(azix) i'm so lost.

Deux jours que je suis ici en observation, le bruit des machines qui bipent et les infirmières qui passent toutes les heures pour savoir si je vais bien sur ordre de mon médecin de petit ami. J'ai l'impression de devenir folle, j'ai envie d'arracher mes perfusions. Surtout depuis que j'ai appris que j'étais enceinte. Je fixe le plateau repas dégueulasse et j'attrape mon mac en attente d'un mail de mon agent qui m'avait explicitement dit de me reposer. Je soupire encore et toujours, jouant avec la nourriture de l'assiette en grimaçant. Est-ce que je vais garder cet enfant ? Je n'en savais rien. J'avais besoin d'Azraël, c'était la seule personne qui pouvait me comprendre, qui pouvait me conseiller. Lorsque j'entend quelqu'un qui toque à la porte, je sursaute et regarde la porte « Entrez ? » Je me doutais que c'était elle, et un sourire s'étendait sur mes lèvres « Merci... » Un simple merci, un simple mot mais qui en disait tellement.

Est ce que je devais préciser que j'étais complètement stressée depuis deux jours ? Parce que je l'étais. Et j'savais que c'était pas bon pour moi, que je devais apprendre à me relaxer comme me l'avait gentiment précisé le médecin mais, j'pouvais pas. Pas quand Phoenix était à l'hôpital en fait. C'était complètement au dessus de mes forces. Alors maintenant que je pouvais, qu'elle avait le droit au visite, forcément que je fonçais à l'hôpital. J'savais même pas si elle avait envie de me voir mais, je m'en fichais. A vrai dire, j'voulais juste vérifier de mes yeux qu'elle allait bien. Alors après avoir obtenue le numéro de sa chambre, j'allais jusqu'à celle ci poussant doucement la porte avant de sourire à ma blonde préférée. Y a pas de quoi. J'attrapais la seule chaise de libre la tirant vers le lit avant de prendre place sur elle. Tu t'sens bien ? Ou du moins, mieux. J'savais pas tellement par où commencer et j'avais besoin qu'elle s'livre là. Qu'elle me raconte tout. Parce que j'avais l'impression d'avoir complètement le fil pour le coup. Ou peut être que j'avais juste été trop préoccupée par mon bonheur soudain.

Je ne comprenais encore pas comment j'en étais arrivé la, comment j'avais fait pour atterrir sur ce lit d'hôpital. Les nouvelles s'étaient enchaînées et j'avais la triste impression que la vie me faisait payer tout ces temps de bonheur qu'elle m'avait accordé. Mais, je n'avais pas peur de l'avenir, je savais que Chase serait à mes côtés quoi qu'il arrive et que je pouvais aussi compter sur Azraël. D'ailleurs, j'étais tellement heureuse qu'elle soit la, je me demandais au bout de combien de temps elle allait venir mais aujourd'hui elle était la. Je la regardais qui s'installait près de moi, sur la chaise et je me mettais en position assise dans mon lit, me battant avec ma perfusion tandis qu'elle me demandait si j'allais bien. Mais est-ce que j'allais bien ? telle était la question. « Je ... Je sais pas si j'vais bien. » Je soupirais en me rappelant ce que Chase m'avait dit sur ma grossesse et je me sentais toujours aussi bête. « J'ai appris un truc Az'.. » trop de suspens dans ma voix, je fermais les yeux pour recentrer mes idées et je la fixais en posant mon regard sur elle. « Je suis enceinte... »

Ce qui prouvait une nouvelle fois que j'étais carrément égoïste dans mon genre. Mais j'pouvais pas agir comme ça avec Nix, elle était tellement important à ma vie que je me devais d'être présente pour elle quand elle avait besoin de moi. Et puis même quand ce n'était pas le cas. Parce que c'était à ça que servait que les amis pas vrai ? Sauf que les réponses qu'elle me donnait ne me convenait pas. Ouais, je détestais vraiment la voir dans cet état. Je me mordais la lèvre continuant à la fixer alors qu'elle semblait avoir un lourd secret à me révéler. Tu.. Quoi ? Ouais, là j'étais sur le cul. Vraiment. Je m'étais pas attendu à ce genre de chose et pour être passé par là, je savais aussi combien c'était dur d'accepter un truc pareil. Je déglutissais cherchant les paroles réconfortantes que je pouvais dire. Tu vas le garder ? Forcément que je me devais de poser cette question. Parce que tout le reste de la conversation reposerait sur la réponse. Mais peut importais son choix, elle pouvait être sûre que dans tout les cas, je serais là pour l'épauler. Je jugeais pas les gens, du moins, je la jugeais pas elle. Elle devait pas avoir peur de la réponse à donner puisque je resterais à ses côtés.

On m'a souvent dit que la vie n'était pas un long fleuve tranquille et il fallait dire que j'avais été épargné par la vie pendant quelques temps et qu'elle devait s'ennuyer pour balancer cette bombe au dessus de ma tête. Moi, la fille qui était le moins attiré par des enfants, qui ne supportait pas leurs cris et le fait qu'il bave partout, j'étais enceinte. C'était écrit noir sur blanc sur ce foutu résultat de prise de sang et je ne savais pas si je voulais le garder ou pas. Après tout, ma famille a toujours été très soudée et contre l'avortement. Alors si cela venait à s'apprendre j'allais clairement me faire tuer par ma mère qui voulait un petit enfant et par mon père qui me dirait que je suis la plus inconsciente des filles. Az' était la première au courant et je ne voulais le dire qu'à elle. Chase n'était pas repassé dans ma chambre depuis l'autre soir, je pense qu'il ne travaille pas, vu qu'il avait bien assez travaillé depuis son retour à l'hôpital. Du moins, c'est ce que je pensais. Quand Azraël me demandait de répéter, je fermais les yeux avant de lui redire « Je suis enceinte. » Avec un peu plus de convictions ça devait certainement mieux passer. Mais moi-même je n'étais pas convaincue de ce que je voulais faire. Gardant les yeux clos j'écoutais sa question et des milliers de questions me passaient par la tête « Je... Je sais pas Az', d'un côté, je sais que ça rendra Chase heureux, qu'il sera le plus heureux des hommes et le plus merveilleux des papas, puis il y a ma famille aussi... Mon père serait capable de me tuer si jamais il a appris que j'ai avorté... Mais d'un autre côté... J'ai mon boulot de mannequin et.. j'ai peur de ne pas retrouver ma ligne si jamais je garde cet enfant.. » Bon, c'était l'excuse la plus bidon du monde mais j'espérais au moins qu'elle arriverait à me guider, à être le phare qui m'éclairera sur ma décision. J'attrapais alors doucement sa main pour qu'elle me dise qu'elle était la, et qu'elle, quelle que soit ma décision, elle ne me lâchera pas.

Je connaissais que trop bien les jugements. Je savais aussi à quel point ça pouvait affecter une personne. Les gens étaient beaucoup trop moralisateur. Toujours à donner leurs opinion sur tel ou tel acte même quand on n'attendait pas eux leurs avis et le plus souvent, sans même qu'il s'en rende compte, ça faisait mal. J'avais été jugé pour des tas de choses. Des millions de fois j'avais eu la sensation d'avoir fauté si gravement qu'une horde de juré s'étaient présentés à moi pour m'abattre à coup de sarcasme et d'opinion. Je ne pouvais pas faire subir ça aux gens que j'aimais. Je ne pouvais pas les détruire de la même façon qu'on m'avait laminé. Parfois, j'avais la sensation d'être une âme en lambeaux. Si jeune et pourtant si marqué. Si l'esprit étaient visible à l'oeil nu, je serais prête à parier que la mienne ne serait faite que de quelques filaments voletant à l'aveuglette. Et elle répétait les mots que je tentais d'assimiler avec sagesse. Enceinte. Un mot qui semblait si dévastateur sortit de sa bouche. Oh, oh.. Respire. Je me redressais posant ma main sur son front dégageant les mèches blondes venant lui embrasser le visage. Je veux que tu arrêtes de penser à ce que dirais Chase, ta famille ou même à ta ligne. J'avais fais les même erreurs au début. Penser aux autres, penser à l'abstrait mais ne surtout pas penser à moi. Pose toi les bonnes questions. Est ce que arriverait à te regarder dans un miroir si tu avortais ? Est ce que tu es prête à assumer les conséquences si tu le gardes ? Oh oui, ça s'réfléchit. Parce qu'on peut pas donner à des innocents la vie qu'on m'a offerte à moi. Tu sais Nix, on est jamais vraiment prêt pour ça. Les enfants, les pleurs. Et je crois que ce qui nous effraie le plus, c'est de grandir. Devenir maman, c'est quitter l'enfance, réellement. Je suis consciente de toute les incertitudes que tu peux avoir, de cette peur qui te noue le ventre mais n'oublie jamais que ce petit bout qui est en train de grandir en toi deviendra l'élément le plus important de ta vie. Et dans le sens contraire, tu seras pour lui la plus belle chose qui existe. Alors oui, bien sûr que tu as peur Phoenix, c'est terrifiant d'attendre un bébé mais c'est aussi la plus belle chose au monde et crois moi, tu seras la maman la plus merveilleuse que la terre ait porté.