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W/ JOAN.
C’était presque un miracle que Cody soit encore en vie en arrivant à l’hôpital. Chacun de ses membres tremblaient depuis l’innommable coup de fil, depuis qu’il avait appris que sa mère venait d’être acceptée aux urgences. Il ne comprenait pas ce qui se passait, le médecin lui avait signifié qu’il était mieux qu’ils se voient pour en parler. Alors Cody gara n’importe comment sa voiture le long d’un trottoir. On appelle ça un rangement en bataille créatif, mais bon j’ai déjà essayé de l’expliquer à mon moniteur d’auto-école mais j’avoue que ça n’a pas marchéééé. Puis il se mit à courir, courir, courir, dans toutes les allées de l’hôpital avant de trouver les urgences. Il arriva essoufflé jusqu’au comptoir – si vous voulez que Bleeker fasse du sport, dites-lui que sa mère va crever, apparemment c’est assez efficace – où la secrétaire dut faire preuve d’une extrême patience pour calmer Cody qui criait sur elle chaque fois qu’il imaginait sa mère au fond de son lit, affaiblie et souffrante. « Mais c’est pas possibleeeee ! Vous êtes la Federer des secrétaires ou quoi ? C’est des balles de tennis que vous avez au bout des doigts pour faire autant de fautes de frappes dans un même mot ? B-L-E … E … J’AI DIT E ! Y a quoi après le F ? hein ? » - Elle aussi, c’était le tremblement de terre dans sa voix. Elle était sûrement habituée à ce qu’on lui crie dessus, mais elle ne s’appelait pas Anastasia Steele alors forcément, c’était pas son kiff. « Le G … » Et à Bleeker d’enchaîner ; « AHAHAHA ! NON ! Le E ! Bleeker ! Putain de merde c’est pas compliqué à écrire ! Martha, avec un H aussi inutile que vous au milieu ! » Il était au bout de sa vie le Bleeker. À vrai dire, il était surpris que Diamantika ne soit pas à ses côtés dans un moment pareil, qu'elle ne soit pas là pour le canaliser, pour lui dire que tout va bien, pour discuter avec la secrétaire et faire face à son incapacité à sa place. Surpris qu'elle ne lui ait pas pris la main, voyant ses doigts trembler sur son trousseau de clef, tout en lui murmurant qu'elle conduirait. Sauf qu'à vrai dire, ça illustrait leur relation depuis le mariage ; du vide. Alors il lui pardonnait. Il lui pardonnait parce que c'était la fin. Dans l'état actuel des choses, ses vains efforts repoussaient seulement l'échéance de leur histoire. Mais Coka, c'était bel et bien fini. Cody le savait au fond de ses tripes. Et à vrai dire, il s'en foutait, fatigué d'être traité comme un moins que rien et d'être abandonné chaque fois qu'il avait le plus besoin d'elle. À bout, il croisa les bras sur le comptoir, la tête coincée entre ses épaules. « Mais puisque je vous dis qu’on vient de m’appeler pour me dire de venir la voir … Docteur Keller … S’il vous plaît … » soupira-t-il, se demandant s’il ne parlait pas Chinois parfois.
@Joan-Frances Lindley
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