SCARSIN → love is wicked.

J'avais totalement ignorée Scarlett dernièrement, et c'était fou ce que ma vie me semblait vide. J'avais passé les fêtes chez mon père, et ne pas lui parler c'était comme un creux dans l'estomac, mais il le fallait. C'était facile de me critiquer que je m'fais tout Harvard et toutes les choses qu'elle s'amuse à dire sous la colère, mais très franchement, elle est pas mieux. Tiens toi à carreaux Tamsin pour avoir une chance, bien sûr Tamsin, soit cette fille stupide qui a pour une fois envie de changer, juste pour lui plaire, juste pour essayer d'avoir une relation sérieuse au moins une fois dans ta vie, juste essayer de savoir ce qu'on ressent quand on aime. Plus jamais. Faire souffrir les autres, c'est mieux. Le moins drôle, c'est quand on souffre. Scarlett avait réussi son coup, j'avais couché avec Phoenix, j'avais fais en sorte de me rattraper, essayer du moins, et c'est quand je m'y suis le moins attendue qu'elle a retournée sa veste. Fini, j'ai plus jamais donné aucune nouvelle. Amuse toi avec tous ces autres, offre leur ton corps perdus dans la foret. Assise sur un PC à tenter de cracker un énième truc pour le plaisir, une rousse s'assoit à côté de moi. Le genre de rousse que je préfère ignorer, et que je m'offre un malin plaisir à ignorer. Parle moi, et prends toi le mur de silence que je t'offre en guise de réponse.  

C'est pas normal. Y a forcément un truc que Scarlett a loupé, un signe qu'elle n'a pas réussi à décoder. Avec Tamsin, normalement, elle voit quand ça commence à déconner. Là, elles étaient reparties dans la même direction, après quelques mois d'errance loin l'une de l'autre. Pourtant, le téléphone féminin s'est arrêté de vibrer et d'afficher le visage trop innocent de sa meilleure amie. Ca fait des semaines. Si j'y réfléchis bien, ça fait depuis Halloween. J'saurais que trop facilement faire le lien. J'sais pas la raison, mais j'sais que ça vient de là. J'ai ton emploi du temps, je sais quand t'es libre, je sais où tu traines. J'entre dans la pièce, je m'installe à tes côtés, trainant une chaise pour me poser. « Il se passe quoi ? Tu flippes ? » Après tout, j'en sais rien, j'ai osé t'embrasser. Mais c'est pas toi ça, de te barrer quand je t'offre une partie de ce que tu veux. « T'as foiré le deal ? » Je vois que ça. Mais tu serais venu m'expliquer, manipuler mon faible esprit comme tu sais si bien le faire. Tu t'imposes dans le paysage, tu ne le quittes pas. « Tamsin ! » Sa voix se fait plus forte, son regard essaye d'happer celui d'à côté. Je vois bien que tu m'ignores, c'est d'ailleurs ton sport favori depuis trop longtemps. Moi aussi je sais m'imposer sur ta route.

Des lignes et des lignes de code, ça me détendait. C'était débile et peut-être prise de tête pour certain, mais moi, trouver le petit défaut, la petite virgule qui n'allait pas, ça me calmait, m'apaisait. J'étais déjà calme en situation normale alors actuellement, on faisait pas plus détendue. Je me redresse quand Scarlett arrive, parce que c'était la seule que je ne voulais pas voir. « Il se passe quoi ? Tu flippes ? » tu sais à qui tu parles, là ? J'suis reine pour faire flipper les gens, mais je flippe pas. Jamais. Rancunière aussi, tiens regarde comme je le fais bien, t'ignorer. « T'as foiré le deal ? » pas besoin, t'a réussi à l'faire pour nous deux. « Tamsin ! » se redresse un peu, comme un agacement, un sursaut contrôlé. Je te regarde pas, tu le mérite pas, même si j'en ai envie. J'en ai vraiment envie, tout me manque, tes yeux, tes lèvres, ton regard.. j'en ai marre d'être comme ça. Je termine ma ligne de code, l'envoie et attends que le programme agisse, tournant lentement ma tête vers Scarlett. Regarde comme je perds mes moyens, maintenant. "J'pense que tu devrais t'en aller." et puis même si tu reste, moi j'ai rien à te dire.   

J'commence avec un peu de provocation. Je sais que tu flippes pas, j't'ai jamais vu avoir peur. Tu vas crever plus jeune que nous tous et t'as pas peur. Tu blesses tout le monde, et t'as pas peur. Alors c'est pas moi, mes lèvres et mon baiser qui allons t'impressionner. J'aimerai avoir ce pouvoir. Celui d'aiguiser ta crainte, de te faire connaître des sentiments nouveaux. Alors je teste. Je vois quand tu réagis. Sauf que j'ai pas de patience. J'suis la gamine qui sautille sur place quand elle est heureuse, qui chiale à la moindre contrariété, j'suis pas comme toi. J'm'énerve quand tu m'ignores, et ça se sent à mon regard qui ne te quitte pas. T'façon, j'ai jamais rien compris à ce que tu faisais. "J'pense que tu devrais t'en aller." Fronce les sourcils, le front, grimace, la totale des expressions de l'incompréhension. « Hein ? » Ca sort d'où cette volonté de me virer de ta vie ? « Je vais pas m'en aller. » Qu'elle balance avec une espèce de naïveté idiote. Candide Scarlett. « Non non, je vais pas m'en aller. » Répète, pour que ça rentre dans l'esprit d'en face. « J'ai fais quelque-chose de mal? » C'est plus ta spécialité que la mienne, ça.

Part, vas t-en, j'en veux pas de tes longs cheveux roux, de tes seins refaits, de ta naïveté écœurante, de ta peau douce, de ton corps parfait, part. « Hein ? » T'a bien entendu, arrête. « Je vais pas m'en aller. » alors je ferais en sorte que tu le fasse de toi même, je compte pas te supplier pour ça. « Non non, je vais pas m'en aller. » regarde ce sourire sur mes lèvres. Ta volonté est belle, mais j'en ai rien à faire, tu partira, tu finira par partir. « J'ai fais quelque-chose de mal? » rigole et secoue la tête. Ce rire presque triste. Non, Scarlett, tu n'a rien fais de mal. Rien du tout, tu as juste vécu ta vie comme tu l'entendait, sans avoir à penser à quelqu'un derrière, en te souciant de rien d'autre que de toi même, rien de mal, c'est ce que je fais tous les jours. "J'en ai juste marre de toi." jamais je te dirais que tu m'a fais mal, tu m'connais trop bien. Tu m’atteins trop, tu m'affaiblie, et j'déteste tellement ça. Être faible, surtout face à une femme qui s'en va dans une foret avec le premier venu. "et j'aime pas trop cette fille que tu deviens." je te souris, c'est tout ce que je sais faire. Visage sans expression réelle, juste des expressions fausses que je lance, tout n'est que mensonge. "tu sais, celle qui couche avec n'importe qui, qui s'efface dans une foret alors que d'autres l'attendent, que d'autres restent sages, s'efforcent de l'être surtout." mais ça, c'est fini. Joue avec moi, comme tu le fais, je ferais tout ce qu'il faudra pour que tu regrette ce jour là.

  

"J'en ai juste marre de toi." Et là, Scarlett, elle le prend pas comme une phrase balancée comme ça, en l'air. Elle le prend en plein cœur. Elle le prend en plein dans le : j'me suis lassée, j'en ai marre. T'es pas si exceptionnelle que ça, tu sais ? Léger mouvement de recul, se prenant la remarque en pleine face. Allez, encaisse demoiselle. Serre les dents et ça ira. Va pas t'mettre à chialer non plus. Soit fière, toussa. Attends la suite des coups, comme tu sais si bien le faire. Vous êtes faites l'une pour l'autre. Toi t'es brillante pour faire du mal, et moi j'suis endurante dans la douleur. "et j'aime pas trop cette fille que tu deviens." Fronce les sourcils, ne comprend pas. Pas encore. J'ai pas changé, ou si peu. Ton visage j'y fais pas gaffe, j'sais que tu peux simuler tout ce que tu veux. Juste le son de ta voix, et encore. Tes yeux aussi. Ce que tu glisses entre les mots sans le vouloir. "tu sais, celle qui couche avec n'importe qui, qui s'efface dans une foret alors que d'autres l'attendent, que d'autres restent sages, s'efforcent de l'être surtout." Ouvre la bouche, la referme. Fait des traits entre les idées. « Je couche pas avec n'importe qui. » Je précise, déjà. « J'ai pas changé, c'est pas parce que j'suis plus aussi sainte et pure, que j'ai changé. » Puis c'est des conneries ça, j'couchais bien avec des femmes, et ça t'as jamais dérangé. « T'es restée sage ? » Ca, ca m'intéresse plus.

N'essaie pas de réagir, Scarlett. Inutile, maintenant. Je sais comment tu es, je sais comment tout l'monde est. Il suffit de goûter pour y prendre gout, c'est ça ? « Je couche pas avec n'importe qui. » rire moqueur, sortant de la gorge de la brune. Regarde comme je te crois, regarde comme tu sonne faux maintenant. Tu voulais être la fille superficielle ? Tu l'es. Félicitation, Cabot. « J'ai pas changé, c'est pas parce que j'suis plus aussi sainte et pure, que j'ai changé. » secoue la tête, c'est pas ce que j'ai dis. Ou peut-être que si, me fait pas ça, ne me change pas mes idées en une phrase. « T'es restée sage ? » laisse un silence. Long silence, presque lourd, si ça n'avait pas été nous. Je souris, repose mes yeux sur elle, fini par hocher la tête. "Ouais." t'entends comme c'est un murmure ? Tu entends comme je l'assume pas, d'avoir attendu, d'avoir été idiote, de t'avoir laissé échanger nos rôles ? Le sourire triste, j'hausse les épaules. C'est pas grave, tu sais, c'était juste notre chance, notre occasion. "et quand j'ai appris que c'était pas ton cas, j'suis redevenue normale." enfin pas encore tout à fait, mais un peu de mensonge ne fait jamais de mal, t'y es habituée de toute façon. Les yeux s'assombrissent, redeviennent noir, ce noir que tu connais, ce noir que tu vois. Sauf peut-être quand on dort ensemble, sauf dans nos rares moments de tendresses, sauf quand tu m'embrasse. Je déteste ce que tu m'fais. "des Scarlett, j'peux en avoir des tas." sourire, tu sais, ces sourires que tu connais bien. Les faux sincères.
  

J'aime pas ton rire, j'aime pas quand tu mets de la distance entre nous, j'aime pas quand tu me traites comme les autres. Surtout quand je me sens innocente. Si tant est qu'on puisse encore m'appeler comme ça désormais. Est-ce que je ne le serais plus jamais ? J'en sais rien, j'me suis pas posée autant de questions quand c'est arrivé. Tu sais, je voulais juste me débarrasser d'un poids. Et je continue. Je cède, c'est tout. J'arrête d'éteindre les flammes que je me contentais d'attiser auparavant. Puis y a ce silence, qui ne veut pas se finir. Moi j'attends sur tes lèvres, j'attends qu'elles parlent. "Ouais." Un sourire directement sur la bouche rosée. « Non non, c'est bien c'est.. » En réponse à ton sourire à toi qui se fane. Tu dois pas être triste de ça, jamais. "et quand j'ai appris que c'était pas ton cas, j'suis redevenue normale." Moi-aussi, je cède à la déception. Tellement que je fais même pas gaffe à essayer de lire si c'est vrai ou faux. « T'as pas réussi. T'as même pas réussi. » Ma voix se résigne. Je retiens quasiment que ça. Pour moi, t'as même pas réussi à résister aux sirènes de leurs corps. Pour moi. « C'était pas moi le problème Tamsin, moi j'ai rien à te prouver. C'est toi qui fait que de merder, et moi je fais que de te pardonner. Pour une fois, j'avais le droit que ça s'inverse. » Debout la Scarlett, qui tente de s'affirmer dans une relation qui a toujours eu le même équilibre. "des Scarlett, j'peux en avoir des tas." Tu mérites une gifle pour ça. Que je ne te donne pas, je suis fatiguée de me battre contre toi. Ma main s'écrase sur les touches, en espérant sûrement faire buguer tout ton merdier informatique. J'me penche, à quelques millimètres de tes traits. Siffle : « Alors bon courage avec elles. » Va voir tes Scarlett, moi, j'espère ne pas croiser d'autres Tamsin.

Arrête. Pars. T'a pas compris ? Depuis le début, depuis que je ne te réponds pas t'aurais du comprendre, mais non, c'est pas toi, c'est tellement pas toi de t'en aller. Tu cherche, tu force, tu gratte sur les plaies déjà bien amochée, juste pour t'amuser. « Non non, c'est bien c'est.. » Ouais c'est bien, ça devait bien arrivé un jour. Toi qui t'en va, toi qui trouve mieux, toi qui te rends compte qu'il n'y a pas que Tamsin qui existe. « T'as pas réussi. T'as même pas réussi. » Elle rigole, la brune. Ouais, t'a raison, j'ai pas réussi. Repose la faute sur moi, toi, tu ne sais être que victime dans cette relation. « C'était pas moi le problème Tamsin, moi j'ai rien à te prouver. C'est toi qui fait que de merder, et moi je fais que de te pardonner. Pour une fois, j'avais le droit que ça s'inverse. » ça s'inverse, ouais. Tu deviens la langue de vipère, tu es celle qui s'approche, qui siffle non loin de mon visage. « Alors bon courage avec elles. » souris, hoche la tête. "t'en fais pas, je sais en prendre soin." d'elles, des autres. Tu sais bien, t'a été la seule avec qui j'ai été aussi proche, tu sais comment je suis avec les autres, tu le sais. Pars, maintenant. Va faire ta vie avec ces autres.  
  

T'acceptes pas que je grandisse, hein ? T'aurais voulu me parler dans ta petite cage, à être bien jolie, bien docile. La fille qui rougit quand tu t'approches trop près, qui prends tes lèvres pour un sanctuaire sacré. J'le reste, cette fille. J'ai toujours le cœur qui bat plus vite quand t'es dans le coin, plus fort que pour les autres. Mais.. j'veux plus de cage. J'en ai marre de me prendre les barreaux quand tu secoues la prison pour voir si j't'aime toujours autant. Je change pas, j'évolue. "t'en fais pas, je sais en prendre soin." Ses billes vertes virent à l'orage. Ca obscurcit son cœur autant que son jugement. J'oublie que tu t'en fous des autres, j'oublie qui t'es. J'entends juste que tu vas me remplacer, juste parce que t'es pas capable d'accepter une infime partie de ce que j'encaisse depuis des années. « Va te faire foutre. » C'est tout ce que je suis capable de lâcher, susurré entre mes lèvres colériques. Adolescente sans argument autre que sa déception. Ca devait être notre nouveau départ, c'est finalement un nouveau point qu'on place.