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Les roses finissent par s'incliner
Un coup à la porte mais Echo ne répondit pas. Elle ne se sentait même pas la force de parler, de dire, de faire quoi que ce soit. C'était comme si une partie d'elle-même venait de complètement s'endormir. Un silence, épais, visqueux, effrayant. Avachie au sol, elle serra les dents, retenant un putain d'hurlement qui menaçait à chaque seconde de sortir. Un prélude d'une folie meurtrière, d'une envie d'en finir. La poignée tourna et tourna encore. Pourquoi est-ce qu'ils ne comprenaient pas qu'elle n'avait pas envie de parler ? Elle n'avait d'ailleurs plus envie de rien. Et rien, c'était comme un euphémisme pathétique à côté du vide qu'elle ressentait. Son psy de l'époque aurait dit « Mais vous êtes en état de choc, Echo, tout ira bien » Mais comment est-ce que ça pouvait aller bien ? La voix de Marin, secouée par les sanglots la hantait, lui annonçant une nouvelle qu'elle attendait, pourtant, depuis longtemps. Une nouvelle qui avait fait basculée une partie d'elle-même. Ses poings pressés contre ses lèvres se resserrèrent encore un peu plus, la douleur irradiant dans ses paumes meurtries par ses ongles. Voilà ce qu'il fallait. De la souffrance, souffrir, hurler de douleur physique. C'était tellement mieux que la rage qui semblait monter et monter encore en elle. Le cancer était la pire des putes, la pire salope qu'elle n'ait jamais connue. Un « Je reviendrais plus tard » fut murmuré derrière la porte mais Echo s'en fichait totalement. Le regard perdu dans le noir qui l'entourait, elle semblait prête à défaillir. Qu'est ce qu'elle pouvait bien faire, putain. Qu'est-ce qu'on pouvait espérer devenir après ça ? Elle desserra brusquement les poings et se releva, comme prise d'une envie soudaine. Une nausée mais rien. Elle eut un haut le cœur et s'appuya contre le mur lâchant son portable qui finit par se briser en un fracas stupide sur le sol. Elle ne réagit pas. Elle n'était pas assez naïve pour croire qu’elle était en plein cauchemar, que tout ça n'était qu'une farce cruelle de son cerveau. Passant une main dans ses cheveux emmêlés, elle regarda autour d'elle, comme si elle redécouvrait les yeux et n'eut pas la force de péter une crise, de détruire tout ce qu'il y avait autour d'elle. Elle se sentait lentement entrain de se disloquer à l’intérieur. Morte, morte, morte, morte, morte … Joana n'était plus qu'un cadavre, une enveloppe vide qui ne sourirait plus jamais. Ses pieds foulèrent le sol, traînants. Qu'est ce qu'elle devait faire déjà ? Rien. Elle en savait foutrement rien. Un pied assassin écrasa les dernières lueurs de vie de son téléphone et elle ouvrit la porte avant que tous ses colocataires ne se jettent sur elle, lui demandant des choses dont elle se fichait, où elle n'avait pas de réponses. Est-ce qu'elle allait bien ? Peut-être. Est-ce qu'elle avait besoin de quelque chose ? Assurément. Est-ce qu'elle voulait parler ? Non. Définitivement non. Elle secoua la tête lentement avant qu'elle n'étouffe, prêt de l'implosion. Elle prit une profonde inspiration avant de sortir de l'appartement au pas de charge. Fuir, loin, oui … Mais où ? Elle hésita à aller chez Solveig et elle découvrit qu'elle n'avait pas grand monde à voir. Elle avait décidée d'elle-même de n'avoir que peu d'amis, de n'avoir aucun confident. Percutant le froid mordant de la nuit, elle se retrouva assise à un arrêt de bus, la tête vide et pleine en même temps. Comme un bourdonnement incessant à ses oreilles, elle ne savait pas si elle arriverait à ouvrir la bouche sans crier. Les bras croisés contre sa poitrine, elle laissa un billet au chauffeur de bus et ne fit même pas attention à la monnaie qu'il lui rendait avant d'observer la ville endormie à travers la fenêtre. Une ivrogne brailla quelques instants sans qu'elle n'y fasse réellement attention. Tout semblait totalement inintéressant. Sans s'en rendre compte, elle marcha jusqu'au seul lieu où elle ne s'était jamais sentit réellement en danger, étrange pour tout ce qu'elle y avait vécu en moins d'une nuit.
L'Eliot House était animée, bien trop animée. Quelqu'un lui ouvrit et haussa un sourcil à sa vue. Ouais, peut-être qu'elle était légèrement débraillée, trop pâle et prête à s'évanouir mais très franchement, qui s'en souciait ? Le poussant, elle ignora ses protestations et monta les escaliers avant de frapper à la porte du seul Eliot qui aurait pu être capable de faire face à la tristesse qu'elle retenait et retenait encore. La porte s'ouvrit et elle releva les yeux, amorphe. Elle ne sut pas quoi dire. Ses lèvres s'entrouvrirent plusieurs fois avant qu'elle ne lâche simplement « Ma … Ma sœur est morte. »
L'Eliot House était animée, bien trop animée. Quelqu'un lui ouvrit et haussa un sourcil à sa vue. Ouais, peut-être qu'elle était légèrement débraillée, trop pâle et prête à s'évanouir mais très franchement, qui s'en souciait ? Le poussant, elle ignora ses protestations et monta les escaliers avant de frapper à la porte du seul Eliot qui aurait pu être capable de faire face à la tristesse qu'elle retenait et retenait encore. La porte s'ouvrit et elle releva les yeux, amorphe. Elle ne sut pas quoi dire. Ses lèvres s'entrouvrirent plusieurs fois avant qu'elle ne lâche simplement « Ma … Ma sœur est morte. »
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