MAXAZRIA W. COX ► adèle exarchopoulos

C'est bien connu, avant de devenir un monstre il faut avoir connu l'humanité. À l'origine de toutes méchancetés il y a d'abord quelque chose de brisée. Dans mon cas, c'est le coeur. Je suis née libre de tous préjugés, au centre de Los Angeles, là où la norme porte des paillettes. Il n'y avait ni tabou ni couvre-feu. Ma mère avait toujours été honnête avec moi, mon père aurait bien pu être l'un ou l'autre des cinq ou six hommes qu'elle voyait à l'époque. Elle n'avait jamais cherché à confirmer la chose, trop fière pour oser demander l'aide d'un homme, financière ou autre. Je n'ai jamais manqué de rien, je n'ai jamais jalousé mes voisins, je n'ai jamais cru que ma réalité sortait de l'ordinaire. J'ai grandit ainsi, un peu seule, mais heureuse.

Jusqu'à tard dans ma jeunesse la sexualité n'avait pour moi aucun attrait. Homme comme femme ne m'inspirait la moindre envie d'intimité plus grande que celle que l'amitié accompagne. C'est à 18 ans que je l'ai rencontré ce premier désir, mais je dû attendre une éternité de trois ans avant même de pouvoir la frôler. La distance tue, la distance rend aveugle, fait du mensonge une seconde nature. Il ne me fallut qu'une semaine avant de tomber pour elle, avant même que je ne réussisse à l’apercevoir en photos. Elle incarnait pour moi la perfection, l'absolue révélation. Je me convainquait rapidement que c'était le destin qui avait bien voulu nous réunir, que c'était pour elle que je m'étais préserver tout ce temps alors qu'en fait... je ne l'avais même pas espérer en rêve. Tout de suite il y eu quelque chose d'aussi malsain que magnifique entre nous. Du jour à la nuit nous échangions des mots doux, des surnoms maladifs, des pronoms possessifs. Elle à Paris, moi à LA, nous n'avions rien pour nous satisfaire la soif infini que représentait notre tout premier baiser. Privé de tout risque superficiel, nous apprenions à nous connaître intensément, profondément. Jamais personne ne m'aura connue aussi bien que cette étrangère de l'autre côté de l'océan. Elle était ma première et je souhaitais si fort qu'elle soit mon ultime. J'étais pour elle simplement la première femme. Elle m'a fait croire que j'étais spéciale, assez pour lui couper l'envie de retourner se faire posséder ailleurs. Après deux ans, je pris l’initiative de notre réunion, m'inscrit à l'université Paris-Sorbonne et décidai de la rejoindre sans plus attendre.

C'est le cœur ensorcelé d'un rythme endiablé que je descendis de l'avion.  Je ne peux plus compter le nombre de fois où je m'étais imaginer ce moment précis, ce premier regard, cette première étreinte et puis inévitablement, ce premier baiser. Avec les mots ''âmes soeurs'' tatoués sur les lèvres, j'ouvris grand les yeux pour la repérer. Un pas et puis un autre. Une épaule qui me bouscule et me fait grimacer d'impatience. Plus les secondes avançaient et plus mon coeur se fissurait. Je peux me rappeler cette sensation sans mal, même à ce jour, c'est un souvenir empoisonné. Elle n'était pas là. Mille promesses brisées en une seconde. Je trimbalai mes valises insupportablement lourdes à travers l'aéroport bondée, si malheureuse qu'aucune larme ne voulu s'échapper. Le regard vide, le corps endoloris, je pris le taxi jusqu'à l’hôtel. Quelques minutes plus tard je me dévêtais pour me glisser sous la couette. Toujours, aucune larme ne tombait. Des dizaines de minutes s'écoulèrent où je ne fixais que le plafond blanc, neutre, en me demandant ce qu'elle pouvait bien faire ailleurs que dans le creux de mes bras. Puis un cognement subtile me fis redresser le dos. J'ouvris la porte d'une main morte. Elle. Là, sous mes yeux, un air d'excuse glissé au fond du regard. Sans attendre la permission je l'attire par les hanches et l'oblige à entrer. La porte claque derrière elle, son dos se fracasse contre le mur et moi je me rus sur ses lèvres d'une appétit non dissimulée. Elle murmura quelque chose. Je me fis plutôt agressive, submergée par tant de désir refouler, tant d'orgasmes à rattraper. Elle est délicieuse. Elle me rendait complètement folle. Hum. Je l'embrasse, laisse ma langue caresser les courbes de la sienne, je ne suis plus qu'envie de la tête aux pieds. Entre deux baisers brûlants elle ose enfin le dire, elle me confesse quelque chose que je n'ai pas envie d'entendre. Je le savais au fond, je le sentais dans mes tripes mais n'avais jamais voulu y croire. Elle n'avait jamais été à moi. Jamais été fidèle. Elle me murmure que ça, coupable, enfin honnête, mais m'embrassant toujours avec ferveur. C'est indéniable elle me veut, ma main qui se faufile dans son jeans, sous sa culotte le confirme. Elle me veut tellement ça l'a fait souffrir. Alors je l'ai prise. Comme ça contre le mur, je l'ai prise comme on ne l'avait encore jamais fait. Puis sur le lit, je l'ai fait crier encore plus fort. Des heures se sont écoulées ainsi, mon corps sur le sien, impassible, infatigable, incapable de lui résister. Elle a bien essayer de me rendre toutes les caresses que je lui offrais, mais je ne voulais pas qu'elle me salisse avec ses mains adultères. Je voulais qu'elle me regrette et s'en mordre les lèvres quand je serai disparue. Et ce départ fut rapide. Quand elle s'évanouit enfin, je quitté le pays sans même avoir le temps d'apercevoir la tour Eiffel.

Je n'ai pas eu le temps de digérer l'épisode encore. Trois ans d'amour, et je n'avais que des souvenirs gâchés. Je n'avais plus envie d'aimer, seulement envie d'être aimer pour une fois. Voir ce que ce serait d'être celle qui fait mal. C'était un jeu d'abord, puis c'est devenu un mode de vie. J'adore être adulé, être l'objet de tous les désirs intolérables et inaccessibles. Je suis toujours en chasse. Quand je vois une femme qui me plaît, je l'obtiens. Ça ne m'ait jamais arrivé d'être rejeté, pas après elle. Ma vie est malsaine, il n'y a rien de tangible, rien de concret,tout n'y est que mensonges et sexe. Mais c'est tout ce que j'ai comme remède pour fuir ma réalité. Je n'ai pas voulu retourner à LA, pas voulu retrouver ma vie d'avant. Alors j'ai rejoins quelques amis à New York, pris quelques mois pour faire mon dossier, dessiner et être dessiner, puis j'ai été accepté à Cambridge, à quelques kilomètres. Mon talent a convaincu quelqu'un à Harvard de me laisser une chance de m'épanouir. Ce n'était pas ce dont j'avais tant rêver, pas ce dont j'avais besoin, mais rien n'arrive pour rien dans la vie. Et puis, il doit bien y avoir quelques femmes à Harvard, non?