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J’étais d’une humeur massacrante. Mon poignet se remettait doucement de ma méchante chute sur trottoir bostonien, je n’en gardais que de légères ecchymoses en voie de résorption et quelques vagues douleurs en cas de mouvements trop brusques, mais la météo peu clémente et le froid toujours présent me donnaient clairement la nostalgie de mon Angleterre natale et de son climat plus doux. Et puis Victoria était débordée, je ne voyais pas le bout de mes manigances contre mon demi-frère, bref, j’avais besoin de sortir, de me changer les idées et c’est ainsi qu’avec un petit groupe d’Eliot nous nous étions retrouvés dans cette boîte de nuit, attablés devant une bouteille de champagne. Mon regard se perdit un instant sur la piste de danse. J’informai mes amis que je les délaissai un instant et je me levai pour rejoindre la brune sur laquelle mon regard s’était arrêté. J’aurais pu l’ignorer… J’aurais du surement… Surtout qu’elle dansait lascivement avec un guignol en train de limite lui baver dessus. Et pourtant je m'avançai vers elle, c’était là tout le paradoxe de notre relation : malgré toute l’aversion affichée à l’égard de l’étudiante, ce spectacle ne me laissait pas indifférent et je ne pouvais faire autrement que de lui "casser son coup". M’approchant du duo, j’attendis que la chanson touche à sa fin, que la tonalité de la musique diminue pour demander d’une voix forte et bien distincte qui couvrait la sono : « Alors Tamtam, ça va mieux ? T’as pu enfin te débarrasser de tes morpions ? » Le jeune homme sembla ravaler sa langue sur le champ, jetant d’un coup un regard méfiant à la demoiselle, et ayant soudain surement beaucoup moins envie de la ramener chez lui ce soir. Il bredouilla je ne sais quoi comme excuses avant de s’éloigner avec un petit air dégoûté, expression de méfiance qui éclairait également d’ailleurs les visages de plusieurs des mâles autour de nous qui avaient également entendu mes propos. La chanson suivante débuta et je saisis la jeune femme par la taille pour l’attirer pour une danse en lui soufflant : « Ne me remercie pas. C’est toujours un plaisir de t’aider à te débarrasser des indésirables. » fis-je avec une certaine ironie, parce que clairement, vu la façon dont elle s’était trémoussée contre le garçon, il n’avait rien eu d’indésirable à ses yeux.(Invité)