Andrima #3 • « je n’attends plus qu’tu rentres, j'attends qu’les appels »

Je n’en revenais pas. Je venais d’apprendre qu’Andrew, mon ex, s’était retrouvé à l’hôpital. Mon cœur s’était à moitié arrêté dans ma poitrine, me laissant chancelante tandis que je raccrochais presque automatiquement. J’avais peur. Andrew, je l’avais aimé de tout mon cœur. Andrew et moi, avions été vraiment proches et si maintenant je le perdais, je ressentirais sûrement un énorme vide dans mon cœur. Je ne réfléchis pas plus longtemps, enfilant un jean et une tunique bordeaux avant d’aller prendre un taxi direction l’hôpital. Le trajet me parut particulièrement long, et lorsque j’arrivais à l’hôpital, on me dirigeait directement vers sa chambre. Je n’eus pas besoin de passer un quelconque examen de sécurité si bien que j’entrais dans sa chambre d’un pas feutré. Un sourire inquiet barrant mon visage, je voyais Andrew allongé sur son lit, immobile. Je ne savais même pas ce qu’il avait et je m’étais précipitée ici comme si sa vie en dépendait. Je me sentais particulièrement bête tout à coup. M’avançant en silence, je venais m’asseoir sur la chaise qui était à côté de son lit, déposant mes mains sur la sienne tout en lui murmurant un « Andrew ? c’est moi… Naima… » d’un ton légèrement fébrile. La chaleur de sa main semblait pourtant me rassurer quelque peu sur son état de santé si bien que j’attendais qu’il se tourne vers moi pour lui demander exactement les raisons de sa présence ici. J’étais inquiète pour lui. après tout, je l’appréciais toujours autant qu’auparavant…

Voir autant de monde défiler à son chevet dans cette chambre sur-protégée, ça devenait de plus en plus fatiguant pour le Prince et ce même s’il appréciait le fait de se retrouver au centre de toutes les attentions. Néanmoins cette situation n’était pas des plus confortables pour lui parce qu’il voulait pouvoir les choses lui-même mais il semblerait qu’il ne puisse guère faire grand-chose. Il savait bien que cela ne faisait qu’une journée à peu près qu’il était revenu à lui donc il était normal qu’il ne trouve pas encore ses repères. La pire des humiliations pour lui, c’était clairement quand une infirmière venait l’aider pour manger et tout. C’était vraiment horrible d’être nourri de la sorte mais il n’avait pas encore les forces nécessaires pour faire ce genre de mouvements même si cela paraissait simple. De toute façon, le jeune homme souhaitait toujours être plus fort que la douleur elle-même or c’était juste impossible pour le moment. Fin, il fallait qu’il cesse de ruminer et de s’apitoyer sur son sort parce qu’il n’était pas plus mal loti au final puisqu’il avait encore la chance inouïe d’être en vie alors que plusieurs de ses hommes avaient perdu la vie… Une voix fébrile le tira hors de ses sombres pensées alors il ouvrit lentement les yeux avant de les poser sur Naima. Son ex-petite amie avec laquelle il avait connu tant de scandales et tout… « Tout va bien Naima. Je suis réveillé maintenant » dit-il d’une voix légèrement faible due à la fatigue et tout.

J’avais peur. j’espérais qu’il n’était rien arrivé à Andrew. Quand j’avais reçu ce coup de téléphone, j’avais tout de suite commencé à me faire des films, à me demander ce qu’il pourrait bien lui arriver dans cette chambre d’hôpital et puis, je m’étais décidée. Il fallait absolument que j’en ai le cœur net et que je le vois de mes propres yeux. j’étais donc arrivée dans sa chambre, le trouvant endormi tandis que je venais m’asseoir à son chevet, déposant mes mains sur la sienne tout en lui parlant d’un ton doux pour le réveiller le plus sereinement possible. En entendant sa voix s’élever alors dans la pièce, chaude et rassurante, je ne pus que resserrer ma poigne sur sa main, lui adressant un « tu me rassures, j’avais un peu peur … » d’un ton soulagé. Andrew était mon ex, oui, mais nous étions tout de même restés très proches pour la simple et bonne raison que notre rupture avait été prise d’un commun accord. Pour moi, il restait une personne importante. Souriant d’un air faiblard, je lui demandais alors « c’est pas indiscret de te demander ce qu’il s’est passé ? » tout en le regardant d’un air calme et presque apaisé. Il était vrai que je ne savais pas encore ce qu’il avait mais je me poussais à croire que ce ne serait rien de grave…

La présence de Naima en ces lieux étonnait un peu le jeune Prince mais au final ça ne le dérangeait pas, bien au contraire. Ils étaient toujours aussi proches en fin de compte alors que normalement, ils étaient censés être des exs et que leur relation avait été un pur scandale qui avait ébranlé la famille royale britannique mais ça n’avait pas réellement dérangé Andrew bien qu’il fut dans l’obligation de rompre avec la jeune femme. Ce n’était pas son choix mais à ce moment-là il était bien trop soumis aux règles de la Couronne et surtout au Protocole ! Qu’importe, il était réveillé maintenant et il le faisait savoir à la jeune femme bien que sa voix était encore faible comme au tout début. « Juste un peu ? Je suis déçu alors » dit-il en la taquinant légèrement avant de lui serrer la main et poursuivre : « Merci d’être là, ça me touche beaucoup ». Il sourit légèrement avant d’inspirer profondément quand elle lui posa la fameuse question. Il s’y attendait, c’était celle que tout le monde lui posait alors il se montrait toujours honnête. « Je me suis fait tirer dessus… Le soir du neuf janvier, un groupe de commandos est venu prendre d’assaut le siège social de mon entreprise… »

Il venait de me répondre, me signalant qu’il était déçu que je ne sois qu’un peu inquiète. Je lui offrais alors un sourire doux et presque désolé. En réalité, j’avais eu très peur pour lui. non pas parce qu’on avait été ensemble, non. Mais parce qu’au fond de moi, je me sentais toujours aussi attachée à lui. je prenais soin de mes amis, je faisais toujours en sorte qu’ils ne manquent de rien et Andrew en faisait partie. Le savoir blessé me mettait dans tous mes états même si je prenais sur moi pour ne pas montrer ce que je ressentais. Il serrait alors ma main, me remerciant d’être là et je ne pus que lui souffler « c’est normal que je sois là, t’as pas à me remercier tu sais » tout en lui rendant l’étreinte de sa main. Je lui demandais alors la raison de sa présence ici et je ne pus cacher plus longtemps mon inquiétude profonde. Ouvrant de grands yeux hagards, je lui répondais « quoi ? mais … tu vas bien ? t’as été touché où ? c’est grave ? mais bouge pas hein … tu pourrais te faire encore plus mal … » d’un ton presque trop concerné. Je ne devais pas prier pour mon propre désir personnel, je ne devais pas demander à Dieu de veiller sur lui mais … pourtant j’en avais tellement envie…

Il n’était pas sérieux lorsqu’il fit comprendre à la jeune femme qu’il était un peu déçu qu’elle ne soit pas trop inquiète pour lui. Alors qu’il se doutait bien qu’elle devait être morte d’inquiétude en apprenant ce qui lui était arrivé surtout qu’elle n’avait pas su ce qui était réellement arrivé. Klein et toute l’équipe de la sécurité du Prince avaient tout fait pour que rien ne filtre dans la presse et autres. Il n’y avait eu aucune fuite, ce qui lui prouvait qu’ils faisaient réellement du bon boulot. Pour ce qui était d’Arunthia Aviation, le FBI et la BPD étaient chargés de l’enquête qui tendait vers un attentat pseudo-terroriste et la plupart des membres du conseil d’administration de l’entreprise faisaient partie de suspects potentiels. Bref cette histoire allait mettre du temps à se résoudre… Pour le moment il allait profiter de son petit séjour à l’hôpital pour essayer de s’en remettre pleinement avant de mettre lui aussi son grain de sel dans toute cette histoire. Il serra doucement la main de la jeune femme qui lui faisait comprendre que c’était normal qu’elle soit présente avant de lui demander ce qui s’était passé. Aussitôt il lui raconta la soirée de l’horreur qu’il ne cessait de revivre au fil des jours depuis qu’il s’était réveillé. « J’ai reçu une balle dans le torse, non loin de la région du cœur. On m’a mis aussitôt dans un coma artificiel pour me maintenir en vie… J’ignore qui a commandité tout ça mais je compte le découvrir sous peu. »

Je ne cessais de m’inquiéter, de me demander ce qu’il se serait passé s’il n’avait plus été de ce monde, comment j’aurais surmonté cette perte et j’avais beau y réfléchir, je ne trouvais aucune réponse crédible. J’avais eu peur, oui. Je ne pouvais le nier à présent. De toute façon, je ne cherchais pas à cacher ce que je pensais. Le sentant serrer ma main à nouveau, il m’avouait avoir reçu une balle dans le torse, tout près du cœur, ce qui nécessitait le fait de le mettre sous coma artificiel. Presque choquée, je lui avouais « tu as du en baver, pas vrai… » sur le ton d’un murmure tandis que ma main caressait à présent la sienne en un signe de réconfort. J’essayais aussi de me dire qu’il ne craignait plus rien, ici, sous protection. Il continuait alors, me disant qu’il souhaitait découvrir qui avait commandité cela au plus vite. Le regardant droit dans les yeux, je lui disais alors « je veux bien que tu veuilles savoir qui a fait cela mais avant … tu devrais tout de même penser à te rétablir correctement » sur un ton doux tandis que je lui souriais doucement pour tenter de lui faire oublier ces douloureux souvenirs…