O. BRENT KEEGAN ► Jean Luc Bilodeau

Avril 1998

« Ozias, tu veux venir ici, on doit te parler. » Le petit garçon de sept ans releva les yeux vers ses parents. Il se rendit tout de suite compte du ton solennel de la demande de sa mère et il savait qu'il ne valait mieux pas protester. Il posa sa voiture sur le garage avant de s'asseoir sur le canapé juste à côté de ses parents. Il sentit la main de sa mère dans ses cheveux. Lyna avait toujours été très prévenante, protectrice et câline avec le petit dernier de la famille. Elle aimait le prendre dans ses bras, l'embrasser, lui lire une histoire avant de s'endormir ou de l'aider à faire ses devoirs. Victor son père était un peu plus âgé et certainement moins démonstratif. Mais il adorait son fils, il adorait Ozias. Il ne se privait jamais de l'emmener faire du vélo, d'aller faire du sport au parc ou de lui offrir une glace. Sans compter son grand frère qu'il aimait espionner surtout lorsqu'il était avec ses petites amies mais avec qui il passe des heures à jouer à la console ou qui l’emmène sur son scooter. Ou alors sa sœur avec qui il adore se chamailler, à qui il aime voler ses barbies pour les cacher dans les recoins de la maison et l'entendre hurler ensuite. Une famille somme toute normale. Jusqu'à aujourd'hui.
« Il faut qu'on te parle de quelque chose de très important. » Il les avait écouté sans rien dire. Il ne les quittait pourtant pas des yeux. C'est ainsi qu'il appris que Victor n'était pas son père biologique, qu'Ozias avait déjà un an lorsque Lyna et Victor se sont rencontrés avant de tomber fou amoureux. Mais son père lui assurait qu'il l'aimait, autant que ses deux autres enfants. Le silence se fit ensuite dans le salon. Ozias prenait le temps de réfléchir. C'est vrai que Victor n'avait jamais fait de différence, qu'il allait aux réunions avec la maîtresse, qu'il l'emmenait à ses activités, qu'il l'encourageait toujours, comme pourrait le faire un vrai papa. « Je peux quand même continuer à t'appeler papa ? » Victor serra son fils dans ses bras. Ils s'étaient toujours jurer de lui dire la vérité lorsqu'il serait en âge de comprendre et Ozias l'avait bien accepter. Depuis, ils continuaient à être une vraie famille, unie.

Septembre 2009

Le lycée avait été une sacré épreuve pour Ozias. Il n'était pas particulièrement un bon élève et autant dire qu'il était passé par une filière générale pour faire plaisir à sa mère mais aussi parce qu'il n'avait aucune idée des études qu'il voulait faire. Evidemment, il était nettement meilleur en histoire ou en langues mais de là à savoir ce qu'il voulait faire de sa vie, c'était une autre histoire. Il avait obtenu son bac de justesse, grâce à l'aide de sa sœur qui avait passer des heures à lui faire réviser mettant sa patience à rude épreuve. Pourtant, même s'il savait qu'il irait à la fac il avait mis un bon moment pour se décidé de sa filière. Ce sont ses vacances et sa rencontre avec Julian qui l'avait passionné pour l'archéologie. Lui qui adorait l'histoire, c'était des études toutes trouvées et cela lui permettrait aussi de voyage. C'est comme cela qu'il fit son entrée à l'université d'Oxford grâce à une bourse. Il décida même de parfaire son cursus avec des études de sport en mineur. Et c'est d'ailleurs grâce à cette passion qu'il fit la connaissance d'Eliott. Le courant était assez bien et assez vite passé entre eux. C'est souvent chez lui ou chez l'autre qu'ils se retrouvaient, avec d'autres potes, à regarder les matches de NBA ou de NFL. Souvent, c'était les deux seuls qui restaient réveillés à hurler comme des fous sans se soucier des voisins. Tellement de grands fous rires. C'est ce qui les a lié pour la vie. D'ailleurs, Eliott a été là à la mort de la mère de Brent et il n'a pas hésité une seconde à suivre son ami aux Etats Unis pour l'aider à retrouver son père. Mais cette amitié résistera-t-elle à toutes les épreuves ?

Juillet 2015

Pendant des années, Ozias avait considéré Victor comme son père. C'était sur ses genoux qu'il s'asseyait le soir lorsqu'il était enfant pour regarder les informations, c'était avec lui qu'il parlait des petits changements de son corps lors de la puberté. C'est avec lui encore qu'il se prenait la tête assez souvent pendant l'adolescence assez difficile d'Ozias. Mais c'est vers lui qu'il revenait s'excuser et qu'il considérait comme un pilier de sa vie. Alors, me direz vous, pourquoi se retrouvait-il dans un avion direction les Etats Unis ? Il y a quelques mois, sa mère venait de décéder après une lutte acharnée contre le cancer. Victor avait été là jusqu'à son dernier souffle et c'est dans ses bras que Brent avait pleurer toutes les larmes de son corps. Il avait mis plusieurs mois à faire son deuil. Mais ensuite, il avait ressenti le besoin de savoir d'où il venait, qui était son géniteur, ce qu'il devenait à présent. A contre cœur, Victor lui avait donné le nom de son géniteur ainsi que le peu d'information qu'il avait à son sujet. Ozias avait promis à Victor qu'il resterait son père quoi qu'il arrive et l'homme avait bien compris ce besoin chez son fils.

La première chose que fit le jeune garçon en arrivant sur le sol américain fut d'utiliser son deuxième prénom. Puis, il avait commencer à chercher. Pendant plusieurs jours, il partit à la recherches d'informations sur ce Van Rosen. Et aujourd'hui, il était devant la porte de celui qui l'avait conçu mais qui ensuite s'était retourné sans même se soucier de cet enfant. Il prit son courage à deux mains pour sonner. Ce fut une demoiselle, un tout petit peu plus jeune que lui que lui ouvrit la porte avec un grand sourire chaleureux. « Désolé d'arriver sans prévenir, mais je cherche Monsieur Van Rosen, je suis bien à la bonne adresse ?  » Il sentit son regard interrogateur. « Oui, c'est bien ici, mais il est en déplacement je ne sais où d'ailleurs. Et vous êtes ? » Il avala sa salive, c'était le moment de vérité. « Je suis son fils. » Il aperçu une autre demoiselle qui ressemblait physiquement à la première. Ainsi, il avait deux sœurs ? Des jumelles ? Pourtant, il sentait une grosse différence entre les deux sœurs. Cela se traduisit par leur réaction. « Arrête de faire la fille qui ne voit rien. Papa trompe maman depuis des lustres, réveille-toi, la famille parfaite ça n'existe pas. » Il ne pu s'empêcher de sourire. Oui son père était un salaud et d'ailleurs, Brent était au courant du chèque qu'il avait donné à Lyna pour qu'elle garde le silence. Si elle l'avait accepté, elle ne l'avait jamais encaisser mais Brent avait eu beaucoup moins de scrupules. 50 000 dollars, cela ne se refuse pas. Quoi qu'il en soit, il était entré dans la maison et de suite, une grande complicité s'était tissé entre Lia et lui. Une complicité qui dure encore aujourd'hui après plusieurs mois à apprendre à se connaître.

Février 2016

Aujourd'hui, il ne regrette plus d'être venu dans cette ville. Même s'il voit moins son frère et sa soeur (les enfants de Victor) et son père, il s'est parfaitement intégré à la vie à Cambridge. Son entente avec Cornélia est au beau fixe même si avec les autres membre de la famille Van Rosen c'est plus compliqué. Il a son meilleur ami avec lui. Autant dire que tout se passe bien pour le jeune homme.