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(flashback) cam&vassily ✗ how to be an effective asshole

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(flashback) cam&vassily ✗ how to be an effective asshole Lalalala

Tu regardais les rives du lac et tu avais le souffle coupé par tant de beauté, une infinité de couleurs et d'odeurs te revenaient. Pourtant, tu n’aimais pas le Texas. Dieu seul sait combien tu avais essayé de t’accoutumer aux belles du sud avec leurs coiffures gonflées à la laque et leurs peaux bouffées par le soleil. Tu avais donné de ton précieux temps et offert ta chair pour combler les désirs des Texanes, mais rien n’y faisait. Tu n’étais même pas légèrement excité. Tu avais juste l’impression désagréable de baiser avec une poupée défraichie. Il était grand temps de revenir dans le Massachusetts. Tout cela pour faire plaisir à ton grand père qui proclamait –une fois encore- être à l’article de la mort. Tu n’en démordais pas : Saracen sénior était un vieux con. Mais un de ces vieux cons que vous finissiez par avoir à la bonne. Ce n’était même pas qu’il se sentait seul dans son grand ranch, c’était juste qu’il savait que tu n’aimais pas venir, alors il prenait plaisir à te forcer à la main. Ce salaud t’avais même tiré dessus la semaine dernière. Il avait proposé une partie chasse, tu étais emballé, mais il avait omis de te dire que tu en serais le gibier. La balle avait effleurée ta jambe gauche et tu sentais encore les picotements brûlants qui déchiraient ta peau. Ce n’était pas une grosse blessure, mais tu boiterais certainement pendant quelques temps. Tu rias en pensant à sa tête lorsqu'il allait s'apercevoir de ton absence. Il t'avais conspué si souvent, détesté, repoussé, haït… mais finalement tous ces verbes formaient un mur de protection pour ses vieilles épaules. Il était bien gentil, mais tu n’avais pas envie de mourir pour lui faire prendre son pied… Tu avais jeté un dernier regard aux grandes étendues d’herbes séchées et tu t’étais fait la malle.

Contrairement à ton père, tu n’avais pas un fétiche pour les avions, ce qui rendait ton voyage beaucoup trop long à ton goût. Une des hôtesses de l’air te faisait de l’œil. Elle t’effleurait la jambe à chacun de ses passages, réveillant à l’occasion ta blessure à la cuisse. La conne. Tu ruminais comme un vieux bougre. Tu attirais toujours les garces en manque d’action. Pourtant, l'envie rongeait tes joues blêmes, tes lèvres semblaient perpétuellement tordues d'une infâme grimace. Tu avais même l'air un peu cabossé, mais il y avait quelque chose dans tes yeux, dans ta voix. Il y avait quelque chose de brisé, un je ne sais quoi qui te rendait spécial aux yeux de ces filles. Tu étais le brouillon d'un chef-d'œuvre, mais putain, quel brouillon ...Après quelques heures – ou plutôt une éternité- l’avion arriva à destination. Tu n’avais jamais été aussi heureux à l’idée de rentrer chez toi. Tu étais presque sur le point d’embrasser le sol que tu avais foulé tant de fois…

Tu n'aimais pas attendre, tu te faisais l'effet d'une pucelle tremblante à son premier rendez-vous. Ton regard parcourait la foule et à mesure que les minutes s'égrenaient, impitoyables, imperceptiblement, tu te tendais. Une véritable boule de nerfs, qui n'attendait qu'une seule et unique occasion pour exploser. Ton chauffeur était en retard... Tu sentais la morsure du froid sur tes bras découverts, un long soupir s’échappa de tes lèvres. Il était temps de retourner dans l’aéroport, tu n’allais pas mourir gelé parce qu’un connard n’étais pas foutu d’arriver à l’heure. Tes bagages en main, tu étais revenu à la case départ… Alors, que tu cherchais un moyen de canaliser tes frustrations, tes yeux rencontrèrent une tête familière. Une tête familière … C’était sans doute, la meilleure façon de décrire le garçon aux cheveux ébène dont tu ne connaissais même pas le nom. Pour tout dire, tu n’avais jamais entendu sa voix, sauf si l’on comptait quelques gémissements étouffés. C’était à la Crypte que tu l’avais vu pour la première fois. Il avait l’air d’un charmant garçon, toujours prêt à servir … debout ou à genoux, selon votre désir du moment. Il était en pleine conversation avec un membre du personnel de l’aéroport. Cela n’annonçait rien de bon. Et l’air bougon du douanier ne fit que renforcer ton sentiment. Curieux, tu te rapprochas en clopinant légèrement. Foutue jambe. Arrivé à leur hauteur et devant l’air interrogé de l’homme, tu ouvris la bouche :


« Saracen. Vassily Saracen. »

Saracen, oui, comme Berlioz Saracen, ancien Sénateur républicain de la Caroline du Nord. Tu jetais ton nom comme un passe-droit, une excuse valable pour ta présence. C’était ridicule, mais cela avait le mérite de marcher sur certaines personnes. Ton regard se posa sur le garçon et un sourire satisfait étira tes lèvres fines, alors que tu chuchotais -un peu trop fort- :

« C’est à propos de la bombe dans ton sac ? »

Tu le mettais dans le pétrin intentionnellement juste pour le plaisir. Tu voulais jouer, après tout, tu venais d’être enfermé pendant des heures dans un avion, tu méritais bien cela. Et puis, cela faisait quelques temps que tu étais à la recherche d’une nouvelle passion. Tu avais besoin d’un partenaire de jeu, besoin de quelqu'un qui n'avait rien à perdre, besoin d'une personne qui abandonnerait tout pour un simple frisson. Peut-être que ça serait lui.
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Pas son genre, les blonds, mais parfois Cam en venait à comprendre pourquoi c'étaient eux, toujours, qui sauvaient la situation dans les films d'Hollywood. On leur faisait confiance. Alors que sa propre gueule vaguement métis, et on ne savait pas trop bien de quoi, avait vite conduit les gardiens, par ailleurs alertés par leurs appareils, à le tutoyer, le blond en revanche s'était vu saluer d'un "Monsieur ?" lors de son intervention ; puis son nom avait fait le reste. Pourtant il y avait ici une personne qui savait ce qui se cachait derrière cette tronche d'ange et qui ricanait sous cape à l'incongruité de la situation. Cam Callums avait le fin mot de l'histoire, et plutôt deux fois qu'une...

Quel bel endroit que la Crypte, on y voyait des vertes et des pas mûres et chacun se révélait sous son vrai visage. Le pouvoir du sexe et de l'imagination sans limite, soutenue par des tonnes d'accessoires à arranger selon son bon plaisir, ça vous changeait un homme. Notamment, ça vous changeait un ange en démon en moins de temps qu'il n'en faut pour lui dire "Monsieur ?" Cam y était pour son job, et pour le plaisir - mais il aurait trouvé son plaisir autrement, c'était pas un problème, il avait une âme de campeur et aurait su s'adapter joyeusement à n'importe quel monde post-apocalyptique. C'étaient ceux qui venaient purement pour leur plaisir qui attiraient son attention. Bien sûr, il avait une double vie ; et c'était bien sa vie à la surface, au grand jour, qui lui attirait le plus d'emmerdes. Il y avait là-dedans une logique, sans doute, mais qui lui échappait.

Aussi loin qu'il se rappelle, et son expérience était longue comme le bras, aucun vieux sado-maso en guêpière de latex ne lui avait jamais fait le moindre mal en ces lieux de non-droit sur lesquels les autorités fermaient les yeux. (Faut dire que le service d'ordre était encore plus gratiné que les invités.) En revanche, dès qu'il ressortait et regagnait le circuit traditionnel... Vous avez déjà essayé d'aller chez le dentiste avec la carte de soins de votre grande soeur ? Cam était sa propre grande soeur, et ça, c'est pire qu'une meute de vieux en latex. Encore, une secrétaire médicale obtuse, même avec les outils tordus du cabinet à portée de main, il pouvait se défendre. Il avait grandi comme ça. Mais la brigade des douanes aériennes du Massachussets, fallait peut-être pas exagérer. Puis il était un futur diplômé de Harvard, on a tendance à l'oublier ; une arrestation pour terrorisme, qu'est-ce que ça ferait tache sur sa future carrière... Bah, il irait exhumer des restes nabathéens en Syrie. Pas son truc, les pays chauds, mais si c'était une question d'exil, pourquoi pas.

Voilà dans quel sombre état d'esprit Cam s'était plongé, de manière à subir le plus passivement possible le comportement inquisiteur des forces de l'ordre, qui certes étaient là pour ça, mais qui allaient finir par réveiller Mister Hyde à force de le chatouiller là où ça faisait mal. Au départ, il voulait juste envoyer une peluche en Alaska, pour une certaine personne de son entourage qui se trouvait fêter bientôt sa première année sur cette terre. Une caissière nerveuse au bureau de poste, sans doute alertée par le gars de la boutique de jouets un peu plus loin - oui, quitte à faire, Cam avait tout fait le même jour et au même endroit, les aéroports sont faits pour ça - puis un débarquement providentiel de types en gilet pare-balle qui l'avaient gentiment invité, devant la foule terrorisée, à les suivre dans leur bureau... Tu parles. Direct au détecteur, on ne plaisante pas avec les petits bruns louches. Cam, à ce stade, aggravait son cas en tenant des propos qui frisaient l'anarchisme quant au rôle de la police dans ce pays. Sans doute un communiste en goguette - amalgame courant qui nourrit depuis le MacCarthysme tant d'erreurs judiciaires sur le territoire américain, et ailleurs.

Maintenant, il convient que je vous entretienne d'un nommé Tyron. Cam se promenait ce jour-là en sa compagnie. Fraîchement acquis d'occasion au prix de quelques séances très spéciales à la Crypte, cet invisible participant ne comportait aucun élément métallique, néanmoins dès lors que le détecteur signala la présence d'un objet non organique, et de taille à remplir la main d'un individu adulte normalement constitué, dans les sous-vêtements du suspect, Cam eut le sentiment qu'on aurait volontiers braqué quelques armes sur lui, n'eût été la crainte de provoquer une panique générale.

"Relax, les gars, c'est une prothèse pénienne."

"A ton âge ? Je sais ce que c'est une prothèse pénienne, pas de bol pour toi. Mon frère a sauté sur une mine en Irak, c'est juste une tige avec une petite pompe."

*Qui ça, ton frère ? Apprends à parler, ducon.*

"Pas une comme ça. La totale. En fait..."


A ce stade de la conversation, on lui maintenait déjà les mains croisées derrière le dos, et le sol ne semblait plus très loin. Dans un éclair d'optimisme, Cam faillit sourire : une telle situation à la Crypte aurait presque pu devenir excitante. La grosse différence étant que les messieurs ici-bas étaient mal intentionnés. Il se sentait fort seul soudain ; les autorités parentales qui auraient pu témoigner en sa faveur étaient bien loin, et il se voyait mal appeler un de ses profs pour lui raconter une histoire pareille. C'est alors que, tel un ange blond descendu du ciel pour attirer à lui la confiance indéfectible de tous ces êtres basiques sans doute fans de Captain America...

Haha. La bombe dans son sac. C'est toi la bombe, crétin.

"Je commençais à croire que t'étais un vampire. Mais la lumière des néons te va plutôt bien au teint." Cam avait été tenté, un bref instant, par pure, mesquine jalousie, de se montrer désagréable. Il était toujours brièvement jaloux lorsqu'un gamin comme les autres s'en sortait très bien là où lui-même avait échoué. La boiterie, l'éventualité d'une partie de jambe-en-l'air musclée avec un beau steward un peu trop brutal, c'était bas, tout ça. Pas le genre de Cam de taper au-dessous de la ceinture. Il y avait tellement mieux à faire que taper. Gêné ? Pas tant que ça. Les plus ridicules, à son sens, c'étaient ces messieurs du képi. Et puis il n'avait plus grand-chose à cacher à ce blondinet en question, à bien y réfléchir il semblait même que l'intégralité de son anatomie lui soit passée devant les yeux à un moment ou à un autre. Encore un avantage qu'avait la Crypte, et que n'avaient pas les camps de nudistes ; toujours le service d'ordre... Etrange souvenir d'un service d'ordre qui avait été là pour le protéger, pour lui permettre de vivre sa vie peinard - à poil, s'il le voulait - et d'être utile au système à sa façon. Si le monde avait un peu plus ressemblé à la Crypte... Ouais, ça serait Halloween tous les jours, et alors ?

"Cet individu fait usage de faux papiers, essaie d'envoyer un colis suspect et porte un objet non organique sous ses vêtements. Il refuse d'en révéler la nature."

"Mais nooon... Chuis représentant en sextoys... Plus personne ne m'écoute, c'est ça ?"


Gugusse premier était presque au garde-à-vous. Tiens, mais c'est qu'il avait une jolie culture générale, finalement ; le nom qui lui avait été donné semblait éveiller quelques échos chez lui. Cam devait bien avouer que pour sa part... Enfin, il connaissait Vassili, et comme une star de la production cinématographique en quelque sorte, mais juste à la Crypte ! D'habitude, ce qui se passe à Las Vegas reste à Las Vegas, non ? Un autre, moins attentif, ou peut-être un peu plus fou de la gâchette, la moustache toute frisottée à l'idée d'avoir chopé un vilain terroriste, poursuivait la fouille au corps. Cam leva les yeux au ciel au moment où l'ami Tyron, un peu trop sollicité, décida de se détacher de son emplacement supposé et resta dans la main du monsieur, qui faillit s'exclamer comme la première princesse de Disney ayant trouvé une araignée dans son sac à main. La foule commençait sérieusement à s'attrouper. Le chien, heureusement muselé et en laisse, faisait des bonds de géant aux mains de son maître prêt à lancer l'alerte générale ; c'est quand même intelligent, un chien... quelques gouttes de glycérine pour stabiliser le mélange, et il la sentait nettement au milieu de tous les autres composants chimiques qui donnaient à ce vieux Tyron son toucher si exceptionnel. Pour lui, glycérine signifiait récompense, friandise... Pour son maître en revanche, glycérine signifiait bombe artisanale.

Il aurait été relativement simple de s'en tirer avec une petite amende pour blague débile aux forces de l'ordre, en déclarant être une femme avec des moeurs très bizarres. Mais ce genre de compromis n'entrait nullement dans les possibilités que lui accordait son caractère intransigeant. D'ailleurs, il avait été gentil au possible jusque-là, mais dès que l'un de ses nouveaux copains émettrait l'hypothèse en question, il était prêt pour la baston. Elle serait sans doute très brève ; il n'avait pas la formation pour affronter ce type de force. Mais il n'en cognerait que plus volontiers. Aucun scrupule face à des mecs qui n'ont même pas mal. La petite étincelle de folie était déjà bien allumée dans ses yeux ; ça, évidemment, alors que c'était le seul vrai signe d'hostilité chez lui, ils n'étaient pas foutus de le voir.
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Un demi-sourire se dessina sur ta bouche à la remarque du garçon. Maintenant, il serait difficile de prétendre que tu ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Ce n'était pas que cela te dérangeait, mais ce n'était certainement pas le genre de compagnie qui emballerait tes parents ou le reste du clan Saracen. Tu te voyais mal le trimballer à un gala de charité organisé par le parti Républicain, il y aurait de grandes chances qu'il se fasse lyncher par la foule et que ta mère soit en tête des badauds. Ton rictus menaça de s'étendre tandis que des images de son corps meurtri par le fouet purificateur des Conservateurs te venaient à l'esprit. Tu avais beau te dissocier, avec beaucoup de grâce, des positions politiques de la famille, tu n'en restais pas moins un "fils de" et tu te devais d'être un exemple de droiture. C'est fou comme cela sonnait faux, étant donné que tu passais le plus clair de ton temps à déflorer la morale et à corrompre les ingénues...

"Toutes les lumières me vont bien."

Dieu merci, l'arrogance t'allait également bien aux traits, cela t'avait déjà sauvé de quelques passages à tabac bien mérités. Même si tu n'étais pas encore arrivé au niveau de ton père, tu maîtrisais plutôt bien l'art d'être un connard. Merci la génétique... L'homme en uniforme te dévoila aussitôt les raisons de détention de l'autre étudiant : un objet non identifié dans son pantalon ou plutôt entre ses cuisses, un colis étrange et des papiers qui n’auraient décemment pas pu être les siens. Tu n'avais aucun problème à imaginer ce qui se cachait derrière cette affaire, après tout, tu avais pu apprécier la vue des courbes de son corps sous toutes les coutures. Que les étroits d'esprit comprennent bien, tu ne mangeais pas de ce pain-là, mais tu savais reconnaître quelque chose de beau quand tu le voyais… Son collègue s’empressa d’entamer une fouille au corps des plus rythmée. La vue de ses grosses mains tâtant l’enveloppe frêle du jeune homme avait quelque chose de dérangeant, mais tu n’arrivais pas à mettre le doigt sur la raison de cette soudaine gêne… Comme au ralenti, tu vis la prothèse tomber et s’échouer sur le sol, pour finalement venir finir sa course contre la pointe de ta chaussure… Well, that’s awkward… Cela ressemblait à une mauvaise farce. Les murmures de la foule s’intensifiaient et tu voyais déjà quelques portables flashaient frénétiquement l’objet à tes pieds. Si cet incident finissait en première page d’un torchon, tes parents ne te le pardonneraient jamais, c’était certain. Les Saracen abhorraient les scandales. Tu reconnus au loin la silhouette familière de ton chauffeur. Tu étais lâche, mais pas stupide. Si tu foutais le camp maintenant, ta photo aurait quand même de grande chance de se balader sur le net. Il était temps de limiter les dégâts. Tu fis signe à l’homme de te rejoindre. Il était raide, droit. Son visage était impénétrable, comme les voies du Seigneur. Tu supposais qu'il avait trop l'habitude de ce genre de scène, et qu'il te méprisait. Quel boulot satisfaisant et prenant, que de nettoyer après un énième gosse de riche. Tu lui adressas quelques mots, mais il savait déjà ce qu’il avait à faire. Un coup de fil, un seul et cette histoire passerait à la trappe. Après quelques minutes de battement, l’homme revint vers toi l’air visiblement embarrassé. Il te jeta un regard oblique et ses jointures blanchissaient alors que sa main se crispait un peu plus sur son téléphone.

« Monsieur Tomphson à dit, je cite : " Ce petit con peut aller se faire foutre, qu’il se sorte de son bordel tout seul, comme un grand. Ça lui apprendra à glisser sa tête entre les jupes de ma femme. " Fin de la citation, Monsieur. »

« Quoi ?! »

« Je répète : " Ce petit con…"

« Shhh, j’ai compris, merci. »


Tu poussas un son étouffé, outré peut-être, ou un reniflement dédaigneux. Tomphson ou l’homme de main des Saracen, comme ton grand-père aimait l’appeler, venait de te mettre dans l’embarras et il allait le payer au centuple. Certes, tu avais eu le plaisir d’être dans les bonnes faveurs de son épouse, mais ce n’était pas un motif valable à tes yeux pour ne pas faire son boulot. Cette putain de bonne femme catholique avait dû donner raison à son sentiment de culpabilité et tout confesser à son eunuque de mari.

« Appelle mon père. »

« Vous êtes- sûr, Monsieur ? »


Il ne pouvait que baisser les yeux alors que ton regard noir transperçait son insolence. Tu allais en baver, tu le savais, mais ton père réglerait cette histoire sans rechigner. Après tout, les élections commençaient bientôt et il ne laisserait aucune affaire éclabousser sa campagne. Et " Le jeune Saracen et le scandale de la prothèse " n’était pas un titre qu’il souhaitait voir s’étaler dans les journaux. Le chauffeur passa un énième coup de fil et quelques minutes après, un nouvel agent de sûreté arriva, le pas rapide et l’air contrit. Il chuchota à l’oreille de ses collèges quelques mots et tu en profitas pour te tourner vers ton camarade et lui glisser :

« Tu m’en dois une. »

Tu avais du culot, comme si tu avais fait cela pour lui. Ce n’était pas un acte de charité ou de camaraderie. C’était juste pour sauver la face. Tu allais en entendre parler à chaque repas familial et ta mère t’appellerait sans doute, ce soir, pour te réprimander. Alors autant avoir quelque chose en retour. Parce que même si tu ne l’avais pas fait pour lui, mais pour des motifs tout à fait égoïstes, tes actions allaient certainement le sortir du pétrin. Il se devait d’être reconnaissant, n’est-ce pas ?
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Même les lois morales de la télé-réalité, qui étaient pourtant d'une péripatéticienne souplesse, semblaient s'effacer avec déférence devant la suprématie de certains glorieux personnages. Deux fois de suite le coup de fil à un ami, c'était pas du jeu. Cam n'attendait que l'instant où tout allait dégénérer ; ça l'aurait presque consolé de ses tracasseries, de jeter un sale petit bourgeois dans une bagarre publique perdue d'avance - et avec une jambe en moins, pour ne rien arranger. Joli spectacle, comme aurait dit cet empereur romain qui faisait s'affronter pour son royal plaisir des nains et des amazones.

Et Cam crut bien voir son moment venir, lorsque le premier coup de fil se solda par un échec cuisant. Il ne se permit pas de ricaner, ce qui n'aurait pas été gentil de toute façon, mais un sourire irrépressible et radieux s'étala sur sa figure qui ne voyait pas souvent ce type de climat. Putain, c'était trop bon. Princesse Sara renvoyée dans ses vingt-deux mètres en bonne et due forme, quel pied inattendu...

Pourtant, en vertu du code tacite qui dit que les Saracen ont droit à deux coups de fil, leur petit noeud Gordien se résolut finalement en une pirouette, à l'immense dépit des messieurs de la sécurité. Le chien, lui, avait eu sa récompense ; il frétillait donc joyeusement aux côtés de son maître, certain que c'était là un beau happy end. Cam doutait cependant que le moindre participant de la scène vive heureux et ait beaucoup d'enfants. Du moins n'était-ce pas forcément très souhaitable pour l'avenir génétique de l'humanité.

"La lumière de la victoire te sied tout particulièrement. Deux compliments de suite, on est quittes, non ?"

Alors qu'il s'apprêtait à prendre la fuite, un détail retint son attention : Tyron tendait vers lui ses petits bras invisibles. Et ces sagouins avaient toujours son colis ; à moins qu'ils ne l'aient déjà fait exploser sournoisement dans un coin, pour se venger de son ostentatoire manque de coopération. Non, fausse alerte, il était là-bas, dans les bras confortables d'un autre malabar ; sachant à présent que ce n'était pas une bombe, il s'amusait à l'éventrer de son cutter, en un soit-disant contrôle de routine. Cam l'ignora pour l'heure et alla au plus pressé : se faire restituer sa bombe à la glycérine.

"Tu m'excuseras, ça vaut ses 1500 dollars neuf, ce genre de joujou. Merci."


Le colonel Moustache le laissa d'assez bon gré ramasser la créature de l'espace qui tremblota une seconde dans sa main. Un regard indigné à la ronde, un coup de lingette désinfectante, et hop, dans la poche. Non, Cam était un sale petit dévergondé, mais il ne baissait pas son pantalon devant des millions de personnes. Cela dit il allait falloir se déplacer sur une certaine distance avec cette extrémité fondamentale remisée dans sa poche, et c'était assez pénible à imaginer. Il se sentait comme un pirate qui porterait sa jambe de bois sous le bras après une mauvaise chute. Il lui fallait néanmoins se libérer les mains, car le colis, une fois la preuve faite qu'il n'y avait là qu'une peluche et une carte postale, lui fut lancé sans guère de ménagements, avant que la fine équipe ne se détourne pour reprendre son petit bonhomme de chemin.

"Ils n'ont pas éventré le clébard : je crois que je leur suis sympathique !"

Un regard résigné à ce bon vieux Vassili, en lui montrant le loup en peluche relativement intact dans le carton défoncé. Triste spectacle. Ouais, finalement, il préférait regarder Vassili. Quand il s'y mettait, Cam regardait très fixement, surtout quand on venait de le frustrer d'une bataille et que son surplus d'adrénaline cherchait en vain une échappatoire décente. Il avait les yeux très noirs, mais un peu vagues, comme ceux des myopes, et il était difficile de dire avec certitude quel point de la personne adjacente mobilisait ainsi son attention, ce qui donnait libre cours aux imaginations des uns et des autres avec une étonnante facilité. En l'occurrence, il finit par se focaliser sur la jambe dudit boiteux. Ils en faisaient une équipe de bras cassés, tous les deux... Une équipe de pirates lâchés dans la ville, incognito. Et sans foi ni loi, en plus. Il y aurait eu un film à faire sur le sujet, si seulement ils avaient connu plus d'épisodes en commun. Enfin, il n'était jamais trop tard pour commencer.

"Tu veux pas t'asseoir, Tarantino ? J'ai l'impression que le genou fatigue." Un petit sourire en coin ; il souriait beaucoup, ce matin, pour un mec qui a failli se faire passer à tabac. C'est que la blague sur la fatigue des genoux était une sorte de devise à la Crypte, ses habitués pouvaient presque se reconnaître dans la rue en l'employant avec le regard plein de sous-entendus qui s'impose. Mais Vassili n'était pas censé s'exposer à ce type de petit désagrément. Un épuisement rétinien, à la rigueur... "Considère-moi comme ta propriété pour la journée. J'avais que ça à faire," reprit-il en faisant négligemment sauter le paquet dans ses mains, "et je ne compte pas insister ici, j'ai eu ma dose."

Il y a des gens, comme ça, qui vous regardent comme si vous étiez leur propriété, c'est insupportable, arrogant et mal élevé, et vous avez envie de leur rejouer Spartacus. Mais d'autres sont tellement parfaits dans cette attitude que, s'ils ne font pas suffisamment attention à vous, la tentation finit par naître de tendre les mains pour éprouver un peu leur maîtrise des chaînes. Il y avait ce petit côté inquiétant qui ne gâchait rien... et puis, en une journée, disons jusqu'à l'heure où les pirates se changent en citrouilles, il n'avait pas le temps de lui faire trop de mal. Sinon, ce ne serait jamais que le début d'une vendetta de plus, les lendemains sont faits pour ça.

Les gens, masse informe couverte d'yeux errants, commençaient seulement à se disperser. Quelque part, c'était absurde d'être vu comme ça en public avec ce très influent vampire des bas-fonds ; Cam avait l'impression de faire une bêtise. D'être dans une de ces grandes baraques classieuses où il n'avait aucun droit de mettre les pieds, et de poser ses doigts indignes sur un piano blanc immaculé, par exemple. Ou de plonger comme un porc avec ses fringues de pauvre dans la piscine du manoir en question, en éclaboussant partout. Encore une histoire de bombe, ça le poursuivait.

C'était très excitant comme sentiment, mais il avait passé l'âge des grandes illusions, et quelque chose lui disait que l'acquittement de sa dette se déroulerait à distance raisonnable du monsieur, une distance suffisante pour qu'on ne les voie pas trop ensemble. Mais en même temps, son petit doigt de l'autre main ajoutait avec malice : à distance de vue, tout de même. De quoi il se mêlait, celui-là ? Il avait une licence de psy maintenant ? Il n'en savait rien du tout. Ce qui venait d'avoir lieu n'était pas un sauvetage désintéressé, c'était un caprice, fallait pas confondre.
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Un demi- sourire éclaira ton visage le temps d’une seconde. Qu’est-ce que tu allais bien pouvoir faire de lui ? Vous n’étiez pas dans un vieux roman de Laura Ingalls Wilder. Vous n’iriez pas glaner dans les champs, tous les deux, chiper des fruits. Parler des filles. Pourtant, tout ce qu'il ne disait pas, tu pouvais le comprendre. Tu le sentais, dans ton ventre, dans ta poitrine qui se serrait, parfois. Tu regardais son corps frêle, ses yeux creusés, cet air ailleurs. Il y avait quelque chose que tu aimais bien. Il était comme toi : un chef d’œuvre en cours de création. Cela ne voulait pas dire qu’il aurait un traitement de faveur, il méritait juste autre chose que ton indifférence. Tu n’avais pas encore défini ce que cela serait, mais tu finirais par trouver. Tu trouvais toujours… Sa prothèse dans la poche et son colis fraichement récupéré, le jeune homme s’attela à te faire la conversation. C’était étrange, mais pas désagréable. Il se proposait d’être ta propriété pour la journée, sans que tu n’aies eu à le demander. Il apprenait vite, c’était rafraichissant. Tu n’allais certainement pas l’inviter à prendre le thé avec ta mère, mais peut-être qu’un petit tour dans ton appartement ferait l’affaire. L’idée t’avait soudainement paru incongrue. Qu’est-ce que vous alliez bien pouvoir faire chez toi ? Ce n’était pas une fille. Tu ne pouvais pas mettre tes doigts ou autre chose dans sa bouche. Enfin si … tu le pouvais, mais aux dernières nouvelles, tu ne faisais pas tes petites affaires avec d’autres garçons.

Tu ne lui répondis rien. Le pas boitant, tu partis vers la sortie de l’aéroport. Pour finalement te retourner, quelques secondes après, et lui faire un signe de main, l’invitant à te rejoindre. Tu avais trouvé une utilité au garçon féminin. Il avait l’air de vouloir se défouler, de cracher toutes ses tensions. Tant mieux, tu avais justement quelqu’un en tête qui méritait une bonne leçon. Tu n’avais pas oublié l’indélicatesse de Tomphson, c’était le moment de lui faire regretter son effronterie. Le petit homme avait dédicacé son temps et une grande partie de son argent à la recherche de grands crus, millésimes et autres alcools rares. Le seul moment où ses yeux cessaient de te paraitre vides, c’était lorsqu’il parlait de sa collection. Sa bouche tétait le pis éthylique, ses lèvres goûtaient la purée septembrale, sa langue exsudait le malt fermenté, mais plus pour longtemps.

« Boire des grands crus et détruire des tableaux de maîtres, cela te tente ? »

Tu n’attendis pas sa réponse, tu étais déjà rentré dans la voiture. Tu n’allais pas t’embarrasser des convenances alors que le garçon, lui-même, avait décrété t’appartenir. Certes, seulement pour un jour, mais c’était un détail, que tu avais décidé de faire passer à la trappe pour des raisons de commodité. Une fois, tout le monde à bord, tu indiquas au chauffeur l’adresse de l’homme de main…Le doux ronronnement de la voiture te berçait, alors que la voiture grimpait nerveusement le col menant jusqu'à la maison. Tu te concentrais sur la voiture qui avançait inexorablement vers la demeure, petit point silencieux qui disparaissait parfois derrière la végétation ou un tournant. Tu réalisas soudainement que tu ne connaissais même pas le nom de ton nouveau compagnon. Ce n’était pas un problème en soi, mais tu préférais savoir avec qui tu t’engageais dans une entreprise périlleuse.

« Comment dois-je t’appeler ? »

Tu posais indifféremment la question comme pour ne pas déroger à ta réputation de petit con qui s’en foutait de tout… Un coup d’œil par la vitre te suffisait à voir que vous étiez arrivé à destination. Tu n’avais pas besoin de passer par la fenêtre ou d’en casser ses carreaux, la clé reposait sous un rocher factice à l’entrée. Tu connaissais même le code de son alarme. Cet idiot ne le changeait jamais : 0000. Tomphson avait toujours négligé sa sécurité, pensant, sans doute, qu’il était intouchable et tu allais lui prouver combien il avait tort d’y croire. Tu ne t’inquiétais pas de la présence de la Madame, elle était en déplacement jusqu’à la fin du mois. Tu le savais parce que son mari en profitait pour venir jouer au poker avec les amis de ton père. Les jeux étaient une autre addiction de l’homme et en bonne catholique, elle le tenait éloigné de la tentation… Tu pris soin d’ouvrir la porte et de taper le code de l’alarme avec le revers de ta manche. Cela aurait été con de se faire prendre aussi bêtement, même si tu te doutais bien qu’il n’aurait pas pu faire grand-chose contre toi. La plupart de ses bouteilles avaient été obtenues de manière frauduleuse.

Aussitôt, tu te dirigeas vers le grand meuble en palissandre des Indes, qui cachait le trésor de Tomphson. Tu optas pour le bordeaux le plus onéreux de la collection. Tu avais toujours eu un goût prononcé pour le luxe. En te juchant sur un des hauts tabourets recouverts de velours pourpre qui entourait le faux bar, tu en profitas pour vous servir deux verres.


« Sens-toi libre de prendre ou de casser ce que tu souhaites. »
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...Non, il n'était pas sérieux. Un type qui a tout ce qu'il veut sur un coup de fil, il a forcément des hobbies de fou. Le deltaplane en tandem avec une geisha, les courses de chameaux en Australie, la spéléo dans les volcans actifs, la plongée en apnée avec les requins, qui sait ? Mais on ne pouvait pas tourner délinquant dans ces conditions. Cam se surprit à fixer sa jambe encore une fois ; qu'est-ce qui lui était arrivé pour le mettre de mauvais poil ? Il n'était pas d'une tendresse excessivement romantique avec les demoiselles, mais il n'avait pas l'air d'un psychopathe non plus... enfin, pour ce que Cam savait des psychopathes. Les films d'horreur et de crime n'étaient pas ses favoris, à vrai dire la nature humaine l'indifférait quand elle ne lui répugnait pas. De toute façon, il venait de s'engager ; se rétracter maintenant sur le vague soupçon d'une anormalité dans l'air aurait été un mouvement lâche et risible, indigne de la manière dont il se considérait. Il n'exprimait souvent pas grand-chose, et prit soin de ne pas exprimer ses doutes en acquiesçant après un instant de surprise. La curiosité scientifique nécessitait parfois de plonger ses mains dans le feu. Il verrait bien à l'arrivée ce que Boucle d'Or entendait par là, et si c'était au sens propre, eh bien... c'étaient peut-être de très laids tableaux. Paraît qu'ils en faisaient de bien moches à l'heure actuelle, et pour les vendre des milliards, c'était proprement indécent. Les piquer, les revendre et balancer le fric dans les rues de Boston, ça c'était une idée marrante. C'était quel jour, déjà, la Sainte Anarchie ?

"...Cam Callums. C'est mon nom. Je connais le tien, mais si tu veux que je t'appelle autrement, hésite pas."

Ce qui n'était pas une question de pari de la journée, oh oui appelle-moi maître et tout ça, mais une question de politesse élémentaire. Cam ne pouvait pas supporter ceux qui demandaient aux gens comment ILS s'appelaient, pour ensuite s'obstiner à les appeler de la manière dont D'AUTRES les appelaient, mais eux-mêmes, certainement pas. En mode peinard-je-me-promène sur l'ensemble du trajet, ses craintes ressurgirent quand il réalisa qu'ils braquaient une baraque de riche, un ami de la famille sans doute. Cam se demanda un instant si son nouveau pote se souvenait qu'il n'était pas de la famille, lui, et qu'au moindre cheveu qui volerait se prendre dans un élément du décor, il se retrouverait en taule pour une partie conséquente de sa vie. C'était le genre de réflexion qu'il ne se faisait pas vraiment quand il écrasait son poing sur le mufle d'un... mufle, mais quand une autre personne le mettait en danger il devenait, soudainement, conscient du danger ; question de recul émotionnel, sans doute. Lui, il n'avait pas grand-chose à lui reprocher, à l'ami de la famille, il ne le fréquenterait sans doute jamais. En faisant quelques pas dans la maison, tête basse, sourcils froncés, prêt à sortir les griffes en cas de système de sécurité imprévu tel que gardien, chien méchant, etc... il eut la confirmation que, très certainement, il ne fréquenterait jamais ce brave inconnu. Pas le même monde. Enfin on ne sait jamais, la preuve ; il traînait bien avec Junior.

Ce dernier faisait comme chez lui, c'était peut-être même la maison de ses vieux après tout. Cam n'était pas très vin rouge, il devait d'ailleurs avouer qu'il était parfaitement ignare en la matière, mais si c'était offert de bon coeur, pourquoi pas ! Le noble breuvage disparut en un éclair et il eut une petite grimace, surpris par le goût qui n'avait pas grand-chose à voir avec ses habitudes de bistrot. A la réflexion, il s'en resservit, histoire de mettre le doigt sur ce qui le surprenait. Quant à l'invitation de brûler des toiles, elle semblait de plus en plus réelle, objective et sincère. Il fallait clarifier quelque chose à ce sujet. Pas trop clarifier cependant ; la notion d'héritage aux générations futures passerait à la trappe pour aujourd'hui. Pas le genre de la maison, et il ne voulait certainement pas commencer à se rendre ridicule.

"Mon père est peintre." Un regard aux taches sur les murs. "Pas comme ça. Des trucs de carte postale. Il a même jamais essayé de les vendre. Mais... Je sais le boulot que ça représente. Non, je crois que je vais juste diversifier la collection. Ya rien de plus esthétique que la diversité, pas vrai ?"

Laisser carte blanche à Cam Callums, c'était en quelque sorte libérer l'homme des cavernes qui était en lui. Et à n'en pas douter, en ces temps reculés il aurait été une sorte de chaman ; de ceux qui vivent à l'écart des autres, qui se droguent aux plantes des bois et qui descendent dans les cavernes où vivent les fauves, pour peindre leurs délires sur les murs. C'était à peu près le plan. A la réflexion, il se sabra une autre bouteille, prise au hasard ; elles se valaient toutes à ses yeux, comme autant de bouteilles de Coca sur un étalage de grande surface. Il y avait en face de lui un pan de mur vierge, une grande plage de vide qui n'attendait que lui pour prendre vie. L'alcool s'envola en gerbe dans les airs, entra en collision avec la surface parfaite, lisse et immaculée, et commença à s'étaler comme le résultat d'un massacre à la tronçonneuse. Cam considéra la tache, versa un peu de vin dans sa main, s'approcha et l'étala pour arranger les reliefs de la tache, former une sorte de structure qui, petit à petit, prenait son sens. Entre deux illuminations artistiques, il buvait une gorgée, pour l'inspiration. Il se trouve, par le plus grand des hasards, qu'en définitive ça ressemblait surtout à deux personnes du sexe fort qui en faisaient un actif usage. Les proportions n'étaient pas forcément respectées mais l'image d'ensemble présentait une cohérence et un mouvement général assez représentatifs. Avec un petit ricanement à l'intention de son camarade, de ces rires qu'ont les don-juans pour les impuissants, il fit remarquer qu'ainsi, personne ne saurait qu'il était impliqué. Monsieur ne mettait pas les pieds là-dedans, pas vrai ? ni toute autre partie de son anatomie. Tiens, à propos !

"C'est ce qui s'appelle du speed painting, pas vrai ? Une fresque originale rien que pour eux, ils vont être contents les bourgeois. Bon, tu m'excuses une seconde..."


Là, ils étaient tranquilles, non ? Il allait pouvoir corriger un manque qui commençait à se faire sentir. L'inénarrable Tyron refit son apparition, le pantalon de Cam tomba sur ses chevilles, et il entreprit de remettre l'objet en place, tirant la langue sous l'effet de la concentration tout en priant pour que l'adhésif soit encore suffisamment vivace pour faire son office. Victoire ! Tout était rentré dans l'ordre. "C'est quand même mieux comme ça, non ?" Une apostrophe qui tenait de la boutade, mais c'est vrai qu'il s'était posé la question une fois ou deux. Il avait pas mal observé le bizarre réalisateur en culottes courtes mais ce dernier ne s'était pas gêné pour promener ses yeux lui aussi, et comme ils n'avaient jamais échangé une conversation, difficile de savoir ce qu'il en avait pensé. Non pas que ça ait le pouvoir de changer la vie de Cam, mais disons que par curiosité scientifique... c'était toujours bon à savoir.
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