MANOLA Z. Elöd ► Sandra Kubicka

L’année mille neuf cent quatre-vingt-quatorze était l’année la plus heureuse pour tes parents, car elle commençait avec un joli cadeau de la nature qui était ta naissance. Tu avais pointé le bout de ton nez le premier janvier de cette année mille neuf cent quatre-vingt-quatorze à Honolulu à Hawaï. Ton père était né en Irlande et ta mère à Hawaï. Ils se sont rencontrés alors que ton père venait en vacances à Honolulu et depuis ils ne se sont plus jamais quittés. Tu vécus une enfance heureuse jusqu’à tes huit ans. Vous viviez à Honolulu, vous n’étiez pas très riches mais vous étiez heureux. Tu allais à l’école, tu avais des tonnes de copines et déjà tu étais une petite fille très sérieuse et très studieuse. Le week-end tu ne sortais pas jouer à la corde à sauter ou à la marelle sans avoir fait tes devoirs auparavant. Tout se passait à merveille jusqu’au jour du drame.

C’était l’été de tes huit ans. Ton père était parti faire quelque course alors que ta mère préparait des gâteaux pour le goûter. Elle s’affairait dans la cuisine alors que toi tu jouais tranquillement dans le jardin. Jusqu’au moment où tu avais légèrement besoin de boire un petit verre d’eau. Tu étais donc rentrée dans la cuisine. « Maman, j’ai soif, je peux avoir un diabolo menthe s’il-te-plait ? » Ta mère acquiesçais d’un signe de tête et tu partais dans le cellier afin de reprendre une bouteille de limonade mais avant même que tu reviennes dans la cuisine, tu entendis ta mère hurler. Tu lâchais ta bouteille pour accourir dans la cuisine et là tu voyais ta mère en feu. Elle essayait de se débattre. Son regard semblait te supplier mais tu étais tellement sous le choc que tu prenais tes jambes à ton cou pour quitter cette maison. Qui finirait bientôt par flamber de partout. Ton père revenait des courses, il te trouvait devant la maison en plein milieu de la pelouse avec sa maison et sa femme qui flambait derrière toi. Il lâchait les courses pour venir à tes côtés. « Elle est où ta mère ? » Tu relevais ta tête, tu ne pleurais pas mais tu étais profondément choquée. « A l’intérieur, elle a du feu sur elle » Tu faisais une petite mine décontenancée, tu ne comprenais pas tout. Ton père te regardais avec de grands yeux et te mis la première claque de ta vie mais pas la dernière.

Après la mort de ta mère, ta vie ne rimait plus à rien. Tu mis un bon moment avant de comprendre sa mort mais surtout de l’accepter. Malheureusement, tu l’acceptais mais tu culpabilisais parce que ton père te faisait culpabiliser. Il était tombé dans une dépression et dans un alcoolisme sévère. Il ne sortait plus de chez lui et comptait sur toi pour tout faire. Tu étais devenu la cendrillon de la maison et lorsqu’il avait bu le soir, il te battait avant de te jeter dans le grenier qui était le lieu où tu dormais. Tu passais la nuit dans le fond du grenier prostrée à pleurer toutes les larmes de ton corps. Lorsque tu allais à l’école, tu devais cacher tes bleus, car il ne fallait que personne sache que ton père était violent avec toi. Tout ceci faisait que tu te renfermais sur toi-même, tu devenais de plus en plus craintive et surtout très méfiante. La seule chose de bien c’est que tu te renfermais dans ton travail et que tu passais tout ton collège, puis ton lycée haut la main. Tu ne sortais que très peu, les garçons ce n’était pas vraiment ton truc en fait, tu n’avais tellement pas confiance en toi que tu pensais que tu ne les attirais pas. Tu avais eu des petites amourettes mais jamais au grand jamais tu n’avais donné ta fleur à un jeune homme, ni même à une jeune femme et ce jusqu’au jour d’aujourd’hui. C’est pourquoi tu ne sais pas très bien où tu situais dans la société même si tu as une attirance plus profonde en vers les hommes.

Aujourd’hui encore tu es vierge, craintive, timide et renfermée sur toi-même. Tu avais réussi à quitter ton père à Hawaï pour arriver sur le continent américain et intégrer Harvard grâce à tes notes exceptionnelles. Tu avais eu le droit à une bourse d’étude mais tu travaillais malgré tout dans un cabinet d’avocat à Boston en tant que secrétaire juridique. En effet, tu étais aujourd’hui en quatrième année de droit et tout se passait très bien. C’était dur mais plus c’était dur et plus tu travaillais. Tu pouvais passer des nuits dans tes bouquins alors que tout le monde allait faire la fête et se droguer. De toute façon, tout ça ne t’intéressait pas, tu ne buvais pas et tu ne te droguais pas. Tu ne comptais pas finir comme quelqu’un de minable comme ton père. Malgré tout, tu étais quelqu’un de généreux et tu aidais les autres dès que tu le pouvais. D’ailleurs, au lycée tu faisais partie d’une organisation pour aider les enfants pauvres d’Hawaï. Paradoxalement, tu étais une jeune femme timide, qui n’allait pas vers les autres mais il ne fallait pas trop te chauffer non plus, car tu avais un caractère bien trempée pour une demoiselle qui préférait qu’on ne la voit pas. Tu voulais être invisible aux yeux de tous mais lorsqu’on te cherchait, on te trouvait. Plus jamais tu ne te laisserais marcher sur les pieds ou même te prendre des coups et ce même si tu n’avais aucune confiance en ce que tu étais.