orphée ☆ argh, not you again.

La seule fois où je décide de me rendre, avec mon enfant, à l’université pour récupérer un document, je dois me coltiner un voyage au parc pour qu’il puisse se détendre. Déjà, être ici un lundi quand t’as déjà été à ton cours, c’est la mort alors devoir rester ? C’est deux fois plus la mort. Au départ, je devais juste rester quelques minutes le temps d’atteindre mon casier après pouf, je disparaissais et je retournais chez moi. Sauf que non. Bien sûr que non. Il fallait que Bucky ait une envie d’aller se promener donc forcément moi je me retrouve à faire une promenade alors qu’il fait froid. Alors, je suis là, à ce parc du campus à me promener et rêver d’être ailleurs qu’ici. Genre un pays où il fait chaud. Bref. Je peux toujours rêver, mes études sont plus importantes apparemment – et ma vie sentimentale aussi, selon mon géniteur – alors je dois rester ici. Je pensais être toute seule jusqu’à ce que je croise une blondinette que je reconnais. Je sais d’avance que je ne vais pas aller lui parler. J’ai un problème avec son grand-frère, hors de question que je me fasse amie-amie avec elle. Non, à la place, je patiente debout tandis que Bucky s’amuse avec le restant de neige de la tempête.

Il fait beau aujourd’hui, et comme à chaque jour où il y a un minimum de soleil, tu en profites pour venir lire un peu sur un banc avant que le temps ne change brusquement. C’est devenu presque une habitude, tu es bien plus lectrice qu’auparavant. Il faut dire que lorsque tu ne passes pas ta journée dans les chiottes à vomir à cause de tes soirées interminables, eh bien aussi surprenant que ça puisse paraitre, tu lis tranquillement dans le parc du Yard. Et enveloppée dans ton cocon que tu t’étais crée grâce à ta musique, tu récupères peu à peu de ta semaine épuisante. Les révisions ? Mouais, tu y penseras plus tard. Seulement un tas de poil te frôlant la jambe te fit relever la tête, et tu la penchas sur le coté en y découvrant un chien qui reniflant le livre que tu tenais entre tes mains. Tu ris légèrement en le gratifiant d’une petite caresse, lui demandant affectueusement comment il s’appelait. Seulement ton sourire disparait très vite à la vision de sa maitresse qui semble le chercher et qui d’ailleurs vient de croiser ton regard. Ton sang ne fait qu’un tour et tu te lèves d’un bond, t’approchant d’elle. « C’est toi ! Fais pas genre, je t’ai reconnu, c’est toi la fiancée de Timéo ! » Tu fais en serrant les dents. « Alors, t’es fière de la petite combine de tes parents hein ? » Tu roules les yeux, ayant abandonné ton livre.

Okay, je n’aime pas la manière dont elle a de s’approcher de moi comme ça. Du coup, je l’affiche sur mon visage en fronçant les sourcils et enfilant un masque de froideur. Je vais reprendre Bucky parce que je n’ai pas envie qu’il s’approche d’une parfaite inconnue qui m’attaque. Oui parce que je me sens attaquée par elle. Déjà, c’est quoi son problème ? Mais dès qu’elle prononce le prénom Timéo, je sais qui elle est. Oh génial, parce qu’en plus de devoir faire la vie dure à Timéo, je vais également devoir le faire à cette petite blondinette. Non, mais c’est quoi le problème de cette famille ? « Descends de tes chevaux princesse, tes chers parents font autant partis de cette combine que les miens. » Aux dernières nouvelles, il faut deux parents consentants. C’est-à-dire : son père et le mien. D’ailleurs, j’en veux énormément à mon père de me faire un coup pareil. J’aurais préférer qu’il le fasse uniquement à Ilias et Safia et qu’il me laisse en dehors de tout ce merdier. « Et non, je ne suis pas fière qu’il m’oblige de marier un emmerdeur comme ton grand-frère. Mais hé, qu’est-ce que j’y peux ? Ta foutue famille n’est pas du genre à accepter les refus. » Ou alors la mienne ne l’est pas. Je ne connais pas tous les détails de ces fiançailles arrangés parce que ça m’emmerde, mais je me doute bien qu’une famille royale n’aime pas entendre le mot « non ».

Ton sang n’avait fait qu’un tour. Et toi t’étais du genre sang chaud, sang brûlant même. Tu réfléchissais pas toujours, t’agissais sur l’instant, rythmée par les battements saccadés de ton coeur sous l’excitation de la colère. Tu haïssais l’idée que ton frère puisse être avec une fille, qui prendrait peu à peu ta place dans son coeur, mais ce qui te plaisais encore moins, c’est qu’il ne soit même pas amoureux ni heureux avec la fille en question. Sur le coup t’avais vraiment cru à un mariage d’amour lorsqu’il t’avait annoncé ses fiançailles, mais la réalité t’avais rapidement rattrapé : Timéo t’en aurais parlé s’il avait eu qui que ce soit de sérieux dans sa vie. Même si ça t’aurais certainement contrarié, même si t’aurais boudé, il te l’aurait clairement dit. Mais là ce n’était pas le cas. Tu fonças vers la brune en question, l’ayant reconnue sans mal. « Mes parents sont des cons et ça ce n’est pas nouveau, mais y’a beaucoup d’avantage à épouser mon frère, ça ne m’étonnerait pas que tu l’ai réclamé. » Tu répliquas d’un ton sec avant d’écarquiller les yeux lorsqu’elle parla de ton frère. Personne ne devait parler ainsi de ton frère. Tu l’aurais frappé sur le coup. « Un emmerdeur ? C’est toi l’emmerdeuse qui t’incruste sans rang ni le moindre intérêt, tu dois être bien sotte si tu juges mon frère comme un emmerdeur sans le connaître. » Timéo était la personne la plus extraordinaire que tu n’avais jamais rencontré. « Suffisait de le dire pourtant, non. » Comme un caprice. Mais Timéo non plus n’avait rien dit.

Cette petite blondinette qui m’agresse est la raison même pour laquelle je n’aime pas me tenir avec les meufs. Elles sont compliquées et un mot les mets en colère. Sérieusement, si elle continue à me faire chier comme ça, elle ne va pas tarder à rencontrer une autre facette de ma personnalité. Il m’en faut beaucoup avant d’atteindre le seuil de ma patience et elle, elle s’en approche dangereusement avec son attitude de princesse. « Pas juste tes parents si tu veux mon avis, princesse. » Non, je n’ai pas appris à me taire et je ne vais jamais l’apprendre. Je dis ce que je veux quand je le veux, point final. Enfin, à mes yeux, son frère aussi est un con de ne pas s’être opposé à ces fiançailles. J’ai exprimé ma colère à mon père, je l’ai regretté par la suite en voyant qu’il me boudait depuis, mais je ne perds pas espoir. « Et crois-moi, le jour où je vais réclamer ton frère, il n’est pas près d’arriver. » Je l’ai rencontré, je ne l’apprécie pas du tout. Même que je prends plaisir à lui faire la vie dure. Oups. « Oh parce que tu crois que je ne l’ai pas rencontré ? T’es bien drôle. Je l’ai rencontré et j’ai pris un malin plaisir à l’emmerder alors merci. Merci de me rappeler à quel point je suis une emmerdeuse. » Un petit sourire condescendant accompagnant cette phrase parce que c’est ce qui me caractérise. Être chiante et je le vis bien. « J’ai bien hâte de voir comment tu vas réagir lorsque tu seras dans la même position que moi. » Parce que j’ai beau répéter le mot « non » depuis des semaines, il semble que cela rentre dans une oreille pour ressortir dans l’autre.

Princesse ? T’as horreur qu’on utilise ce mot là sur ce ton dédaigneux de celle ou celui qui n’a rien compris à ton propre caractère. Ton rang ne te définit pas, t’étais prête à le lui prouver en lui arrachant ses extensions brunes devant tout le monde. Mais bon, t’avais pas trop envie de suer pour elle ou d’utiliser tes poings aujourd’hui. Enfin, pour le moment, seulement le ton de l’Eliot commençait sérieusement à te taper sur les nerfs. « J’suis pas sûre que ton avis m’intéresse, non. » T’en étais plutôt certaine. Tu ne l’aimais carrément pas et t’avais pas besoin qu’elle vienne en plus te cracher son venin à la gueule, déjà qu’elle menait la vie dure à ton pauvre grand frère. « Ce n’est que réciproque, de toute façon je vois pas comment il pourrait réclamer… ça. » Tu fis en lui jetant un regard oblique de bas en haut, folle de rage. Et ton frère qui ne disait rien, qui se soumettait presque ! Ca te mettait dans une colère noire. Tu ne pouvais pas laisser faire ça, tu ne pouvais pas laisser ton Timéo épouser cette vipère. « Heureusement qu’il a plus de patience que moi alors, même si j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi nos parents n’ont pas choisi quelqu’un de plus… Convenable. » Cet air snobe ne te ressemblait pas mais la noirceur de ton éducation remontait vite à la surface dans tes moments de colère. Puis tu roulas les yeux en l’entendant parler de tes propres fiançailles. « On ne m’impose rien et ne m’imposera rien. » Tu lâches seulement, c’était hors de question.

« Pourtant, il a réclamé ça, comme tu dis, toute la nuit et ça semblait lui plaire. » Arque un sourcil, un sourire condescendant s’affichant sur mon visage tandis que ma tête se penchai vers la droite. Le fait de me faire traiter de ça m’enrage parce qu’on sait tous que son frère a frappé le jackpot. Ce n’est même pas la vérité, je l’ai seulement rencontré quelques fois et depuis la première fois tout ce que je fais, c’est le faire chier. Parce que c’est un rôle qui me convient bien et aussi parce que je n’ai pas la force nécessaire pour m’affirmer auprès de mon père. Je dis seulement non à absolument tout, faisant connaître mon mécontentement à travers ce mot. J’attends toujours que mes parents comprennent mon refus et qu’ils annulent mes fiançailles. Sauf que voilà, elle me fait chier, je décidai de la faire chier en retour. Je fonctionne de cette manière. Rire sarcastique suite à ses propos, moi ne pas être convenable ? La bonne blague. « Tes parents semblent me trouver convenable pour ton frère. Je pense que je vais rester dans les alentours. » En temps normal, j’aurai éclaté de rire, mais je me retiens. « Oh! Comme tu es mignonne d’y croire. Dis-moi, dans ton monde le Père Noël existe toujours ? » Pendant deux secondes, j’affichai un air choqué, main devant la bouche. Sarcastique, je le suis. Peut-être un peu trop. « Ne me dis pas que je viens te briser la magie de Noël pour toi, princesse. » J’ai presque la larme à l’œil. Ou pas.

Ta bouche s’ouvre en un -O majuscule magistral lorsque tu l’entends faire allusion à une nuit possible entre ton frère et elle. S’en est trop pour une ultra protectrice comme toi, qui ne supporte déjà pas l’idée que Timéo puisse ne serait-ce qu’enlacer une autre fille, comment pourrais-tu supporter ses histoires de cul ? Evidement tu te doutes bien qu’il n’a pas attendu ta permission - quoique ça t’aurais plu d’avoir un droit de veto là dessus - mais t’avais juste pas du tout envie de savoir. « Ca m’étonnerait, Timéo s’aime trop pour se faire outrage au point de coucher avec toi. » Ouais c’est plus elle, c’est ‘toi’, elle est comme une tâche sur ta robe préférée et ça t’es pas prête à l’accepter. Le pire sans doute, c’est que ça te plait trop lorsque l’on te provoque, ça te donne de quoi répliquer de plus belle. « Ouais enfin ça c’est pas nouveau, mes parents ont des goûts de merde. » Elle tu ne vas vraiment pas l’aimer, s’en devient presque physique. Pas-touche-à-ton-frère. Même si ça avait été un mariage d’amour t’aurais déjà eu du mal alors arrangé, comment pouvait-on s’attendre à ce que tu restes tranquille ? C’est vrai que t’as toujours l’espoir que jamais tes parents ne te fassent un coup du genre et pour le moment tes doigts croisés semblent fonctionner, mais pour combien de temps encore ? « Rage pas, t’as pas eu le pouvoir de faire comprendre à ton père que t’épouserai pas mon frère donc ça te fais juste chier qu’en attendant moi je ne suis liée à personne. » À personne si ce n’est à tout le monde.

Non, vraiment, elle est mignonne. Sa méchanceté, son attitude et surtout ses répliques me font rire. En fait, cette fille me fait carrément rire. Elle est hilarante, je l’aime bien même si elle est chiante puissance fois mille. « Alors, il ne devait pas trop s’aimer la nuit dernière. » Okay, promis, c’est la dernière réplique que je fais à ce sujet-là. Prétendre que Timéo et moi avons couchés ensemble démange clairement la petite princesse et c’est l’effet que je recherchais depuis le début. Cette situation m’amusait énormément sauf qu’elle commençait à se faire longue. Répondre aux propos de cette blondinette était une perte de temps et pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de le faire. « T’inquiète, chérie, mes parents ont des goûts de merde aussi. » Si je suis un goût de merde alors son frère l’est aussi et sa famille entière. Ça fonctionne comme ça dans mon monde. Moi, rager ? Je lui ricanai sous le nez. « Oui, en attendant. Pour combien de temps, encore ? » Parce qu’aux dernières nouvelles, j’ai entendu mon père et son père discuter d’un autre mariage arrangé. Ça peut très bien être pour Safia ou Ilias, who knows ? Bref, j’attrape mon petit Bucky dans mes bras. « Pas que tu n’es pas divertissante, mais mise à part me faire perdre mon temps, je peux t’être utile à quoi ? » Parce que j’ai mieux à faire.