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« On remet tout au lendemain…
sans jamais savoir s’il y en a un. »
sans jamais savoir s’il y en a un. »
23h00. Il fait nuit. Seuls les rayons de la Lune transperçent de part en part les couloirs tracés artificiellement par les immenses conteneurs rouge brique. Parmi ce foutoir, on pouvait reconnaître des engins, tous de la vieille époque. Une grue, quelques camions de chantiers, un marteau piqueur et d’autres véhicules servant à la construction d’un chantier qui était censé durer pendant plusieurs mois encore. Toutes les lumières s’étaient subitement éteintes. Fin de la journée, les ouvriers rentraient chez eux. Des clés étaient parfois laissées à la traîne par des travailleurs négligents ou certains de ne pas se faire cambrioler. Pas faux. Qui, en effet, viendrait voler sur un chantier ? Peut-être un concurrent, et encore. Ou un gamin roux d’un mètre quatre vingt-cinq, dans les soixante quinze kilos mouillés, les cheveux en pétard, le regard perçant et les gestes plus ou moins habiles, qui avait entre-aperçu en passant dans l’après-midi, un vieux canapé qui séjournait dans l’un des conteneurs servant de quartier général au maître de chantier. Ni une ni deux, je me réfugie sous un camion de bois en voyant des phares flasher dans ma direction. Demain, il faudra que je prenne une bonne douche pour enlever le noir sur mes vêtements, et la poussière qui y restait accrochée. Baah, j’irais à la piscine municipale, comme toujours. L’eau serait froide, glacée même, mais pour un Russe, ce serait comparable à un hammam, même de grand matin. En attendant, je presse le pas, vérifiant pour la énième fois qu’il n’y avait plus personne sur le chantier de construction, avant d’ouvrir la fenêtre restée entrouverte par la négligence du maitre de chantier d’un revers de main. Après quoi, je prends mon élan, enjambant le bâtiment, avant de retomber comme un chat sur le plancher du conteneur. Vide. Le canapé m’attend déjà. J’enlève aussitôt ma chemise crasseuse, me retrouvant en simple débardeur noir, et mes chaussures qui laissent par leur aspect, présager d’une fin peu glorieuse d’ici quelques semaines voire quelques jours de plus à me supporter. Après quoi, je m’allonge de tout mon long sur le fauteuil, soupirant d’un éphémère plaisir de dormir cette nuit ailleurs que sous les ponts, jusqu’à un bruit ne m’oblige à rouvrir les yeux. Il y avait quelqu’un à l’extérieur. Mais je ne voyais pas de lumière. Pourtant, j’étais certain d’avoir vu quelque chose bouger derrière cette caisse là-bas. Loin d’être un froussard, je finis par redescendre de mon trône, bougeant furtivement derrière chaque engin, caisse ou matériau pouvant me servir de cache. Au moins jusqu’à ce que j’arrive jusqu’à… une gamine. Pas plus haute que trois pommes. Qui se tenait là, devant moi. Encore de dos, elle ne m’avait pas encore repéré. Et moi qui la fixait avec des yeux ronds comme si je n’en croyais pas mes yeux. Qu’est-ce qu’une gamine faisait dehors à une heure pareille ? Et dans un endroit comme ça qui plus est ?
acidbrain
(Invité)