ELLIOT GRIMES ► bogdan bogdanovic

« Attends mec, je suis pas sûr d’avoir tout suivi... T’es venu juste pour rejoindre ton meilleur pote? » Elliot acquiesça, comme si c’était évident et que son choix soit compréhensible. Mais pour les autres, ça paraissait invraisemblable. « En plus, diplômé d’Oxford et Harvard sur le CV, ça en jette ! C’est tout bénef’ pour moi ! » Ils étaient assis sur un muret, à discuter ainsi depuis plusieurs minutes, des sandwichs à la main. Ces types avaient été sympas, ils lui avaient fait visiter le campus, l’avaient renseigné au sujet des clubs de sport, et ne semblaient pas le considérer comme une tête d’ampoule malgré son choix de majeure. Les américains semblaient avoir une mentalité bien différente des britanniques. Posant le regard sur une silhouette qui marche un peu plus loin, la jeune femme l’intrigue. L’un de ses acolytes le remarque et lui lance : « Elle est belle hein ! » Les yeux d’Elliot se troublent et il fronce les sourcils : « Tu sais son nom ? » L’autre ricane comme s’il venait de poser une question idiote. « Bien sûr ! C’est Cornelia Van Rosen ! Mais te fatigue pas Ellie, elle est intouchable cette fille ! » Mais ce n’est pas seulement le fait qu’elle soit attirante qui le perturbe, c’est tout autre chose. Il lâche d’ailleurs d’un air détaché, sans cligner des yeux pour ne pas la perdre du regard : « C’est dingue, elle ressemble à une fille que je connais… » En réalité, il sait que c’est elle. Il ne peut pas se tromper sur son identité. Le monde est infiniment petit. La dernière fois qu’il l’avait vue, c’était à Londres et voilà qu’il la retrouve ici. Mais il n’était pas au bout de ses peines.

« Attends, répète ça ?! » Lâcha-t-il, pas sûr d’avoir bien compris. Le pote de son meilleur ami le prenait de court. « Tu m’as pas dit que tu connaissais Cornelia ? C’est la sœur d’Ozias, pas étonnant que tu la connaisses ! » Elliot crut à une mauvaise blague. Interloqué, il haussa les épaules dans un mouvement d’ignorance totale. « J’en savais rien mec. Mais je l’ai connue à Londres. Mais pourquoi Ozie me l’aurait caché ? » Après tout c’était son meilleur ami, il avait du mal à comprendre. « Parce qu’il en savait rien pardi ! Il l’a appris y a pas longtemps. Je sais pas s’il a de la chance ou pas de l’avoir pour sœur… Il y perd au change ! » Ils ricanèrent tous les deux, tandis que les autres revenaient avec des packs de bières et des bouteilles d’alcool. Un autre ajoute : « Vous parlez de Cornelia ? Elle vient parfois à l’appart’, la prochaine fois qu’elle est là, t’as qu’à te ramener ! » Elliot avait presque l’impression qu’il était toujours absent lorsqu’elle pointait le bout de son nez, comme si Ozias voulait le mettre à l’écart. Ils avaient tous l’air de la convoiter. C’était étrange de voir qu’aucun ne semblait l’avoir séduite. Elle apparaissait inaccessible, ce qui la rendait encore plus attrayante. Et puis, pour le peu qu’il la connaissait, il se souvenait d’un caractère bien trempé. C’est alors que jaillit de la conversation un défi qui l’intéressa : « Je parie que le peu de mecs qui lui sont passés dessus n’ont même pas réussi à la faire jouir ! » Eclat de rire général, et se mêlant à la conversation, Elliot déclara : « Moi je parie que je me la tape et que je serais son meilleur coup. » Les autres semblaient sceptiques. C’était comme s’il venait de déclarer la guerre. « C’est la sœur de ton meilleur ami, Ellie… » Il arqua un sourcil : « Et donc ? Elle est majeure, elle fait ce qu’elle veut de son corps. » Et bientôt, elle serait à lui pour une nuit torride. Sachant qu’il était difficile de l’amadouer, il jouerait au plus fin et elle finirait par lui tomber dans les bras.