Hey baby, wanna ride ? - Phoenix

Nouvelle année, nouvelles résolutions. Comme celle de moins se prendre la tête et de plus s’éclater. Et ce soir, il avait envie de s’éclater. Seul dans sa chambre, allongé sur son lit, il faisait des vas et vient sur le répertoire de son téléphone à la recherche d’une compagnie pour la soirée. Pathétique n’est-ce pas ? Mais quel meilleur moyen de tuer le temps et de s’éloigner un tant soit peu d’Echo, de Solveig, d’Amanda, et de tout le merdier qu’était sa vie présentement. Des filles, encore des noms de filles, certaines dont il ne se rappelait même plus, d’autres qui le faisait grimacer tant leur rencontre avait était … mauvaise. Et voilà qu’au milieu de cette myriade d’occasions le nom de Phoenix apparaissait comme le Saint Graal. Elle ne vivait plus à l’Eliot, c’était un bon point : personne n’aurait pu les surprendre. Même s’il était du genre Casanova, il n’aimait pas que les gens soient au courant de sa vie privé. Quand ils sont au courant, ils se sentent toujours obligés de s’en mêler et ça c’est une chose qu’il déteste bien. Alors, voilà Noah, décidant de ne pas l’appeler et de lui faire la visite de sa venue, sautant dans la douche à toute allure, préparant quelques capotes dans la poche de son jean, et sortant de la Eliot clef de voiture en main pour faire une surprise à Phoenix.

La route était quelque peu bouchée ce qui avait le don d’agacer le jeune homme. Non pas qu’il déteste sa voiture, mais ce sont les voitures pitoyables de tous ces autres gens là dehors qu’il n’appréciait guère. Enfin la circulation fluidifiée, le voilà qui s’arrête chez un caviste, achetant une excellente bouteille de vin blanc – les filles adorent le vin blanc n’est-ce pas ? Et le voilà repartis dans sa folle course jusqu’aux appartements de la belle Eliot.

Montant les escaliers deux par deux, jusqu’à arrivé à la porte de chez Phoenix. En fait, il n’était jamais venu ici, mais l’avantage d’être dans une maison d’étudiant est que toutes les adresses postales étaient confinées dans une sorte d’album qui permettait de connaitre les informations principales de tous les membres bleus. Sa bouteille à la main, il frappe. Une fois, deux fois, trois fois. Appuyés sur le rebord de la porte avec son air plein d’insolence, il attend qu’elle vienne lui ouvrir.

Phoenix et Noah avait une relation assez simple. Il ne se parlait que très peu, et de temps en temps, avait pris l’habitude de coucher ensemble. Enfin, habitude c’est vite dit, ils n’avaient couchés que deux fois ensemble et à vrai dire, Noah ne connaissait strictement rien de la jeune fille. Pas même les études qu’elle suivait ou depuis quand elle était inscrite à Harvard. En voyant son numéro apparaitre dans le répertoire de son téléphone, il se dit qu’elle était parfaite pour l’occasion : baiser sans parler et repartir juste après comme si de rien n’était. Histoire de se défouler. Histoire d’oublier. Histoire de faire ce qu’il a l’habitude de faire – fuir la réalité par n’importe quel moyen.

Le voilà sur le pas de la porte de Phoenix attendant, impérieusement, qu’elle vienne lui ouvrir. Et c’est ce qu’elle fit. Surpris par sa tenue et se disant qu’elle devait probablement être seule étant donné le fait qu’elle n’était guère apprêtée, Noah sourit. Il la regarda de haut en bas deux fois, avant d’esquisser un sourire salace et lui dire : « Je viens visiter la belle Phoenix ». Faisant mine de se rattraper de ces propos ambigües il s’empressa d’ajouter, se moquant ouvertement d’elle : « L’appartement. Je viens visiter l’appartement de la belle Phoenix ». Appuyé sur la porte, il se redressa d’un bon avant de lui mettre la bouteille de vin blanc dans les mains : « Je suppose que tu n’attendais personne ». Sans même attendre sa réponse, il retira sa veste en entrant dans l’appartement, la jetant sur le fauteuil. Il balaya la pièce du regard, remarquant le plateau de sushi, la télé allumée, et l’ordinateur ouvert. Il attrape un sushis qu’il enfouis gracieusement dans sa bouche avant de s’adresser à Phoenix, sans même prendre le temps d’avaler, la bouche pleine : « Tu dois me bénir d’être venue t’extirper de ta soirée sordide ». Il eut un petit rire, continuant de marcher dans la pièce, attrapant des cadres photos pour les observer, touchant tous les objets de décoration. Comme s’il était là chez lui, suffisant, et sans aucune forme de politesse. Phoenix avait fermé la porte et Noah revint enfin vers elle. Face à elle, il la regardait dans les yeux, un sourire en coin, malicieux. Il se mit à déboutonner sa chemise en commençant par le haut, comme s’il était prêt à passer à l’action, comme s’il n’était venu que pour ça, sans même prendre le temps de lui demander comment ça aller : « Vu ta tête, une partie de jambe en l’air te ferait le plus grand bien princesse », clin d’œil furtif, avant de retirer définitivement sa chemise, de la jeter sur le sol, et de se jeter sur Phoenix qu’il tente d’embrasser, sans aucun préavis.

Cette façon suffisante qu’il avait d’atterrir là où on ne l’attendait pas, de dominer les lieux, de s’accaparer l’espace comme si tout était à lui, comme s’il était seul au monde, faisait de Noah l’un des plus grands connards d’Harvard. Et il le savait pertinemment, que la plupart des gens le prenaient pour un mec sans intérêt imbus de lui-même et coureur de jupons. Au début, il avait mal pris toutes ces affirmations, et se résigna finalement à l’idée qu’on ne pouvait pas empêcher les gens de penser et que, quitte à être condamné, autant commettre le crime. Alors, il s’enlisait dans ce rôle détestable de Don Juan cheap et continuait, dans le plus grand secret évidemment, d’organiser des rencontres lubriques comme celle de ce soir avec Phoenix.
Intérieurement, il riait. Aux éclats même, parce que Phoenix était incapable de le retenir. Parce qu’il était intimement convaincu qu’en plus de le supporter, Phoenix appréciait Noah. Ce qui faisait qu’elle n’avait pas cessé de lui parler. Jamais. Il avait entendu par des bruits de couloir qu’elle n’était pas vraiment célibataire – comment l’aurait-elle pu de toute façon, une fille aussi canon n’est jamais célibataire – et Noah n’en avait en réalité que faire. Il avait besoin de se vider la tête et pour ce faire, tout cas de conscience ou interrogations liminaires été prohibées.

Défaisant sa chemise debout, face à la jeune fille, il la vit tenter de le retenir en vain. Avec le moins de conviction possible. Son sourire s’élargit d’autant plus lorsqu’il se mit à l’embrasser et qu’elle soupirait des « non » sans pour autant réfréner ses pulsions. Entre deux baisers, et en chuchotant, il lui dit alors : « Tais-toi … ». Sans qu’il ne le voie venir, il se retrouve assis sur le canapé, Phoenix à califourchon sur lui. Ses mains passent sous le haut de la jeune fille, la caressant à même la peau. C’était comme ça entre eux, instinctif, assez brutale, vif, rapide. Ils savaient ce qu’ils pouvaient s’apporter l’un l’autre et n’avait jamais cherché rien de plus, rien d’autre. D’un geste sec il retira le haut de la jeune fille se rinçant l’œil un instant sur sa poitrine qu’il trouvait sexy avant de l’embrasser : « Allons Phoenix, c’est instinctif entre nous, ne fais pas semblant de résister … », dit-il sourire aux lèvres en remontant ses baisers jusque dans le cou de la jeune fille qu’il se mit à embrasser avec hardiesse, bien plus d’hardiesse, déboutonnant d’une main son pantalon.

Il n’en fallut pas plus pour faire céder Phoenix. Intérieurement, Noah était satisfait, parce qu’il se disait que peu importe l’idée que la vie continue en dehors de leur relation, qu’elle ait un prétendu copain, ou lui une Echo. Le fait est que quand ils étaient ensemble, comme ce soir, rien n’existait, rien n’avait d’importance, et c’était justement ce que recherchait le jeune homme. Une manière d’extérioriser, de s’effacer du monde pour quelques heures et de s’envoyer en l’air pour ne plus penser. Quitte à ne pas avoir de cœur qui bat, autant avoir la tête qui tourne non ? Il se retrouvait très vite sur le canapé, Phoenix à califourchon sur lui. Les gestes du jeune homme se faisaient de plus en plus insistants, il redoublait d’adrénaline et d’hardiesse au fur et à mesure de ses baisers, s’abandonnant complètement à l’instant présent, l’esprit vidé, l’âme éteinte. Noah ignorait les « non » de la jeune fille. Ce mot n’avait aucun poids, aucun impact, sinon elle ne l’aurait pas jeté comme elle venait de le faire sur le canapé, sinon elle ne serait pas là sur lui, sinon elle ne le laisserait pas la caresser. En revanche, le mot « Chase », le fit se stopper net. Noah redressa la tête d’un coup, l’air complètement désabusé. Donc, effectivement, elle avait un petit ami. La main de Phoenix glissait dans le pantalon de Noah, et comme elle pouvait le sentir, aucune réaction physique. Elle l’avait coupé net dans son élan : "Alors commence par arrêter de me caresser le sexe". Agacé, Noah porta Phoenix pour la poser sur le canapé à côté de lui, et se releva avant d’attraper sa chemise qu’il enfila. D’un ton sec, presque brutal, il lança à son attention : « Ce n’est pas le plus excitant des préliminaires que de balancer le prénom de son petit copain en plein acte ». Il boutonnait sa chemise à la vitesse de l’éclair, et n’importe comment, cherchant du regard ses affaires éparpillés : « Vous avez toutes décidé de me casser les pieds aujourd’hui ».