque situation et surtout, ne pouvait s'empêcher de répartir les différents éléments entre eux. Evidemment, Jill se retrouvait bien souvent avec le moins glorieux des deux. C'était bien son meilleur ami tout craché, il avait le don de mettre votre susceptibilité à toute épreuve, même si cela passait maintenant bien au-dessus de la jeune blonde après tout ce temps. Elle ne put retenir un petit sourire quelques secondes plus tard en coin avant de décroiser ses bras et de les relâcher dans un signe d'abandon. Okay t'as gagné, mais je te préviens, c'est la dernière fois que tu me fais un coup pareil ! dit-elle en le pointant du doigt d'un air entendu. Si il tenait un minimum à sa santé cardiaque, il évitera de le refaire une fois de plus. Même si avec Ziggy, on ne savait jamais vraiment à quoi s'attendre et au fond, c'est bien ce qu'elle aimait chez lui, on ne s'ennuyait jamais. Même si c'était à ses propres dépends.

Elle était tellement pas crédible avec sa mine faussement énervée. Il avait envie de lui attraper les joues pour la forcer à rigoler un peu. Mais il préféra s'abstenir, ne voulant pas s'attirer une nouvelle fois ses foudres. Car Jill savait tout de même se montrer assez flippante quand elle voulait. Cela faisait un an qu'ils se connaissaient, un an que leur amitié n'était plus à prouver. C'était un coup de foudre amical comme il y en a peu dans la vie. Alors oui, elle lui en avait voulu quand elle avait découvert qu'il avait menti sur le fait d'être étudiant. Elle avait fait à peu près la même tête que maintenant et lancé des phrases assassines. Mais elle avait fini par lui pardonner car elle était incapable de résister à cette petite bouille d'ange et ces bons moments. Jill n'était qu'un chamallow fondant devant Ziggy Carstairs. Déconne pas, j'ai dit que tu étais collante mais sucrée. Et c'est comme ça que je t'aime. Gros sourire forcé mais totalement adorable. Et tandis qu'elle râlait encore après lui, il grimaça un peu, l'imitant en secouant la tête, les bras croisés sur son torse. Epargne ta salive, chérie. Tu veux que je m'en aille ou bien t'as du temps à m'accorder ? Voilà qu'il jouait avec sentiments, faisant une petite moue boudeuse. Tu as peut-être mieux à faire que de passer l'après-midi avec ton meilleur ami ? Quel arnaqueur, ce Ziggy. Il était vraiment impossible quand il s'y mettait.