Oliver {Beauty in a picture}

Bien que je sois une fan inconditionnelle de la musique, je savais aussi reconnaître l'art que ce soit en peinture, en dessin ou peu importe la manière dans laquelle le message était passé. J'aimais l'art sous toutes ses formes. J'avais simplement plus de talent pour ce qui était du côté musical. J'avais une belle voix, selon ce qu'on me disait, et je jouais bien du piano et de la guitare.
En ce samedi du mois de janvier, j'avais décidé de prendre la journée pour moi et d'aller faire un tour au Musée des Beaux Arts de Boston. Ça faisait un bout que je n'y avais pas été. Donc, après m'être préparée, j'avais pris l'autobus jusqu'au musée. Il y avait quand même beaucoup de monde l'intérieur. Il y avait une nouvelle exposition depuis quelques semaines alors j'imagine que c'est normal. La nouveauté attire les clients. Je commença donc tranquillement à faire le tour en m'arrêtant à chaque toile ou sculpture.

Ça faisait plusieurs jours que je tournais en rond. Depuis que je m’étais inscrit à Harvard, je subissais un blocage. J’avais beau passer des heures à essayer de griffonner, rien ne me semblait ne serait-ce qu’acceptable. Ça faisait longtemps que je n’avais pas subi un syndrome de la page blanche qui s’éternisait ainsi. J’avais espéré que les cours m’aideraient ou que mon emménagement à la Lowell House y changerait quelque chose. Niet! 

Allongé sur mon lit, les écouteurs sur les oreilles, j’essayais de dénicher une forme quelconque dans les spirales de fumée qui s’échappait au fur et à mesure que je tirais sur ma cigarette. J’entendis quelques coups à la porte, aussi j’écrasai ma cigarette et me levai pour ouvrir, sautant sur ma jambe droite jusqu’à la porte. Personne. Ni devant ni dans le corridor. On est à l’uni, putain! Alors que j’allais refermer, je remarquai une enveloppe collée au battant, avec une inscription manuscrite tout en élégance. 

Oli M. Davis

M’appuyant à la chambranle, j’ouvris l’enveloppe, curieux. Elle contenait un billet avec un post-it. 

Pour l’artiste qui broie du noir.  
Ley 

J’eus un sourire à la vue de la signature. Ma belle-sœur. Mon frère avait dû lui parler de mon blocage et elle m’envoyait un billet pour le Musée des Beaux-Art de Boston. Adorable. Requinqué, je saisis quelques trucs et quittai ma chambre. Direction Boston et son musée. 


Le musée était immense! J’y passerais la journée, si ce n’est la semaine! J’étais incapable de me départir de mon sourire. J’en devais une à Shirley! Je me baladais, explorant les diverses expositions. Une salle en particulier capta mon attention et bien campé sur mes béquilles devant une toile, je sortis mon carnet pour tracer quelques trucs. L’œuvre était inspirante. Malgré que les la peinture n’ai jamais été mon médium favori. Je préférais les feutres. Je n’avais pas la même fluidité ou la même dextérité avec les pinceaux. Cependant, j’appréciais grandement les œuvres à la spatule. Que l’on soit loin ou près, l’œuvre n’était jamais la même. J’appréciais ce jeu de point de vue.

Ça faisait plusieurs salles différentes que je faisais. Chacune avait quelque chose de particulier, quelque chose sur lequel on ne pouvait pas nécessairement mettre de mot. C'est ce que j'aimais de l'art. Ce n'était pas une question de mot mais une question de sentiment, d'émotion. Beaucoup de gens n'arrivait pas à exprimer ce qu'ils ressentent. C'est plus facile de le montrer à travers une toile ou encore dans une chanson que de l'affirmer à voix haute.
Alors que j'arrivais dans une autre salle d'exposition, une oeuvre fait à la spatule attira mon attention. Il faut dire qu'elle était assez proche de la porte également. C'était donc une des premières qu'on voyait en entrant dans la pièce. Je m'approcha de la peinture sans toutefois passer devant le jeune homme qui se trouvait déjà devant. Il avait un carnet à la main et gribouillait quelque chose. Curieuse comme je suis, mon regard passa du jeune homme à son carnet. "Tu es peintre, toi aussi?" demandai-je sans aucune gène. Il était peut-être en train de faire une ébauche pour une prochaine toile. Il est vrai qu'il était facile de trouver de l'inspiration devant tant de beauté et d'émotions.