SCARSIN → we look so good together.

On venait de laisser les cabots en bas à s'amuser alors que nous étions monté dans la chambre qui nous était réservé. Accepter un voyage avec Scarlett, c'était surtout l'occasion de remettre notre amitié en place, de tenter de sauver le peu qui nous restait, de lui montrer que malgré tout, on pouvait encore être amies, comme avant. J'avais beaucoup pris sur moi, et si c'était à ce jeu là qu'elle voulait jouer, alors voilà dans quelle direction nous allons aller. J'arrivais dans la chambre et m'écrasait sur un lit, de l'amitié, c'est ce qu'on a dit. "Wooh sept heure de vol c'est super long, j'suis complètement morte !" j'ai la force de rien du tout. Je me redresse sur les coudes et regarde les deux lits séparés qui sont là, bien que très proches tout de même, "tu prends lequel ?" de l'amitié, je vais m'en tenir à ça.

J'ai invité Tamsin. Et encore maintenant, je sais pas si l'idée est délicieuse ou proche d'être appelée désastre. J'sais pas ce qu'elle veut, j'comprends même pas pourquoi elle a accepté. Mais je comprends pourquoi je l'ai invité. La même raison qui fait que je reviens toujours vers elle. J'essaye de reconstruire des fondations, parce que les murs se fissurent. J'm'attaque à la base. Au début. Avant, on était amie. Je crois. Est-ce qu'on a déjà été amie sans désir ? J'saurais même pas dire. Mais j'tente tout ce que je peux pour récupérer un peu de la brune. Qu'importe le nom qu'on mettra là dessus. "Wooh sept heure de vol c'est super long, j'suis complètement morte !" Esquisse un sourire en la voyant affalée. Ouais, on arrive même à parler de l'avion. Bientôt on va dire qu'il fait beau. « J'te pensais plus endurante. » S'assoit avec moins de brusquerie sur l'autre pieu, parce qu'on a plus le droit d'avoir le même. Tombe le dos contre la couette. « Garde celui que ta flemme a choisit. » Hausse les épaules. « J'm'en fous. Ca m'empêchera pas d'entendre tes ronflements de toute façon. » Les lèvres s'écartent d'avantage dans un sourire plus franc. C'est comme ça que ça marche ? J'avais oublié.  

Regarde moi faire, regarde moi m'amuser de notre situation, de moi blessée, de toi qui essaie de faire semblant que l'amitié nous suffit. Regarde comme je m'en moque, de tout ça. De toi, de nous, de cette fausse amitié qu'on dessine du mieux qu'on peut. « J'te pensais plus endurante. » souris en tournant la tête vers la rousse. Si tu savais comment j'aurais aimé que tout soit différent. « Garde celui que ta flemme a choisit. J'm'en fous. Ca m'empêchera pas d'entendre tes ronflements de toute façon. » taquine moi, essaie de retrouver ce qui est perdu. Je souris, attrape l'oreiller et lui lance contre son visage en souriant, "J'suis une princesse moi, j'ronfle pas !" t'entends Scarlett ? J'suis une princesse, et une princesse mérite un prince, pas une autre princesse. Attrape l'autre oreiller et l'écrase contre son amie de nouveau, comme si un seul coup ça ne suffisait pas, "c'est tes propres ronflements que t'entends à chaque fois !" renvoie le pique, comme si nous avions douze ans. Ouais, c'est comme ça que ça marche, et ça marchera toujours comme ça désormais.

"J'suis une princesse moi, j'ronfle pas !" T'es pas une princesse. Toi t'es le dragon qui empêche les gens de se réunir, t'es celle qui fout le bordel dans les cœurs. T'es Ursula, version belle. Et moi j'suis l'idiote d'Ariel. On essaye d'écrire un autre conte, comme on peut, avec nos petites armes. Mais quoiqu'on essaye de faire, j'ai l'impression que c'est voué à l'échec. Tes coussins qui volent, par deux fois, j'arrive à échapper qu'au deuxième. Râlant du premier. « Pas de violence quand on est princesse ! » M'en fout, ça me fait un paradis de coussins, que j'empile pour mieux m'affaler dessus. Rêve pour les récupérer. "c'est tes propres ronflements que t'entends à chaque fois !" Secoue la tête, gamine pas convaincue. « J'suis sûre que c'est pas la première fois qu'on te le dit. » Vu tous les lits que tu squattes. Le visage a moitié absorbé par le coussin, ne regarde la belle que d'un œil. « Pourquoi t'as décidé de venir ? » Ca sort de nul part, un peu. De ses interrogations qu'elle n'arrive pas à garder secrètes. « Je suis heureuse que tu sois là mais.. je pensais pas que tu viendrais. » C'était une invitation censée se perdre.
 

On est belles, comme ça. On se retrouve, on essaie du mieux qu'on peut. Moi j'essaie, en tout cas. « Pas de violence quand on est princesse ! » rigole, secoue la tête. ça semble naïf quand je le fais, ça ne l'est pas. Comme tes ronflements, quoi. « J'suis sûre que c'est pas la première fois qu'on te le dit. » ouvre la bouche, comme tout est faux, tu le vois, tu le sais, mais on continue, "personne ne m'la jamais dis en fait !" donc si, tu es la première. T'es la première à beaucoup de chose avec moi j'trouve. « Pourquoi t'as décidé de venir ? » regarde la rousse, lève un sourcils. « Je suis heureuse que tu sois là mais.. je pensais pas que tu viendrais. » Quand est-ce que t'a décidé qu'on faisait plus semblant ? Pourquoi tu l'a décidé seule ? J'étais bien, moi, là, enfermée dans nos mensonges. On bâtissait un monde nouveau à nous deux, on était bien dans ce monde. Je la regarde, me redresse et souris en haussant les épaules, "tu m'a demandé de venir alors j'suis venue" regarde ses yeux, souris de nouveau, "c'est ce que font les amies, non ?" les amies, nous.

"personne ne m'la jamais dis en fait !" Scarlett mime la surprise, mais Scarlett n'est pas très bonne. Scarlett essaye surtout d'inventer une légèreté qui n'existe plus depuis des mois. On se traine la lourdeur des sentiments, Tamsin. On était mieux quand ils étaient moins assumés, moins flagrants. "tu m'a demandé de venir alors j'suis venue" Esquisse un petit sourire, jolie rousse. « Ca faisait longtemps que tu ne faisais plus ce que je te demandais. » Ca faisait longtemps que tu faisais l'inverse, longtemps qu'on ne se comprend plus. On est devenu moins tolérante, l'une envers l'autre.  "c'est ce que font les amies, non ?" Le sourire devient amusé, quoiqu'un un peu amer. Légèrement. « On est amie ? » On part là-dedans ? On revient à notre douce base solide, celle qui nous a construite. « Les meilleures. » Rajoute l'ingénue, tendant ses doigts vers la brune.
 

ça te fait sourire, toi aussi, ces conneries. Tu sais, le fait que j'fasse ce que tu me demande, comme s'il suffisait de ça. « Ca faisait longtemps que tu ne faisais plus ce que je te demandais. » Hoche la tête, hausse les épaules, mais nous, on est amies. Je sais le faire, l'amie. C'est plus facile, ça fait moins mal d'être ton amie. J'aurais aimé être plus, j'aurais adoré être plus que ça, mais il faut croire que d'être plus réussi à certaines personnes et pas à d'autres, et nous faisons partie de la catégorie autre. « On est amie ? » J'entends cette question rhétorique, mais j'hoche la tête quand même, par reflex certainement. « Les meilleures. » souris et attrape la main de la rousse. Ouais, appelle nous comme tu veux, moi, j'y prête plus trop attention. Ce qu'on est, ce qu'on est pas, qu'importe, je sais comment l'histoire se finira. Tu le vois pas mais je joue, j'essaie de me détacher là, et un jour tu n'aura plus de nouvelle, comme si je n'avais été qu'une personne de passage. Subir ce que j'offre à tous les autres, un peu de mon temps mais jamais un peu de mon cœur. J'ai fais l'erreur avec toi déjà, et j'apprends vite à ne pas refaire les mêmes erreurs. "Bon alors ! T'as prévu d'l'alcool ?" l'invitée a soif. L'invitée cherche surtout à dévier la conversation. "T'a pris combien de décolleté ? Tu vas les sortir ?" les obus que t'a refais. Je souris en coin, taquine.

Scarlett, celle qui ne voit rien. La fille qui se cache la vérité, trop naïve pour ce monde là. Trop pure, encore. Qu'importe les soupires, elle l'est toujours. Elle l'est parce qu'elle voit le bon en toi, malgré tout ce que tu as fais endurer à son cœur. Qu'elle le verra toujours, même quand t'iras voir dans d'autres bras, la laissant sur le côté. Elle l'est car elle veut être ton amie, à défaut d'autre-chose. Scarlett, celle qui serre doucement tes doigts dans les siens. Se raccroche comme elle peut à toi. C'est ridicule, vous me direz. Mais la candide aime son monde comme ça, avec Tamsin dedans. "Bon alors ! T'as prévu d'l'alcool ?" Demoiselle rousse relève la tête légèrement, presque surprise qu'on interrompt ce bref moment de sincérité. Enfin, si l'on peut dire, la vérité n'est pas quelque-chose que les deux cultive. « Ca te suffit pas le bar à l'extérieur ? » Evidemment que non. « J'dois avoir deux-trois trucs dans une valise.. faut bien. Faut les supporter les cabots. » Fin sourire en coin. Avec toi j'peux être sincère sur ma confrérie, tu sais bien. "T'a pris combien de décolleté ? Tu vas les sortir ?" Lâche sa main, pour frapper sans force les doigts féminins. Voit comme je te gronde, j'arrive pas à te faire plus mal. « Ils sont fait pour être vus, c'est gâcher sinon. » La moue aux lèvres, et elle s'assoit sur son lit. « D'ailleurs, j'vais me mettre en maillot de bain, j'ai envie d'aller à la piscine. Tu viens ? » Ou c'était juste une pause d'amitié ?
 

Je change de sujet, principalement parce que je suis plus tellement à l'aise avec celui là. Ce nous qu'on laisse en suspens, ce nous qui n'est plus rien maintenant. Et dire que j'ai fais des efforts, que j'ai tenu comme j'ai pu, du mieux que j'ai pu. « Ca te suffit pas le bar à l'extérieur ? » Secoue la tête de gauche à droite, attendant la vraie réponse. « J'dois avoir deux-trois trucs dans une valise.. faut bien. Faut les supporter les cabots. » Sourire en coin qu'elle rends, et se prends un coup sur la main. Depuis quand les seins sont tabous ? « Ils sont fait pour être vus, c'est gâcher sinon. » Je me met à rire, évidemment. C'est pour ça que tu les a fait refaire, parce qu'on voyais pas assez bien les anciens. « D'ailleurs, j'vais me mettre en maillot de bain, j'ai envie d'aller à la piscine. Tu viens ? » Hausse les épaules, réfléchi quelques instants. "J'vais m'mettre en maillot, faire un tour, et j'te rejoins." souris un peu en se levant du lit d'un coup, allant vers ma valise. "Le temps que tu me chauffe ma place, quoi." visiter les lieux, faire du repérage, ce genre de chose.

Bien sur que je prends le parti de la fuite. Celui où je pars, où on arrête d'être dans la même pièce, dans cette même pièce avec mes questions qui n'auront jamais de réponses. Avec mes sentiments qui débordent et qui n'arriveront jamais à obtenir de réponse, non plus. Parce que tu les refuses. Qu'on y arrivera jamais. Que mon pardon se donne, trop de fois, et le tien pas assez. J'ai besoin d'ailleurs, d'air qui m'emmène hors de mes considérations. "J'vais m'mettre en maillot, faire un tour, et j'te rejoins." Ouais, dit oui et non en même temps. Montre que les heures passent aussi bien sans moi, que tu peux fonctionner sans que je sois dans ta vie. Je le sais. Ca me brise. Mais j'esquisse un sourire, aux commissures des lèvres, polie et mutine à la fois. "Le temps que tu me chauffe ma place, quoi." S'approche de la porte, serviette sur le bras, en attrape la poignée, et glisse avant de disparaître de l'autre côté : « Tarde pas trop, je déteste avoir des mains de vieille. » Tarde pas trop avant de me pardonner, de m'aimer. N'attends pas que je ne t'aime plus.

Fin du sujet