don't ruin your life ✰ alaska

Ce soir j'étais de sortie, et ça datait. Si j'étais énormément sorti à mon retour à Cambridge, si j'en avais abusé des masses pendant un mois et demi.. Je m'étais calmé petit à petit, parce que de un je tenais plus et de deux, je n'pouvais plus me prendre des cuites tous les soirs comme ça, ou presque. J'allais craquer à un moment et ça ne serait pas beau à voir alors j'avais réduit, mais on ne chasse jamais vraiment ses démons du coup, les bars ça me connaissait toujours et j'en ressortais toujours dans le même état. Sauf ce soir, je sortais avec quelques gars que je connaissais vaguement, mais ça me ferait mettre le nez dehors et puis voilà, j'en avais marre de ruminer dans mon coin maintenant. On était donc sorti en boîte, et on avait un peu bu. Enfin, moi j'avais dosé, je savais comment ça allait se passer sinon et ce soir, je pouvais pas me le permettre. Ca aurait fait trop en une semaine. Résultat, je restais assis sur la banquette de notre table, discutant par ci par là, je ne mettais pas un pieds sur la piste, ça ne changeait pas. Je voyais que tout le monde  s'amusait plutôt bien et dans toute la boîte. De la piste jusqu'au bar.. Hein? Qu'est-ce que je voyais sur le bar là ? Non, j'devais halluciner. Je me levais, direction le bar. Je me souvenais encore de ce que Feldt m'avait dit à propos de sa soeur, et franchement danser sur un bar en étant éméché comme ça, c'était pas le truc à faire. Une fois au bar, je tirais sur la bras d'Alaska pour l'obliger à descendre de là. Je crois que tu devrais venir avec moi cinq minutes. Je parlais fort pour qu'elle m'entende, parce qu'entre la musique et les gens autour, c'était pas facile la communication.

J'avais besoin de sortir. Me vider la tête de toute cette merde qu'était ma vie. J'avais envie de picoler jusqu'à l'oubli et puis, je préférais me laisser aller dans l'alcool plutôt que dans la drogue. Je ne pouvais pas replonger dans la poudre blanche, il ne fallait pas. En fait, il fallait même que ce soit ma limite. Punaise, si j'avais su il y a quelque temps que j'allais me poser des limites... C'était étrange des fois la tournure que prenait ma vie. Apparemment, il n'était pas encore l'heure pour moi de fonder une famille ou alors, peut-être que tout ça c'était positif. Peut-être que c'était pour me préserver de mon ex-petit ami et du fait que je n'aurais probablement jamais été heureuse avec lui ? Je n'en sais rien, j'avais le don de me retourner le cerveau depuis quelque temps, c'était bien pour ça que ce soir, j'allais picoler comme un trou pour oublier et pour me sentir mieux. Après avoir fait la tournée des bars avec d'autres mathers, nous avions terminé notre course au People's Republik. J'avais enfilé une robe pour l'occasion, mais j'avais gardé ma fidèle paire de vans aux pieds. Et là, je dansais sur le bar en mode 'plus rien ne pourra m'arrêter' avec d'autres nanas. Je 'm'amusais' jusqu'à ce qu'une main m'empoigne le bras et me fasse descendre du bar. Hardin. Okay, narmol. Aller avec lui cinq minutes ? J'étais complètement déchirée et je ne comprenais rien à ce qu'il se passait. J'étouffais donc un cri de surprise, m'appuyant sur son épaule pour sauter du bar. Qu'est-ce qu'il me veut ? « Non, je ne crois pas non ! » m'exclamais-je en fronçant les sourcils et en tournant aussitôt les talons. Le truc, c'est que je titubais à mort et si j'avais voulu le fuir, c'était foutu.

J'avais passé tellement de soirée ici depuis mon arrivée à Harvard il y a sept ans et ce n'est que depuis mon retour que je m'étais rendu compte que je ne m'étais jamais vraiment éclaté ici. Surtout ce soir, quand j'observais tout ces gens boire, danser, se draguer tout ça. Je l'avais fait, un tas de fois... Mais est-ce que je pouvais dire que j'avais passé des putains de soirée là ? Non. J'avais un façon très à moi de m'amuser.. et je doute qu'il en soit de même pour tout le monde. Enfin bref, j'en avais repérer une qui elle, semblait s'amuser à sa façon aussi et ça me plaisait pas trop. « Non, je ne crois pas non ! »  Ok, ça me faisait déjà un peu chier de devoir me soucier d'elle alors en plus là, ça n'arrangeait rien. Mais bon, j'avais pas tellement envie d'avoir sur la conscience qu'il lui arrive un truc, surtout qu'aux dernières nouvelles, Alaska était enceinte. Ah ouais, je vous assure j'en étais le premier à être surpris. Je soupirais en la voyant tituber, alors je la rattrapais pour aller dehors, histoire de prendre l'air. J'te laisse pas le choix. Je la relâchais une fois dehors, lui faisant face. Elle était dans un état pitoyable là, rien de très valorisant, surtout pour une femme. Qu'est-ce que tu fou avec ta vie là ? demandai-je en fronçant les sourcils.

Il se prend pour qui lui ? Je n'ai pas besoin d'aide. J'ai besoin de l'aide de personne. Juste, je veux que l'on me laisse seule, qu'on me laisse me débrouiller, même si cela veut dire que je dois me détruire. Le plus drôle dans tout ça, c'était de voir Hardin en sauveur. Faut peut-être que je lui rappelle que de tous les hommes avec qui j'ai partagé des moments vraiment forts, c'est certainement lui qu'il m'a fait le plus de mal. D'accord, Alex est certainement au même niveau, mais Hardin ne s'était pas loupé non plus. Alors non. Non, je ne voulais pas le suivre et je n'allais pas le suivre. Je tirais d'un coup sec sur mon poignet pour le récupérer et je partais sans me retournant en titubant. Sauf que l'adolescent boudeur est réputé pour être de nature têtue. Il m’attrape et me traîne de force vers la sortie. Je n'ai pas le choix ? C'est nouveau ça. Super, j'ai une vie de merde et en plus, je dois me débrouiller avec mon... il est quoi au juste ? Ex ? Ex crush ? Bref. Je dois me mettre en tête-à-tête avec Hardin pour m'expliquer. Je n'en ai pas envie. Pourquoi ? Parce qu'il semble au courant de ce qu'il m'arrive et qu'il donne l'impression de devoir se forcer pour moi. « Rien qui ne te regarde ! Et d'ailleurs, je ne vois vraiment pas en quoi ça t’intéresse, prend pas le rôle du héros Hardin, ça ne te va pas ! » Ce n'était surtout pas dans sa nature.

Est-ce que c'était une bonne idée d'avoir pris Alaska à part ? Bonne question. J'avais agi sur le coup, sans vraiment réfléchir. Je me doutais bien qu'elle ne voudrait rien entendre, surtout venant de moi mais j'allais pas lui laisser le choix. Je ne lui ai jamais vraiment laisser le choix pour grand chose de toute façon alors.. Pourquoi commencer maintenant ?  « Rien qui ne te regarde ! Et d'ailleurs, je ne vois vraiment pas en quoi ça t’intéresse, prend pas le rôle du héros Hardin, ça ne te va pas ! » Elle avait raison. Je ne sais pas vraiment pourquoi j'agis comme ça, mais c'est un fait. Je suis là, et aussi con que cela puisse paraître, j'ai pas envie qu'il lui arrive quelque chose, ou qu'elle fasse un truc qu'elle regrette ou peu importe. Mais là ça m'énervait.Ca y est, t'as fini ? dis-je en arquant un sourcil. J'sais bien qu'au lieu d'être là avec moi tu préfères aller danser sur l'bar comme une.. Je serrais la mâchoire, valait mieux éviter je crois.  La vérité c'est que je sais pas pourquoi je me soucis de toi, là de suite, mais c'est l'cas. Alors tu fais avec. Je savais que je me souciais de ce qu'elle faisait parce qu'elle a quand même compté pour moi, mais aussi parce qu'elle compte pour sa soeur, et que je pense qu'elle s'en rends pas assez compte.. Tu vas pas faire fuir tes problèmes en faisant n'importe quoi, et je pense que tu le sais parfaitement bien. Voilà que je donnais des leçons maintenant.. N'importe quoi. Au fond, j'agissais exactement de la même manière, alors qui j'étais pour lui faire la morale?

J'avais le droit à un Hardin soucieux, qui ne ressemblait à rien au Hardin que je connaissais. Qu'est-ce qu'il me voulait ? Il voulait mon bien ? Pourtant, il s'était quand même bien montré comme un connard à mon égard, alors je ne voyais pas très bien ce qu'il venait faire ici. Dans tous les cas, je me retrouvais à l’extérieur du bar, lui crachant à la figure qu'être le héros ne lui allait aucunement et à sa tête, je savais que j'avais raison. Mais, malgré tout, il ne perdit pas de temps pour me remettre à ma place ou du moins, tenter de le faire. Danser comme une ? ... Traînée ? Ne te censure pas Hardin. Tu as déjà dit bien pire. Je le fusillais du regard, écoutant la suite. Il se soucie de moi ? C'est nouveau, non ? « L'truc, c'est que je n'veux pas ta pitié Hardin ! » lui signalais-je alors en ricanant nerveusement. Il m'avait déjà fait assez de mal comme ça, je n'avais pas envie de le voir me 'soutenir', je ne voudrais pas qu'il jubile à l'idée que je lui doive une faveur. Vous comprenez ? Il avait raison, je n'allais pas faire fuir mes problèmes avec l'alcool. « Tu as raison, l'alcool est juste là pour oublier quelques heures. Tu le sais aussi bien que moi, non ? » La dernière fois que nous nous étions croisés, j'avais dû le raccompagner pour qu'il n'ait pas d'accident de voiture.

De toute ce que je pouvais dire maintenant, la dernière chose à faire serait de l'insulter je pense. Non, ça partirait forcément au clash, et c'est la dernière dont j'ai besoin là. D'une je me soucie d'elle, alors de deux, j'ai pas envie de m'engueuler avec elle, même si notre actuelle discussion n'est pas au beau fixe là. J'ai l'impression qu'entre nous rien n'a jamais été au beau fixe de toute façon. « L'truc, c'est que je n'veux pas ta pitié Hardin ! » Je levais les yeux au ciel. Et c'est quand la dernière fois que je me suis soucié de ce qu'elle voulait? Jamais je crois. Je suis égoïste, je pense pas aux besoins des autres, j'le sais et ça ne risque pas de changer! « Tu as raison, l'alcool est juste là pour oublier quelques heures. Tu le sais aussi bien que moi, non ? » Allez, prends toi ça dans la gueule Hardin. Soucie toi un peu des gens, on te rendra bien les choses tu verras. J'lui ricanais un peu au nez. Qu'est-ce que tu crois faire là? M'atteindre? dis-je, sérieusement. Fallait pas qu'elle m'emmène sur ce terrain là. Arrête de penser qu'à toi. Peut être que ça te fait te sentir mieux, mais y a des gens autour de toi, ça les rassure pas ton état. lui crachais-je à la figure. Pour l'coup, elle aussi elle était pire qu'égoïste.

Je me déchaînais sur le bar jusqu'à ce qu'Hardin vienne me faire descendre de force. Ça ne va pas se passer comme ça. J'avais déjà du mal à laisser mon frère s'occuper de moi, alors Hardin... laissez-moi rire. Il était toujours aussi mauvais. Il essayait de me faire la morale, me traînant toujours de force en dehors du bar pour que je prenne l'air frais. Je n'ai aucune envie de le voir. J'n'ai pas non plus envie de lui parler, en fait, je commence même à être vraiment énervée. J'ai bu, je suis ivre et l'énervement n'a jamais fait bon ménage avec l'alcool. Qu'il me foute la paix putain. J'lui lançais des piques comme je le pouvais. J'crois que finalement, mon boulot c'était de réparer les hommes. Je réparais leur cœur brisé ou je recollais les morceaux pour qu'ils puissent aller voir ailleurs suite. J'étais loin d'être égoïste. J'en prenais plein la gueule depuis ma naissance et quand je pétais les plombs, il fallait que j'arrête. Je devais encore penser aux autres et au mal que ça leur faisait. J'voulais juste qu'on me foute la paix, que l'on m'oublie. Hardin me faisait la morale, mais il n'était clairement pas le mieux placé. « Va te faire voir Hardin » lui dis-je en riant, lui lançant un regard noir au passage. Je me déplaçais enfin sur le bord de la route levant ma main, espérant faire arrêter un taxi. Je n'ai plus envie de rester ici.

Oui je suis mal placé pour lui faire la morale, je le sais. Mais depuis quand est-ce que j'étais bien placé pour quoi que ce soit? Je sais que j'ai arrêté de me foutre en l'air, que j'ai décidé de me reprendre en main et elle devrait faire pareil. Au final, on n'était pas si différents nous deux. J'ai quelque chose de foutu chez moi, j'le sais, je peux pas l'arranger mais j'peux faire en sorte de vivre avec. Et c'est la même chose, pour elle. « Va te faire voir Hardin » Ok, fais ce que tu veux. J'vais pas me confronter à un mur pendant une heure, ça ne m'intéresse pas et après tout, elle l'avait bien dit, c'est aucunement mon rôle d'être là pour elle. Elle essayait d'arrêter un taxi, et je ne pouvais pas m'empêcher de pouffer de rire en voyant l'un deux la snober complètement en lui passant sous l'nez. J'sais même pas si quelqu'un allait vouloir s'arrêter pour la dépanner, car elle avait là une tête de fille bourrée, énervée, et prête à tuer n'importe qui se tiendrait sur son chemin. Non.. Alaska n'est pas flippante du tout.