Somewhere a clock is ticking... avec Samara

Samara & Eleanor

SOMEWHERE A CLOCK IS TICKING

« DING DONG, bonjour à tous il est 6h30. La population de Cambridge se réveille tout doucement, avec ce magnifique soleil qui arrive lentement et qui nous annonce à nouveau un temps à couper le souffle » - Mon réveil venait de sonner, j'appuyais sur off, m'étirais comme à mon habitude pendant au moins cinq minutes et de suite après j'étais debout. J'ouvrais ma fenêtre et voyant cette belle journée arriver, je souriais.
Se réveiller sans compagnon, sans un animal, ça ne me posait plus de problème, au tout début j'avais du mal, je m'étais habituée à mon confort, je n'étais pas seule. Depuis 4 ans, ma vie était programmée de la même façon, rien ne changeait ou presque, est-ce que ça allait dure jusqu'à mes 90 ans ? Très bonne question. J'étais encore jeune, il fallait que je m'éclate avec mes amis, je devais être insouciante, mais, car oui il y avait un mais, j'avais mon travail, ma propre petite entreprise, que je ne pouvais laisser, c'était à moi, à ma famille. Je ne me plaignais pas, j'avais réussi à me dire que c'était comme ça et pas autrement, c'était ma propre décision de garder ce pub. J'avais tout recommencé à zéro, j'avais tout recommencé depuis le début. Ma vie d'avant était derrière moi, Boston, Jen, tout. Est-ce que je pouvais le regretter ? Parfois oui.
Jen, elle était ma meilleure amie et du jour au lendemain je suis partie, sans même lui dire au revoir, cette lettre avait été un énorme bouleversement dans ma vie, que j'ai tout occulté, sans le vouloir, depuis, plus de nouvelles et pourtant son numéro était toujours dans mon téléphone, est-ce qu'un jour j'aurais le courage de la rappeler ? Mais pour lui dire quoi au juste ? Un simple pardon ? Ca ne suffirait pas, je le savais au fond de moi, mais ma vie était à Cambridge désormais, Boston était loin, très loin.

Je descendais les marches assez rapidement, je prenais quand même le temps de m'installer 5 minutes, le temps d'avaler un bout de pain et de boire un verre de jus d'orange.
Je n'ouvrais le pub qu'à 9h, j'avais du temps devant moi pour ensuite prendre un petit déjeuner plus important. J'étais habillée, casquette mise, cheveux attachés, j'étais prête pour aller faire mon jogging. C'était mon petit rituel du matin, j'en avais besoin, il fallait que je me défoule avant de démarrer la journée, c'était très important pour moi. Mon ipod sur les oreilles, j'ouvrais la porte pour y trouver mon journal et ma bouteille de lait, ça allait attendre là jusqu'à mon retour, après tout, on n'allait pas me le voler, le quartier était sécurisé...enfin, il fallait quand même faire attention, peu importe l'endroit où l'on se trouvait. Le voisinage se réveillait doucement, les lumières des habitations étaient encore faibles, il n'y avait pas beaucoup de bruit.

Il était 7h passé, je parcourais en marchant normalement, les quelques mètres pour me rendre au stop, j'allais ensuite rejoindre le parc à 5 minutes de là. Tout en écoutant ma musique, je regardais autour de moi, j'admirais, j'aimais ma ville, j'en étais fière, je souriais régulièrement, ça prouvait que j'étais bien.
A un moment donné, j'entendis une porte s'ouvrir, il n'y avait pas un seul bruit, mis à part celui-ci, j'étais surprise, mon regard se tournait directement vers la droite, une femme portant une élégante robe de chambre, se tenait là, juste devant sa porte, elle voulait faire comme tout le monde, récupérer son journal et sa bouteille de lait. J'éteignais ma musique, lui adresse par politesse un - « Bonjour mademoiselle », elle n'avait pas l'air d'avoir plus de 30 ans, j'osais donc le mademoiselle. Mon regard se posa en une fraction de seconde sur son ventre, il paraissait gros,, vraiment gros, elle était enceinte ! Une femme portant un enfant, je trouvais ça magnifique, il n'y avait pas plus beau. Sans hésiter, je m'étais dirigée vers elle en lui évitant de se pencher dans son état pour lui donner le tout. - « Ne prenez pas cette peine de vous pencher, je vais vous aider ». - Ce geste me semblait logique et normal, aider les femmes enceintes, c'est une marque de respect. Je pense qu'elle avait apprécié. Je lui lançais un sourire, pour lui montrer que ça me faisait plaisir. Elle était splendide, la grossesse semblait la rendre radieuse. - « Sans être indiscrète, votre boutchou arrive prochainement ? » - J'étais un peu curieuse, je devais l'avouer, mais les femmes enceintes, c'était passionnant.

Samara & Eleanor

SOMEWHERE A CLOCK IS TICKING

Serais-je aussi maman un jour ? Je me posais la question de temps en temps, ce n'était pas une obsession non plus, mais oui j'y pensais. Pour que ce bonheur arrive, il fallait être deux, hors là, j'étais toujours célibataire, mais j'étais confiante, le temps ferait les choses, correctement.
Voyant cette demoiselle, tentant de se pencher, je devais l'aider, elle avait l'air surpris, mais je voyais qu'elle appréciait, ça suffisait à me faire sourire. J'avais fait ma BA de la journée !

- « Tout le plaisir est pour moi, si je peux aider ». Parfois il m'arrivait d'être trop gentille, en réalité je l'étais avec tout le monde, c'était certainement à cause de mon éducation, le respect prenait la première place, peu importe les événements, peu importe les dialogues tenus. Je sentais une petite retenue chez cette demoiselle, elle ne me connaissait pas, elle n'allait pas me raconter sa vie, chose tout à fait compréhensible.

Elle était enceinte de 6 mois, avec une telle chaleur, ça devait être étouffant, mais elle devait prendre soin d'elle et de son bébé comme il le fallait, elle avait l'air douce et attentionnée. En général, ma première impression est toujours la bonne. - « Ce petit bout doit encore patienter 3 petits mois bien au chaud avant de pointer le bout de son nez, il doit être impatient, comme sa maman d'ailleurs ». Je ne pouvais pas imaginer le bonheur qu'une mère pouvait ressentir en ayant son bébé en elle, ce sentiment devait être sensationnel, unique. Le sentir bouger, le nourrir, des moments extrêmement intenses, entre l'enfant et la mère. - « Pardonnez-moi, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Eleanor, j'habite à deux pas d'ici ». Je ne citais jamais mon premier prénom, je ne l'aimais pas plus que ça.

Samara & Eleanor

SOMEWHERE A CLOCK IS TICKING

En voulant remettre une mèche de cheveux qui glissait sur mon visage, mon ipod qui était accroché à ma taille, tomba sur le sol. Et par malchance, je venais de faire un pas en arrière et le bruit entendu par la suite, n'était pas bon du tout. Je venais de le briser en deux. Je bouillais au fond de moi. Mais je n'allais pas faire un scandale pour autant.

- « Enchantée de vous rencontrer Samara ! ». C'est un prénom que je n'avais jamais entendu auparavant, c'était original, les prénoms recherchés étaient souvent les plus jolis. Samara était étudiante à Harvard, je ne pensais pas, quelle surprise. Je la voyais jeune maman qui avait arrêté son travail jusqu'à l'arrivée de son bébé. Quel courage elle avait de continuer ses études, quand je voyais certaines femmes se plaindre pour un rien et qu'aujourd'hui je voyais Samara aussi courageuse, chapeau bas.
- « Vous êtes étudiante ? ». Elle allait sûrement penser que je la trouvais vieille, alors que non, pas du tout, - « Vous êtes dans quelle branche si ce n'est pas indiscret ? ». J'essayais d'imaginer dans quels livres elle se plongeait chaque soir, pourquoi pas la science ? Ca se trouve c'était complètement l'opposé. - « C'est peut-être pour ça que l'on ne s'est jamais croisées, si vous jonglez entre Harvard et votre maison ». La vie d'un étudiant, c'était toujours difficile, entre les cours, les sorties, la famille, parfois il fallait choisir.

Samara & Eleanor

SOMEWHERE A CLOCK IS TICKING

On pouvait entendre les chiens aboyer, les maîtres mettaient peut-être trop longtemps à sortir, quand un chien était habitué à ses horaires, les changer était un crime pour lui ! Je rigolais intérieurement, c'était amusant. J'aimerais avoir un chien, un jour peut-être, qui sait ?

Je n'avais pas complètement faux en ce qui concernait Samara, elle était étudiante en médecine, certainement tout aussi passionnant que la science, elle devait aimer ça pour continuer comme elle le faisait, être enceinte et se donner tout ce mal pour réussir, c'était un beau geste, car elle le faisait aussi pour son enfant à venir. J'espérais pour elle qu'après l'accouchement, tout allait bien se passer, qu'elle ne serait pas obligée de tout lâcher par manque de temps, tout simplement. - « Je ne vous connais pas personnellement, mais à l'heure actuelle vous arrivez à étudier tout en étant enceinte, je ne peux vous souhaiter que le meilleur après votre accouchement ». Prévoir les choses était mission impossible, chaque jour était différent. Elle devrait d'ici peu, réfléchir pour deux, plus concrètement que maintenant et elle le savait.

En entendant le mot France, mon regard se fixa, comme si j'étais surprise, oui en effet, je l'étais. La France, un pays où tout le monde rêvait d'aller, que ce soit pour une courte ou une longue période. - « Etes-vous Française ? ». Je suis toujours restée ici en Amérique, il était peut-être temps que je m'accorde du temps, je rêvais sans cesse de nouveaux paysages, je rêvais de découvrir d'autres cultures... - « Si c'est le cas, vous allez me faire voyager sans même le savoir ». Disais-je avec un air amusé.

Elle pensait m'ennuyer avec ses histoires alors que pas du tout, j'aimais écouter les autres. Donc si elle ressentait le besoin de parler, j'étais là et avec grand plaisir. De plus, j'avais l'impression que ce sujet était assez douloureux, j'avais pu le remarquer grâce à l'expression de son visage.
Elle me proposait avec douceur de rentrer chez elle pour boire un verre. Je n'étais pas contre, après tout, mon jogging matinal pouvait attendre. - « Avec joie, du moment que vous avez du jus d'orange à me proposer ». Je m'étais mise à rire.