(flashback) « Jumping and laughing forever it would be great, right? » (JAYDA&KATELL)

La petite fille a le nez écrasé contre la baie vitrée séparant les deux espaces. Nous sommes à l’aéroport, il y a douze ans de ça. Celle qui trépigne comme une furie, le nez collé au plexiglas, n’a que sept ans. Celle qui est de l’autre côté, prête à récupérer sa valise, a onze ans à l’époque. C’est Jayda. Sa meilleure amie, celle qu’elle a fini par considérer comme sa propre sœur à par entière même si elle vit de l’autre côté de l’Océan Atlantique, même si elle la voit seulement lors des vacances. Cet été, elles passeront tout leur temps ensemble chez Katell. Les parents de cette dernière ont toujours apprécié son amie, au point de partir régulièrement aux États Unis afin qu’elles se retrouvent quelques semaines toutes les deux. Katell aurait bien voulu qu’ils déménagent là bas ou que ses parents adoptent Jayda. Malheureusement, les choses ne se passent jamais comme on le souhaite et c’est toujours plus facile à dire, à espérer qu’à faire. L’américaine franchit la porte et la petite européenne se jette instantanément dans ses bras. Sans se soucier qu’ils devraient plutôt se préoccuper à récupérer les affaires de l’invité sur l’un des tapis à bagages. « Oh, j’suis tellement contente que tu sois venue, t’sais, t’sais ! »

Tout en étant contre Jayda, la petite fille soupire et s’imprègne de son odeur. « Les deux sœurs sont réunies ! Yaaay ! » Son vœu le plus cher serait que sa « sœur » reste avec elle, qu’elle soit réellement sa sœur, de la même façon que Jader est son frère. Ouais, que Jayda fasse parti de la famille et pas uniquement lors des vacances passées avec elle. C’est à peu près la seule chose qu’elle formule dans sa tête lorsqu’elle souffle sur les bougies pour son anniversaire ou quand son regard croise une étoile filante. « Oui ! Et tu rentres pas chez toi cette fois, hein ? » Les parents Ocotlán doivent lever les yeux au ciel. Ils apprécient beaucoup la présence de l’américaine, mais tout n’est pas aussi simple que cela et Katell ne connaît pas les détails des histoires de famille de son amie, elle s’est arrêtée au décès de la mère de cette dernière. Cela ne vient pas d’un manque d’intérêt, mais c’est surement une façon de la part de ses parents de la protéger du monde extérieur, de tout ce qui n’appartient pas à la bourgeoisie où elle grandit. En attendant, la petite brune ne se doute de rien, Jayda semble en bonne santé. La petite troupe prend le chemin des tapis à bagages et Katell se blotit dans les bras de sa sœur de cœur. « Dis Jay’, tu voudras faire quoi en arrivant ? » Ce ne sont pas les activités pour filles qui manquent dans la chambre de l’européenne, mais à cet âge… les goûts et les couleurs changent quasiment tous les quatre matins et cela fait maintenant quelques mois qu’elle n’a pas vu Jayda.