Eustache I. Luisenbarn ► bailey sondag

Etre un gosse c'est facile en théorie, on rit de tout, pleure de tout aussi et on suit l'exemple de papa et maman. On a de grands rêves pleins la tête, on se voit déjà capitaine d'un bateau pirate ou Président des Etats-Unis. Eustache n'a jamais fait exception à la règle, il avait des rêves, comme monter au sommet des plus hautes montagnes en Europe, aller manger des larves en Asie, surfer en Australie. Voyager ouais, car des Etats-Unis et du continent américain, il avait tout vu, ou presque.

Fils unique, il a pu jouir de tout ce qu'il rêvait étant enfant: aller jouer à toute heure du jour comme de la nuit dans ces grandes forêts tropicales de Bolivie, monter sur le dos des ânes au pied du Machu Pichu, cracher en compagnie des lamas sur les touristes trop prout prout, aller en festival avec ses parents, lieu où il a d’ailleurs été conçu. Vivre la vie hippie aurait pu être compliquée pour d'autres, mais pas pour Eustache. Né à Austin, il n'y a jamais passé une nuit une fois sortie de la maternité. Sa mère et son père étaient attachés aux valeurs de la nature, de l'univers, si bien qu'avec des parents crudivores et frappés par le flower power ce gosse n'a jamais eu à s'ennuyer. Voir sa mère s’enchaîner aux arbres et se faire enlever de force par les bûcherons avaient été aussi hilarants qu'inspirant pour lui. Son école ? C'était sa vie à lui, il apprenait de ce qu'il voyait, de ce qu'il goûtait, respirait, il avait une bonne vie étant enfant, peu de gosse peuvent se vanter d'avoir traverser les deux continents américains en long en large et en travers. Il parle déjà 4 langues l'ami, et tout ça car il a côtoyé chaque peuple de chaque nation. Vraiment, il a eu une vie de rêves.

Et pourtant, lui qui n'avait fait aucun affront à l'univers, qui n'avait rien fait d'autres que de chérir ce qu'il voyait chaque jour s'était vu se prendre une grande droite dans la figure lorsque la police débarqua dans leur caravane.

« Madame, ce garçon n'est pas votre fils » est cette droite qu'Eustache s'est pris étant adolescent. Il avait 17 ans, il revenait de la pêche avec son père et voilà qu'on venait l'arracher à sa famille. Une erreur de restitution de deux enfants était survenue le 12 novembre 1993. Une infirmière ayant trop travaillée depuis trois jours avait malencontreusement déposé les deux bébés dans leurs mauvaises couveuses. Evidemment, personne n'a pu s'en rendre compte jusqu'à ce que la famille Luisenbarn ait effectué un test de paternité en découvrant que mère Luisenbarn trompait son mari depuis des années et des années. La nature parano de l'homme de la maison, richissime homme d'affaires, prit le dessus et il commanda un test. Blessé dans son orgueil, il vira et la femme et le gosse et fit d'intenses recherches pour retrouver son prochain héritier. Eustache.


A 17 ans, le garçon changea totalement de vie. Il n'était plus dans sa caravane à voir du pays, mais dans une lamborghini à côtoyer tous les riches des country club. Ses parents adoptifs, bien qu'ils l'eurent aimés, se dire qu'il s'agissait d'un moment parfait pour que leur fils puisse apprendre la vie d'un gosse de riche. Une espèce d'expérience pour eux qui n'eut rien de plaisant pour Eustache. Abandonné par les siens en guise de découverte sociale, adopté par un père qui lui en demande déjà trop et entourés par des inconnus qu'il devait feindre d'apprécier, Eustache eut du mal à s'adapter. Pourtant, il s'intégrait parfaitement bien dans les tribus indigènes dans son enfance ! Prenez les mêmes gens que lui, en plus riches, plus classes, plus hautains et il se retrouvait déjà perdu. Au final, l'amour que lui portait son nouveau père le fit rester. Eustache n'y était pas forcément attaché mais l'homme avait déjà perdu une femme, un enfant qui n'était pas le sien et son seul bonheur était d'être réuni avec "sa fierté" comme il dit. Quel être humain irait briser un peu plus cet homme ? Alors pour le rendre toujours aussi fier, le jeune homme resta enfermé dans cette villa sans saveur à étudier les rudiments des affaires, du droit, avec divers professeurs qui vivaient pratiquement avec lui. La nature ayant été son école, pour entrer dans une université prestigieuse, il fallait être à la hauteur. Concours, tests, SAT, Eustache passa tout ce qui était permis et inimaginable. Si bien qu'Harvard ne put qu'accepter cette candidature atypique, au plus grand plaisir de Monsieur Luisenbarn. Pourtant, arrivé là-bas, Eustache n'était pas si bon élève sans ses douze professeurs qu'il côtoyait mais le voilà en cours de relations internationales et en droit, car ce sont les domaines des champions dit-on. Riche, beau gosse, ayant tout pour réussir, Eustache mène sa vie sur le campus comme il l'a toujours mener: au jour le jour, et quand vient le paternel, on fait le sérieux. C'est pas son rêve de diriger une multinationale mais bon ... Pour le reste, qui vient l'inviter à un pétard ?