J'aime pas trop les 14 février (feat. Maxym)

On est le 14 février ? Muai, cette fête ça a jamais été mon trip. Je trouve ça débile d'avoir un jour dans l'année ou on doit faire semblant que tout se passe bien dans son couple. Puis des attentions pour ta nana, t'en a toute l'année ou alors ça sert à rien. Mais offrir un bouquet de roses et me taper un restau où il n'y a que des couples autour, très peu pour moi. Non, la Saint-Valentin c'est vraiment la pire fête. Je préfère la Saint-Ricardo, même si tout le monde s'en bat. Alors aujourd'hui, je déroge pas à la règle. J'suis seul, devant mon écran, un joint en bouche et une bière en main. Cool ma Saint-Valentin, mais je demande tellement pas mieux. T'façon, y'a pas mieux. Je regarde pas la télé, y'a que des conneries ce soir là. Je me mate une série, c'est plus cool. Une série con, pour délirer avant d'aller me pieuter.

Ouais, t'as raison, on s'en bat de la Saint-Valentin. Mais de la Saint-Ricardo aussi. Ca existe pas, en plus, y a juste pas moyen qu'un saint ai porté un jour ce nom. Mais c'est pas pour débattre de ce sujet passionnant que Maxym débarque dans sa chambre, sans taper ni dire bonjour. Tenue de soirée, bien apprêtée, tout le bordel qui fera que je serais assurément la plus belle femme de la pièce. Ma beauté, c'est tout ce qu'il me reste. Et il manquait quelque-chose à mon cou. Un collier, que j'avais laissé dans la chambre masculine, à cette époque où je pensais avoir un accès exclusif à cette piaule pour une durée indéterminée. Durée terminée.  Mais j'en ai marre, tu sais, d'être triste. Alors, je débarque, comme si tout ça, nous, c'était rien. « C'est bon, pas besoin de te lever. »  Ton joint, j'm'en fous. Et si y a une meuf quelque-part, elle sortira d'elle-même. Regard sur l'écran. « Sheldon couche avec Amy dans cet épisode. » Large sourire, tellement pas désolée du spoiler. « Il est où mon collier ? » Non vraiment Max, ça te dérange pas de t'imposer ?

Je suis posé, tranquillement, je demande pas à être dérangé. Et pourtant, la porte s'ouvre et quelqu'un fait irruption dans ma chambre. Okay, faut vraiment que je pense à la fermer à clé des fois. C'est pas un moulin ici. Par contre, la personne qui rentre sans prévenir, je ne m'y attend pas. Maxym, sérieusement ? Ça faisait des mois qu'elle n'avait pas mit les pieds ici et encore moins sans frapper. Si ça se trouve, elle a un flingue derrière le dos et elle vient régler ses comptes. Quoi ? C'est démesuré ? Vous connaissez pas la bête.. "C'est bon, pas besoin de te lever". Ouai, bah je me lève quand même. J'vais pas faire comme si toute cette situation était normal après tout. Parce que c'est loin de l'être. "Sheldon couche avec Amy dans cet épisode". J'arque un sourcil. "Tu crois vraiment que c'est la première fois que je vois cet épisode ?" répondis-je, naturellement. On y croit à son faux spoiler, tiens. "Il est où mon collier ?" J'hausse les sourcils. "Ton collier ?" Alors là, elle me pause une colle. "T'es sûre qu'il est ici ?" J'espère qu'elle est sûre quand même, avant de débarquer ici sans y être invitée.

"Tu crois vraiment que c'est la première fois que je vois cet épisode ?" Le sourire faiblit légèrement, juste parce que son annonce ne marche pas. Que c'est le truc le plus bas que j'peux sortir, mais que c'est tout ce que je peux utiliser. Les reproches, c'est trop tard. J'ai perdu l'occasion de faire ressortir ce qui ruine mon battant depuis des mois, alors j'le laisse pourrir à l'intérieur. Je laisse ma rage faire ce qu'elle veut de moi. Un sourire se pointe, léger. « J'perds pas espoir de te ruiner un film ou une série. » Ou ta vie, tiens. Car t'avais pas le droit de ruiner la mienne, sans me prévenir.  "Ton collier ?"  Soupire, ses doigts farfouillant dans ses affaires. Ouais, comme ça. Comme si elle risquait pas de trouver un truc qui lui mettrait un coup dans le ventre gratuit. Madame ne se préserve pas. « Ouais, mon collier. Tu sais, le noir. » J'l'avais enlevé. Pour des raisons auxquelles je ne penserais même pas. « Il est pas chez moi, donc par déduction, il est ici. » Ses billes s'arrêtent sur lui, deux-trois secondes. Juste pour faire la fille qui en a rien à foutre de te regarder, à qui ça fait quedal. « Tu m'aides pas ? » Cache ce que mon cœur ne pourrait supporter. Fait comme si on était capable d’enchaîner trois phrases comme des gens normaux.

Et oui, raté Maxym ! Mais bien tenté. Sauf que je suis trop fan de cette série pour que tu puisses avoir l'avantage sur moi. "J'perds pas espoir de te ruiner un film ou une série". Y'a pas de mal, je suis pas au taquet non plus sur tout. "Oh, faut vraiment que je pense à fermer la porte à clé alors". Ouai, n'oublie pas que t'es rentré sans invitation. Enfin, elle en a probablement pleinement conscience. Bon, et tout ça pour un collier en plus. Genre McAllister n'a qu'un seul collier. Ou alors elle a voulu faire sa fille chiante et elle a décidé que c'était celui-ci et pas un autre. "Ouais, mon collier. Tu sais, le noir". J'hoche la tête. Je vois duquel il s'agit, mais ça me dit quand même pas où il est. "Il est pas chez moi, donc par déduction, il est ici". Bon, déjà ça veut dire qu'elle batifole pas d'appartement en appartement. "Tu m'aides pas ?" Hmm, c'était pas vraiment mon attention. Déjà, je te laisse fouiller dans mes affaires, c'est pas mal. Mais bon, j'ai rien à cacher. "Je vois vraiment pas où j'aurais pu mettre ton collier en fait. Regarde dans la salle de bain". Compte pas sur moi pour y aller par contre. Je m'attarde un instant sur sa tenue. "Tu vas quelque part ?"

"Oh, faut vraiment que je pense à fermer la porte à clé alors" Hausse les épaules, j'compte pas revenir de toute façon. Je sais même pas pourquoi je suis là, en fait. Ce collier, c'était pas la nécessité absolue du moment. Peut-être, juste un peu, que j'avais envie de te voir. Avant qu'ils me voient tous. « Ouais, ça t'évitera que des indésirables rentrent à l'improviste. » Je me mets dedans, d'une moue qui s'amuse. Bien que de nous deux, dans ce ballet de la rupture, c'est toi le bourreau et moi la victime, non ? Alors pourquoi c'est moi qui revient ? Pour un collier Maxym, juste pour un putain de bijou qui refuse de sortir d'une possible cachette. Et toi, t'imposes ta présence dans son décor, tu mets de ton parfum dans son air, tu t'infiltres dans les failles qu'il laisse sans défense. "Je vois vraiment pas où j'aurais pu mettre ton collier en fait. Regarde dans la salle de bain" Se pince les lèvres, ses billes foncées balayant une dernière fois la pièce. Pas pour chercher, cette fois. Pour voir à quoi ressemble ta vie sans moi. "Tu vas quelque part ?" La main sur la hanche, les lèvres qui s'écartent dans un bref sourire. « Au bal, tu sais, l'évènement dunster pour la Saint-Valentin. » Le regard descend sur la silhouette masculine. « Visiblement, il ne faudra pas compter sur ta présence. » Et McAllister, demoiselle, sourit d'avantage à cette idée. Je préfère faire sans toi, quand il s'agit d'enfoncer le clou sur la situation. « Mais tu ne manqueras rien, tu as déjà vu le principal. » Rieur, le sourire maintenant, alors qu'elle se désigne elle-même d'un revers de main. Princesse qui finit par disparaître dans la salle de bain, continuant sa quête.

"Ouais, ça t'évitera que des indésirables rentrent à l'improviste". Je souris légèrement. C'est évident qu'elle était loin d'être indésirable, mais je n'allais certainement pas lui révéler. Enfin, heureusement tout de même qu'elle n'était pas rentrée alors que j'étais accompagné. Je n'ose même pas imaginer la scène. Elle est magnifique, dans sa robe, et j'avoue que je met quand même un peu de temps à percuter. Du coup, je lui pose tout de même la question. "Au bal, tu sais, l'évènement dunster pour la Saint-Valentin". Ah oui, ça.. Bon, c'est mieux comme révélation que : j'ai un date avec mon nouveau gars. Quoi que, je ne peux pas l'empêcher d'avancer et de tenter d'avoir une nouvelle vie. "Visiblement, il ne faudra pas compter sur ta présence". Je me regarde également puis sourit en coin. "Et non. Je vais rester sagement ici. Mais j'espère que ma soirée va bien se passer". Même si une fête organisée par les Dunster ne vaudra jamais une organisée par les Mather. "Mais tu ne manqueras rien, tu as déjà vu le principal" dit-elle avant de se diriger vers la salle de bain. Là, elle marquait un point. Je la suivis quand même et resta vers la porte, épaule contre le mur. "Tu y vas avec quelqu'un ?" demandais-je en la regardant de bas en haut. "Juste par curiosité.." Mal placée certes, mais on s'en fou.

La fière s'invente une assurance que t'as détruis sur ton passage, Ricardo. Je sais pas si tu te rends compte de la ruine qu'elle est devenue. A venir jusqu'à chez toi pour un collier, pour une tenue qu'elle veut parfaite. Pour les autres. Pour qu'on la regarde, qu'on l'aime un peu. Il faut qu'on la désire, qu'elle le voit dans les yeux des hommes. Peut-être qu'à force, Maxym parviendra à t'oublier. La belle piétine, malgré la bonne volonté balancée dans chacune des soirées qui peuvent accueillir son rire trop sonore. Piétine, de ta faute. N'arrive pas à céder à leurs envies, de ta faute. Je te déteste, dans ces instants. "Et non. Je vais rester sagement ici. Mais j'espère que ma soirée va bien se passer" Sagement, c'est une façon de voir. Mais vas-y, reste ici, j'suis pas sûre de réussir à encaisser avec mon sourire de facade, ta vision de quelques danses sans que je sois la femme choisie pour. Les doigts féminins manquent de pudeur, et s'aventure dans les tiroirs. L'habitude. "Tu y vas avec quelqu'un ?" Un sourcil se hausse, le sourire s'affichant avec discrétion alors qu'elle jette un œil rapide vers lui par-dessus son épaule. Idiote qui jubile de la question. Idiote qui n'arrive pas à ne plus aimer. "Juste par curiosité.." Se pince les lèvres pour ne pas paraître trop amusée, soufflant sans se retourner. « Évidemment. » Sa main se referme sur le collier en question, perdu au fonds d'un tiroir. De cette époque où je pouvais m'étaler dans ta vie. « J'y vais avec Isaac. » La recherche aboutie, se relève pour s'appuyer le dos contre le lavabo. « ..En amis. » Ouais, j'me sens obligée de le préciser. « J'y serais bien allée en femme indépendante qui s'en fout complètement d'être seule ce jour-là, mais j'm'en sentais pas encore capable. » Parce que ça me rappelle celle de l'année dernière, ça vient par salve de souvenirs, et j'les évite comme je peux. Un sourire amer se trace, tandis qu'elle se décolle légèrement du lavabo pour s'approcher, dans l'optique de sortir, sûrement. « Ridicule, hein ? » La niaiserie, c'est bien pour les autres, pas pour moi.