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Temps lourd, soleil éclatant. Voici la première vision qui s'offre à mon regard neuf causé par une excellente et interminable nuit de sommeil. Les rideaux rabbatus sur le côté me permettent d'admirer la splendeur de Cambridge, ou plus précisément de Central Square. Quelques gouttelettes provenant de ma douche de tantôt chatouillent ma nuque et mon cou, me procurant un instant de fraicheur tant agréable que j'aurais préféré qu'elle demeure d'avantage. Pourquoi ne suis-je pas resté sous cette cascade d'eau glacée ? Me dis-je alors que je frictionne mes cheveux brun, les rayons de l'astre aidant à leur séchage. Cependant, il est impératif que je sois à l'heure -espérons qu'elle ne soit pas trop pointilleuse si j'ai quelques minutes de retard - en raison d'un rendez-vous au café fixé pour deux heures et quart. Cette fille est très jolie et il serait dommage de me montrer aussi impoli pour un second contact, de plus j'ai une certaine réputation à entretenir. Je passe pour un véritable gentleman en mettant en avant mes bonnes manières, et en affichant cet éternel sourire charmeur - se troquant toutefois contre une grimace lorsque mon interlocuteur m'importune.
Je jette un regard furtif en direction de l'horloge murale qui me révèle quelque chose qui me déplait un tantinet : je n'ai plus que vingt minute pour me préparer. Même si la toilette s'est déjà déroulée précédemment, il me reste toutefois à m'habiller avec soin, révélant ainsi un goût très prononcé pour l'apparence, et marcher sans m'éreinter jusqu'au lieu dit. Je me relève aussitôt, manquant de renverser dans le feu de l'action une pile importante de bouquins universitaires. Ceux-ci traitent principalement la folie et l'âme, quelques ouvrages de Jung, et bien évidement la merveille de Jeanne Siaud-Facchin sur les Sur-doués. Beaucoup pensent à tord que tous les petits intellos sont des sur-doués, mais il peut aussi s'agir du trouble-fête mettant ses pieds sur la table comme du poète idéaliste... Un soupir passe la barrière de mes lèvres tandis que je fouille désespérément dans ma commode à la recherche de mes frusques favorites parmi tant d'autre. Malgré mes efforts, je ne parviens à dénicher mon parfait cardigan à motif aztèque et me rabas sur un simple slim vert retroussé, d'un marcel en lin immaculé, d'espadrilles inspiration navajo et de ma barbe de trois jours. Je m'égare quelques minutes sur mon reflet parfait : quelques airs de bohèmes mélangée à de l'assurance non négligeable.
Tout en me saisissant de ma besace en daim fétiche, et de mon perfecto clouté dans le dos et sur le col, je passe le pas de ma porte tout en prenant soin de refermer après mon départ. Les escaliers interminables me freinent un chouillat dans ma descente, cependant je ne m'inquiète aucunement puisque je n'ai que dix mètres à faire afin de m'y rendre. Les murs étouffant qui m'oppressent me font presque suffoquer : j'ai hâte de respirer l'air un brin polluée de Cambridge, et de m'élancer à la rencontre de cette charmante demoiselle. Je manque de renverser le concierge dans ma précipitation lorsque j'aperçois la sortie, vers laquelle je tends les bras. Sous les injures du mal aimé, je chemine sur le macadam. La foule baigne dans la chaleur, se poussant de toute part sans faire attention à autrui. Je suis presque obligé de continuer ma route en dehors du trottoir, mais je ne préfère pas en raison du trafic assez impressionnant. Des enfants réclament leur parents perdus dans la masse, ces derniers hurlant à tue-tête leurs prénoms dans l'espoir que cela puisse les ramener plus facilement sous leurs ailes protectrices.
Sans me formaliser mon entourage, je continue la démarche élégante et souple en direction du Luna Caffe dont le service me ravit toujours autant : ils sont les seuls à accepter les gentils étudiants venant pour lire un bouquin, ne consommant qu'une boisson tout au plus. Il ne me reste plus que quelques pas avant de pouvoir siéger à sa terrasse. Avant tout, je cherche des yeux mon rendez-vous que j'aperçois pour mon grand dam à une table. Contrarié de mon retard, je progresse vers elle, un sourire comme pour m'excuser et attrape la chaise lui faisant face.
«Excuse-moi, je suis toujours nerveux lorsque j'ai un rencard.» je murmure même si cela est faux.
thekillingmoon
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