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Glissant la clé dans la serrure, donnant son coup de pied habituel pour faire céder la vieille porte récalcitrante, Jill rentrait enfin chez elle. Il était près de 18h30 et la nouvelle Dunster avait joliment fait honneur à sa confrérie en passant son après-midi au labo et si étudier les propriétés biochimiques des plantes était (à ces yeux) des plus intéressant, cela restait que les meilleurs choses ont toute une fin. S’avachissant sur son canapé un instant, elle dut se faire violence pour ne pas y fusionner pour le reste de la soirée et aller prendre une douche. De toute façon, Leo devait arriver dans la soirée, elle n’avait pas forcément le choix. Il avait en effet été décidé que c’était une soirée Halberstam aujourd’hui, chose qui se faisait un peu rare ces derniers temps et Jill en était plus que ravie. Elle sentait que son petit frère n’était pas au mieux de sa forme, et si elle ne savait pas forcément quoi dire pour ça, l’étudiante savait au moins très bien être là pour écouter, ou au contraire, ne pas écouter. Sortant de la salle de bain, elle ne put s’empêcher de penser absolument égoïstement, qu’au moins il se passait quelque chose dans sa vie. C’était une réflexion idiote et puérile mais parfois, c’était plus fort qu’elle, elle était fatiguée du manque de matière de son quotidien. Elle aimait à se dire que lorsque ça lui tomberait enfin dessus, elle regretterait de l’avoir souhaiter. Mais l’envie que pour autant, cela arrive, était encore plus forte que la sagesse de sa pensée précédente. Que voulez-vous, l’être humain ne se rend compte de ce qu’il avait une fois seulement qu’il l’a perdu. Et Jill ne ferait pas exception à la règle.
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C'était une honte, les deux jeunes Halberstam vivaient à quelques rues l'un de l'autre, fréquentaient la même université pourtant Leo trouvait le moyen de délaisser sa sœur. C'est ça grandir, ils étaient passés de l'âge où Leo râlait tous les matins de voir la salle de bain occupée par sa sœur et où Jill jouait les gentilles moralisatrices lorsqu'il faisait le mur. Ça peut paraître légèrement surfait, cette complicité que les deux Halberstam revendiquaient, pourtant c'était bien la vérité, Leo tenait à sa sœur, il se sentait proche d'elle, il savait qu'il pouvait compter sur elle. Dire qu'il s'était laissé emporté par sa vie personnelle était une mauvaise excuse pour expliquer le peu de temps qu'il avait passé avec sa sœur ces derniers temps. Ce soir, il la consacrait à son aînée dont il ignorait un peu trop les aventures ces derniers temps. Peut-être parce qu'il avait enfin fini sa crise d'adolescence et que s'il avait longtemps assuré qu'elle était la femme de sa vie, il était peut-être un peu revenu dessus. Il signale son arrivée par un petit coup sur la porte de chez Jill avant d'entrer, familier des lieux. Il avait emmené avec lui une bouteille de vin et quelques petits bricoles à grignoter. « Jill ? » demanda-t-il en arrivant dans le salon, s'assurant que sa sœur l'avait bien entendu. Il passa par la cuisine déposer ses quelques réserves avant de rejoindre l'autre Halberstam dans le salon. « Alors, tu m'as préparé quoi à manger ? » dit-il en souriant, déposant un baiser affectueux sur le haut du crâne de sa sœur.
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Les relations fraternelles étaient ce qu'elles étaient et changeaient constamment au fil des ans. Les enfants Halberstam n'en étaient plus et si chacun avait sa vie de son coté, ils essayaient le plus souvent de rattraper le temps perdu. La famille était pour Jill quelque chose qui ne l'avait jamais déçue, loin des complications constantes du quotidien. Elle n'était d'ailleurs pas à Harvard pour rien, loin de sa Californie natale qu'elle aimait tant. Elle était dans sa chambre lorsqu'elle entendit frapper et s'en formalisa pas plus que ça. C'était Leo, il serait toujours comme chez lui ici. Finissant d'enfiler son pull par dessus sa tête, elle sortit. « Dans le salon ! » Bon, c'était pas comme si son appart' était un palace non plus, pour une personne et un lapin, c'était plus que suffisant. Elle accueillit son frère avec un grand sourire avant de faire la grimace à sa remarque. « Et si on commandait quelque chose à la place ? » Il savait très bien qu'elle était une terrible cuisinière, elle l'avait toujours été et le serait certainement toujours, d'autres avaient essayé en vain pendant des années. Chacun a ses priorités dans la vie, Jill avait toujours mille choses à faire d'autres que de passer son temps devant le fourneau comme une bonne femme au foyer. En soi, ce n'était pas qu'elle ne le voulait pas, jusqu'elle ne prenait pas le temps de le faire, comme de faire des courses de façon équilibrée. Heureusement qu'elle faisait du sport plutôt intensivement ou elle aurait pu dire adieu à son boulot de model vu ce qu'elle mangeait.

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Leo ce sentait détendu, il avait grand besoin d'une soirée tranquille en compagnie de son aînée. Il était décontracté, un fin sourire éclairant son visage et oui, le jeune homme était reposé, loin des tourments qu'il s'amusait à accumuler dans sa vie ces derniers temps. Il soupira, il avait quand même été assez naïf de penser que Jill se mettrait aux fourneaux pour combler l'appétit de son petit frère chéri. Non, le repas made in Jill Halberstam ce serait pour une autre fois. Il s'était de toute façon toujours montré plus habile cuisiner que toute la progéniture Halberstam réunie. « Ben tiens, ça m'aurait étonné, tu aurais du me le dire je serai passé acheter quelque chose avant de venir. » Le Mather n'était de toute manière pas étonné et il fouilla parmi les prospectus qui jonchaient la table un numéro, questionnant du même temps sa sœur. « Mexicain, chinois ou pizza ? » Il alternait regards à sa sœur et lecture des menus. Son téléphone à la main, et les papiers de l'autre, il vint s'asseoir sur le canapé, se blottissant dans les coussins. « Bon qu'est-ce que tu racontes de beau ma petite vieille ? » demanda-t-il à sa sœur avec un sourire espiègle.

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