Trois jours. Ca fait trois jours que je suis hospitalisé et je le sens déjà passer. Déjà, je suis dans une chambre stérile parce qu'aucun microbe ne peut m'atteindre si on ne veut pas que je meurs d'une angine. Je suis carrément isolé du monde. J'ai le droit à une visite à la fois et les gens qui doivent venir me voir doivent passer des millions d'étapes pour se désinfecter. J'ai commencé le traitement du médecin de San Francisco, une espèce de chimio différente de celles que j'ai déjà fait. J'me sens faible et les médecins disent que c'est normal, que les premiers jours sont les pires. J'ai demandé à ce qu'on me rase les cheveux à rat pour éviter que tout tombe au fil du traitement et que j'en foute partout. On est mardi et je regarde la télé, assis dans mon fauteuil de chambre avec ma perfusion. Enfin, j'essaie de rester éveiller devant la télé quand j'sens mes paupières s'alourdir. J'm'endors petit à petit, la tête penchée en avant avec la bouche à moitié ouverte comme un idiot.
(Jude Montgomery)