JAKOB E. SCHMIDT ► Benjamin Eidem

Jakob Eugen Schmidt est le fils de Roderich Schmidt, un professeur d'histoire, et de son épouse Kirsten, une romancière d'origine suédoise. Il a grandi dans un orphelinat à Berlin suite à la mort tragique de ses parents dans ce terrible accident d'il y a maintenant presque quinze ans. C'est ce jour que tout a commencé. Il ne l'oubliera jamais.

C'était pendant les vacances d'été de l'année de ses huit ans. Ce soir-là toute la famille avait plié bagage pour partir en direction de Munich en Bavière, où une maison de vacances les attendait. Le voyage se passait principalement en voiture, les parents à l'avant et Jakob à l'arrière. La nuit était particulièrement glaciale. Au bout de plusieurs kilomètres, il remarqua quelque chose de troublant. L'autoroute était complètement vide, il n'y avait pas une seule voiture. Pourtant même la nuit, quelques-unes défilaient. C'était d'autant plus vrai en période de vacance. À cet instant tout bascula. La silhouette d'une femme apparut soudainement sur la route. Jakob s'aperçut qu'elle n'était pas ordinaire. Son corps était transparent et son visage inexpressif. Il ne pouvait pas y croire, ce qu'il voyait avait tout l'air d'être... un fantôme. La voiture n'eut pas le temps de freiner, et heurta la femme de plein fouet, sous les cris apeurés de Jakob. Après ça ce fut le noir complet. Il reprit conscience à l'hôpital, où il apprit avoir survécu à l'accident de voiture responsable de la mort de ses parents.

Il n'a jamais compris comment il pouvait être encore en vie. Comment était-il sorti de la voiture ? Il aurait dû mourir dans cet accident. Tant de question. Peu après, Jakob a été recueilli dans un orphelinat réservé aux garçons, particulièrement strict. Le souvenir de cette nuit, de cette femme, ne l'a jamais quitté. Son spectre ne cessait de hanter ses rêves. Il avait beau dire et répéter que ses parents avaient été tués par un fantôme, personne ne voulait le croire. Selon la police, qui l'avait retrouvé, il n'y avait aucune femme la nuit de l'accident. Jakob a passé son enfance à consulter des psychologues qui ont fini par le diagnostiquer comme fou. C'était toujours le même discours. Il aurait été si perturbé par la mort de ses parents que son esprit a inventé cette histoire de fantôme pour tenir le choc. Mais Jakob savait parfaitement ce qu'il avait vu cette nuit-là, il n'est pas fou. Plus tard, à l'adolescence, il commença à s'intéresser aux sciences occultes, au spiritisme et à toutes sortes de phénomènes paranormaux. Puis au journalisme d'investigation. Puisque personne n'était disposé à l'aider, il ne pouvait compter que sur lui-même. Il était déterminé à prouver que ce qu'il y avait vu était bien réel, que les fantômes existent. Peu importe combien de temps ça prendra. Même si pour cela il doit résoudre tous les mystères de ce monde.

Au fil du temps, Jakob est devenu quelqu'un de très secret. Son expérience passée lui a appris qu'il devait tout garder pour lui, parce qu'il y a des choses les gens ne sont pas prêt d'accepter. Comme son intérêt pour le surnaturel, ou encore, sa bisexualité, qu'il n'a jamais ouvertement dévoilée, de peur d'être de nouveau jugé.


Allongé sur son lit, dans sa chambre à l'orphelinat, Jakob regardait fixement une enveloppe d'un air excité. Il ne savait pas s'il devait l'ouvrir ou non, il avait trop peur d'être déçu par son contenu. Ça faisait bien trop longtemps qu'il attendait de recevoir cette lettre, et maintenant qu'il l'avait en main, il hésitait. Dedans se trouvait certainement l’aboutissement de plusieurs heures de travail, nécessaire à la réalisation de son rêve. Cette enveloppe contenait la lettre d'admission d'Harvard, en réponse à son inscription. Il a travaillé trop dur pour échouer maintenant. Assez de tergiversation. Le seul moyen d'en être sûr est de l'ouvrir. D'un revers de la main, il sortit la lettre de son enveloppe. Il jeta un œil et vit imprimé en gros caractères "ADMIS". Soulagé, il fit tomber la lettre à terre, et ferma les yeux d'un sourire satisfait. Enfin... enfin il allait rejoindre cette prestigieuse université, ce pour quoi il s'est tant battu. Ses efforts ont fini par payer. Son avenir commençait à se dessiner.