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Pourquoi croit-on que derrière un beau visage se cache obligatoirement une belle âme ?
feat. Edea & Carlisle
Encore une fois, où je vais devoir évoquer ma famille, et surtout mon père. C’était lui accorder une importance inutile à ma vie, j’en avais plus que marre.
Pour avoir la paix j’acceptais. Je trouvais tout de même le rendez-vous assez bizarre, dans un théâtre dans l’enceinte de l’université. Après tout, ça changerait des bureaux morbides, avec leurs diplômes d’accrochés au mur comme s’ils avaient besoins de se justifier qu’ils étaient vraiment psychologues. Pathétiques.
En attendant le rendez-vous de ce soir, je me rendais à mon cours de science, sur la structure des ADN et ARN. Une version bien plus compliquée que ce qu’on pouvait voir au Collège. J’avouais que ces cours m’ennuyaient, je m’accrochais pour dire d’obtenir mon diplôme dans trois ans, et pourquoi ne pas intégrer une équipe dans un laboratoire pour des réalisations ou tests cosmétiques. Voilà comment je voyais mon avenir, quelque chose d’assez tracé. Là était mon idéal et ma revanche dans la vie. Après deux heures de cours intensifs, je rentrais à la Cabot House, espérant pour une fois être seule dans la chambre. C’était sympa de partager une grande chambre à quatre filles, seulement, c’était très vite le bordel aussi. Pas beaucoup d’intimité non plus, et je mourais d’envie de tourner une vidéo pour ma chaine beauté. Aujourd’hui, je devais présenter un test sur différents mascaras. Etrangement, c’était une vidéo assez réclamée par mes abonnés. Les seuls à qui je cédais aux caprices sans ronchonner. Un coup d’œil sur l’horloge montrait qu’il était seize heure dix et que j’avais amplement le temps de réaliser la vidéo. Le montage attendrait demain, ou ce soir, selon l’heure où je rentrerai, ou à la vitesse où je l’aurai planté sur place.
Mes mascaras étalés devant moi, ma vidéo se terminait en même temps qu’une de mes colocataires arrivaient dans la chambre. Forcément en me voyant me préparer je n’échappais pas aux questions. « Tu sors en pleine semaine ? Tu as vas faire quoi ? » La curiosité était un vilain défaut, et j’étais une reine dans l’art de la manipulation et du mensonge. Hors de question pour moi de dire que j’avais rendez-vous avec un psychologue, j’étais bonne pour une avalanche de questions sur le pourquoi du comment. « Je vais manger à l’extérieur avec mon oncle ce soir. » Je retrouvais de temps en temps mon oncle pour lui raconter ma semaine, pas de raison que l’on ne me croit pas. J’étais vêtue d’une robe pull qui m’arrivait milieu cuisse, des cuissardes et des collants de couleur chair. Avec ce temps un petit peu frais, cette tenue me convenait parfaitement.
Je me mettais en route pour le théâtre. Voyant l’heure, je serais sûrement un peu en retard de dix minutes, ça serait l’occasion pour ce Carlisle Bellamy – mon oncle m’avait envoyé les informations par messages – de faire sa première analyse. J’en soufflais déjà rien qu’à l’idée. En semaine, il n’y avait pas de représentation dans le théâtre, il aurait peut-être une répétition. Je n’en étais même pas sûre. Bref, je m’avançais vers l’entrée de l’établissement, franchissant la porte qui menait vers le rez-de-chaussée, où il y avait les sièges pour s’assoir et assister aux représentations. Il n’y avait qu’une seule personne seul, assise, regardant la scène pour l’instant vide. Je m’avançais, n’espérant pas me prendre un refus en pleine tête. « Carlisle Bellamy, c’est vous ? » Je me retrouvai face à une personne qui ne devait pas être beaucoup plus vieux que moi. Je pensais même m’être trompée, il était trop jeune pour être psychologue. Je m’apprêtais à faire demi-tour, sans même attendre une réponse.
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