Bizut, pas bizut?

   

Bizut, pas bizut?

× Callum & Oliver ×

-Je n'ai jamais formulé de telles accusations! Je me doute bien que t'es pas du genre à te déshabiller devant tout le monde et que tu ne montres pas ton corps à qui veut. Tu le montreras sûrement à la belle jeune fille qui va se retrouver avec toi, j'en suis sûre, et elle sera bien chanceuse d'y avoir accès. On m'avait déjà demander de faire le modèle pour un cours de dessin ou deux, mais je n'avais pas été à l'aise de dire oui à retirer tout mes vêtements. Comme pour mon ancienne initiation, j'avais conserver mon jeans. Je tiquai en l'entends parler d'une potentielle prétendante. Wrong turn. J'allais le corriger, mais il continua :   -On dirait cependant que quelqu'un a bel et bien vu ton corps d'athlète, vu le bijou que tu as au doigt. À moins que je ne me trompes? Mon bijou? Mes yeux suivirent son regard pour atteindre ce jonc que je portais à l'annulaire gauche. Je ris franchement.   - "Quelqu'un" m'a effectivement déjà vu, mais tu te trompes sur deux points, confirmais-je. Un, je n'ai pas un corps d'athlète. À moins de faire partie de la catégorie des ultras légers. Et deux... Je retirai ce jonc et le fis rebondir sur la table. Le bruit était à peine métallique. - C'est du toc, expliquais-je. Cette bague ne vaut, et ne signifie rien. C'est simplement le doigt ou elle me fait le mieux. Je la porte par habitude et parce qu'elle est jolie, fis-je en haussant les épaules avant d'enfiler de nouveau ma bague, mais sur mon annulaire droit. Le seul bijou que je porte qui aie de la valeur est ceci, fis-je en sortant de sous mon t-shirt une chaînette sur laquelle se trouvait un petit anneau et une petite fleur blanche en ivoire. C'est le jonc de bébé de mon frère, il a le mien, et un médaillon qui appartenait à ma mère, indiquais-je. Oh! En fait, tu t'es trompé sur trois points, constatais-je. Je ne suis pas attiré par les filles : je suis gay. Alors pas vraiment de risque pour ...comment t'as dit? Qu'une belle jeune fille aie la chance d'avoir accès à mon corps d'athlète. Je pouffai de rire. Définitivement. Aux vues de la dérouillé que je m'étais pris, je n'avais pas le physique olympique! Mon atelle en était une preuve évidente! J'étais maigre et élancé. Le physique de type nerveux. "Monté sur un frame de chat" comme on disait au Québec. D'ailleurs Callum m'expliquait ce qui avait trahi ma provenance. L'accent et la tournure des phrases typiquement français. J'hochai la tête, je devais parfois être difficile a comprendre. Lorsqu'il dit que j'avais la peau pâle comme lui, je ris. - En même temps, Boston c'est pas la Californie, mais je comprends ce que tu veux dire. C'est difficile d'avoir un teint bazanné quand tu vis sous la neige durant la moitié de l'année. Je remontai les manches de la chemise que je portais par-dessus mon t-shirt jusqu'aux coudes et approchai mon avant-bras droit du sien pour comparer. - Outre mon tatouage, on a effectivement une teinte de peau qui se ressemble, constatais-je. Il fait très froid en Angleterre, en hiver? Demandais-je, un peu curieux, en retirant mon bras. Je n'y ai jamais été. En fait, je n'ai jamais quitter l'Amérique. Je ne redescendis pas mes manches mais me contentai de placer les correctement, pour un peu plus de confort.

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Il commence à rire quand je parle de la jeune femme et je le regarde d'un air un perplexe. Je ne m'attendais pas à ce que mon hypothèse déclenche une réaction aussi démesurée... Je ne savais pas que j'étais humoriste, et que chaque mot qui sortait de ma bouche étaient aussi drôle... Lorsqu'il commence à s'expliquer à propos de la blague, je commence soudain à comprendre. C'était un souvenir familial, alors! C'est tout simplement parfait! Alors il n'était pas marié, ce qui faisait qu'il était célibataire malgré tout. Je pousse un léger rire, question de ne pas laisser voir mon soulagement. Je crois bien que ça va me permettre de le connaître un petit peu, sans avoir l'impression que je m'incrustais dans un couple déjà établi. Ça me rassurait beaucoup, et je pouvais maintenant continuer la conversation sans avoir l'impression de stresser constamment.

Il me dit qu'il n'a pas un corps d'athlète. Je le regarde, et lui dit avec un grand sourire, tout en étant le plus sérieux du monde :

-Je dois dire que ce que tu dis est faux. De ma perspective, tu es quelqu'un d'incroyablement grand et bien bâti. Tu m'as vu un peu? Je suis petit, maigre comme un piquet, et le look plutôt emo fait que tout le monde s'éloigne de moi comme si j'étais un pestiféré... Les emos ne bénéficient pas vraiment de la meilleure réputation.

Ce que je disais est en partie vraie. Mon look ne m'attirait pas vraiment la sympathie. On pensait souvent que j'étais le genre de gars qui voyait du bien dans la noirceur, la douleur et tout... Comme quoi s'ouvrir les veines était une activité récurrente chez nous, ce que je trouve plutôt inapproprié et mal placé... On ne fait pas de blagues sur ce genre de chose, et ça me rend complètement dingue quand les gens se croient drôle en disant ce genre de truc...

Il me dit alors que je m'étais trompé aussi sur son orientation... Il est gay...

Mon cœur commence à battre fortement. J'ai fait une bêtise? J'ai été peu subtil? J'ai dit un truc qu'il fallait pas? Les questions se bousculent et je tente de les calmer un peu, gardant un visage calme et posé malgré tout... Oh, les joies du théâtre!

Il me parle ensuite du froid qu'il y a dans son propre pays ainsi qu'à Boston. Il me fait remarquer que ouais, effectivement, notre pigmentation était relativement semblable. Il me demande s'il fait froid en Angleterre.

-Oh, quand on y pense, parfois, on se les gèles grave. En fait, même en été, il fait froid. Et le stéréotype de la pluie qui tombe presque en permanence? Ouais, on est pas si loin de la vérité... Ce sont les joies de vivre en Europe : les températures y sont assez étranges...

   

Bizut, pas bizut?

× Callum & Oliver ×

Il m'explique que les clichés dit sur la pluie au Royaume-Uni sont assez vrai de la réalité. Les joies de l'Europe et de ses températures étranges.   - Le Canada doit pas être mieux en vérité. On a une peut atteindre facilement une différente de 70-80 degrés celsius au cours d'une année alors... fis-je en haussant les épaules. Mais si on oublie la température, je reviens sur ce que tu as dit : oui tu es un peu plus petit que moi, mais tu devrais te regarder comme il faut dans un miroir, souris-je en me penchant pour avoir les yeux à hauteur des siens. Et je ne suis pas "tout le monde", ajoutais-je doucement. La sonnerie de messagerie de mon cellulaire retentit et intérieurement je retins une injure. Timing de merde. Me redressant un peu et m'excusant à Callum, je le sorti de ma poche pour voir qui me contactait. J'attendais des nouvelles de mon frère, alors... Je fronçai les sourcils voyant un numéro inconnu. L'aperçu du message m'indiqua cependant de qui il devait venir, aussi l'ouvris-je. - C'est Olyvia, ma bizuteuse, expliquais-je simplement à mon vis-à-vis. Parcourant le message, je ne pus retenir une exclamation. Un "Quoi!?" qui retentit dans la salle commune. Je fût sur pied en un bond et, tournant sur moi-même, mon regard parcourant rapidement la salle des yeux, cherchant même si je voyais quelqu'un par les fenêtres. Niet. Nada. À part Callum et moi, il n'y avait personne. Comment...? Elle se foutait de moi! Ça ne pouvait pas RÉELLEMENT être mon défi!? Je lui répondis en vitesse, lui demandant si elle déconnait. Le verdict tomba avec une nouvelle sonnerie : elle était sérieuse. Levant les yeux au ciel, je marmonnais : - Oh, c'est pas vrai! Puis, un truc me passa par la tête et mes doigts parcoururent à nouveau le clavier tactile, lui demandant cette question qui me taraudait : comment pourrait-elle savoir si j'accomplissais mon défi? On était que deux ici. "Oh t'inquiètes pour ça. Je sais tout, moi." Fût sa nouvelle réponse. D'accord. Maintenant, j'ai peur. - Je viens de recevoir mon dernier défi, soupirais-je à Callum, en me réappuyant sur la table. Difficile. Vraiment difficile. C'est limite cruel en fait, commentais-je, essayant vainement de gagner du temps, mon cerveau cherchant une solution au plus vite. Je vais avoir l'air d'un grand abruti... marmonnais-je en me passant une main au visage. Je pris une grande inspiration, puis finit par me lancer : "On est loin de ce ressembler comme si on se regardait dans un miroir, Je n'arriverais jamais à te suivre si tu dansais le ballet, Mais n'empêche que c'est indéniable : tu me plais... Mes cheveux sont blonds autant les tiens sont noirs, Qu'est-ce que tu dirais qu'on aille prendre un verre ce soir?" J'étripperais volontier Olyvia si je le pouvais. Je voulais disparaître dans le plancher. Une main au visage, en un magnifique et très digne -not- facepalm, je n'osais regarder Callum. Est-ce que j'avais réellement fait ça? Pitié. J'espérais stupidement me réveiller et pouvoir effacer cet épisode. Je ne niais pas le trouver de mon goût, au contraire, mais les chances de pouvoir pousser plus loin vers une véritable invitation venait de réduire à moins mille. Je lui tendis mon cellulaire, ouvert sur ma conversation avec Olyvia, au moins aurait-il une explication à mon comportement étrange. Au point ou j'en étais, il pouvait bien tout lire : mon égo s'était déjà fait la malle à toute jambe! *** Cellulaire d'Oliver et Cellulaire d'Olyvia pour voir l'échange de texto

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Je l'observe et m'abreuve de chacune de ses paroles. Il est plutôt intéressant, quand on y pense. Déjà, il vient du Canada, et j'ai toujours été très intrigué par ce merveilleux pays, tout aussi froid que le mien. Ensuite, eh bien, disons que côté physique, plus je l'observe, plus il commence à me faire un peu d'effet. Je ne me le cacherai pas du tout, il est plutôt mignon. Il me dépassait de quelques têtes, et ouais, je me sentais plutôt petit à côté de lui, et je crois que c'est quelque chose que je trouve plutôt attirant chez un autre homme : qu'il soit juste un peu plus grand que moi. Et il parle avec cet accent que je trouve plutôt mignon, très divertissant. Un accent un brin français, un brin anglais, c'était plutôt intéressant d'essayer d'en démystifier un peu tous les ressorts. J'étais donc complètement absorbé par lui.

Tout à coup, le cellulaire de mon partenaire se met à sonner. Je vois à son visage qu'il est un peu forcé de répondre, alors je le laisse faire. Il regarde ses textos, et soudain se met à beugler un immense « QUOI?! » qui se réverbère sur les murs de la salle commune des Lowells. Je suis tellement surpris que j'éclate d'un rire franc et induit par le sursaut que je viens juste de vivre. C'est assez surprenant, mais lorsque je vois son visage, mon envie de rire s'efface. Il est devenu renfrogné, nerveux, tellement sérieux que je me demande s'il y a quelque chose qui ne va pas. Je n'ose absolument pas parler, de peur que la situation ne s'empire soudainement. Je vois soudain qu'il se retourne vers moi, où il me dit la vérité... C'est sa bizutrice qui lui a envoyé le message. Il prends alors une grande respiration et proclame un poème des plus ringards...

Je suis complètement sidéré, les yeux grands ouverts. Quand il termine, il a l'expression d'un condamné à mort. Ça me prends quelque seconde avant d'éclater de rire. Mais pas un rire méchant, moqueur, non... Un rire étrangement attendrit. C'était tellement mignon, et à la fois tellement ringard que je ne pouvais pas me retenir. Je sens des larmes brûler mes joues pendant que je suis sur ma chaise à tenter de reprendre un minimum de contenance. Il doit absolument savoir que je ne me moque pas de lui.

-T'inquiètes, je ne ris aucunement de toi, c'est juste... Je m'attendais pas à ça du tout!

J'arrête de rire quelques instants, lui adressant un regard franc.

-Même que je dois dire, c'était plutôt mignon. Si c'est comme ça que tu voulais m'inviter à aller prendre un verre, je dois dire que tu es tombé complètement dans mes cordes. C'est le genre de séduction auquel je ne me serais pas du tout attendu.

Je le regarde alors droit dans les yeux, puis me met à sourire avec une pointe de malice.

-Ta bizutrice a bien fait, crois-moi. Quelle heure, pour le verre?

   

Bizut, pas bizut?

× Callum & Oliver ×

Lorsque je l'entends éclater de rire, je soupire et maudit ma bizutrice un peu plus fort. J'ai l'impression qu'il en tomberait de sa chaise tellement il rit et stupidement je me sens craqué de l'intérieur. Depuis quand...? - T'inquiètes, je ne ris aucunement de toi, c'est juste... Je m'attendais pas à ça du tout! Je m'assois sur la table, les coudes sur les genoux et la tête entre les mains, jouant nerveusement avec ma tignasse. Un peu amer, je prends tout de même la peine de lui répondre :   - C'est ça. Tu peux te foutre de moi autant que tu veux. C'était carrément pathétique. - Même que je dois dire, c'était plutôt mignon. Si c'est comme ça que tu voulais m'inviter à aller prendre un verre, je dois dire que tu es tombé complètement dans mes cordes. C'est le genre de séduction auquel je ne me serais pas du tout attendu. - C'était loin d'être mon idée comme t'as pu le lire sur les textos, expliquais-je en me tournant finalement vers lui, laissant tomber mes mains. Je suis nul en poésie, j'aurais jamais eu l'idée de te draguer comme ça! J'arrive même pas à croire que j'aie écouté ma bizutrice pour ce stupide défi! M'exclamais-je en faisant un grand geste. Si ma provocation au bar avait été stupide, là j'avais réussi à battre mon record! Je m'étais tiré dans le pied. Boom! Adios le mignon, bonjour l'épisode stupide! Alors qu'il me sourit, je crains le pire. - Ta bizutrice a bien fait, crois-moi. Quelle heure, pour le verre? … Mon cerveau marque un temps d'arrêt. Je le fixe, les yeux ronds. J'ai mal compris?! - T'es sérieux? Finis-je par articuler alors que ma cervelle se remet en marche. Malgré ce qui vient de se passer t'as vraiment l'intention d'accepter l'invitation?! demandais-je sans trop y croire. Trop... trop beau pour être vrai.

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