(nephorphée) de ton coeur à tes lèvres.

de ton coeur à tes lèvres.
mise en page par mad loveLa cigarette, l’air de rien, comme ça te manquait. T’avais vécu des histoires d’amour bien plus intenses avec tes clopes qu’avec certains mecs, en vérité. Tu les avais enchainé, les uns après les autres, les unes après les autres, pour ton cul, pour tes lèvres, pour ta bouche. Elles étaient aussi utiles pour ton bien être qu’un mec. Tu les aimais passionnément avant qu’elle ne te brise les poumons et te fassent tousser, avant qu’ils ne te brisent le coeur et ne te fasse pleurer. Mais au moins, elles, elles restaient toujours. Et tandis que l’une d’entre elle s’amusait à mourir sur tes lèvres, tes doigts se glissaient dans les cheveux de ta petite Nephertys, petite mais pas tant que ça. La chambre avait une odeur de clope et de joint, pas difficile d’en trouver dans les quartiers des mathers, mais la princesse que t’étais aimais bien cette odeur. T’étais une princesse un peu souillée sans cesse. Tu baissas les yeux vers elle ; allongée contre ta poitrine, toutes les deux une clope en bouche, perdues dans vos pensées : le programme d’une de ses après midi banales où vous ne faites rien que vous serrer l’une contre l’autre en vous brûlant les poumons. Tu aimes ce genre d’après midi. Tu viens nicher lentement ton nez dans ses cheveux, le frottant doucement contre son visage en baillant. « Comment tu vas, Neph’ ? » Tu finis par dire en soufflant ta fumée vers le plafond avant de retourner ronronner tendrement contre elle.

Des silences. De doux silences. De beaux silences. Des silences bien plus précieux que les mots, même les plus profondément ancrés de sens. Et, Dieu sait à quel point tu aimes les mots pourtant. Doux, puissants, précis, violent parfois aussi. A manier avec précautions, toujours. Mais, toi t’aimes bien ça, jongler avec les sens. T’es pas toujours très douée à l’oral mais, à l’écrit, tu sais faire chanter les mots, leur donner plus de sens qu’on ne pourrait l’imaginer, glisser des non-dits de ci, de là. Cependant, avec Orphée tu as toujours préféré les silences. Les mots amènent à des questions, et bien que certaines te tournent en tête depuis quelques temps, tu préfères les taire. T’as pas tellement envie de te creuser la tête au sujet de ce qui est dans la norme ou non. La tête sur sa poitrine, la fin de ta cigarette dans la bouche, tu chasses ces pensées qui reviennent en soufflant la fumée. La cigarette, ce n’est pas tellement ton truc. T’as un peu de mal avec l’odeur, surtout celle du tabac froid. Ton truc à toi, c’est l’herbe magique du pays des tulipes. Celle qui t’emmènes ailleurs, qui te fait doucement planer. T’en aurais bien allumé un mais, vu l’état dans lequel tu termines chaque fois qu’elle est près de toi, t’as décidée de t’en passer. Du moins, jusqu’à ce que ton corps se mette à trembler, te signifiant que le manque est trop grand. Et, faut croire que ça ne devrait pas tarder. Tu souffles doucement, tirant encore une fois sur ta cigarette. Tu sens ses doigts se glisser dans tes longs cheveux et son nez se frotter doucement contre la peau de ton visage avant que sa voix se fasse entendre. Un frisson te parcours l’échine et tu soupires doucement. J’crois que je pourrais rester comme ça à peu près toute ma vie. Et toi, ça va dis ? Ta voix est douce, faible, presque inaudible et un sourire ce dessine sur tes lèvres. Tu lèves doucement les yeux et tourne la tête pour la regarder un peu. Elle est vraiment jolie Orphée, peut-être un peu trop même.

de ton coeur à tes lèvres.
mise en page par mad loveT’étais bien là. Reposée, tranquille, comme un gosse dans le ventre de sa mère. T’aurais sans doute pu rester là pendant des jours et des mois à simplement regarder le plafond comme s’il allait subitement changer de forme ou de couleur et devenir plus intéressant. Mais non, le silence surplombait la pièce depuis plus d’une heure et seule l’odeur de la cigarette allait en s’intensifiant tant tu te les enfilais les unes avec les autres, bien heureuse pour une fois de ne pas être dans ta chambre de cabot où tes colocs n’appréciaient pas plus que ça la fumée. Ici, tout te semblait naturel et calme, t’avais encore pris aucune drogue et pourtant tu te sentais bien. Peut-être que ça devait ressembler à un truc dans le genre, le bonheur. Une fille, une clope, un lit. Non, sans doute qu’à force tes besoins d’exploration referaient surface. Mais pour le moment, t’étais aussi active qu’un paresseux en pleine journée et pourtant cela te plaisait. Tu sais que Nephertys n’aime pas trop la clope mais elle ne semble rien dire depuis tout à l’heure, alors toi non plus tu ne dis rien, te disant qu’elle finirait bien pas aller s’allumer un joint comme toujours. Seulement elle ne le fait pas. « Tu t’allumes rien d’un peu plus épicé, ma douce ? » Tu fais d’une voix à l’image du surnom que tu viens de lui donner tandis que ta main se perd dans ses cheveux bruns. Cela t’étonne qu’elle ne le fasse pas, mais au fond elle fait comme elle veut. Seulement, c’est comme une habitude entre vous. Depuis ton bad trip tu touches un peu moins à tout ce qui est herbe magique, ou vraiment exceptionnellement, tu t’es repliée sur tes clopes qui ne sont pas du meilleur effet pour tes poumons mais… T’es comme tu es. Elle répond alors à ta question et tu souffles ta fumée avant de croiser son regard, lui adressant un petit sourire. « Pareil. » Tu réponds d’abord, tout simplement avant de te pencher un peu pour embrasser son front, puis sa joue, enfin le coin de ses lèvres sans vraiment y penser. « T’es trop mignonne toi, tu le sais ? » Tu t’étires légèrement, une mèche de tes longs cheveux blonds te tombant sur le front.

Elle est douce, Orphée. Elle est gentille aussi, puis, très attentionnée. Elle fait attention à toi, à sa façon, même si en soi ce n'est pas très bon pour elle. Lorsque sa question teinte à tes oreilles, tu affiches un léger sourire. Depuis qu'elle a fait son bad trip, tu essayes d'éviter de trop toucher à ta boite magique en sa présence. C'est trois fois rien comme ça, mais, c'est un peu ta façon à toi de lui rendre l'attention qu'elle te porte. Orphée, t'aimerais la protéger de tout. La prendre, l'emmener loin, la mettre dans une petite bulle pour que jamais les mauvaises choses de la vie ne puissent l'atteindre. Le truc, c'est que t'es pas capable de ça et, qu'elle ne le voudrait sûrement pas. Elle est du genre aventurière, exploratrice, elle aime ça, se frotter à tout et se retrouver dans une petite bulle protectrice la tuerait probablement à petit feu. Tu ne veux pas la tuer, Orphée. Tu l'aimes bien trop pour lui faire du mal, de quelque manière que ce soit. Timidement tu hoches la tête pour lui signifier ton refus. Ton corps semble tenir le coup pour le moment, alors tu peux attendre encore un peu. Tu tires sur ta cigarette une nouvelle fois alors qu'elle glisse ses doigts dans tes cheveux et son nez sur ton visage et que sa voix, mélodieuse, résonne une seconde fois, te demandant comment tu vas. Un sourire un peu large se dessine sur tes lèvres, comme s'il était possible que ça n'aille pas, près d'elle. Orphée, c'est un peu ta bouffée d'oxygène quand la vie t'étouffe. T'as besoin d'elle et chaque instant en sa présence rend les choses beaucoup plus agréables. Tout pourrait s'écrouler que ce sourire te resterait marqué sur le visage. Lui retournant la question, tu lèves légèrement les yeux pour l'observer. Tu as déjà détaillé son visage de nombreuses fois, sous tous les angles mais, chaque fois que ton regard se pose dessus, c'est comme si tu le redécouvrais en intégralité. Toujours aussi frappée par sa beauté. Orphée, elle a ce truc que tu ne sais pas qualifier. Elle respire la bienveillance, la douceur, la sérénité. Et, quand t'y penses, elle est peut-être la chose la plus stable de ta vie. Perdue dans la profondeur de ses jolis yeux, tu la vois se pencher et déposer ses lèvres sur ton front. Tes yeux se ferment, tu inspires fort. Puis, tu sens le contact s'interrompre, sa bouche quitte ta peau et l'espace d'un court instant ton cœur se serre, tu retiens ton souffle. Encore. Ton être supplie intérieurement et, presque comme si elle avait infiltré ton esprit, ses lèvres viennent trouver ta joue, puis le coin de tes lèvres. Puis, elle s'ouvre légèrement, sa bouche, et vient te souffler que tu es mignonne. Tu souris encore un peu plus, l'air niais sur le visage avant de soupirer un peu malgré toi. Mignonne, tu trouves ? Ton interrogation trahis légèrement ta surprise. T'es pas tellement habituée aux compliments, puis, ses mots ont toujours eu une importance singulière à tes yeux. Tu relèves doucement le visage pour venir nicher ta tête contre son cou et respirer son parfum. Tu l'aimes, Orphée. Tu ne sais pas trop comment mais, bordel, ce que tu l'aimes.

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