JULES DE LACROIX ► joe collier

Ven 8 Jan 2016 - 20:42

Mather House
Si cette maison correspond si bien au De Lacroix, c'est sans aucun doute parce que, comme ses membres, il déteste qu'on lui impose une conduite, entrer dans le moule ? Très peu pour lui. Jules, il est plutôt du genre à faire et dire ce qu'il lui plaît, sans se soucier de ce que peuvent penser les autres. Parce que peu de choses lui importent et que contrairement à d'autres, il préfère se défoncer aux innombrables soirées, le seul moment où il peut réellement oublier tout du reste, de sa vie, des autres, de lui. Cette confrérie est le symbole de la liberté, de sa liberté.

Winthrop House
S'il y a bien une chose que Jules a toujours su - et parce qu'on le lui a souvent dit - c'est qu'il fait partie de ceux ayant la chance d'avoir une "gueule d'ange", un visage qui paraît trop sage pour qu'on lui reproche quoi que ce soit mais surtout, à qui l'on ferait presque confiance les yeux fermés. Alors depuis tout petit, le garçon a appris à se servir de ses charmes pour obtenir tout ce qu'il voulait et se tirer des problèmes. Et bien pour avoir du succès auprès de la gente féminine c'était pareil. Pas sentimental pour un sou, Jules aime plaire, se sentir désiré et par-dessus tout, jouer avec les autres, les filles en particulier...

Ven 8 Jan 2016 - 20:44

Once upon a time

"Jules, voici ta nouvelle famille. Ils sont très gentils, tu verras." Et blablabla, encore et toujours le même discours à chaque fois. Comme si tout ça, il ne l'avait jamais vécu. Mensonges. Cela faisait deux ans au moins qu'il avait quitté sa ville natale pour aller un peu à droite à gauche, dans ce que tout le monde appelait famille. Sauf Jules. Il n'avait pas de famille, du moins, plus. Et ce n'était pas le fait d'aller habiter chez de nouvelles personnes qui allait changer ça, aussi gentils soient-ils. Aussi aimants soient-ils. De toute manière, à quoi bon ? Si c'était pour recommencer tout ce cinéma dans trois mois, peut-être six. Qu'importe, il s'en fichait. Enfin, c'est ce qu'il laissait paraître mais en réalité, Jules ne s'en fichait pas. Ça n'avait jamais été le cas et ça ne le serait sûrement jamais. Le garçon souffrait intérieurement et ce, depuis qu'on lui avait annoncé qu'il ne pouvait plus rester avec ses parents. Ou peut-être même encore avant en réalité. Sa mère consommait bien trop d'alcool pour être capable de s'occuper de son propre enfant et quant à son père... Il n'avait jamais vraiment compris pourquoi il n'était pas avec, mais lorsque les services sociaux étaient venus le chercher, l'homme de la famille n'était déjà plus là depuis plusieurs jours. Alors oui, se retrouver dans un nouveau "chez soi" avec des inconnus qu'il était censé aimer, une nouvelle école, une nouvelle ville... Ça n'était pas facile. Surtout pas pour un garçon âgé de seulement huit ans. "Tu verras, Paris est une très belle ville. Sois heureux là-bas Jules." Mais peut-être que les choses finissaient par s'arranger, c'est du moins ce que tout laissait paraître.

Soutenant le regard noir que lui lançait la jeune fille en passant juste devant lui, Jules ne put réprimer un sourire qui se voulait à la fois amusé et satisfait. Son visage paraissait on ne peut plus calme alors que celui de la demoiselle exprimait de la colère voire peut-être même de la haine. Et c'était ça qui était bon au final, parce que ça ne faisait que confirmer le fait qu'encore une fois, il avait réussi son coup. Rien que l'on ne puisse qualifier comme étant méchant, non, mais qui soit suffisant pour agacer la brune - ou n'importe qui d'autre d'ailleurs mais là, c'était elle. "Hey Jules ! Y s'passe quoi avec Margaux ?" Regardant la fumée s'échapper de sa bouche entrouverte, un rictus ironique se dessina sur son visage avant qu'il ne tourne la tête en direction de son ami : "Rien. Juste une blague qu'elle n'a pas l'air d'apprécier." Comme d'habitude. Depuis le temps qu'ils se connaissaient, ça avait toujours été comme ça. Le De Lacroix était même prêt à parier que sa première heure de colle, elle l'avait eue par sa faute. Enfin... indirectement, il n'avait pas cherché à en arriver là mais disons que le prof n'était pas un grand fan des bavardages. "Hum... t'es sûr ? Pourtant tu lui joues ton numéro..." venait de lancer un autre avant de se mettre à rire. Jules fronça les sourcils, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir. "Quel numéro ?" Et tandis qu'il portait à nouveau sa cigarette à ses lèvres, l'autre reprenait, tout sourire : "Oh allez, elle est plutôt pas mal avoue ! Depuis le temps, j'pensais que tu t'la serais déjà tapée !" Étonné, le brun lâcha ce qui ressemblait à un rire avant de répondre, d'un ton plus sérieux : "Si je voulais me la faire, ce serait déjà fait depuis longtemps." Un sourire en coin accentuant le tout, le jeune homme n'en restait pas moins aussi sincère que possible. Ça pouvait paraître très peu modeste de sa part mais pourtant, c'était la vérité. Jules était plutôt du genre déterminé alors quand il voulait quelque chose - ou quelqu'un en l'occurrence - il l'obtenait parce qu'il faisait tout pour. Avec Margaux, c'était juste pour le plaisir de la voir s'énerver, parce que c'était drôle, non pas une manière de l'attirer dans ses filets. "Woh regardez le ! Si sûr de lui !" Des rires se firent entendre de plus belle jusqu'à ce qu'un autre n'intervienne : "Moi j'suis prêt à parier que Jules arrivera à la faire tomber à ses pieds !" Hésitant un instant, Jules tapa finalement dans la main qui lui était tendue, acceptant ainsi de relever le défi, sous les applaudissements des autres. Pourquoi pas, après tout. C'est vrai qu'elle était pas mal, Margaux.

"Jules, j'ai quelqu'un pour toi là-bas." venait-elle d'annoncer avec son habituel petit sourire qui paraissait porteur d'une bonne nouvelle. Puis elle lui tourna le dos et se mit à marcher à travers les couloirs des locaux qu'elle ne connaissait que trop bien puisqu'il s'agissait de son lieu de travail. À sa suite, Jules, qui n'affichait déjà aucun enthousiasme de base, se stoppa net en reconnaissant la silhouette apparente de l'autre côté de la porte de verre. "C'est ton père Jules, tu le reconnais ?" Question plutôt ironique. Bien sûr qu'il se souvenait de lui. Comment aurait - il pu oublier le visage de celui qui l'avait abandonné ? Celui qui n'avait eu aucune pitié à laisser son seul et unique enfant aux mains d'inconnus, un lâche, voilà tout. "Je n'ai pas de père." Il releva ses yeux bleus pour croiser ceux de l'assistante sociale qui s'efforçait de garder un léger sourire qui ressemblait plus à une grimace qu'autre chose maintenant. Jules n'était plus un enfant dorénavant, il avait grandi depuis mais surtout, il avait ouvert les yeux. Le De Lacroix avait mis du temps mais finalement il avait compris que son père était parti parce qu'il n'avait pas voulu s'occuper de son fils. Honteuse vérité que l'adolescent avait fini par reconnaître. "Fils, tu m'as manqué !" s'exclama l'homme tout sourire, écartant les bras pour inviter sa progéniture à s'y blottir ne serait-ce qu'un instant. Ce que Jules ne fit évidemment pas. Non, il se contenta de le fixer comme s'il se trouvait véritablement face à un inconnu et ne bougea pas d'un millimètre. "Qu'est-ce que tu veux ?" Et voilà la seule question qui lui importait en cet instant. C'est vrai, après toutes ces années sans aucune nouvelle - dix très exactement - le voilà qu'il réapparaissait comme s'il n'était jamais parti. Pour Jules, c'était évident qu'il avait quelque chose derrière la tête.

[...]

"Il est là pour toi. Il est venu te chercher pour que tu ailles vivre avec..." Ah la bonne blague. Il ne savait même pas ce qui était le pire dans tout ça : le culot de son père ou bien le fait que les services sociaux soient d'accord avec ça. "Il veut te montrer qu'il a changé, rattraper le temps perdu... Il est ta véritable famille..." L'assistante n'eut même pas le temps de terminer sa phrase, interrompue par Jules, un très fin sourire ironique dessiné par ses lèvres. "Ah c'est donc de ça qu'il s'agit maintenant : de "véritable" famille ! J'ai déjà une famille qui, elle, ne m'a pas renié dès la moindre occasion. Je suis bien là-bas." C'était vrai. Si le De Lacroix était loin d'être tous les jours facile à vivre, il n'en était pas moins reconnaissant envers ceux qui le traitaient comme leur propre fils et ce, depuis plusieurs années maintenant. Une grande première. Il croyait même avoir entendu parler d'adoption une fois, mais visiblement il était trop tard. "Je suis désolée Jules, mais c'est ce qui est le mieux pour toi, j'espère que tu le comprends." Se levant d'un bond, dépassant ainsi la jeune femme qui commençait sérieusement à l'agacer, il ajouta seulement : "Vous ne savez pas ce qui est le mieux pour moi." Puis il quitta la pièce en claquant la porte derrière lui, sachant pertinemment qu'on ne lui demandait pas son avis, de toute façon.

"Je sais même pas comment j'ai pu te croire..." Et voilà. Elle venait de découvrir la vérité, fallait bien que ça éclate un jour ou l'autre. Eux deux, ça n'avait été que l'histoire d'un paris. Et maintenant, elle allait le détester pour le restant de ses jours, encore plus qu'auparavant. Sauf que cette fois, aucun sourire sur le visage du garçon ne montrant une quelconque satisfaction ou fierté. Parce que cette fois, ça n'était pas le cas tout simplement. Ouais il avait gagné ce foutu paris mais malheureusement pour lui, il s'était entiché de la demoiselle. Piégé à son propre jeu. Sauf que ça, bien sûr, elle ne le savait pas, parce que lui-même avait du mal à le reconnaître. Trop peu sentimental mais surtout trop lâche pour affronter les choses en face. Jules, il était comme ça, du genre à ne pas croire en l'amour et toutes ces conneries. Du genre à ne pas croire en lui. Alors dès qu'une chose de bien pointait le bout de son nez, il fallait toujours qu'il foute tout en l'air, c'était plus fort que lui. Il aurait pu la retenir, essayer au moins, mais non. Un air détaché sur le visage, le lycéen se contenta simplement de répondre un "Moi aussi." qui ne risquait certainement pas d'arranger la situation. Et qui ne faisait que confirmer les pensées de son désormais, ex petite-amie. "T'es vraiment trop con." Tels furent ses derniers mots avant qu'elle ne tourne le dos, marquant ainsi la fin, leur fin. Ouais, il était stupide Jules et il le savait bien. C'était d'ailleurs la seule chose qu'il savait réellement de lui.

"C'est quoi ça ?" lança Jules à l'attention de son père, papier en main, qui lui répondit, tout sourire : "Nous partons aux États-Unis !". Euh wait, c'était quoi, une blague ? Que voulait-il dire par là, des vacances ? Ah ça, il aurait préféré mais depuis quand vendait-on sa maison pour simplement partir en vacances ? Non, le jeune homme savait très bien en réalité, ce que ce papier signifiait, mais il avait comme l'impression qu'on lui avait omis certaines informations. "Quoi ? Tu te fiches de moi c'est ça ?" Son ton se voulait ferme, ne cachant pas le moins du monde son agacement. "Non, j'ai eu une promotion, nous partons le mois prochain." Ah, ah, ah. Et il lui annonçait ça comme ça ? Maintenant ? Comme si c'était la meilleure nouvelle de l'année, comme s'il s'attendait à ce que son fils le prenne dans ses bras, oubliant ainsi tout de leur passé. Mais ce n'était pas le cas. Et Jules ne voulait pas partir, surtout pas comme ça du jour au lendemain, qui plus est sur un autre continent où la seule personne qu'il connaîtrait serait son... père. "Et pour mes études ? Je n'ai pas envie d'y aller." Ouais bon, c'était l'excuse bidon de base mais pourtant tellement véridique. S'il ne s'était jamais renseigné sur les universités américaines, il se doutait bien que ça ne marchait pas comme en France et qu'il ne pourrait pas débarquer comme ça et continuer là où il en était. Mais bon, ça n'était pas ce qui l'importait, il ne voulait pas y aller, c'est tout. Pas besoin d'avoir de raison particulière pour vouloir rester chez soi. "Ne t'inquiète pas pour ça, je me suis déjà occupé de tout, tu rentres à Harvard à la rentrée." Jules ne put se retenir de rire. Harvard ? C'était bien ce qu'il venait de dire ? Cette école qui était censée accueillir les meilleurs élèves, ceux destinés à accomplir de grandes choses et qui par-dessus tout, devait coûtait une fortune ? C'était bien de cette école qu'il parlait ? Non mais c'était du grand n'importe quoi. D'accord, le jeune homme avait pour habitude de se sous-estimer de ce côté mais quand même, on parlait d'Harvard là. Parmi toutes les université possibles, il avait fallu que son père choisisse celle-ci. Mais que voulait-il donc à la fin ? Après l'avoir récupéré à ses seize ans, il se préoccupait maintenant de ses études et de son avenir. "Je ne parle pas anglais." Deuxième excuse complètement bidon. Et fausse qui plus est. Les langues, c'était là où il avait toujours eu les meilleures notes, allez savoir pourquoi... Mais ce n'était pas ses heures de cours au lycée qui allaient lui permettre de se fondre dans la masse et de ne pas se ramasser des zéros en cours parce qu'il ne comprendrait rien. Non, Jules n'avait vraiment pas envie de partir. Le problème dans tout ça, c'est que, s'il décidait de rester là et de prendre son indépendance totale, il ne s'en sortirait pas. Parce qu'il n'aurait pas le soutien financier de son père, c'était certain. Alors c'était soit le suivre à contre coeur à l'autre bout du monde, soit finir à la rue ici. Autant dire qu'il n'avait pas vraiment le choix....

S'il lui avait dit qu'il irait à Harvard, son père avait oublié de lui mentionner qu'il n'était que pré-inscrit et que Jules devrait subir plusieurs entretiens avant d'avoir le verdict décisif. Et ça, ça l'agaçait profondément, encore plus que tout le reste. Passer dans le bureau du directeur et en plus d'un psy... Non mais franchement, comme s'il n'avait que ça à faire. Qu'on ne vienne pas lui demander de raconter sa vie parce qu'il en était hors de question. De toute manière, son géniteur lui avait gentiment demander de faire en sorte que cela passe "bien". Après tout, un élève étant passé de familles en familles durant son enfance, ça n'était pas forcément bien vu chez eux. C'est du moins ce que Jules se disait. "Alors, comment ça s'est passé ? Ils t'ont trouvé comment ?" Hum, c'était bien là la seule chose qui l'intéressait vraiment. Parce que s'il n'était pas accepté à Harvard, il faudrait bien que le De Lacroix aille quelque part et ce serait à son géniteur de faire le nécessaire pour tout arranger, puisque c'était lui, à la base, qui voulait qu'il fasse ses études dans cette université. Lui, pas Jules. Mais bien sûr, le garçon avait du se montrer un minimum motivé et heureux à l'idée d'y faire son entrée. "J'en sais rien, on verra." Heureusement pour lui - ou pour son père plutôt - malgré son sale caractère et son côté je m'en foutiste, il restait un très bon élève, avec un bon dossier scolaire donc. Parce que travailler, par moments, ça lui permettait de ne penser à rien d'autre et d'être tranquille, sans personne pour venir lui casser les pieds. Mais surtout parce que, encore une fois, Jules comptait bien un jour ou l'autre "se casser", ne plus dépendre de son père et de son argent. Et le seul moyen d'en arriver là, c'était d'avoir un bon travail, un travail qui paie bien. Avec un diplôme d'une bonne université, comme celle d'Harvard par exemple.

(Invité)