Y. PHILLIP DUNNE ► christopher mason

J’ai une enfance plutôt ennuyante en fait. Celle-ci n’était pas mauvaise, au contraire, mais sans grand événement, sans traumatisme. Je n’étais pas celui qui manquait de quoi que ce soit, mais je n’avais rien en trop non plus. On vivait simplement dans ma famille et cela m’a toujours plu. D’ailleurs, aujourd’hui, je suis toujours comme ça. Je suis l’unique enfant de ma famille, né le 10 janvier 1989. J’ai grandi entouré de grand et cela a sûrement fait que j’ai rapidement été très mature. Toutefois, je savais bien m’amuser aussi, mais jamais je ne faisais de grosses conneries, je connaissais les règles. Boston est une ville que j’adore, j’y suis né et j’y habite toujours, même si je n’ai pas été toujours dans la même maison. Enfin il y a celle où j’ai grandi, celle familiale, puis mon premier appartement avec Amelia, notre première maison et aujourd’hui, je suis de retour en appartement. Case départ.

Durant mon enfance et adolescence, j’ai développé plusieurs talents, surtout dans les arts. Bien que j’aie toujours été très sportif, pratique plusieurs sports, cela n’était pas ma réelle passion. J’ai commencé par le dessin et la peinture, cela étant le plus facile à faire sans besoin de grand matériel. Lorsque j’ai eu l’âge de travailler, faisant la vaisselle dans un petit restaurant, j’ai pu m’acheter mon premier appareil photo et cela a été un coup de cœur tout simplement. Depuis, je ne cesse cette activité. Bien que j’adore les paysages, la nature, ce que je préfère c’est les humains. Tenter de mettre sur papier une émotion est un réel art et jamais je ne m’en lasserai. Malheureusement, comme j’avais plutôt une âme d’artiste qui ne demandait qu’à être libéré, je n’écoutais pas beaucoup dans mes cours et j’avais de mauvaises notes. C’est d’ailleurs à cause de cela que j’ai rencontré l’amour de ma vie, Amelia.

Celle-ci était la meilleure de la classe et s’ennuyant dans ses classes, elle aidait ceux qui en avaient besoin, comme moi. Malgré nos différences, on s’est très bien entendu. On se complétait dans un sens et on est devenu ami. On se voyait en dehors des cours, elle continuant à m’aider dans mes cours tandis que je lui faisais découvrir de nouvelles choses, moins conventionnelles que ce qu’elle connaissait, moins strictes, et elle appréciait.

Notre amitié a duré ainsi un an. Oh non, notre amitié n’a pas terminé là, elle a simplement évolué. Il faut avouer que pour ma part, dès que je l’avais rencontré, je l’avais toujours trouvé totalement à mon goût. Son côté un peu timide m’attirait, puis j’avais appris à la connaitre et j’avais découvert bien plus. Je savais qu’elle n’avait jamais eu de petit copain et je doutais d’ailleurs que je pouvais lui plaire, mais un mois avant la fin des cours, je lui ai fais la grande demande. La réponse fut positive, à ma plus grande surprise, et on alla donc quelques semaines plus tard au bal de fin d’année. Ma relation avec Amelia était tout simplement parfaite, on apprenait tranquillement à se découvrir, à découvrir la vie. En terminant, j’ai pour ma part suivi des cours de photographies afin de devenir photographe privée tandis qu’elle devint infirmière. Elle travaillait beaucoup et gagnait clairement plus d’argent que moi avec mes petits contrats, mais ça ne la dérangeait pas, on était heureux. On avait eu notre appartement environ un an. Toutefois à 20 ans, on apprit qu’elle était enceinte. Cela fut un choc.

Bien que tout le monde nous disait d’avorter, on ne pouvait tous les deux envisager cette option. De toute façon, on travaillait tous les deux, on était installé alors cela allait venir un jour, pourquoi pas aujourd’hui? C’est donc quelques mois plus tard que Summer naquit. C’était un enfant très calme, parfaite et cela ne fit que nous rapprocher. On était à présent une famille et rapidement, on s’acheta une maison. Vivre en appartement avec un bébé qui pleure toutes les nuits, ce n’est pas génial. On voyait le futur de manière très positive. On voulait d’autres enfants, bien sûr, on voulait voyager, je pensais prendre quelques formations encore pour me perfectionner dans la photographie tandis qu’Amelia commençait à avoir des horaires plus régulières à l’hôpital. On vivait quoi.

Tout cela changeait en septembre dernier. Je venais d’aller chercher Summer à la garderie. On roulait jusqu’à la maison quand j’ai eu un appel de la police. Ceux-ci ne m’ont pas demandé où je me trouvais et j’ai d’ailleurs manqué avoir un accident à cette annonce. Je me suis rapidement garé sur le côté et je me suis totalement effondré. On venait de m’annoncer la mort d’Amelia, ayant eu un accident de voiture. Cette femme a été sûrement la première auquel je suis tombé amoureux et la dernière j’espérais. On avait une famille, un futur et à ce moment, j’avais l’impression de tout perdre. J’avoue qu’un instant, j’ai cru que je ne pourrais pas vivre sans elle, que je devais la rejoindre. C’est Summer qui me sortit de ces pensées. Je ne pouvais pas l’abandonner. Elle n’avait que moi et j’avais qu’elle. Ce n’était plus que nous deux à présent.

Rapidement je me rendis compte que jamais je n’y arriverais seul au côté financier. Amelia gagnait un gros salaire et pour ma part, j’avais peu de contrat. Je devais donc trouver une solution. J’ai vendu la maison afin de retourner en appartement. Case départ. J’ai décidé de m’inscrire cette fois-ci à l’université, à Harvard, afin de retourner en cours et avoir un diplôme qui serait reconnu. De plus, c’était plus facile à présent puisque Summer allait commencer l’école aussi. J’étais un peu comme elle, un nouvel étudiant. Case départ. Je me suis également coupé de la majorité des personnes qui m’entouraient. Je préférais être seul, je ne voyais plus rien de bon autour de moi, sauf Summer. J’ai toujours été quelqu’un de passionné, d’énergie, de souriant, de positif. Cela a totalement changé depuis plusieurs mois, depuis sa mort. Je ne vis que pour ma fille et non pour moi. Parfois, pour oublier, je sors, je bois, je me tape une fille. Je n’ai aucunement envie de plus et je ne vois pas comment cela pourrait changer.