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 :: Corbeille :: Archives 2012-2019

(rorphée) le rire du grand blessé.

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Mais qu’est-ce qui t’avais pris ? Non franchement tu avais un sérieux problème parfois, il fallait le dire. Tu ne savais vraiment pas pourquoi t’avais décidé de te mettre au roller pile en ce jour où un petit vent frai s’amusait à venir te chatouiller la peau en dessous de ton manteau. Hiver ou pas, neige ou pas, ça avait peut d’importance quand il faisait gris comme cela et qu’un petit vent malin faisait la loi. T’essayais pourtant de l’ignorer, mais déjà que tu n’avais pas fait de roller depuis des années, t’avais tendance à aller un peu trop vite et à glisser à travers les rues. Heureusement pour toi il n’y avait pas de verglas. En fait, tu t’étais dit bêtement que si tu reprenais le coup de rein peut-être que tu pourrais t’amuser le matin à aller en cours comme ça, cela rendrait au moins le trajet un peu plus ludique. Apparemment pas, puisque t’étais forcée de t’arrêter toutes les deux minutes pour ne pas tomber, t’accrochant à tes murs ou à des arbres. Et le pire dans tout ça c’est que tu ne savais même pas comment t’allait réussir à t’arrêter pour enlever ses foutus patins. Tu saluais maladroitement certain passant, qui riaient et t’aidaient à t’accrocher à un lampadaire, en profitant l’air de rien pour te mettre une main aux fesses. Tu soupiras, pour une fois que t’avais mis un jean. Tu cherchais des yeux des marches sur lesquelles t’asseoir pour enlever tes bourreaux lorsque tu te mis à accélérer de plus en plus vite. Tes yeux s’écarquillèrent alors que tu paniquais un peu, effrayée, et dans ta longue dégringolade tu t’accrochas alors au premier passant que tu pus trouver, t’agrippant fort à lui en haletant un peu. Il te retint tout de suite, possédant une carrure assez épaisse et étant plutôt grand. Tu repris une seconde ton souffle avant de relever les yeux vers lui. « Merci beaucoup ! » Tu lui soufflas, toujours accrochée à lui, tes jambes tremblant un peu. Tu savais que t’aurais pas dû jouer la pro des rollers aujourd’hui.


@Royce A. Magyar
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Le rire du grand blessé
— Orphée.

Je venais de finir mon service dans le magasin de sport du coin. J'ai commencé à travailler à sept heures du matin donc autant dire que j'étais mort. J'avais hâte de rentrer chez moi, canapé, pantoufles, bière et télé. Mais le moment de détende sera de courte durée car demain je reprends Oscar à la maison, c'est mon tour de garde et pour une fois dans ma vie je n'avais vraiment pas envie de voir mon fils. Je l'aime hein, de tout mon coeur, mais plus il devient grand plus il crie et il a besoin d'attention. Et c'était pire lorsqu'il marchait à quatre pattes, il allait partout donc je devais constamment le surveiller. Et ouais, ce n'était pas tout d'être papa! Je marchais dans la rue direction mon véhicule lorsque quelqu'un me percuta, ou plutôt m'attrapa de force en manquant de me faire tomber dans sa possible chute. « Oula doucement! » adressai-je à la fille en rollers complètement maladroite. Je l'aidais à garder son équilibre puis je faisais une petite grimace. « Je crois que vous pouvez me lâcher maintenant, vous ne risquez pas de tomber, vous êtes totalement immobile. » lançai-je amusé. On dirait moi lorsque j'avais commencé à faire du skate. La jeune femme montra enfin son visage et un sourire se dessina sur mon visage. « On s'est déjà vu quelques part? J'ai l'impression de vous... » évidemment que je la connais. C'était Orphée, ma voisine dans la même chambre d'hôpital lorsque j'avais perdu la boule. Le monde était petit, vraiment petit.

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De toute façon, sur tout ce qui touchait le sport, t’étais vraiment pas douée. T’avais sans doute une sorte de malédiction qui avait été jetée sur toi à ta naissance pour t’empêcher de devenir une grande sportive, te rendant vraiment nulle peut importait le sport que ça pouvait être. T’avais au moins la chance de posséder un bon métabolisme qui te permettait de boire du champagne sans chopper dix kilos après et de tolérer une petite course pour ne pas arriver en retard en cours, rien de plus. T’avais pourtant pensé que les rollers seraient une sorte d’exception, qu’a fond ce n’était pas vraiment du sport, hein ben non, toujours pas. Tu poussas un lourd soupir de soulagement lorsque tu t’agrippas au jeune homme qui te soutint un peu, malgré le fait que tu faillis l’emporter dans ta chute. Il t’aida à te stabiliser un peu et te soufflas que tu pouvais le lâcher quand tu eus un peu près trouver l’équilibre. Tu hochas la tête en rougissant un peu, tenant par on ne sait quelle force debout. « Oui, merci beaucoup. » Tu répétas encore, allant pour le lâcher en relevant les yeux vers lui. Cependant qu’elle ne fut pas ta surprise en découvrant un regard qui ne t’étais pas étranger, et tu écarquillas les yeux alors que lui aussi semblait te reconnaître. « Oh, Royce ! » Tu fis dans ta surprise, le lâchant lentement d’un air un peu gêné et te penchant pour te débarrasser de ses foutus rollers. « Je ne pensais pas te recroiser un jour… Tu souffles, un peu prise au dépourvu, déglutissant. Comment tu vas ? »
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— Orphée.

Orphée c'était une demoiselle que j'avais rencontrée à l'hôpital. On avait bien sympathisé et un soir, on a couché ensemble. Je ne sais plus comment c'était arrivé. On était surement en train de rigoler sur le lit de l'un ou de l'autre et de là s'est écoulé un baiser, puis la suite. Faut dire qu'à cette période de ma vie je me sentais plus que perdu et abandonné par ma copine. Alors j'ai cherché refuge dans les bras d'Orphée. Rien qu'une fois. Et le lendemain, j'avais retrouvé la mémoire et je ne suis plus jamais revenu dans cette chambre. Je me suis remis avec Leevy en ne trouvant pas l'utilité de lui dire ce qu'il s'était passé avec cette jeune fille. J'ai continué mon histoire amoureuse quelques mois pour au final se terminée tragiquement. Donc voilà pourquoi je suis assez surpris de la voir. J'ai toujours eu un bon souvenir d'elle. Orphée débordait d'énergie, elle était amusante, pétillante, j'ai tout de suite accroché. La revoir avec le sourire aux lèvres m'amusait beaucoup. « Le monde est petit hein? » lui lançai-je avant qu'elle retire ses rollers. Elle va marcher comme ça en chaussettes? Elle me faisait trop rire. « Je vais super bien, j'ai retrouvé la mémoire. » je ne sais pas si c'est ce qu'elle voulait entendre mais elle méritait d'être au courant vu qu'elle avait pas mal suivis mon diagnostic, comme moi j'avais suivis le sien. « Et toi? Toujours aussi maladroite. » la taquinai-je en faisant référence au fait qu'elle a failli se prendre un poteau en pleine face si je n'avais pas été là.

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T’arrivais pas à croire que tu le croisais là, comme ça, comme par hasard. Fallait vraiment le faire, retomber sur lui après presque un an, que tu t’agrippes à lui plutôt qu’à un autre. T’étais réellement sur le cul, la bouche entrouverte et ne sachant pas quoi dire sur le coup. Mais heureusement tu te repris vite et tu lui adressais un petit sourire, te baissant pour rejoindre des marches non loin et t’y asseoir, retirant ses foutus rollers et te retrouvant en petites roquettes blanches qui ne feraient pas long feux. « Mais oui, c’est dingue de te recroiser ! » En vérité t’étais plutôt contente, même si l’air de rien Royce te ramenait indéniablement au souvenir affreux de ton bad trip. Ce moment de ta vie où tout t’avait semblé vain et tu avais peiné à réaliser qu’au fond, tu en avais trop fait. Tout ça n’était finalement pas si loin que ça derrière toi, même si depuis t’essayais toujours de faire attention avec la drogue, misant tout su la clope - ce n’était pas forcément mieux. « Tu as retrouvé la mémoire ? » Tu répètes en souriant, hochant la tête en retirant ton deuxième roller. « Comment ça s’est passé ? Tout est revenu d’un seul coup ou progressivement ? Ouah, ça me parait tellement étrange de reparler de ça après tout ce temps. » T’avais vraiment été intéressée par ses problèmes à l’époque, vous vous étiez soutenu mutuellement, et tu savais ô combien la perte de sa mémoire avait été un moment compliqué pour lui. « Moi ? Moi j’ai toute ma mémoire mais pas toute la capacité à faire du roller apparement. » Tu fis en riant nerveusement, haussant les épaules avant de reprendre plus sérieusement, inspirant. « Moi je ne touche plus à tu sais quoi pour le moment. »
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— Orphée.

Ouais, moi aussi c'était étrange de reparler de tout ça, de la recroiser aussi, de s'échanger les mêmes sourires et les mêmes regards complices qu'avant. J'avais été heureux d'avoir fait sa connaissance. Orphée était une fille tellement gentille et innocente que j'avais quand même craqué pour elle l'instant d'une nuit. C'était la seule qui avait réussi à me soutenir, à me supporter, pas comme à la maison avec une copine qui me gueulait dessus dès que je n'arrivais pas à me souvenir du moindre détail la concernant elle et notre relation. Je l'observais amusé en train de retirer ses rollers. Sage décision. « Non en fait, tout est revenu d'un coup. Comme ça, bam! » et c'est ce qui avait été le plus frustrant, que tous mes souvenirs étaient revenus le même jour, le jour où Leevy m'avait encore largué. C'est horrible hein? Elle aurait pu le faire quand j'avais encore perdu la boule, mais non. Si je me souvenais bien, Orphée avait eu des problèmes de drogue. J'en ai actuellement avec l'alcool donc je ne pouvais être que fier d'elle et prendre exemple pour me détacher de cette dépendance. « C'est une bonne nouvelle, je suis heureux de l'apprendre. » et je suis vraiment content pour elle. Je regardais ensuite ses pieds et je lançais un petit rire en la trouvant marrante. « Tu comptes te balader dans la rue en chaussettes? » car je ne sais pas si elle s'en rendait compte mais il faisait quand même pas très propre sur les trottoirs. Puis bref, qui se balade en chaussettes dans la rue? Mine de rien, cela ne m'étonnait même pas d'elle, elle avait toujours eu ce petit grain de folie bien caché qu'elle sortait quand on s'y attendait le moins.

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Les souvenirs de ce garçon te revenaient lentement, par vague, plus tu l’entendais parler. Tu te souvenais presque avec douleur de toute ta honte et tout ton désespoir qui t’avaient affreusement pesé à l’hôpital et de ses bras, à lui, qui avaient su t’apaiser le temps d’une nuit. Vous aviez été proche comme jamais pendant une si courte période, alors qu’au fond vous ne vous connaissiez pas. Ca avait juste fonctionné, comme une étincelle. Lui ne se souvenait de rien et toi tu ne voulais pas y penser, ça avait suffit pour vous rapprocher. Vous vous racontiez des histoires comme des enfants qui s’inventent un futur, vous vous souteniez dans ses moments de rechute difficile. Tout ça te paraissait si loin et si proche à la fois. « Bam. » Tu répètes cette fois avec un petit sourire entendu. Ouais, tu reconnaissais bien là l’absurdité de la vie, elle nous lâche et BAM, tout réapparaît. « Et alors, qu’est-ce que ça t’a fais de tout retrouver ? Ca s’est arrangé avec ta copine ? » Tu te surprenais toi même à plutôt bien te souvenir des choses. T’espérais seulement ne pas faire de gaffe. « Je suppose oui. » Tu réponds lorsqu’il te dit que la fin de ta dépendance est une bonne chose, parfois il t’arrive d’en douter encore, mais tu souris tout de même un peu. Tu baisses alors les yeux lorsqu’il se met à parler de chaussettes et tu remarques alors qu’en effet, tu es pieds nus. Tu éclates de rire, ayant en effet un peu froid. L’air de rien, tu relèves la tête vers lui avec un petit air malicieux. « Voyons Royce, toutes les filles font cela, on vous le cache depuis des millénaires ! C’est pour que vous nous portiez dans vos bras forts. » Tu fais avant de rire, hochant la tête, sans doute la seule capable de rire à tes propres blagues. Puis l’air plus sérieux tu sors de ton sac à main une paire de ballerines que tu enfiles après avoir enlevé tes chaussettes. « Pour éviter de me congeler les orteils tout de même… » Et tu lui lance ce petit sourire dont toi seule à le secret.
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— Orphée.

Ma copine, aie, je grimaçais. Déjà me dire que Leevy était ma copine ça me faisait tout bizarre. Elle l'a été, mais elle est mon ex et elle le restera maintenant. J'en suis persuadé. Je ne veux plus rien avoir affaire avec elle. C'était clair et net. Oui actuellement ça passait très mal entre nous. Je me sentais incompris et j'étais juste dégoûté d'avoir appris qu'elle se tapait tout ce qui bouge. Aucun respect pour elle la meuf. Ah, les filles bien ça existe encore ou faut chercher à la petite cuillère dans chaque recoin du globe? Je secouais négativement la tête à Orphée. « Mmh non, plus de copine. » et c'est mieux comme ça. Je me sentais plus libre et vivant que jamais. Je la trouvais drôle à se justifier sur le fait qu'elle portait des chaussettes dans la rue. « Ah, c'est donc ça le secret! » je l'observais enfiler ses petits chaussons puis je reportais mon regard dans ses yeux. « T'es un sacré numéro toi! Tu devrais commencer par faire du roller dans ton salon ou dans un parking, pas dans la rue avec pleins d'obstacles. » dis-je en rigolant. N'empêche, c'était amusant comme retrouvaille.

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