● Les deux pieds dans la m.... ●

Les mains dans les poches, je laisse défiler la myriade de décors qui parsèment la route jusqu'à mon objectif de la journée. Le goût de l'anxiété au palais, j'imagine déjà d’innombrables situations dans les quelles je risque de me retrouver. Je ne sais pas réellement ce qui m'attend à l'arrivée, je sens d'ailleurs par avance que ce n'est pas quelque chose de classieux tant l'odeur qui s'impose à mes narines est nauséabonde, infecte. Une chevelure brune flotte un peu plus loin, entre les détails imparfaits du lieu de rendez-vous. J'accélère le pas, fuyant mon monde à moi, ma bulle. « Sérieusement, un zoo ? » Je la salut rapidement, évitant de laisser s'écouler inutilement le sablier. « On va faire quoi en fait ? Non parce que bon, j'aime les animaux mais le zoo c'est pas trop ma tasse de thé. » Je lâche un rire niais, puis laisse scintiller mes dents qui reflètent le paradis dans cette sphère diabolique faite d'animaux affamés, enfermés, abusés et de leurs excréments plus frais que l'air qui affronte mon visage.

Je laisse l'incompréhension se dévoiler sur mon visage comme une œuvre en instance de création. Diane n'en sait pas plus, ainsi elle m'embarque à ses côtés sur une maigre planche qui lutte tant qu'elle le peut contre les vagues déchaînées de la vie. Hésitant, peureux de toutes nouveautés, je marche suivi de près par celle qui d'un simple signe m'a attiré comme une sirène à ses pieds. Je m'engouffre peu à peu dans la terre humide et sauvage qui chaque jour rencontre bien des espèces avant de faire face à un homme de mauvaise hygiène. « Bonjour. je racle la gorge et me tourne en direction de la fautive par excellence avant de reprendre voix On avait rendez-vous ici, il me semble. » Je croise les bras, en attente d'explication, angoissé comme un homme heureux qui part en guerre sans être sûr d'un possible retour.