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« mauvaise idée. » (VASSILI&KATELL)

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« Tu sais, j’ai appris de… qui l’a appris de… tu sais, le prof de philo qui s’est barré avant la fin de l’année, et bien on dit qu’il faisait des cours très particuliers à certains gars. Je te l’avais dit qu’il était gay et pas très clair celui-là. Tu vois ce que je veux dire ? » Et ça ce ne sont là que les bruits qui courent entre les élèves ainsi que quelques regards en coin pour me désigner dans leurs discussions très intéressantes et hautement intellectuelles. Le genre de chose dont je ne fais toujours pas attention. En temps normal, ce ne sont que des détails qui ne m’attendront jamais, parce que ce sont des histoires qui me concernent moi. Alors je les écoute d’une oreille et les oublie presque aussitôt. Aujourd’hui, ça m’irrite. Un peu. Beaucoup. Je me ronge le frein et déglutis par la même occasion. « Il s’est pas barré parce qu’il a eu peur des conséquences. Abrutie. Il est décédé. » Mais il n’y a pas encore de quoi me faire exploser. Les mots restent bloqués dans ma gorge. Pourtant, je vous jure que j’adorerai cracher la vérité sur la face de cette écervelée. Oui, mon « insensibilité » a ses limites. Prenez vous en à qui vous voulez, sauf ma famille. Je prends sur moi à ce moment là. Je veux bien partir au quart de tour, mais je ne saute pas tous les jours sur les gens. Un détour par la case poste de police me suffit pour ces vacances là. Enfin… C’est ce que j’ai du me dire plusieurs fois jusqu’à aujourd’hui. Je ne sais pas de qui ça vient, mais la petite question-remarque sur formspring – et donc à la vue de tout le monde – est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Mon frère est littéralement accusé. Je ne prends pas le temps d’y répondre, j’ai beau être du genre à jouer le jeu – chose que je ferai surement un peu plus tard, une fois la pilule un peu mieux digérée – mais un élément retient mon attention. Le petit malin annonce que le point de départ de cette putain de rumeur est Vassili. J’admets ne pas le porter dans mon cœur, mais je ne suis pas, ou du moins n’était pas, en froid avec lui. Ma foi, c’était toujours ça. Aujourd’hui, ce sont plus des envies de meurtres à son égard qui me traversent l’esprit. Il me faut guère de temps pour retrouver sa trace. C’est peut-être là le seul avantage que je trouve chez les commères de services d’Harvard, surtout celles qui lui vouent un véritable culte. Oui, même les pires connards ont leurs groupies. Si une personne moyenne opterait pour un moment d’isolation dans une telle situation, si je n’ai toujours pas fait mon deuil, j’opte pour la confrontation tant que les choses sont encore fraîches dans ma tête, non pas que je sois capable d’oublier de telles horreurs.

Je rattache mes cheveux, retiens les deux ou trois mèches qui tentent de s’échapper pour ne pas avoir l’air trop débraillé. Quand on est fille de et que l’on côtoie le fils de depuis plusieurs années, ouais, c’est un détail d’une importe quasi capitale. Et quand on est le fils de bourré de vices, on se planque incognito dans un bar d’une ville perdue en fin d’après midi avant que tout le monde débarque.

« Saracen, t’es vraiment le dernier des enfoirés. »

Ce n’est pas une grande nouvelle à vrai dire. Je suis prête à parier qu’il est au courant de cela.

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Langue de pute. Trois jolis mots que tu affectionnais particulièrement, sans doute parce qu'ils touchaient de près ce que tu étais. Si tu mettais ton corps en gage dans la plupart de tes relations, comme une catin, ta langue devait pulluler de saletés, n'est-ce pas ? Tu n'allais pas mentir -pas cette fois du moins-, tu aimais salir les réputations, fabriquer de toutes pièces des histoires rocambolesques, parce que c'était facile. Il te suffisait de cracher quelques ragots et les badauds gobaient cela comme si c'était le miel des dieux. La déchéance des autres était un fruit précieux… Tu avais lancé une rumeur dans le courant de l’été : Jared Ocotlán abusait physiquement de ses élèves, le gros dégueulasse. C’était parfait, il était mort donc il ne pouvait pas se défendre, ce qui laissait champ libre à tom imagination fructueuse. Le fait que tu connaissais bien sa famille t’avait même donné plus de matériel pour rendre ton mensonge crédible. Tu étais plutôt fier de ta création… Tu ne te sentais pas coupable, après tout, ce n’était pas ta faute si on croyait chaque mot qui sortait de ta bouche. Pour être franc, tu n’avais aucune animosité envers la famille Ocotlán, tu avais même de bons souvenirs de vos rencontres quand tu étais enfant, mais cela ne changeait rien. Tu n’allais pas changer les règles du jeu pour un motif qui te paraissait trop futile.

L’air était lourd, un orage se préparait sans doute, mais cela ne t’avais pas empêché de sortir. Tu avais envie de boire. Tu serais bien resté chez toi, mais tu n’étais pas un alcoolique, alors l’idée de boire tout seul ne t’emballait pas. Un bar ferait l’affaire, tu n’avais même pas à solliciter tes connaissances, les ivrognes de comptoir te suffisait amplement… Après ton cinquième whisky, tu commençais à sentir le bout de tes doigts s’échauffait et ta gorge picotait. La sensation d’ivresse était toujours agréable. C’était pendant ce moment de demi-extase qu’une furie brune en avait profité pour t’interpeller.

« Saracen, t’es vraiment le dernier des enfoirés. »

Tes lèvres menaçaient de s'étirer en un perfide et sournois rictus mais tu leur tenais la bride. Tu n’étais pas idiot, si tu inspirais tant de haine à la jeune femme en cet instant, cela ne pouvait être lié qu’à son macchabée de frère.

« Ou le premier, cela dépend de la manière dont tu vois les choses. Le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide … »

Ta voix était douce comme une caresse pour amadouer la tigresse devant toi, peut-être que cela t’aiderait à cacher tes fourberies… Tu n’allais pas confesser ton crime, ce serait trahir tout ce que tu avais construit auparavant et tu n’allais pas tout abandonner à cause d’une simple confrontation. Au contraire cela te donner la chance de te montrer imaginatif, d’innover dans le déni. Quoiqu'il arrive tu voulais qu’elle s’excuse, tu voulais voir les mots déformer ses lèvres et rouer sa langue, tu voulais qu’elle se sente conne de t’accuser sans preuve, tu voulais qu'elle se tienne droit devant toi et qu'elle tremble de te demander pardon...D’un bond, tu te levas et tu t’approchas dangereusement de la brune. Tes doigts se glissèrent, avec force, sur son cou fragile et tu lui susurras à l’oreille :

« Je ne t’ai jamais rien demandé. Je n’ai jamais rien attendu de toi, Katell, mais je pensais que le respect était quelque chose de tacite entre nous. Peut-être que je me suis lourdement trompé sur toi. »

Tu relâchas aussitôt la pression de ta main sur sa nuque. Le but premier n'était pas de l'effrayer. Tu repris une gorgée de whisky alors que ton regard fixait le comptoir. Tu te donnais un air désabusé, voire déçu. Bon sang, que tu jouais bien la comédie.
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Plantée droite sous son nez les bras croisés sur la poitrine, je le fixe et prends une profonde inspiration. Il m’en faudrait peu pour que je finisse par me jeter sur sa gorge. De bonne famille, mais encore des limites. Entre Elliott et les merdes de Vassili, je vais finir par croire qu’ils me cherchent ou du moins qu’ils cherchent à faire ressortir un trait particulier de ma personnalité que j’ignore encore. À moins que je sois sur le point de devenir paranoïaque ou une de ces filles qui aiment se faire passer pour une victime.

« Ou le premier, cela dépend de la manière dont tu vois les choses. Le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide… »

Son calme ne m’aide pas. Il est évident que Vassili sait de quoi je parle et qu’il préfère me faire attendre, surement pour que je réfléchisse à l’incohérence de mes actes, de mes paroles. Je lève les yeux au ciel pendant qu’il s’approche. Est-ce sa façon de m’intimider ?

« Si ce n’est le seul enfoiré, si tu tiens tant à jouer sur les mots Vassili. »

C’est dingue ce qu’il est beau parleur. Je suis contrainte de le reconnaître. Il est le genre de type que t’admire depuis un certain nombres d’années – surement depuis que tu le connais – pour une raison qui t’échappe, mais t’es capable de le détester pour beaucoup d’autres. Son don de manipulation doit certainement faire partie de ces raisons. Je soupire, mais ne bouge pas en sentant ses doigts contre ma peau. Les mots vus plus tôt sur internet restent imprimés sur ma rétine, il me suffit de fermer les yeux pour les revoir et ne pas douter de la culpabilité du garçon. C’est lui. C’est sa putain de faute.

« Je ne t’ai jamais rien demandé. Je n’ai jamais rien attendu de toi, Katell, mais je pensais que le respect était quelque chose de tacite entre nous. Peut-être que je me suis lourdement trompé sur toi. »

Qu’on se le dise tout le monde se trompe au sujet de tout le monde. C’est un fait. Comme il vient de le dire, il s’est surement planté en ce qui me concerne, j’ai du faire à la même erreur pour lui. Je me mords la lèvre inférieure, quasiment prête à me jeter dans la gueule du loup et certaine qu’après mon petit discours nous ne adresserons plus jamais la parole. Après, j’irai certainement boire et repartir vaquer à mes occupations comme si de rien n’était.

« Je me disais la même chose, jusqu’à ce que j’apprenne les dernières nouvelles. Tu sais la rumeur à propos de mon frère… »

Je me glisse contre le comptoir, à ses côtés et fais signe que l’on me serve. Un coup d’œil dans la direction de mon voisin.

« C’est bas. T’es horrible. Tu pouvais pas t’en prendre à quelqu’un d’autre ? Quelqu’un de vivant en tout cas ? »

D’une certaine façon, j’ai tort en lui demandant s’il ne pouvait pas s’attaquer à quelqu’un d’autre. Sachez que le passe temps favoris de monsieur est de s’en prendre à la première venue sur son chemin, quitte à parfois en chercher une qui se cache. Les jolies filles un peu naïves sur les bords, fragiles et qui ne connaissent pas encore grand chose à la vie sont ses victimes favoris.

« Même moi. Suivre le mouvement et assurer à tout ton petit fan club et aux autres que je suis une trainée. Que veux-tu… En plus d’être l’unique enfoiré à ma connaissance, t’es l’être le plus immonde qui puisse exister. »

Nous sommes presque tous des sales gosses bourges pourris jusqu’à la moelle, mais je ne vous cache pas que ce type c’est le top du top.

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