Can't get you out of my head ☼ Kara

Fini. Tout était fini, on ne se voyait plus, ne se parlait plus, comme si rien n'avait jamais existé. Elle faisait sa vie et je menais la mienne misérablement, me bourrant la gueule la nuit, regrettant le lendemain matin à cause du mal de tête. Mais hier soir je n'avais rien fait, pas de femmes nues dans mon lit, aucun goût d'alcool dans la bouche, juste un cœur brisé et l'envie de rester au lit toute la journée. Et pourtant je trouvais la force de me lever, de me diriger vers ce café, ne réfléchissant plus, tel un robot qui avait sa matinée préprogrammée. Ouais, voilà ce dont à quoi on pouvait me relier : une machine. Après tout, mes journées se ressemblaient, s’enchaînaient l'une après l'autre avec pour seule changement la femme qui finissait dans mon lit. Chaque matin commençait par un café et chaque nuit se finissait avec une bière, un sourire toujours scotché sur les lèvres, donnant l'impression aux autres que ça allait bien. Pourtant, tout s'effondrait à l'intérieur petit à petit, me donnant envie de m'isoler de plus en plus, de vivre dans ces rêves où elle était là, me tenant la main et me souriant. « Un café ». Ouais histoire de me réveiller un peu plus, de me faire réaliser qu'elle était partie et qu'elle ne reviendra pas. Mais, comme le destin adorait jouer avec moi, il fit en sorte qu'elle soit là, à une table, buvant sa boisson. Sans réfléchir je me dirigeais vers elle, m'asseyant en face, un grand sourire aux lèvres et mon café brûlant dans ma main. « T'as l'air de bien te porter, laisse moi deviner, tu t'es trouvé un nouveau jouet ? »

Plusieurs semaines qu'ils n'étaient plus rien l'un pour l'autre. Une énième tromperie qu'elle n'a pas supporté, marre de ces écarts de conduite qui lui pourrisse le cœur. Elle était partie en claquant la porte derrière elle, aucun retour possible, sur le moment tout du moins. Sa tête elle, ne pouvait pas s'empêcher de passer à ce grand blond qui la rend dingue. Kara déteste ça, de ne pas réussir à se sortir un type de son crâne, d'avoir le cœur meurtri par cette sensation de manque. Elle fait bonne figure, mais ça ne trompe pas toujours, elle rêve de retourner dans ses bras. Mauvaise idée, la Dunster préfère se changer les idées en s'occupant, peut-être qu'il finira par s'échapper de ses pensées, mais il faut laisser le temps faire, comme toujours. Sauf qu'elle est impatiente, trop de souffrance qu'elle n'arrive pas à gérer, ce qui provoque parfois trop de débordements. La blonde commençait la journée paisiblement en commençant par boire un café à la table d'un café, mais sa journée risque de ne pas être aussi tranquille qu'elle le souhaiterait. Damon, le seul, l'unique, fait son apparition. Son cœur se resserre, tout comme sa mâchoire, tentant de ne pas se laisser dépasser par ses émotions et son manque de ... lui tout simplement. « Dans le mille, j'ai décidé de suivre ton exemple » Elle sirote son café en redressant ses yeux vers le blond « De serial baiseur » Pour un gigolo qui baise tout ce qui bouge, ça le connait, ça doit être une méthode qui marche.

Si je m'attendais à un accueil chaleureux ? Bien sûr que non, plutôt à des cris, de la haine, des pics, tout ce que vous voulez qui est le contraire d'amical. Pourtant à une époque nous nous comprenions, passant énormément de temps ensemble mais ma peur de l'abandon avait tout gâché, cette tentation que représentaient les autres femmes avait eu raison de notre couple. Et maintenant, regrettant mes actes, je passais mon temps à boire, me droguant de temps en temps mais surtout en couchant avec d'autres. Chose qui ne semblait pas avoir échappé à Kara qui me répondait avoir décidé de suivre mon exemple « de serial baiseur ». Ma main se resserra autour de mon verre tandis qu'un sourire s'affichait sur mon visage dans le but de cacher cette rage qui montait en moi. Elle ? Avec un autre homme ? Une blague. Ouais ça devait être un jeu pour elle, une courte distraction, bientôt elle passerait à autre chose, le tricot par exemple. En tout cas c'était ce que j'espérais, qu'elle laisse tomber toute cette histoire de vengeance, qu'elle reste sage et me revienne le plus vite possible. Mais tout ça je ne pouvais lui dire, malgré mes doigts qui brûlaient au contact de la tasse brûlante, malgré ma mâchoire qui se serrait et mon cœur qui s'émiettait à la pensée de son corps nu dans les bras d'un autre. « Tu suis l'exemple d'un type que tu détestes ? Original. » répondis-je avant de prendre une gorgée de cette boisson qui me cramait la langue. Bluffait-elle ? Aucune idée, Kara était capable du meilleur comme du pire, tout dépendant de son humeur. « Mais bon si tu veux vraiment emprunter cette voie-là, laisse moi te donner un conseil... » commençais-je à dire, me penchant en avant, prenant appui sur la table. « Ne tombe pas amoureuse, tu risquerais de le regretter ».

La Dunster n'allait pas l'accueillir à bras grand ouvert, elle espérait même ne plus jamais le revoir, pas après ce qu'il lui a fait. Quelle idiote d'avoir succombé à nouveau à son charme, comme toutes ces crétines qui se retrouvent tous les soirs dans son lit. Rien qu'en y pensant, elle a envie d'en vomir. Au final, il va réussir à la dégoûter de lui. Si c'est possible, elle a du mal à l'oublier. Les sentiments sont étranges. Il se tient devant elle, elle fait en sorte de l'agacer, espérant quand même au fond que lui dire qu'elle s'est trouvée une nouvelle occupation en couchant avec d'autres, allait provoquer quelque chose chez lui, mais il sait garder ses sentiments cachés ou alors, il s'en moque royalement, elle ne sait pas. Il se permet de lui donner quelques conseils, comme de ne pas tomber amoureuse par exemple. Elle se penche à son tour vers lui « Ça m'est arrivé une fois, j'ai compris ma douleur » son regard ancré dans le sien, c'est bien de lui dont elle parle. « De toute façon, ce que je fais ou non, ça ne te regarde pas » Reprit-elle en se reculant, appuyant son dos contre le dossier de sa chaise.

Ne tombe pas amoureuse, Kara, je t'en suppliais, chaque parcelle de mon être était prêt à te prouver que j'étais le seul homme fait pour toi, que les autres ne seraient que de passage parce qu'au fond, nous deux, ce n'était pas fini et ça ne le serait jamais. Mon cœur continuerait de s'accélérer à chaque regard que tu me lançais, à chaque toucher de ta part et il se briserait sous l'effet de tes piques. Penchée vers moi, tu m'avouais avoir été amoureuse, prétendais que la leçon avait été retenue comme si plus rien n'était possible entre nous. Fronçant les sourcils, je t'écoutais parler, réalisant petit à petit qu'on avait tous deux trop changés pour se comprendre. Et pourtant je voulais me battre, pour toi, pour te reconquérir mais ma lâcheté m'en empêchait. Toi, ce petit bout de femme avec qui j'avais l'habitude de jouer, de plaisanter à notre adolescence, tu ne te laissais plus faire. « T'as raison » avouais-je, hochant lentement la tête, resserrant ma main autour de ma tasse. « Ta vie ne me regarde plus, je ne peux plus t'empêcher de faire des conneries alors couche avec qui tu veux, passe pour une pute si c'est ce que tu désires... » la provoquais-je, parlant lentement pour qu'elle percute le sens de mes mots. Il était temps qu'elle comprenne, à chaque fois qu'elle me rejetterait cela me découragerait un peu plus. Certes, elle méritait beaucoup mieux que ce que je pouvais lui passer mais je ne pouvais m'empêcher de vouloir être celui qui était essentiel à son bonheur. « T'es plus mon problème » lâchais-je finalement, relevant le regard pour le planter dans le sien.

C'est trop dur de lui faire face, chaque fois que son regard croise le sien, elle sent son cœur se fissurer à nouveau. Elle veut faire bonne figure, ne pas montrer à quel point toute cette histoire pouvait l'affecter, c'est Kara Rosebury, rien ne peut l'atteindre, elle toujours su en donner l'illusion, alors pourquoi sa gorge se noue encore quand elle s'adresse à lui? Il s'est joué d'elle, elle ne peut pas changer ça, il faut qu'elle encaisse en silence ces blessures. Etre piquante, montrer que ça ne la touche plus alors que c'est l'inverse. Suivre son exemple et s'amuser dans les bras d'autres hommes, c'est ce qu'elle fait, en tout cas c'est ce qu'elle tente de faire croire, elle veut le blesser en retour, lui faire sentir la même douleur dans son cœur. Mais rien ne semble l'atteindre à lui, non, évidemment Hercule se fout de tout. Qu'est-ce qui l'a autant changé? Ce n'est pas Kara qui l'a trahis, rappelons-le. Elle voit rouge quand il la traite de pute, ses doigts se resserrent contre sa tasse, elle sert les dents, elle s'imagine lui jeter cette boisson chaude à travers la gueule, mais rien. « Amusant, venant de la part du seul homme que j'ai aimé et qui m'a trahis... Dis-moi ce que ça fait de toi alors? » Elle arque un sourcil en portant sa boisson à ses lèvres, ses yeux dans le sien. Respiration coupée quand il lui dit à voix haute qu'elle n'a plus aucun intérêt pour lui, ça la blesse, évidemment que ces remarques qu'il lui bazarde à travers la figure ont des répercutions. « Si je ne suis sincèrement plus ton problème... tu peux me dire ce que tu fais à ma table? » Allez Hercule, pour une fois abaisse ce mur, montre-lui qu'elle n'est pas aussi insignifiante que tu oses le prétendre!

Je n'étais qu'un idiot, un paresseux qui se refusait de bouger ne serait-ce le petit doigt pour reconquérir la femme en face de moi, celle que j'avais trahis et que je me refusais à aimer. Ouais, l'image du mec fidèle qui se dévoilait facilement ne m'allait pas, cet homme qu'on qualifiait de sensible s'était refermé pour ne laisser paraître qu'un faux sourire, qu'un bonheur illusoire. Comme si ce que j'avais maintenant me suffisait, que je n'avais pas besoin de plus que des femmes d'un soir. Parce que rien ne m'obligeait à suivre des règles, à me comporter en homme, ce mode de vie me libérait presque de toutes mes responsabilités et pourtant je revenais toujours vers elle, cet ancien amour qui me hantait depuis maintenant des années. Nos photos que je regardais parfois le soir, une bouteille de whisky à la main, faisait de moi le cliché de l'homme malheureux et lâche. Kara aussi avait remarqué que je bluffais depuis tout à l'heure, me demandant alors ce que je foutais ici, à lui donner des conseils – ou plutôt des ordres – sur l'amour. Et moi, j'étais là, à l'observer, mon regard planté dans le sien, ne faisant plus attention aux personnes qui passaient à côté de nous pour chercher une table où s'asseoir. « Disons que j'étais nostalgique » répondis-je un sourire moqueur aux lèvres, évitant un peu la question, mentant sur mes véritables intentions. Qu'est ce que j'y pouvais hein ? Le mensonge coulait dans mes veines, comme si j'étais né avec ce putain de défaut qui me ruinait la vie. « Tu sais si je dérange dis le franchement ! D'ailleurs c'est bizarre que tu ne m’aie pas déjà viré de la table, ta future conquête t'aurait-elle planté ? »

Il y a quelque chose qui la lie à lui et elle n'arrive pas à couper ce fil invisible. Chaque fois qu'elle lui fait face, non seulement elle ressent cette souffrance qu'il lui fait subir et en plus de ça, son cœur n'arrive pas à arrêter de battre pour lui. C'est terrible, plus jamais elle ne veut de sentiments ou autre, ça la pourrie de l'intérieur et elle ne veut pas être une de ces filles qui se lamente sur l'être aimé, elle ne veut pas être faible devant les autres. Pourtant, c'est en partie un cœur d'artichaut. Cet idiot lui manque, mais elle ne peut pas laisser aller ce sentiment, elle doit le brûler, elle doit brûler chaque sentiments qu'elle a pour Hercule. C'est compliqué à mettre en oeuvre. Bien, elle encaisse tout ce qu'il a à dire, mais qu'est-ce qu'il fout ici clairement s'il n'en a plus rien à foutre d'elle? De la nostalgie, elle ne peut pas s'empêcher d'émettre un mince ricanement à cette réponse et il rebondit ensuite, parlant de future conquête ou peu importe « Est-ce de la jalousie? » Demande-t-elle en affrontant son regard, le connaissant, il se défilera une nouvelle fois, pourquoi poser la question alors qu'elle sait pertinemment qu'il lui balancera à nouveau qu'il n'en a rien à faire d'elle. « Ça semble inimaginable que je sois venue ici seule? » Qui dit qu'elle attendait qui que ce soit?