ROWAN-SKYLEIA CARLTON ► sarah hyland

Silence. Nos regards se croisaient, un sourire de petite peste s'esquissait sur mon visage. Une tension était clairement palpable. Mon père, silencieux, se contentait de lire son journal. Ma mère, concentrée sur son repas ne remarquait pas la bataille que j'étais en train de mener avec mes deux frères, Colin et Hunter. Je me devais d'être la première à déposer ma main sur le centre de la table, ainsi je ne serais pas obligée de débarrasser la table, ou bien même d'aider ma mère à faire la vaisselle, vous vous imaginez l'horreur que ça pouvait être pour une gamine de 5 ans que de devoir faire les tâches ménagères alors que j'avais tant d'autre choses à faire comme engager une bataille de polochon avec mes frères, enfin vous voyez. C'était une habitude, notre habitude. Un cri se fit entendre, un cri de guerrier et mon frère, Hunter, se jeta sur la table, faisant ainsi tomber verres, couteaux, et plateaux remplis de charmants légumes que je n'avais pas réussi à avaler, légumes qui se projetèrent à la fois sur mon visage ainsi que celui de Colin. Immédiatement, je ripostais en l'attrapant par ses cheveux noirs en essayant de le pousser de toute mes forces, Colin se mit alors à essayer de nous pousser tous les deux de la table pour prendre le pouvoir, mais ça JAMAIS. Mon père grognait, tandis que Hunter réclamait un temps mort. « Stoooooooop » hurla ma mère tout en attrapant mon monstre de frère, Hunter, par la taille pour nous séparer. Nos batailles ne duraient jamais longtemps, nous étions toujours coupés en plein envol, si ce n'était pas par ma mère c'était par mon père. « Maman je gagnais... » bougonna Colin tout en retirant les aliments se trouvant sur son visage. Je n'osais plus bouger, je n'osais pas non plus respirer de peur de voir une main se plaquer contre ma joue. Mon père replia son journal, se leva, essuya ses cuisses et enfonça ses doigts dans ses cheveux. Il allait annoncer quelque chose. Il allait me punir, m'obliger à dormir sans lumière. J'avais peur. Mes doigts tremblaient. « Allez vous couchez » se contenta-t-il de nous demander. Surprise, je n'osais pas quitter la table. J'étais habitué aux sanctions, et aux punitions en tout genre - même si celles-ci étaient clairement inefficaces-. « Partez-donc avant que je change d'avis... » souffla-t-il tout en commençant à nettoyer les dégâts que notre hystérie collective avait provoqué. C'est sans peine que je rejoignais ma chambre, rejoignais mon lit. Ils sont tous fous, pensais-je tout en souriant. J'aimais mes parents, ma famille ; vivre aussi bien entourée ne pouvait pas plus enrichissant pour une gamine comme moi, du moins c'est ce que je pensais lorsque j'étais enfant. Rapidement je m'endormais, fatiguée par cette journée passée auprès de ma famille.

"Depuis que les femmes travaillent, on est passé de "Merci mon Dieu, c'est vendredi" à "Merci mon Dieu, c'est lundi". Si une mère n'a jamais dit ça c'est que ses enfants n'ont pas encore atteint l'adolescence."  Ann Diehl avait vu juste, l'adolescence fut loin d'être une partie de plaisir pour mon entourage, et plus particulièrement pour ma mère, à vrai dire elle avait sous le toit pas une adolescente mais deux adolescents sans compter Colin qui était à présent papa, alors je ne vous cache pas l'ambiance qu'il y avait à ce moment là chez nous, avec toutes les conneries que j'ai pu faire et mon côté garçon manqué dans mon comportement je lui en ai malheureusement fait voir de toute les couleurs, mais malgré ça ma mère, arrivait toujours à surmonter cela et à me raisonner calmement. Maman désespérait à l'idée de me voir ENFIN avoir une relation avec un homme, à vrai dire ça ne m'intéressait pas réellement à l'époque ce genre de relation puis avec mes deux frères c'étaient presque mission impossible pour qu'un homme puisse m'approcher du moins lorsque l'intention était plus qu'amicale, puis après tout pourquoi se compliquer la vie avec ce genre de relation hyper protocolaire, relation dans laquelle on doit contrôler tous nos faits et gestes alors qu'on peut tout simplement passer l'après-midi à manger des pizzas et à jouer à Call Of Duty.

« Love me like you dooooo, lo-lo-love me like you doooooo » chantais-je complètement faux les larmes ruisselant sur mes joues ainsi que le mascara, garait dans le parking d'un supermarché, c'était loin d'être fameux et on était bien loin de la Rowan adolescente qui passait sa vie à jouer à la console avec ses potes, j'étais pathétique sincèrement à pleurer de cette façon pour un lâche qui venait de me larguer, et surtout chanter du fifty shades of grey j'étais tombé bas, mais du genre vraiment trèèèèès bas. J'avais enfin pris ma liberté, j'étais devenue indépendante, certes mon père avait les moyens de me faire avoir tout ce dont je souhaitais mais je préférais avoir ce que je voulais avec mes propres moyens, me débrouiller comme tout le monde et ne pas avoir ce statut de privilégiée. J'avais décidé de quitter carrément l'Angleterre pour un pays où tout paraît plus grand et plus beau j'ai nommé les USA, c'était un moyen d'être indépendante à 300% même si mon père a des hôtels un peu partout dans le monde et particulièrement aux Etats-Unis. Harvard, c'était comme un rêve pour moi dans le sens où ma mère avait été étudiante là bas, elle avait même fait partie de la Cabot House, c'était donc une fierté pour moi d'avoir été accepté dans cette université et de pouvoir suivre les traces de ma mère.