(FB) - Dîner de noël entre (presque) amis.

Noah partait le lendemain pour Amsterdam, alors autant profiter de sa dernière soirée avec … ses meilleurs ennemis ? Le malaise qui le targuait le rendait encore plus insupportable. Il sentait bien qu’avant la fin de la nuit soit Solveig, soit Echo finirait par lui décoller une gifle. L’une comme l’autre s’était déjà livrée à ce genre d’exercice de toute façon et il en avait pris l’habitude. Discutant autour de la bouteille de champagne qu’il venait à peine d’ouvrir, il ne put s’empêcher de taquiner Echo, tantôt avec bonhomie, tantôt avec sarcasme. C’était plus fort que lui, une manière sans doute de casser les pensées amères qu’il avait, notamment celle du « oh mon dieu, on agit comme un couple, on se fait inviter par un couple, tout comme un couple, mais on n’est pas en couple ! ». Le jeune homme avait lancé une remarque bourrée de sous-entendu sur le fait que Solveig aimait la boxe. Lorsqu’elle confirma ses dires, il la regarda, très furtivement, de manière à ce qu’il n’y ait pas de complicité dans leur échange. Il voulait la taquiner, mais pas la griller. La torturer, au moins un peu. Au moins pour épancher sa colère et, probablement, sa jalousie.

Installé à la table, à côté d’Echo, il sirotait son verre de whisky après lui avoir posé une question volontairement provocatrice sur Caesar. La réponse qu’elle lui livra, lui fit plisser les yeux. Il tourna brusquement la tête vers Echo, la fixant de toute sa haine. Sous la table, il pose sa main sur la cuisse d’Echo et remontait lentement, avant de répondre d’un ton bien moins enjoué, mêlant sarcasme et ironie : « J’espère qu’ils prennent soin de toi au moins autant que moi.». Il n’allait pas se laisser démonter et montrer que ça l’emmerdait toujours autant de la savoir avec d’autres mecs. Mieux valait, pour le moment, jouer la carte de l’indifférence et de la tentation, en laissant sa main baladeuse sur la cuisse de la jeune fille. Noah se tourna vers les petits fours avant d’en manger un, reposant ses deux mains sur la table, et de se bruler la langue. Il manque de s’étouffer, avale difficilement, d’autant plus difficilement qu’Echo éclate de rire au même moment. Il ne répondit pas à sa sale remarque, du moins pas avec des mots, la fusillant du regard, avant de réussir enfin à déglutir et de reporter son attention sur Solveig et Dean : « Plutôt crever ! », lança-t-il comme pour corroborer les allégations d’Echo sur le fait qu’ils n’étaient pas en couple. De nouveau, et ne pouvant s’en empêcher, il vint sous la table remettre sa main sur la cuisse d’Echo, la caressant à peine, très subtilement : « Tout le monde n’a pas ton genre de fantasme, ni ton … avidité sexuelle, mon amour », dit il en tournant la tête vers Echo, un regard faussement charmant et amoureux, plein de reproches en réalité. Il tourna de nouveau la tête vers Solveig qui répondait. Sa réponse l’intéressait, il ne savait rien sur sa rencontre avec Dean, ni depuis combien de temps ça durait. Il évitait de la fixer trop intensément pour ne pas se montrer trop curieux, curieux au point que ça en devienne douteux : « Un espèce de jeu ? J’ignorais que tu étais aussi … malicieuse Solveig, t’es un sacré veinard », finit de dire Noah en regardant Dean, riant légèrement. Et le professeur finit par poser à Echo et Noah la question sur leur rencontre. Noah tourna la tête vers Echo comme pour avoir son approbation sur le fait de répondre en premier. Sa main sur la cuisse de la jeune fille la caressait de manière un peu moins subtile, un peu plus provocante, glissant de l’extérieur de la cuisse à l’intérieur de la cuisse, et de l’intérieur de la cuisse à l’extérieur de la cuisse. Ses jambes croisées formaient un barrage : « Une galerie d’art. Elle travaillait là bas et m’a renversé un verre de whisky dessus. Je ne sais pas pourquoi, les filles sont obnubilées par l’idée de me renverser des trucs dessus. C’est peut-être leur manière de me dire qu’elles ont envie de moi », Noah ne répondait qu’à moitié à la question de Dean. Echo allait prendre le relai de toute façon. Mais voilà encore une pique directement adressée à Solveig. Après tout, il l’avait rencontré de la même manière : un verre de vodka black sur sa chemise, une dispute violente à la Cabot, et des parties de jambes en l’air. Il était mal à l’aise, très mal à l’aise, et ne comptait pas rester seul dans cet état, alors Solveig ma chère, prépare toi aux montagnes russes, pensa-t-il.

Piques et caresses, voilà une manière singulière de régaler ses sens. Noah ne cessait ses vas et vient sur la cuisse d’Echo, tandis qu’elle continuait de surenchérir les provocations. Il plissa les yeux lorsqu’il entendit le mot « combler » et sans rien dire, puisqu’il ne voulait pas continuer sur cette pente glissante, il se contenta de crisper ses doigts autour de la cuisse d’Echo et de lui faire mal. Au moins un peu. Brûlure au petit four et dénis de couple, voilà une manière singulière de tirailler son esprit. Noah appuya la remarque d’Echo, ce qui semblait la vexer. Et comme elle se tournait vers lui pour l’interpeller, d’un ton sarcastique, il lui répondit : « Ce n’est pas moi qui ait commencé mes propos en insistant sur le fait que nous n’étions pas en couple. Mais puisque tu le demande … » - il se pencha un peu plus vers elle, sa main remontant de plus en plus dangereusement vers l’intérieur de sa cuisse, oubliant à ce moment qu’ils n’étaient pas seuls dans la pièce – « Oui. Plutôt crever que d’être en couple avec toi ». Il s’arrêta devant son visage une courte fraction de seconde, plongeant ses yeux dans ceux d’Echo, avant d’étaler un sourire insolent, trop grand pour être vrai, sur ses lèvres, de reculer et de se réinstaller convenablement sur sa chaise : « Je sais mon amour, peu de filles peuvent se vanter d’avoir ton appétit. C’est ce qui fait tout ton charme. Ce qui fait que je t’aime tant », cette phrase lancée en réponse à une des remarques de l’écossaise, était évidemment pleine d’ironie. Noah sur jouait même le rôle du mec amoureux presque efféminé. Comme si en réalité il était lassé par ses propos qui tournaient toujours autour du sexe, comme s’il voulait se moquer d’elle. Son soupir blasé se coupa net lorsqu’il entendit la dernière question d’Echo à l’égard de Solveig « Peut-être que tu me cache d’autres choses ». Noah sentit une crispation dans son ventre, et sans prendre le temps de regarder la rousse, il s’empressa d’ajouter : « Qu’est ce que tu veux qu’elle te cache ? Elle est transparente comme un verre de cristal, c’est presque ennuyeux ». Défendre la rousse en faisant semblant de l’insulter ? C’était plutôt bien joué. Au moins, Echo ne poserait plus trop de questions dangereuses, et ça passait inaperçu comme il avait l’habitude de taquiner Solveig. Bon, certes, ça ne devrait pas plaire à Dean qu’on parle ainsi de sa copine, mais ça valait le coup. Pour protéger le secret.

Noah continuait son petit manège sous la table avec Echo. L’aguicher ? Jouer ? L’énerver ? La complicité ? Tout à la fois. Il ne saurait dire pourquoi il s’était mis en tête de la caresser ainsi mais le fait est qu’il ne pouvait plus s’en empêcher. Et puis Echo ouvrit la bouche. Avec cette délicatesse naturelle dont elle seule a le secret. Pour avouer qu’à la période où ils s’étaient rencontrés, elle était en couple. Noah se sentit complètement étrange tout à coup, comme sur le point de s’évanouir, comme un réveil après un douloureux cauchemar. Désorienté. Jaloux parce qu’elle avait été en couple, parce qu’elle ne le lui avait pas dit, ou bien parce qu’il était convaincu désormais que c’était la raison de son départ, il n’en savait rien. Le fait est qu’il prenait cette révélation douloureusement trop à cœur. Il se sentit presque gêné d’être là, de trop, avec l’envie de rentrer, de partir, de disparaitre, de ne plus jamais croiser la route ni de Solveig ni d’Echo. Cette vérité lui faisait un mal de chien mais il continuait de faire bonne figure. Sa main droite s’était arrêtée de caresser la cuisse d’Echo et restait posée dessus, comme s’il l’avait oublié. Son autre main se resservait péniblement un verre de whisky qu’il but cul sec. Il était complètement ailleurs l’espace de quelques secondes, n’entendant plus qu’un brouhaha incompréhensible autour de lui. Ses lèvres étaient pales, son ton moins assuré. Il ne dit plus rien. Le coude de son bras libre posé sur la table, sa tête posé sur cette main-là, ses doigts entortillant machinalement ses cheveux.

Il se força enfin à esquisser un sourire et se contenta d’ajouter, comme s’il n’avait plus envie d’entendre parler de cette histoire, de cette rencontre. Comme si tout, tout d’un coup, devenait faux et bien moins magique qu’il ne l’avait pensé – « j’ai eu mal pour une putain de trainée qu’était en couple et qui n’a jamais eu la décence de me l’avouer ?!  Je suis trop con, vraiment trop con, ça m’apprendra », se disait-il - : « Mais enfin … des gens se rencontrent tous les jours, on ne va pas en faire tout un film », voulant absolument passer à autre chose, comme si ça n’avait rien d’exceptionnel,  ignorant désormais les yeux d’Echo. Dean et Solveig parlaient entre eux  quand tout à coup, la fourchette d’Echo plantée dans sa main le réveillait de sa torpeur. Il eut un sursaut qu’il voulut camoufler pour ne pas éveiller l’attention des deux autres et laissa Echo lui parler sans lui accorder le moindre regard. Il retira sa main, qu’il avait oublié sur la cuisse de la jeune fille, l’essuya avec une serviette, avant de dire avec un air plus sérieux que le sien en fixant sa main blessée, sans aucune forme d’ironie ni de sarcasme : « Je crois que de nous deux, ce n’est pas moi qui joue avec l’autre. », faisant référence à la révélation sur son petit ami et le disant à voix très basse, de manière à ce qu’il n’y ait qu’Echo pour l’entendre. Solveig venait de se lever, et à l’attention de Dean, Noah reprit : « Que vous, vous nous parliez de votre rencontre, c’est important, vous êtes ensemble, vous êtes amoureux. En revanche, je trouve ça assez absurde de me demander ma rencontre avec Echo. C’est comme si tu me demandais ma rencontre avec Solveig, ou que quelqu’un demain me demandait ma rencontre avec toi Dean. Ça ne signifie rien, les rencontres importantes sont celles d’amour, les autres …. On s’en fiche un peu ».  Dean renchérit par une nouvelle question à laquelle Noah s’empressa de répondre le moins sympathiquement du monde : « Qui a dit que ça aller durer ? ». Pris par une gêne immense, ne supportant plus d’être à côté d’Echo, et ayant besoin de se calmer un peu, il fini par se lever de sa chaise : « Excusez-moi ». Il se dirigea vers la cuisine ou se trouvait Solveig et eut un léger pincement au cœur. Il cherchait à la blesser depuis le début de la soirée et aurait bien eu besoin d’elle là, maintenant tout de suite. Fermant ses émotions à double tour, il se contenta de dire : « T’as besoin d’aide ? ».

Rien n’aurait pu être pire à cet instant précis pour Noah, que d’apprendre qu’Echo avait été en couple. Ça aurait dû ne rien lui faire, le faire sourire même – il aurait pu se vanter d’avoir déconstruit le havre de stabilité qu’elle avait cru trouver. Mais il n’en était rien. En réalité, Noah était profondément vexé et blessé. Et ce pour plusieurs raisons. La plus évidente étant qu’Echo était partie, ce soir là, de sur le toit, sans rien dire. Puis partie tout court d’Harvard. Il avait eu beau la chercher, courir après le propriétaire de la galerie pour avoir le numéro de la jeune serveuse qu’il avait croisé ce soir là, faire tous les bureaux administratifs et tous les trombinoscopes de l’université pour la retrouver. C’était en vain. Elle était partie – il l’avait su puisqu’une de ses camarades de cours qui avait bien voulu le rencontrer lui avait dit qu’elle ne venait plus en classe depuis quelques semaines. Noah avait passé un temps fou à courir après un fantôme, à se remettre de cette disparition aussi soudaine que cette rencontre avec un mal de chien. Et voilà que ce soir il apprend que tout ce temps, il l’a passé à se morfondre et à courir après une trainée qu’avait décidé de se faire la belle avec son jules – qu’en réalité, il n’était qu’un figurant dans sa vie, comme tous ces mecs qu’elle baise par ennuie. Du moins c’est ce qu’il en déduisait, et ça lui paraissait raisonnable comme déduction : elle n’avait jamais donné aucune raison à sa disparition soudaine de Cambridge et ce soir il trouvait une réponse à toutes les questions qui l’avaient inlassablement tiraillées pendant de longues nuits blanches. Evidemment, il lui en voulait. Affreusement. Et s’en voulait bien plus à lui-même d’avoir été aussi stupide pour prendre autant à cœur cette rencontre alors que clairement, tel qu’il la voyait ce soir, Echo ne valait pas le quart de l’effort et de la peine qu’il avait fournit d’abord pour la retrouver, ensuite pour l’oublier. Une raison plus égotique tenait au fait qu’elle était en couple, en soi. C’est-à-dire qu’il ne s’agissait pas seulement d’un mec qu’elle se contentait de baiser de temps à autre. Non, c’était bien plus que ça, elle était amoureuse de quelqu’un d’autre et avait sauté le pas avec cette personne. Chose qu’elle ne ferait probablement jamais avec Noah. Alors, le jeune Eliot se sentit complètement rabaissé et amoindrie par ce fait-même. Il n’avait même plus envie d’essayer quoique ce soit avec elle, il était juste blasé, lassé, et aurait tout donné pour disparaitre à tout jamais maintenant. Et enfin, une dernière raison tenait au sentiment de révolte et de colère qu’il éprouvait présentement. Echo était revenue, comme si de rien n’était, foutant la pagaille dans la vie du jeune Eliot. Allant même jusqu’à le forcer à rompre avec Amanda alors qu’il était bien, vraiment bien dans cette relation. Et lui était allé dans le sens d’Echo, avait accepté cette attirance fatale, parce qu’il pensait partager un amour profond avec elle. En apprenant qu’elle avait quelqu’un d’autre au moment où ils se sont rencontrés, tout s’effondrait tout à coup. C’était un énorme coup de massue. Il voyait Echo désormais comme une personne égoïste et égocentrique qui après avoir bien papillonné avec son ex petit-ami venait se jouer de Noah. Le torturer par plaisir. En fait, il ne croyait strictement plus rien de tout ce qu’elle avait pu lui dire. Il se sentait … comme le personnage principal de Truman Show. Et se répétait intérieurement la phrase de Lamartine « Rien n’est vrai, rien n’est faux, tout et songe et mensonge, illusion du cœur qu’un vain espoir prolonge ». Echo n’avait été qu’une illusion. Putain d’illusion.

Noah se leva précipitamment de table avant de rejoindre Solveig dans la cuisine qui après avoir fait tomber son couteau, refusait son aide. Il la regardait avec un air à la fois fâché et sincère prouvant bien qu’il n’avait plus envie de jouer : « C’est bon, ne t’inquiète pas. Je vais me contenter de te regarder jouer les petites-amies parfaites et sourire pour faire comme si j’étais content d’être là ». Plein de sarcasme, il la regardait ramasser le couteau avant de sortir de la pièce. Enervé plus que jamais contre les deux filles qu’il aimait sans doute le plus au monde.

L’heure était venue aux cadeaux. Au moins, ça permettrait de penser à autre chose, et d’éviter de parler. Noah allait s’appuyer sur la table, loin d’Echo, loin de Dean, à moitié dans sa bulle. Il regardait les cadeaux qu’Echo offrait aux deux autres faussement intéressé, avant qu’elle ne vienne vers lui avec un petit paquet. Il évitait de la regarder, l’écoutait balbutier, et attrapait le paquet. S’il s’écoutait, il le balancerait à l’autre bout de la pièce avant de partir. Mais politesse oblige, il l’ouvre, prend à peine le temps de le regarder, et lui lâche un « Merci » express avant de mettre la bague dans la poche de son pantalon. En d’autres circonstances il l’aurait adoré. Noah, appuyé sur la table, jambes et bras croisés, regardait ses chaussures et redressait la tête de temps en temps pour sourire aux autres. Au moins pour faire semblant qu’il était toujours là. Solveig distribua ses cadeaux et Noah récupéra son paquet. La montre était vraiment magnifique : « Elle est super, je te remercie … », dit-il simplement, n’oubliant pas le froid glacial qui enveloppait leur relation présentement. Noah adorait les montres, il s’empressa d’enlever sa vieille Festina en argent avant de mettre la nouvelle. Il regardait son poignet assez satisfait et releva les yeux vers Solveig avec un petit sourire teinté de tristesse. Il s’avança vers elle, et comme pour enterrer la hache de guerre, il l’a pris dans ses bras, en toute amitié. Ça faisait longtemps. Ça faisait du bien. Il glissa doucement à son oreille tandis qu’il la serrait contre lui quelques secondes seulement : « Je suis content de voir que tu me connais toujours aussi bien ». Il se recula un instant, la regarda assez honteux de l’enfer qu’il lui faisait vivre, avant de reprendre place contre la table. Le chaton qu’elle venait d’offrir à Dean était vraiment mignon et Noah eut comme un pincement au cœur en les voyant tout les deux … aussi heureux. Il tourna instinctivement la tête vers Echo avant de sentir une nausée et de détourner le regard vers le sol, le fixant avec la concentration d’un mort. Dean s’en va chercher ses cadeaux et Noah en profite pour rassembler ses paquets à ses pieds. Le jeune homme revient : que d’animaux dans cette pièce ! Il ouvre le cadeau que Dean lui offre et esquisse un léger sourire. Un peu forcé peut-être. Noah déteste les ceintures, elles lui rappellent trop de mauvais souvenirs. Il n’en porte d’ailleurs jamais. Mais, c’est l’intention qui compte après tout : « Merci Dean, elle est … très jolie », dit-il en lui serrant la main avant de la déposer sur la table : « Il ne reste plus que moi ». Il attrape un premier paquet, gros, et assez lourd, qu’il tend à Dean : « J’ai voulu faire dans la simplicité ». Une caisse en bois dans laquelle se trouvent cinq bouteilles de vin rouge choisie par ses soins dans les meilleurs vignobles de France et de Californie. Il se tourne alors vers Solveig et lui tend une toute petite boite : « Je ne sais pas si ça va te plaire, mais quand je l’ai vu je me suis dit « c’est pour Solveig ! ». Le vrai cadeau est dehors, dans le couloir.». Dans la petite boite se trouve une toute petite clef de cadenas de vélo. Enfin, Noah attrape le dernier paquet, réfléchit un instant, long instant, en le fixant avant de savoir s’il va ou non l’offrir à Echo. Tant il est énervé contre elle, il voudrait le bruler sur place. Mais non, tant pis. Et tant pis si pour elle tout était faux, pour lui au moins, tout était vrai. Il tendit son paquet à Echo sans rien dire. Il s’agissait d’un carnet Moleskine à couverture souple noire format A4. Sur la couverture était gravé en petit « A la vie à l’amor ». Noah avait passé deux semaines à écrire dans ce carnet toute son histoire avec Echo. Lorsqu’on l’ouvrait, sur la première page, il y avait une photo polaroid selfie de lui devant la porte de la galerie où elle travaillait avec la chemise qu’il portait ce soir là. Il avait un sourire d’enfant dessus, comme amusé par ce qu’il faisait. La page suivante avait pour entête « Samedi 26 Septembre 2015 » et elle relatait leur rencontre. Sur toutes les pages, une longue narration de leur histoire du point de vue de Noah, y compris des choses qu’il avait pensé ou écrite lorsqu’elle était partie : les numéros qu’il avait appelé pour la retrouver, la carte du galeriste, la photo découpée du trombinoscope des Mather, la date du jour où il avait enfin découvert son prénom, le nom de la bouteille de champagne qu’ils avaient bu ensemble, des titres de chanson qui l’avait fait pensé à elle, etc … Une immersion totale dans son cœur amoureux dont la narration s’arrête à ce mois de Décembre. Et sur la dernière page, trois petits points qui voulaient dire « et maintenant, on va où ? ». Sans rien dire, il revint à sa place, attendant la suite des évènements.