SANAA E. DROSKI ► katheryne winnick

Le 13 octobre 1996, je viens d'avoir 7 ans. C'est le jour précis de mon anniversaire que ma mère m'offrit ce journal. Un journal intime, et précieux m'avait-elle dit, je me souviens. Moi, je me trouvais encore bien petite pour tenir ce genre de journal mais, elle me disait que chacune des filles de sa famille l'avait fait avant moi, que c'était presque comme une tradition et que s'était mon tour... A cette époque jamais je n'aurais pensé que ce petit carnet prendrait une telle importance. Presque comme un confident qui en sommes ne peut qu'écouter, jamais répondre et encore moins juger. Qu'il serait un fidèle compagnon qui jamais ne viendrait me donner tord ou raison. De gribouillages en petites phrases, les années le virent s'orner d'une écriture fine et fluide, de textes s'allongeant pour former des pages entières. Il sait tout de moi, mes plus noirs secrets ainsi que ceux de ma famille. Mes pensées dissimulées, mes envies, mes peines, je lui ai tout confié. Je suis Sanaa Droski fille d'Anastasia descendante de la lignée Holstein-Gottorp-Romanov via Catherine II la grande de Russie et de Dimitri Droski riche héritier et industriel connu pour faire partie de la mafia Russe. Ma vie n'est ni un conte de fée ni une grande histoire d'horreur. Elle est juste une vie parmi tant d'autres décimées aux quatre coins du monde.

Loin du froid de décembre...
Cher Journal, La froideur de l'hiver ne m'a jamais parue aussi glaciale qu'en ce jour. Je t'écris de mon bureau en face de la fenêtre de ma chambre. La neige recouvre totalement le parc qui entoure notre propriété. Même les oiseaux semblent restés cachés et la neige n'a de cesse de redoubler. Mon paysage se résume à cette vaste étendue blanche et quelques arbres dépouillés entre lesquels les gardes de sécurité déambulent machinalement... Papa vient de nous annoncer notre départ. Nous quittons la Russie pour vivre en Amérique. Je t'avoue que ce départ me fait peur, je ne connais rien de ce pays lointain. C'est ici que se trouve ma famille, mes amis. J'ai la sensation d'être déjà perdue, de ne rien pouvoir y faire. On ne me laisse pas vraiment le choix de toute manière. Mon grand frère lui, est aux anges, il est excité par ce qu'il appelle une toute nouvelle aventure. Je ne partage pas sa joie. Je ne suis qu'une gamine de dix ans et je ne veux pas partir.  Mon père lui ne fait qu'exécuter les ordres du sien, une part importante du marché doit éclore aux alentours de Boston. A-t'-il le choix lui même, je ne le sais pas. Un mois plus tard, nous nous envolions pour ce pays qui oui m'intrigue.

A la découverte du nouveau monde.
Cher journal, Je sais cela fait maintenant presque quatre ans que je ne t'ai pas ouvert. Encore heureux que tu n'es pas animé de vie ou que tu ne possèdes pas ta propre âme car je sais qu'autrement tu m'en voudrais à mort. A vrai dire, l'arrivée ici et mon adaptation m'ont prit tellement de temps et d'énergie que je n'ai pas eu l'envie d'écrire une seule ligne. Au final, je n'ai pas trop à me plaindre, je me plais bien ici. C'est très différent mais, ce n'est pas plus mal. Le climat est assez doux comparé aux froids hiver de Russie. Les moralités sont différentes aussi et moi en pleine période d'adolescence, je me cherche... La vie ici est bien moins stricte que ce que j'ai vécu pendant mon enfance. Ce n'est pas pour me déplaire d'ailleurs. Si je t'écris aujourd'hui, c'est parce que je crois avoir mon premier béguin pour un gars. Il a quinze ans lui. En fait c'est mon meilleur ami mais, on dit souvent que de l'amitié à l'amour il n'y a qu'un pas. Je crois que c'est vrai. Mais, je ne sais pas comment le lui dire. C'est compliqué, parfois j'en viens à déplorer que tu ne puisses pas me répondre. Tu aurais sans doute eu de bons conseils à me dispenser.  Il faudrait que je me lance, vais-je oser? Tout le mystère reste encore entier. Et si ce n'était pas réciproque, et si je bousillais tout?

Je sais ce que tu as fait l'été dernier...
Cher Journal, Je t'ai écris presque chaque jours depuis mes quinze printemps. Je ne t'ai plus laissé sur le carreau. Pourtant ce soir, je ne sais pas si je fais bien de te confier ce que je m'apprête à te révéler. Si seulement j'avais écouté mon frère ce soir-là, si seulement je n'avais pas voulu à tout prix prendre le volant. Il était toujours sur mon dos, à me surprotéger sans arrêt. Alors, je ne l'écoute jamais. Je n'en fais qu'à ma tête, je n'écoute pas ses conseils, ses remarques. Ce qui avait commencé comme l'une des plus belles soirées de ma vie, celle du bal de promotion, se termina en cauchemar éveillé. Quand je l'ai vu à la sortie du bal, là à me surveiller encore une fois, ne me faisant pas confiance... Mon sang n'a fait qu'un tour. C'est vrai, on avait tous resquillé, on avait tous trop bu et j'aurai du le laisser nous raccompagner. Mais, j'ai été une idiote. Tellement idiote que cela a couté la vie de mon cavalier. Un accident bête, un accident stupide, moche, la voiture a dérapé et je n'ai pas réussi à reprendre le contrôle de mon véhicule. Je n'ai même pas vu que la voiture de mon frère était en train de nous suivre. Je l'ai laissé faire ensuite, je l'ai laissé prendre ma place, maquiller le tout. Je l'ai laissé prendre la faute sur lui alors que c'était ma faute. Le procès aura lieu bientôt et j'ai peur de la sentence dont il va écoper. Mon journal, tu ne sais pas à quel point je m'en veux, tout est de ma faute, la mienne...

La liberté enfin acquise.
Cher Journal, J'ai enfin eu mes réponses, la grande Harvard m'a acceptée entre autre bien qu'elle soit le choix que je fais prévaloir avant les autres. Mes parents sont fiers même s'ils sont réticents au fait que je désire vivre sur le campus, prendre mon émancipation de la maison en quelque sorte. Le fait que j'eusse choisit le cursus de droit adoucit leurs mœurs. Pour moi je prends tout ça comme une nouvelle aventure très excitante.  Nouveau départ, nouvelles têtes, nouvelles opportunités. J'ai hâte de t'en raconter plus sur mes déboires sur le campus.



Chaque jour, toutes ces années, j'ai continué d'écrire. Au fil du temps mon journal m'a vu lui confier des choses de plus en plus noires. Quand j'étais petite, je ne me rendais pas compte que mon père baignait dans des histoires aussi louches. A ce petit carnet, je me suis mise à tout raconter, à parler un peu trop d'ailleurs. Seul ma mère sait que je tiens un journal et encore heureux que personne ne sache ce détail qui pourrait mettre ma famille dans les ennuis. Il ne devra jamais tomber entre les mauvaises mains. Mon intégration à Harvard c'est passée au mieux, j'avoue que j'y ai très certainement passé mes plus belles années malgré les évènements qui sont parfois venu assombrir nos vies. La bombe et les agressions. J'ai pris quelques mois de pause, après la prise d'otage, j'avais besoin de faire le point de prendre du leste. J'avoue ce n'était pas judicieux car j'ai foiré une année un peu bêtement ce qui fait que j'entame ma dernière année à l'université. Je compte bien mettre les bouchées double cette fois.