Devon Park ► Kang Sora

– Comment te sens-tu Devon ?

Elle va continuer encore longtemps avec ses questions ? Non pas que je n’aime pas parler, loin de là, c’est juste que je n’ai pas réellement envie de raconter ma vie à cette personne. Oui, c’est vrai, on dit souvent que l’on se confie plus facilement à un étranger, mais je n’ai pas réellement envie de déballer ma vie à une personne capable de penser ce que je pense, qui va prendre des notes sur moi, non je n’aime pas cela, surtout qu’il ira le raconter à ma mère par la suite. Pourquoi diantre ai-je accepté de venir ici ? Cette pièce minuscule pratiquement plongée dans le noir ? Ma mère pense-t-elle réellement que j’ai besoin d’être suivis psychologiquement ? Je ne suis pas malade mentalement, je ne suis pas dépressive, non, je me porte très bien, même s’il m’arrive d’avoir des coups de mous, mais un peu comme tout le monde. Ce qui est tout à fait normal, finalement.

– Nous pourrions commencer par quelque chose de facile, qu’en penses-tu ? Parle-moi un peu de ta famille !

Parce qu’elle pense réellement que je vais me mettre à déblatérer tous et n’importe quoi sur ma famille ? Surtout que je ne la connais pas, bon elle est payé par ma mère pour me faire parler et d’après ce que j’ai compris, la dame a tous son temps, je n’ai vraiment pas de chance pour le coup. Moi qui pensais que cela ne durerait qu’une heure, voilà que je suis enfermée depuis 2 heures et qu’elle n’a pas l’air prête à me laisser partir. Je pourrais tous simplement lui dire ce que je pense de ma famille, répondre à toutes ses questions pour pouvoir partir retourner m’amuser avec mes amis, mais je n’ai pas envie de laisser un son sortir de ma bouche. Je pourrais toujours lui que ma mère est actuellement la présidente de la Corée du Sud, que mon père est le meilleur chirurgien cardiaque du pays. Que mes parents ont divorcé quand j’avais à peine dix ans et que maintenant, ils ne se voient que pour parler de ma personne. Ma mère s’est remariée quand j’avais quinze ans, j’ai bien essayé d’aller vivre chez mon père à la place, mais peine perdu, ma mère s’y est opposée et mon père disait ne pas avoir le temps. Je n’aime pas mon beau-père, c’est un américain, je n’ai rien contre les américain, mais celui-ci je ne peux pas le supporter, c’est le genre d’homme à faire des réflexions salaces quand ma mère à le dos tourné, qui doit certainement boire plus que de raison, il est assez violent également. Cet homme a aussi un fils qui doit être de mes âges. Je l’apprécie, mais sans plus, il a sa vie, j’ai la mienne. Cependant je crois bien qu’il se trouve à Harvard, je n’en suis pas sûr. Heureusement que je suis partie de Séoul pour mes études, j’ai enfin l’impression de pouvoir respirer, de pouvoir vivre ma vie sans être épiée à longueur de temps. C’est pour cela que je retourne rarement à Séoul, oh j’y retourne, oui pour voir mon père à de rare occasion, mes amis qui se trouvent toujours en Corée du Sud, ma mère bien évidement, mais aussi ma grand-mère paternelle, celle pour qui je suis prête à prendre un avion à une heure du matin rien que pour la voir, elle m’a toujours soutenu et j’ai toujours été là pour elle. Je ris bien que je la vois, mais je suis aussi mal à l’aise, elle me demande toujours quand est-ce que je lui ramènerais un petit-fils ou une petite-fille. Comme un réflexe je hausse des épaules et m’enfonce encore plus dans le canapé sur lequel je me situe.

– Je vois que tu n’es pas très réceptive sur ce point, si nous parlions plus tôt de tes occupations, de ton enfance, de ce que tu aimes et ce que tu n’aimes pas.

Si nous ne parlions pas du tout ? Je trouve que cela une meilleur solution, non, franchement je n’ai pas envie de lui parler, je préfèrerais encore être en cours de philosophie quand j’étais au lycée et noté bien que je suis sarcastique. C’était un cours que je ne pouvais supporter, d’une je n’appréciais pas le professeur, de deux je me trouvais à côté du mec le plus lourd et de trois, je trouvais ce cours soporifique. Je ne prends même pas la peine de lui jeter un regard, pesant le pour et le contre. Devais-je lui avouer que j’avais passé une enfance agréable jusqu’à mes dix ans au moment où mes parents ont décidé de divorcer. Au départ, j’ai cru que c’était de ma faute, alors qu’en réalité, ils ne s’aimaient plus, je crois même que ma mère avait trompé mon père, une chose que je ne lui ai jamais pardonné. A part cela j’ai grandis dans l’amour de mes parents, ils avaient tendance à se disputer pour savoir qui allait m’offrir le plus gros cadeau, je n’en avais que faire. J’avais même tendance à redonner certain de mes cadeaux aux enfants de l’orphelinat quand j’ai commencé à entrer dans l’adolescence. Autrement, j’ai fait des activités extra-scolaire comme l’équitation, du théâtre ou encore du piano. Evidemment, j’ai commencé à moins pratiquer le piano quand j’ai commencé à travailler bénévolement à l’orphelinat, j’adorais m’y rendre pour raconter des histoires aux enfants, pour m’amuser avec eux, ou simplement pour passer du temps en leur présence. Bon, il faut aussi avouer que vers l’âge de seize/dix-sept ans, j’ai fait un peu de mannequinat et que j’ai fait une publicité pour sprite. Ce n’était que temporaire, je n’avais pas dans l’optique de faire une carrière de mannequinat. Ce n’est pas pour autant que j’ai mis la mode de côté, j’ai aidé une amie financièrement à ouvrir Styl’Clothes, une marque de vêtement et enseigne de magasin par la même occasion. J’en suis la Co-PDG à l’heure actuelle, je participe donc aux réunions, je prends diverses décisions en compagnie de mon amie qui est également la Co-PDG et la styliste. Seulement, j’ai aussi une autre passion que peu de personne connaissent, il n’y a que les personnes que j’apprécie réellement qui le connaissent. Je ne le cache pas, c’est juste que je n’en parle pas. Je fais des courses automobiles officielles, d’ailleurs je cherche une nouvelle écurie, puisque je viens de quitter celle pour qui je courais. Il m’arrive de faire des courses illégales par moment mais c’est assez rare.

– Toujours pas ? Tu es assez coriace quand tu t’y mets, ta mère m’avait prévenu. Peut-être aurais-je du demandé à mon collègue de s’occuper de toi ? Si on parlait de tes études, de ton école, des personnes avec qui tu traines…

Par pitié qu’elle se taise, elle va encore me bassiner encore longtemps ? Son collègue ? Et puis quoi encore, elle ne veut pas non plus me nourrir ! Je continue de fixer mes pieds, elle finira bien par se décourager. La prochaine c’est certain, je ne viendrais pas mettre les pieds ici. Mes études ! Je souris en y repensant, ma mère avait soupiré, encore un médecin dans la famille. Elle avait épousé un médecin et son mariage en avait pâti, alors le simple fait que sa fille unique veuille faire médecine l’énervait. Je m’en contrefiche, je continuerais mes études de médecine et ma spécialisation pour la neuroscience à Harvard, parce que oui, je n’ai pas l’intention d’aller finir mes études ailleurs. Puis me connaissant, je vais certainement prendre un poste en Amérique. Comme ça, je pourrais continuer à voir mes amis américains, ceux qui avec qui je partage ma vie depuis mon arrivé, je continuerais la colocation, sauf si je décide de me mettre en couple bien évidement. Enfin pour cela il faudrait que je trouve le garçon qui me fasse rire, rêver… Un bleu, orange, jaune, vert, rouge, rose, un sans-maison, je n’ai que faire de la confrérie, je m’intéresse avant tout à la personne.

– Non ? Décidément tu es une vraie tête de mule, ou bien une tombe, c'est à voir. On peut rester ainsi encore des heures, je te l'ai... Mais tu vas ou, revient. Insolante aussi visiblement.

Du tout, c'est juste que si je reste plus longtemps, je vais avoir envie de faire un meurtre, je m'énerve assez facilement après tout.