Destaël ► Un air de déjà vu

Un air de déjà vu

Je ne sais même pas pourquoi je m'obstine à aller en cours, parce que de toute façon, j'ai ce sentiment que mon année et foutue, parce que j'ai oublié tout le premier quadrimestre, mais en même temps, je ne suis pas du genre à laisser tomber facilement pourtant, là, face à cette enième porte que je vais devoir ouvrir avec mes béquilles, j'ai juste envie de faire demi tours et m'enfermé dans ma chambre à la Winthrop House. Pourtant, je n'en fais rien, fixant simplement l'imposante planche de bois devant moi, la défiant dans un sens du regard, un peu à la sésame ouvre toi, sauf que non, c'est pas une putain de porte magique alors non, j'aurais beau la fixer, elle ne s'ouvrira pas toute seule, alors je vais encore devoir me la jouer à la One again. Bref, je serre mes béquilles entre mes mains et avance pour commencer à pousser cette porte trop lourde tout en ne m'appuyant pas sur ma mauvaise jambe et aussi en appuyant sur la poignée pour permettre l'ouverture... Sauf que là, ça coince, parce que je peux pas avancé ça reposé sur ma jambe invalide et elle est pas encore réellement capable de supporter mon poids sans béquille... Bref, j'essaie de faire pousser la porte, sauf que je galère, la gueule coller contre celle-ci... Depuis ma sortie de l'hôpital il y a un peu moins d'une semaine, je peux vous le dire que j'en ai vu plein des portes de près de cette façon, parce que putain, j'avais jamais remarqué qu'il y avait autant de porte à Harvard... Genre ils peuvent pas laisser les portes ouvertes en tout temps ? Ouais non, on est en Hiver et le chauffage, ça se paye pas avec des rondelles de carottes non plus... Mais putain, il pourrait pensé au handicapé de la vie comme moi quand même ! Bref, je peste contre cette porte, cherchant à entré dans le bâtiment.

Un air de déjà vu

L'avantage avec les cours, c'est que je peux quasi somnoler debout sans avoir le moindre soucis avec les profs, qui ne me remarquent même pas au fin fond de l'amphi. Ne vous détrompez pas, j'adore mes stages dans la clinique vétérinaire de la ville, mais y a des moments ou j'aime me poser sans avoir rien à faire en dehors de pianoter rapidement sur le clavier de mon ordinateur. Et accessoirement envoyer quelques sms. Je suis mauvaise, je sais, mais pour l'instant j'ai de bonnes notes du coup j'en profite avec abus. Au bout de deux heures, cependant, je commençais à saturer, et je m'endormais presque sur mon écran quand vint enfin l'heure de la libération. D'un coup de main rapide et agile, j'attrapais mon ordinateur que je rabattais pour le ranger dans mon sac avec les quelques feuilles qui accompagnaient le cours, mon stylo, et zou! Je slalomais entre les gens jusque la sortie. Au bout de plusieurs couloirs, j'arrivais vers une silhouette que je reconnus... Ou plutôt la situation qui m'évoqua vaguement une impression de déjà vu. Rapidement, je pressais le pas tout en rangeant mes dernières affaires, libérant mes mains pour mieux ouvrir la porte à Jaysaël, en pleine galère avec ses béquilles. « Besoin d'un coup de main peut-être ? » Je lui adressais un sourire en coin, répétant mot à mot ce que je lui avais dit la première fois que je lui avais tenu une porte,à notre rencontre. Néanmoins, il semblait vraiment à bout. Alors, je demandais, lèvres pincées: « Ça va Jay ? »

Un air de déjà vu

Comme un con, je galère avec cette porte, parce que j'en ai trop marre ! Mais voilà, soudainement, elle s'ouvre un peu plus facilement et une voix qui m'est devenu familière me parle. Je cherche à retrouver mon équilibre pour ne pas tomber à cause de l'absence de la porte maintenant et je reprends appui sur mes béquilles, me redressant en espérant ne pas m'être donné trop en spectacle. Parce que là, je galérais vraiment. J'aime faire le con, mais je n'aime pas avoir l'air con pour de vrai. Enfin, je me comprends quand je pense ça. Bref, je regarde la demoiselle et lui sourit. Parce que oui, je me souviens bien de cette réplique lors de notre première rencontre, même situation d'ailleurs, pas vraiment le même endroit, mais le contexte était à si méprendre le même... "Merci." Finis-je alors par lui dire comme la première fois, ce qui est une réponse normale, bien que la suite risque d'être bien différente au final. Surtout que la demoiselle s'inquiète de mon état maintenant, je lui adresse alors un léger sourire pour essayer de la rassurer. "Franchement ? J'ai connu mieux... Je ne sais pas du tout ce que je ferais sans toi pour m'ouvrir les portes ! C'est frustrant, mais en même temps j'ai pas trop le choix..." J'hausse alors les épaules en baissant le regard vers ma jambe. Celle-ci va déjà un peu mieux, enfin, surtout par rapport au début, l'évolution est bonne, mais bon, il me faudra encore beaucoup de temps pour aller vraiment mieux... Bon, les béquilles, je m'en débarrasserais encore assez vite, mais c'est pas vraiment la même chose pour la douleur... Je relève alors la tête vers elle. "Et toi, tu vas bien ?"