La tache qui rapproche ¤ Amanda

La tache qui rapproche

Depuis mon retour du Maroc je n’avais finalement pas fait grand-chose d’autres que de réviser. Je ne m’étais pas vraiment donné le choix puisque j’avais aussi décidé de partir au Chili pour le spring break. J’étais donc, comme bien souvent depuis plusieurs semaines le nez dans mes bouquins de droit. Je révisais… Y avait-il une année plus importante que celle du baccalauréat ? C’était l’étape clef qui me permettrait très bientôt de commencer mes stages dans un des plus grands cabinets de Boston. Encore un contact de ma mère et j’aurais préféré que seul mes compétences et mon intelligence me permette de trouver ce stage, mais je n’allais pas cracher dessus.
Vu la température extérieur, j’avais pris une table à l’intérieur. Je m’étais d’ailleurs placée prêt du radiateur. Mon frère aurait eu honte de moi. Une russe qui était frigorifiée, n’est pas ironique ! Je m’étais ça sur le compte du fait que j’étais tout de même restée quatre jours au Maroc à plus de vingt degré. Forcément le retour à Cambridge était assez dur !
« Hey !!! » fis-je en me levant pour éviter que la trainée de café qui coulait dangereusement sur la table dans ma direction. Le bruit qu’avait fait la tasse en se renversant m’avait extirpée de mes pensées. Je ne m’étais pas levée assez vite puisque je constatais sur une tache sur mon sweet. Je levais les yeux vers la serveuse et je me mettais à râler. « C’est pas vrai ! » bougonnais-je en attrapant la petite serviette que l’on m’avait donnée en me servant. J’étais d’autant plus contrariée que la serveuse était blonde et que j’avais récemment dû me teindre à nouveau les cheveux en brun, après que l’un des bizuts m’est versé  différents colorants sur la tête. Inévitablement, elle me rappelait que la coiffeuse m'avait déconseillée de faire une couleur trop claire pour ne pas abîmer mes cheveux. Et bien entendu il était hors de question de rester tricolore ! « Vous ne pouviez pas faire attention ! » lui reprochais-je encore. Elle l’avait fait exprès ou quoi ?

La tache qui rapproche

Le café était plein, même si finalement très peu de monde s’attardait à une table que je le faisais actuellement. Je n’en avais d’ailleurs que faire, libre à moi de rester autant que je le disais. La bibliothèque de Harvard n’était pas mon lieu favori pour étudier. – Ou du moins l’accès de cette dernière m’avait été interdit depuis que l’une des documentalistes de la fac m’avait surprise dans les bras d’un étudiant qui avait su me faire me souvenir de la sensation de ses lèvres sur ma peau à défaut de me souvenir de son prénom. – Bref, j’avais fini par y trouver mon compte puisque le centre de documentation de Boston était trop loin et qu’il n’y servait pas de café ! Quoique si chacune des serveuses se mettait à m’asperger de café chaud, je ne risquais pas de faire long feu ici non plus. Je bougonnais toujours tandis qu’elle s’éloignait pour aller me chercher – inutilement à ce que je jugeais – d’autres essuies mains. Je levais les yeux en ciel tout en me remerciant intérieurement de m’être levée assez vite. J’aurais en prime pu me brûler ! Ca aurait été le comble. La jolie blonde – oui parce qu’il fallait en plus qu’elle soit jolie – revenait vers moi. « Vos excuses ne retirerons pas la tâche qui est sur ma chemise. » marmonnais-je pas assez doucement pour être la seule à m’entendre râler. Je prenais tout de même les autres papiers qu’elle m’avait ramené pour éponger la table et essuyer ce que je pouvais sur le livre qui était posé non loin de la catastrophe. Je me disais d’ailleurs intérieurement qu’elle était chanceuse de m’avoir offert le second café. Ce n’était tout de même pas moi qui me l’était jeté dessus.
Puis réalisant que j’agissais comme ma mère, je me reprenais tâchant d’avoir l’air un tantinet plus cordiale. « Merci. » lâchais-je alors en soupirant comme si ses derniers mots m’avait forcé à la remercier. Je reprenais aussitôt. « Cela dit, je me retrouve toujours avec une tache sur ma chemise. » fis-je remarqué en tirant sur cette dernière pour la lui faire remarque. *Allons Mecky…. Comme si elle avait pu manquer ça.*
Je relevais la tête vers elle, la considérant un instant. Elle était vraiment jolie. Ses traits étaient fin et régulier, son visage était doux et naturel. Une jolie fille en somme. Un léger sourire en coin apparaissait sur mon visage, la joueuse et provocante jeune femme qui était en moi songeant à tout autre chose que son café à présent. Haussant une épaule, je reprenais d'un timbre de voix qui se voulait naturel tout en notifiant ce qui semblait être l'évidence même. "Il va vous falloir trouver un autre gage de compensation mademoiselle. "

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Sa remarque m'amusa quelque peu et même si j'aurais bien aimé rester extérieurement de marbre, un sourire en coin apparu au coin de mes lèvres. L'idée était en soit on ne peut plus charmante, même si je me doutais que sa proposition était ironique et qu'elle n'en ferait rien. Je l'imaginais pourtant bien se déshabiller pour quelques raisons que ce soit d'ailleurs. Mon regard posé sur elle sembla un court instant l'étudier de haut en bas avant que je ne croise son regard à nouveau.
Son timbre de voix trahissait son énervement, qu'elle contenait aussi efficacement qu'elle le pouvait. Il était inutile de me demander ce qui la mettait dans cet état, lorsque je savais pertinemment que j'en étais la cause. Je finissais par hausser les épaules perdant mon sourire malicieux, fonçant à mon tour les sourcils je reprenais la parole. Est ce que vous seriez en train d'insinuer que je n'ai pas les moyens de me payer le pressing toute seule ? demandais-je alors, laissant quelques instant ma question en suspend. J'arquais un sourcil, insistant du regard dans mon silence puis je poursuivais. Je suis tout à fait capable de m'assumer financièrement... Merci. affirmais-je avec un sourire qui laissait de gros doute sur sa sincérité. Cela dit... ajoutais-je presque aussitôt laissant quelques secondes s'écouler avant de reprendre. Même si vous avez tenté de m'ébouillanter... J'ai visiblement été désagréable, alors... La moindre des choses serait de vous offrir un café ou... Un dessert ou je n'sais pas moi ! proposais-je alors à la jolie blonde.