Un livre et un café, what else ? ♦ Leanne Errington

Il y avait des plaisirs simples dans la vie que je n'avais pas appris à apprécier avant d'avoir dépassé la trentaine. Un comble quand on y pensait... Il y a seulement quelques années, je ne me serais pas imaginé apprécier le simple fait d'acheter un livre avant de profiter d'un bon pseudo-café américain et c'était pourtant le cas en cette journée.

J'aimais beaucoup le Financial District. On y voyait pas mal de bâtiments anciens qui avaient un certain cachet. D'ailleurs, pour rappeler leur ancienneté, pratiquement chaque bâtiment historique se nommait "old quelque chose" : "Old State House", "Old South Meeting House", "Old Corner Bookstore", Old City Hall"... Oui, il fallait rappeler absolument que c'était vieux. Notez que par "ancien", on voulait dire XVIIIème siècle... Mais après tout, nous étions aux États-Unis d'Amérique ! On ne pouvait comparer ça à l'Europe ou au Moyen-Orient.

J'étais arrivé par les transports. Une chose difficile dans mon état, mais pas impossible heureusement, grâce à des aménagements et l'aide de bons samaritains. Bien sûr, avec la place que je prenais, je dérangeais les gens, mais qu'y pouvais-je ? Au moins, je pouvais emprunter ces transports-là... J'avais déjà vu des passerelles de bus tomber en panne, me refusant de fait l'accès. Passons sur ces considérations...

J'avais commencé par un petit tour à Downtown, chez Commonwealth Books, une librairie qui avait un certain cachet. Ici, il y avait pas mal d'ouvrages intéressants sur de nombreux sujets. L'anthropologie m'amenait à élargir mes horizons, à faire appel à l'interdisciplinarité comme on dit si volontiers dans le domaine des sciences humaines et sociales. Après une discussion avec le libraire, je ressortis de la boutique avec un livre concernant l'histoire de l'anthropologie... Il devait être basique et se contenter de survoler le sujet, mais ça pouvait constituer une bonne introduction.

Après cela, je décidai d'aller boire un petit café... Ou pseudo-café, mais passons. Après une petite balade, je m'arrêtai au Starbucks de School Street. 27, School Street, plus précisément... Entrant, je commandai rapidement un Caffè Americano pour bien me remonter pour la journée ! Le serveur, un type aux cheveux châtains attachés, écrivit David sur mon gobelet. Sigh... Close enough, comme on dit. Blasé, je ne jugeai même pas utile de le corriger cette fois.

Une fois mon précieux Graal caféiné récupéré, je n'avais plus qu'à m'installer quelque part. Je fis donc tourner mon fauteuil afin de trouver un endroit où me poser...

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Un livre et un café, what else ?

Parfois il suffit de s'éloigner un peu de son train train quotidien, retourner aux sources afin de revenir en pleine forme et voulant pleinement profiter de sa vie de célibataire, sans oublier ses études évidemment. Je n'oublie pas non plus ma grande fille adoptive mais pour le moment je veux y aller doucement car le deuil de ce bébé qui a grandi en moi durant 6 mois n'est pas totalement achevé alors même si j'aime de toute mon âme, ma nièce devenue en 2 ans un peu comme ma chair, rien ne pourra effacer toute la culpabilité d'avoir en quelque sorte tué mon bébé, celui que j'ai porté. Mais depuis ma sortie de l'hôpital où tout mes amis les plus proches ont tous été plus ou moins un peu trop aux petits soins pour ma petite personne, j'avais donc décidée de partir quelques jours voir mes parents adoptifs. Des petites vacances comme ça sur un coup de tête et sans prévenir personne. Je savais très bien qu'en rentrant, j'allais devoir m'expliquer auprès de tout ceux qui se seraient inquiétés de ne pas avoir de mes nouvelles à commencer par Lilia mais c'était sans compter sur la détermination des trois mousquetaires que sont Priape, Paris et Dean qui sont jusqu'à venir me chercher en Grèce après la Saint Valentin. J'ai cru au départ que c'était des terroristes avant au final de les laisser entrer chez mes parents et après des heures à me convaincre que ma vie était aux Etats Unis et non en Grèce mais aussi c'est à ce moment là où j'ai craqué devant eux, moi qui refusait de craquer devant mes amis que j'ai décidée de rentrer pour profiter des plaisirs simples de la vie et tenter de renouer doucement avec ma nièce que j'avais un peu délaissée depuis l'accident. Et puis j'avais mes études à finir afin de pouvoir soigner des enfants. C'est donc dans un réveil en fanfare car les deux marmots de l'appartement étaient venus me réveiller en sautant sur mon lit et après une bonne douche qui réveille sans compter un bon petit déjeuner rempli de vitamines que je décide d'aller me balader un peu en ville et faire un tour à la librairie pour ensuite aller boire de nouveau un café, histoire d'être en pleine forme pour le reste de la journée. Après une bonne heure, heure dont je ne vis pas passer le temps à fouiller dans les rayonnages de la librairie, à voguer entre la littérature anglaise ou encore française ou bien grecque mais aussi fantastique ou bien un peu de policier, je vins entendre soudainement mon ventre se mettre à gargouiller, il était l'heure de s'accorder une pause et d'aller au Starbucks afin d'aller y boire de nouveau un café. Pourquoi de nouveau ? Car ces 6 derniers mois, j'étais enceinte et donc j'avais un peu banni le café pour préserver le bébé, ce qui n'a rien servi au final vu qu'il est décédé à cause d'un banal accident de route, ou plutôt à la suite des semaines plus tard. Je quitte dons la librairie direction le Starbucks et après quelques minutes de marche, j'y arrive enfin. Mais à peine entrée dans le café que je devais me trouver dans mes pensées et je ne vis pas une personne en fauteuil qui allait s'asseoir après avoir commandé et là ce fut la bousculade. Fort heureusement, il n'y a eu rien de grave, juste un peu de café chaud renversé sur la chemise de l'homme pas désagréable à regarder en plus. Alors je vins m'excuser ou surement me confondre en excuses, c'est probable.

Oh je suis désolée, j'ai la tête ailleurs depuis quelques temps. Vous n'avez rien, j'espère ?

Après tout, il avait juste du café chaud sur sa chemise et soit dit en passant sur son torse pour le coup. Je vins donc lui adresser un léger sourire gêné, attendant sa réponse. Je crois que j'allais devoir lui proposer de lui repayer un café pour me faire pardonner.

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Des fois, la vie venait vous rappeler qu'elle avait envie de gâcher votre journée, juste pour s'amuser. La vie ou une puissance supérieure particulièrement taquine... Appelez-ça le sort, le destin ou tout autre terme. Les différentes cultures n'en manquaient pas pour désigner de genre de hasard...

En ce jour, l'agent du destin était une jeune femme maladroite qui passait par là pour renverser mon café sur ma chemise. Sur le moment, énervé et surpris par cet incident, je poussai un juron peu galant en anglais commençant par un F et s'achevant par un K. Je pense qu'il n'y a pas besoin de le dire pour comprendre de quel mot je parle... Un mot qui, en temps normal, se réfère à une activité particulièrement agréable, si vous voyez...

Je n'aimais pas particulièrement me montrer vulgaire devant des demoiselles, ma mère m'ayant très bien élevé, mais je faisais partie de ces gens qui n'appréciaient pas de payer un café pour rien ou d'être taché, surtout dans un lieu public... Je ne suis pas un saint. Un homme normal aurait pu dire "ce n'est rien" et se précipiter rapidement dans les toilettes pour s'essuyer. C'était plus délicat de le faire avec une mobilité réduite. Je me retrouvais donc avec une chemise réchauffée et dégoulinante, sentant le café couler sur mon torse à défaut de le faire dans ma gorge...

Par chance, je ne fus pas ébouillanté, ce qui était une petite consolation. Bénissant ma fortune, je pris cette fois le temps de lever les yeux vers la perturbatrice de ma journée. Quelle ne fut ma surprise en constatant que la jeune femme en question était franchement mignonne... Pas tout à fait mon genre, mais c'est tout à fait une femme que j'aurais essayé de séduire à une époque pour passer une folle nuit...

Aujourd'hui, naturellement, les choses étaient moins évidentes, mais d'un autre côté, je n'avais pas envie de gâcher cette journée en me fâchant avec une demoiselle. Dans ces conditions, autant jouer la carte du charme ! Une fois de temps à autre, ça ne faisait pas de mal et j'avais rarement l'occasion de tenter le coup... En temps normal, c'était dur d'aborder les demoiselles, mais là, elle me tombait littéralement dessus !

Levant la tête vers elle, je pris le sourire le plus charmeur que j'avais dans mon arsenal de séducteur et la regardai droit dans les yeux. C'était presque comme au bon vieux temps... Et comme plein d'autres choses, ça ne s'oubliait pas vraiment. Pour parfaire un peu le portrait, j'adoptai le ton le plus suave possible et sortis même la carte de l'accent. Ayant passé l'essentiel de ma vie en occident, je pouvais parfaitement parler sans accent autre que britannique, mais dans ce genre de cas, j'aimais user et abuser de mes charmes persans... C'était plus fort que moi.

Oh, mais ce n'est rien, voyons ! Ce café n'était pas si chaud...

Commençai-je en introduction pour la rassurer.

Cela dit, j'aurais préféré boire mon café et non l'utiliser pour me doucher. Peut-être pourriez-vous vous faire pardonner en me permettant d'en profiter d'un autre en votre compagnie ? En espérant que j'aurai l'occasion de goûter à celui-là, ça va de soi...

N'oublions pas d'accompagner ce petit trait d'humour par un petit sourire taquin.

Charme, élégance, humour, finesse... La recette du succès ! Oui, c'était exactement comme avant...

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Un livre et un café, what else ?

Parfois la vie peut nous faire faire des rencontres qu'on n'osait pas penser croiser un jour dans sa vie ou que notre quotidien nous l'empêche aussi. Mais il y a aussi le fait que certaines circonstances de la vie qui nous font changer et nous donne envie de nous évader loin de la ville qui nous rappelle tant de malheurs qui se sont passés récemment dans notre vie. C'est un peu ce qui m'est arrivée dernièrement en voyant tous mes proches aux petits soins pour moi, j'en ai eu marre qu'ils s'arrêtent de vivre pour prendre soin de moi et pourtant cela m'a fait plaisir assez paradoxalement que cela puisse paraitre. Me voilà depuis quelques jours de retour -un jour ou deux tout au plus sans compter le décalage horaire- revenue sur le territoire américain où j'ai été accueillie en me faisant disputer par ma meilleure amie hyper inquiète de ne pas avoir donner den nouvelles durant 4 jours mais aujourd'hui, ne travaillant pas encore et après avoir déposé les petits à la crèche, je pars donc me relaxer un peu devant un café -boisson qui me manquait fortement depuis ma grossesse-, sauf que je n'avais pas prévu d'être tellement dans mes pensées que j'en suis venue à renverser mon café sur une personne en fauteuil. D'ordinaire, je fais plus attention mais là faut croire que le décalage horaire est dur à faire partir sans café. Malgré tout, je décide de ne pas me laisser abattre et de tenter de le séduire. Après tout, on dit souvent que les plus belles histoires se font par hasard non ? Ok Leanne, t'emballe pas trop tout de même, tu ne le connais pas, outre le fait qu'il est plutôt charmant et qui pourrait être à ton goût, me mis je à penser tout bas. Alors je vins m'excuser auprès de ce charmant inconnu qui vint me pardonner en me faisant savoir que cela aurait pu être pire. En effet, le café aurait pu avoir été plutôt brulant et là je l'aurais brulé de ce fait. Toutefois, il vint me rappeler mon erreur en me proposant de lui en racheter un, ce que je comptais faire sans qu'il me le demande. Alors je vins lui répondre avec autant de tact qu'il peut avoir à mon égard.

Oui cela aurait pu être pire comme on dit mais quand même je suis navrée ... Et cela va de soi que je vais vous en repayer un, lui fis je avec un petit sourire en coin avant de reprendre. Après tout, j'ai commis l'erreur, je me dois de la réparer en vous offrant un nouveau café. Vous prendrez quoi ?

Je venais donc de lui demander ce qu'il voulait et vint me recommander un chocolat pour le coup, tout en attendant la réponse de mon nouvel ami. Me faire pardonner en commençant par lui racheter un café allait me faire gagner des points, pensais je.

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Bien, je ne savais pas si mon charme lui avait fait de l'effet, mais elle avait au moins l'amabilité de me proposer un autre café et ça ne se refusait pas. Une des règles que j'avais toujours appliquées dans la vie était la suivante : quand une femme vous proposait un café, il fallait toujours répondre à l'affirmative. Des fois, la demoiselle avait autre chose en tête qu'un café... Des fois, non, mais au moins, on profitait d'un café en bonne compagnie. Et de toute façon, dans ma situation actuelle, la première proposition - celle qui n'impliquait qu'un café comme prétexte à une autre activité excitante et chaleureuse - était rarement d'actualité. Du moins, les choses avaient changé sur ce plan...

Mais cela importait peu pour le moment. Je pouvais profiter d'un café avec une femme charmante et je n'allais définitivement pas laisser passer ce genre d'occasion. Non, c'était exactement ce que je voulais... Pour une des rares fois depuis mon accident, j'allais discuter avec une femme d'égal à égal, sans gêne, sans tabou, sans malaise... Chez elle, je ne percevais pas un regard différent comme chez les autres. Depuis mon accident, j'avais clairement vu le regard des gens changer. Pour exprimer quoi ? Je ne saurais dire... De la pitié ? De la compassion ? Probablement. Parfois une forme de curiosité malsaine et déplacée également. Par exemple, certains - de loin les moins sensibles - m'ont déjà demandé si j'étais ainsi de naissance...

Et encore, ce n'était rien à côté de ceux qui voyaient mes photos de moi debout (j'en ai naturellement un paquet) et me demandaient comment c'était arrivé ou si ce n'était pas trop difficile... Et je n'allais pas évoquer le cas de la sexualité, le comble de l'indécence. C'était triste à dire, mais moi-même, avant de finir ainsi, je n'avais pas conscience de la difficulté que vivaient les personnes en situation de handicap... Je ne connaissais pas le mot "ableism" et j'ignorais combien c'était difficile, à quel point la société était inadaptée... Bien sûr, d'aucuns diraient que nous sommes les inadaptés, mais on ne pouvait nous reprocher un état que nous ne pouvions choisir.

Il fallait que je cesse de me prendre la tête... Il y avait une jolie demoiselle qui était prête à prendre du bon temps - en tout bien tout honneur - avec moi et je n'allais pas dire non. Il n'y aurait que nous deux, deux individus charmants et sympathiques recherchant un peu de compagnie... Un programme comme on pouvait en rêver.

Bien, si c'est si gracieusement offert, j'accepte volontiers ! répondis-je en souriant. Un Caffè Americano, ce que j'avais pris avant de voir son contenu se répandre sur ma chemise, fera amplement l'affaire, merci bien !

Et en la regardant avec insistance, mais sans lourdeur (du moins, espérais-je), j'ajoutai :

Accessoirement, je prendrai volontiers votre nom et un peu de votre temps, avec une pincée de vos sourires. Si on peut ajouter de bons souvenirs sur la note, ce sera parfait... J'ose espérer que je ne vous demande pas trop ?

La poésie n'avait jamais été mon fort, je devais l'admettre... Enfin, au moins, j'essayais !

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Un livre et un café, what else ?

Un simple café renversé sur un inconnu pas désagréable à regarder et voilà que mon retour en Amérique prenait un autre tournant à ma vie si pathétique depuis un ou deux mois. Après tout, lorsque j'étais enceinte, j'ai couché avec deux hommes dont un ami et j'ai aimé cela mais depuis mon accident, je dois avouer que ma vie sentimentale et accessoirement sexuelle se retrouve au calme plat. Certes je ne vais pas sauter au cou de ce bel inconnu qui a un certain charme car je ne suis pas ce genre de femmes mais j'ai envie d'apprendre à la connaitre surtout qu'il ne semble pas trop m'en vouloir pour le café renversé sur sa chemise. Par chance, le café n'était pas hyper brûlant et il n'aura pas de séquelles. Et puis ce serait malvenu de parler de sexe alors qu'il est handicapé alors je me dis que je préfère devenir son amie pour le moment, ce sera préférable. Finalement, il ne refuse pas ma proposition de lui en offrir un de nouveau, c'était la moindre des choses que je puisse faire pour lui. Alors on vint se diriger vers le comptoir et il vint passer sa commande avant de venir me demander mon nom et un peu de mon temps. Cela tombait bien, j'avais tout mon temps étant encore un peu en congé maladie et ne reprenant que dans quelques jours. Alors je vins lui répondre.

Un Caffè Americano pour monsieur et je vais prendre un Latte pour ma part, dis je au serveur avant de reprendre me tournant vers le charmant jeune homme. Avec plaisir pour passer un moment à apprendre à vous connaitre, je m'appelle Leanne et vous ?, lui fis je avec un sourire tout en reprenant. Vous pouvez aller à une table, je vous rejoindrais avec notre commande si vous voulez.

Je vins lui adresser un sourire, attendant sa réponse et espérant savoir son nom. Après tout, c'est la base quand on veut apprendre quelqu'un et puis il m'a l'air d'être d'origine grecque ou peut être d'un pays du Moyen Orient.

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