(TAMMY) that awkward moment

Tommy, il n’avait jamais vraiment aimé les centres commerciaux. Il y avait toujours beaucoup trop de gens, de magasins, de cartes bleues et de chéquiers. Il avait toujours préféré les petites épiceries et supérettes, celles où il n’avait pas à faire attention à ne pas bousculer quelqu’un et où le vendeur connaissait son prénom et lui souriait véritablement. Mais le CambridgeSide n’était pas vraiment loin de son appartement et il était déjà à quelques rues du bâtiment alors il avait décidé d’aller faire ses courses là-bas. Les mains dans les poches il avait fait un petit détour à Best Buy pour jeter un coup d’oeil aux cds de musique et avait fini par passer un bon bout de temps à errer entre les rayons. Ils sont forts quand même, à vouloir me faire acheter tout ce tas de merde. Il était ressorti les mains vides, un peu étourdi par la foule qui l’entourait. J’aurais pas dû venir ici un samedi après-midi. Il voulait vite rentrer à CVS pour acheter ce dont il avait besoin et rentrer chez lui mais il avait d’abords besoin d’aller aux toilettes. Il ouvrit la porte des toilettes pour hommes avant de rentrer dans la pièce vide si ce n'est pour une cabine fermée à sa droite .

Le centre commercial. Le rendez-vous des filles, et aujoud'hui, j'y avais été pour manger avec une amie. J'avais fais un énorme effort, parce que j'étais pas très à l'aise dans mon corps aujourd'hui, je me sentais un peu plus faible, un peu légume. Et ce n'était même pas le pire. Une fois là bas, elle a envoyé un message en me disant que finalement elle ne pouvait pas. Après avoir râlé à mon téléphone -il fallait au moins ça pour me détendre-, je me suis naturellement dirigé vers les toilettes. Celle des femmes, pour changer. Sauf qu'évidemment, il y avait la queue. Trois toilettes pour tout un centre commercial, c'était intelligent. C'est tout naturellement que j'ai repris mes habitudes et que j'ai été dans ceux des hommes. A peine ma porte fermée, j'entends quelqu'un entrer. Ca ne me gêne même plus maintenant, très franchement. Je fais ma petite affaire et.. "Oh merde.." je tape rapidement mes poches et évidemment, je n'ai pas ce dont j'ai besoin. On respire. On s'éclaircit la gorge. "Bonjour ?" juger la personne avant de se lancer dans la folie.  

Il avait cru entendre quelque chose, comme quelqu’un qui râlait dans la cabine mais il n’y avait pas vraiment fais très attention. Il se lavait les mains quand il l’entendit à nouveau. Cette fois plus claire, plus féminine. Féminine? Il arrêtait directement l’eau qui coulait, les mains encore pleines de savon. Il pivotait rapidement en haussant les sourcils. La porte de la cabine était toujours fermée, l’eau coulait de ses doigts vers le sol et il fit un pas en arrière avant d’activer le robinet et de finir de se laver les mains. Peut-être qu’il l’avait juste imaginé. Pourtant, une fois fini, il restait planté devant le lavabo. ”Y’a quelqu’un?”, il avait demandé, intrigué. Entre l’eau et le vacarme du centre commercial dehors, il n’était pas sûr d’avoir vraiment entendu quelqu’un lui dire bonjour.

J'attends un retour, parce que ce qui se passe là, je ne l'avais pas prévu. Je veux dire, ces choses là, on les sent quand ça arrive, mais cette fois ci non. C'était un peu une surprise, et pas l'une des meilleures. ”Y’a quelqu’un?” j'hoche la tête, respirant un peu plus librement. D'accord, je suis pas la seule, tant mieux. "Oui y a quelqu'un !" ça va mieux, tu vas pouvoir me sauver. "Ecoute j'ai.. un problème qui.. n'est pas des plus chouette." Oui, ça arrive à la Tamsin d'être gênée. Soupire, et lâche tout d'un coup. Comme un vilain pansement qu'on arrache, il n'y a pas d'autre solution de toute façon. "J'ai pas de tampon et j'en ai vraiment besoin." prend une pause, reprends, "alors j'me doute bien que t'en a pas dans ton sac mais le magasin est à trente secondes d'ici et j'me dis que tu t'sens l'âme d'un héros, au fond d'toi même ?" culotté, oui. Pas qu'un peu.

C’était déjà bizarre que quelqu’un lui parle depuis une cabine de toilette mais c’était encore plus surprenant que ce soit une voix de femme parce que, maintenant qu’elle avait parlé à nouveau, il en était désormais sûr. ”Tu sais que t’es dans des toilettes pour hommes, non?” Ça lui arrivait pas souvent de croiser des filles dans ces genres d’endroits, en effet. Il se retournait, dos au lavabo, laissant ses mains sécher à l’air libre, trop curieux d’entendre ce qu’elle avait à dire pour allumer le séchoir à main. Au début, il avait eu un sourire, s’empêchant tant bien que mal de rire. C’est une blague?  ”J’en ai pas sur moi, non”, il répondait avec un sourire qui se traduisait aussi dans sa voix rauque, l’accent anglais parfait comme à chaque fois. Elle était américaine, elle n’était donc pas dépaysée, elle savait où elle était. Et puis il eu une seconde silence. Il n'était pas du genre à se foutre de ce que les gens pouvaient bien penser, Tommy. ”T’as une marque préférée, ou un truc du genre?”, il avait trois soeurs mais il était pas vraiment expert en la matière non plus.

Soyez surs qu'elle fini au moins une fois par mois dans une occasion comme celle ci. Je soupire, d'un côté, je m'en veux d'être ici et puis d'un autre je me dis que si j'avais fais la queue aux toilettes des filles, mon pantalon aurait une tâche digne de ce nom à l'heure qu'il est alors.. c'est un mal pour un bien, dirons-nous. ”Tu sais que t’es dans des toilettes pour hommes, non?” rigole, hoche la tête, "j'le sais, ouais." je t'expliquerais bien pourquoi je suis ici et en quoi les toilettes des hommes sont mieux mais j'ai déjà beaucoup trop parlé, en fait. ”J’en ai pas sur moi, non” accent anglais, très tiré. ça, c'est très nord dis donc, ça ferait peut-être même saigné mes oreilles, si j'adorais pas ça. ”T’as une marque préférée, ou un truc du genre?” grimace et secoue la tête, au point où j'en suis, j'allais pas non plus faire ma difficile, non ? "Non non rien de tout ça, prends les premiers qui te viens, je te rembourserais !" quand tu sais, j'arriverais à sortir d'ici. "si tu pouvais juste.. faire vite." grimace un peu, oui, j'ose demander ça, désolé.

Tom se retrouvait dans des situations étranges depuis qu’il était venu à Harvard. C’était comme si personne ne faisait les choses normalement ici et, finalement, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il n'était pas très conformiste non plus. Il ne cherchait même pas à comprendre comment l’inconnue avait bien pu se retrouver, apparemment volontairement, dans des toilettes pour hommes alors il haussait les épaules en entendant sa réponse, conscient qu’elle ne pouvait sûrement pas le voir. ”Ok”, il répondait tout simplement avant de sortir des toilettes. Il n’était pas du genre à donner de l’importance à l’opinion des autres et il n’avait aucune gêne à acheter des tampons. Il attrapait le premier paquet qu’il apercevait et fit la queue à la caisse avant de revenir au point de départ, où un vieil homme sortait tout juste. ”Hey, t’es où?”, il demandait. Deux cabines étaient occupées et il n’était pas sûr de l’endroit où la jeune femme pouvait se trouver.