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Sing me to sleep.
Carlisle & Amanda
Sing me to sleep and then leave me alone. Don't try to wake me in the morning 'cause I will be gone. Don't feel bad for me I want you to know, deep in the cell of my heart I will feel so glad to go. ▬ Emily Browning ▬ Dix janvier deux mille seize
« Amanda, il faut que tu reviennes à Oslo. Ton père… Il est arrivé quelque chose à ton père. Il… Oh mon Dieu… Rappelle-moi dès que tu peux. »
Les tremblements de cette personne pouvaient se ressentir au travers de sa voix emplie d’un ton mélancolique et alerté. Quelques mots qui arrachaient l’interrogation dictés sur ce répondeur. La voix était féminine et familière, il semblait s’agir de sa tante. L’entendre était devenu presque rare et si ce jour-là il était question d’un message vocal, la raison de cet appel devait certainement être d’une extrême importance. Cela avait inquiété la jeune femme qui avait suivi son ordre à la lettre, appelant sa tante oubliée dès que cela fut possible pour elle. Amanda s’était attendue à toutes les situations possibles et la mort ne lui avait pas échappée, évocateur de souvenirs douloureux.
Sa tante, aussi dévastée fut-elle, annonça d’une manière plutôt crue la disparition de son père. Les mots « pendu » et « mort » avaient résonnés et ce fut l’écroulement de toute sa vie que la jeune femme ressenti.
Durant quarante-huit heures Amanda se dégorgeait, de ses larmes, de sa tristesse, son mépris, sa douleur… Ne sachant que faire ni comment agir. Elle fut complètement perdue, déboussolée. Elle avait été abandonnée par la dernière personne pour qui elle comptait et qui comptait pour elle. L’étudiante avait longtemps essayé d’effacer le fait qu’un jour elle fut orpheline et jamais elle n’arriva à se défaire de cette image pénible. Cette annonce, aussi éphémère avait-elle put être, déclencha en elle cette douleur insoutenable et pour la seconde fois, elle se retrouvait de nouveau orpheline. C’était un questionnement immuable qui commençait à se tramer dans son esprit tourmenté par la violence des faits. Pourquoi l’avait-il abandonnée ? Pourquoi ne lui avait-il rien dit ?
La jeune femme n’avait aucune envie de prendre l’avion pour retrouver son père dans une boîte faite de chêne et encerclée de roses rouges. Cette simple image lui provoquait la nausée et remplissait son corps de dizaine de millions de petites boules de chair, faisant frissonner la courbe de son échine. Les larmes coulaient à flot et l’incertitude gagnait son opinion. Que restait-il sur cette terre qui puisse redonner courage et sourire à cette pauvre âme torturée par les événements tragiques que lui offrait la vie ? Rien. C’en était la conclusion qu’elle s’était donnée. Rien n’aurait pu sauver son cœur déjà martyrisé au paroxysme du possible.
La jeune femme s’était enfermée, avait éteint son téléphone et avait fermés les rideaux. Elle vivait dans une quasi obscurité et ne s’alimentait même plus, son estomac ne réclamant que le rejet et la nausée. Amanda était coupée du monde et vivait dans le plus parfait des silences abrupts.
La douleur physique n’était rien face à la souffrance psychique et Amanda s’était convaincue au fil des années qu’elle pouvait surmonter cette dernière. Ce fut le cas en essayant petit à petit de se réadapter à la vie normale, à la vie simple d’une étudiante sans histoires… Mais cette fois, c’était différent, elle savait qu’elle ne s’en relèverait pas.
Une sensation pénible détenait mon corps, je le sentais ankylosé, douloureux et faible. Je voulais ouvrir les yeux mais la lumière bien trop présente me l’empêchait. Mes oreilles sifflaient, c’était désagréable mais je pouvais entendre des voix et des sons électroniques tout autour de moi. Cela me donnait mal à la tête. J’essayai de mener une réflexion tant bien que mal, mon cerveau n’émettait presqu’aucune information et j’avais l’impression étrange de me retrouver dans un rêve laborieux.
Des images me revinrent en mémoire et m’indiquaient immédiatement ce qu’il s’était produit la vieille ou l’avant-veille, je ne savais plus.
Le corps nu, elle se retrouva dans une baignoire vide. Laissant couler l’eau glacée sur son avant-bras, la jeune femme détenait dans sa main droite une lame de rasoir aiguisée pour l’occasion. L’intégrité de ses membres tremblait sous l’émotion, la peur, l’angoisse et la douleur. La décision qu’elle venait de prendre était la bonne, elle en était certaine. Son existence n’apportait rien à personne et personne n’apportait rien à son existence, alors peu importe la douleur que cela devait lui infliger, elle voulait le faire. Elle avait ingurgité une heure ou deux plus tôt quelques aspirines, sachant qu’elles avaient la propriété de fluidifier le sang. Il était indéniable qu’elle ne voulait en aucun cas se rater et la détermination était telle qu’elle découpa, dessina et trancha sa peau le plus profondément dont elle était capable, verticalement, horizontalement, de toutes les manières possibles. Elle serrait les dents, c’était douloureux mais la jeune femme se sentait délivrée d’un mal certain. Son poignet droit eut le droit au même traitement et lorsqu’elle eut terminé, le bain fut assez rempli pour la couvrir presque entièrement. La blonde se cala contre l’émail et ferma ses yeux, la respiration haletante et le cœur frappant désagréablement dans sa poitrine. La peur l’envahissait indéniablement, une boule s’était formée au fond de sa gorge et ses entrailles se tordaient, provoquant une géhenne incommensurable. Elle avala sa salive plusieurs fois et s’enfonça un peu plus dans le bain, sentant bientôt sa tête tournoyer.
J’ouvris les yeux difficilement, clignant plusieurs fois des paupières avant d’observer fixement le plafond. Des néons m’éblouissaient et me forçaient à tourner la tête vers la droite. Mon bras était tendu et je vis une perfusion y raccordée. Je commençais à sangloter, j’avais compris que mon coup n’avait pas fonctionné et que j’étais toujours ce boulet sur cette Terre. La souffrance était encore pire qu’avant, je me sentais faible, triste et fatiguée. Comment allais-je pouvoir me remettre de tout cela ? J’en étais strictement incapable et je n’avais qu’une seule envie ; recommencer pour pouvoir cette fois-ci en finir réellement. J’observais ce qui m’entourait avec les yeux mi-clos, les machines auxquelles j’étais reliée bipaient sans cesse et balayant la pièce du regard, comme je le pouvais, j’entrevus un homme brun et son visage me fut familier. La surprise me prit de court, il s’agissait de Carlisle, le jeune homme que j’avais rencontré un mois plus tôt… Que faisait-il ici ? Etait-ce lui qui m’avait retrouvée ? Des dizaines de questions défilèrent dans mon esprit tandis que mes yeux se refermèrent machinalement, essayant de croire qu’une illusion était possible. Les paupières toujours lourdes, mon regard se rouvrit et se reposa automatiquement sur le jeune homme. J’essayais de parler mais aucun son ne sortit immédiatement de ma bouche, ma gorge était sèche et serrée. J’avalais de nouveau ma salive et me concentrant un peu plus, je réessayais.
« Carl-Carlisle… » Dis-je de manière très affaiblie. Même quelques paroles étaient difficiles à sortir. « Que fais-tu … Ici ? » continuai-je sans m’efforcer plus. J’essayai de ne pas bouger, le corps trop endoloris pour cela et plongeai toujours autant mes yeux embrumés dans ceux du jeune homme…
Les tremblements de cette personne pouvaient se ressentir au travers de sa voix emplie d’un ton mélancolique et alerté. Quelques mots qui arrachaient l’interrogation dictés sur ce répondeur. La voix était féminine et familière, il semblait s’agir de sa tante. L’entendre était devenu presque rare et si ce jour-là il était question d’un message vocal, la raison de cet appel devait certainement être d’une extrême importance. Cela avait inquiété la jeune femme qui avait suivi son ordre à la lettre, appelant sa tante oubliée dès que cela fut possible pour elle. Amanda s’était attendue à toutes les situations possibles et la mort ne lui avait pas échappée, évocateur de souvenirs douloureux.
Sa tante, aussi dévastée fut-elle, annonça d’une manière plutôt crue la disparition de son père. Les mots « pendu » et « mort » avaient résonnés et ce fut l’écroulement de toute sa vie que la jeune femme ressenti.
Durant quarante-huit heures Amanda se dégorgeait, de ses larmes, de sa tristesse, son mépris, sa douleur… Ne sachant que faire ni comment agir. Elle fut complètement perdue, déboussolée. Elle avait été abandonnée par la dernière personne pour qui elle comptait et qui comptait pour elle. L’étudiante avait longtemps essayé d’effacer le fait qu’un jour elle fut orpheline et jamais elle n’arriva à se défaire de cette image pénible. Cette annonce, aussi éphémère avait-elle put être, déclencha en elle cette douleur insoutenable et pour la seconde fois, elle se retrouvait de nouveau orpheline. C’était un questionnement immuable qui commençait à se tramer dans son esprit tourmenté par la violence des faits. Pourquoi l’avait-il abandonnée ? Pourquoi ne lui avait-il rien dit ?
La jeune femme n’avait aucune envie de prendre l’avion pour retrouver son père dans une boîte faite de chêne et encerclée de roses rouges. Cette simple image lui provoquait la nausée et remplissait son corps de dizaine de millions de petites boules de chair, faisant frissonner la courbe de son échine. Les larmes coulaient à flot et l’incertitude gagnait son opinion. Que restait-il sur cette terre qui puisse redonner courage et sourire à cette pauvre âme torturée par les événements tragiques que lui offrait la vie ? Rien. C’en était la conclusion qu’elle s’était donnée. Rien n’aurait pu sauver son cœur déjà martyrisé au paroxysme du possible.
La jeune femme s’était enfermée, avait éteint son téléphone et avait fermés les rideaux. Elle vivait dans une quasi obscurité et ne s’alimentait même plus, son estomac ne réclamant que le rejet et la nausée. Amanda était coupée du monde et vivait dans le plus parfait des silences abrupts.
La douleur physique n’était rien face à la souffrance psychique et Amanda s’était convaincue au fil des années qu’elle pouvait surmonter cette dernière. Ce fut le cas en essayant petit à petit de se réadapter à la vie normale, à la vie simple d’une étudiante sans histoires… Mais cette fois, c’était différent, elle savait qu’elle ne s’en relèverait pas.
Une sensation pénible détenait mon corps, je le sentais ankylosé, douloureux et faible. Je voulais ouvrir les yeux mais la lumière bien trop présente me l’empêchait. Mes oreilles sifflaient, c’était désagréable mais je pouvais entendre des voix et des sons électroniques tout autour de moi. Cela me donnait mal à la tête. J’essayai de mener une réflexion tant bien que mal, mon cerveau n’émettait presqu’aucune information et j’avais l’impression étrange de me retrouver dans un rêve laborieux.
Des images me revinrent en mémoire et m’indiquaient immédiatement ce qu’il s’était produit la vieille ou l’avant-veille, je ne savais plus.
Le corps nu, elle se retrouva dans une baignoire vide. Laissant couler l’eau glacée sur son avant-bras, la jeune femme détenait dans sa main droite une lame de rasoir aiguisée pour l’occasion. L’intégrité de ses membres tremblait sous l’émotion, la peur, l’angoisse et la douleur. La décision qu’elle venait de prendre était la bonne, elle en était certaine. Son existence n’apportait rien à personne et personne n’apportait rien à son existence, alors peu importe la douleur que cela devait lui infliger, elle voulait le faire. Elle avait ingurgité une heure ou deux plus tôt quelques aspirines, sachant qu’elles avaient la propriété de fluidifier le sang. Il était indéniable qu’elle ne voulait en aucun cas se rater et la détermination était telle qu’elle découpa, dessina et trancha sa peau le plus profondément dont elle était capable, verticalement, horizontalement, de toutes les manières possibles. Elle serrait les dents, c’était douloureux mais la jeune femme se sentait délivrée d’un mal certain. Son poignet droit eut le droit au même traitement et lorsqu’elle eut terminé, le bain fut assez rempli pour la couvrir presque entièrement. La blonde se cala contre l’émail et ferma ses yeux, la respiration haletante et le cœur frappant désagréablement dans sa poitrine. La peur l’envahissait indéniablement, une boule s’était formée au fond de sa gorge et ses entrailles se tordaient, provoquant une géhenne incommensurable. Elle avala sa salive plusieurs fois et s’enfonça un peu plus dans le bain, sentant bientôt sa tête tournoyer.
J’ouvris les yeux difficilement, clignant plusieurs fois des paupières avant d’observer fixement le plafond. Des néons m’éblouissaient et me forçaient à tourner la tête vers la droite. Mon bras était tendu et je vis une perfusion y raccordée. Je commençais à sangloter, j’avais compris que mon coup n’avait pas fonctionné et que j’étais toujours ce boulet sur cette Terre. La souffrance était encore pire qu’avant, je me sentais faible, triste et fatiguée. Comment allais-je pouvoir me remettre de tout cela ? J’en étais strictement incapable et je n’avais qu’une seule envie ; recommencer pour pouvoir cette fois-ci en finir réellement. J’observais ce qui m’entourait avec les yeux mi-clos, les machines auxquelles j’étais reliée bipaient sans cesse et balayant la pièce du regard, comme je le pouvais, j’entrevus un homme brun et son visage me fut familier. La surprise me prit de court, il s’agissait de Carlisle, le jeune homme que j’avais rencontré un mois plus tôt… Que faisait-il ici ? Etait-ce lui qui m’avait retrouvée ? Des dizaines de questions défilèrent dans mon esprit tandis que mes yeux se refermèrent machinalement, essayant de croire qu’une illusion était possible. Les paupières toujours lourdes, mon regard se rouvrit et se reposa automatiquement sur le jeune homme. J’essayais de parler mais aucun son ne sortit immédiatement de ma bouche, ma gorge était sèche et serrée. J’avalais de nouveau ma salive et me concentrant un peu plus, je réessayais.
« Carl-Carlisle… » Dis-je de manière très affaiblie. Même quelques paroles étaient difficiles à sortir. « Que fais-tu … Ici ? » continuai-je sans m’efforcer plus. J’essayai de ne pas bouger, le corps trop endoloris pour cela et plongeai toujours autant mes yeux embrumés dans ceux du jeune homme…
© Gasmask
(Invité)