drink to cheers (damon)

Boire encore et encore, ne plus s'arrêter, toujours plus de verres, toujours plus de conneries. Ouais s'envoyer en l'air partout avec n'importe qui parce que plus rien ne comptait, parce que j'avais tout gâché, encore. Qui voudrait être avec un mec qui n'est pas capable d'être à une seule femme ? Personne, en tout cas, pas sérieusement. Alors j'étais là, dansant sur le rythme de la musique, bougeant mes pieds comme je pouvais, me fichant d'avoir l'air ridicule. Ouais je savais pas danser et alors ? Hors de question de m'empêcher de faire la fête pour autant. Et, alors que je laissais la musique m'emporter, j'entendis une femme non loin de là parler d'un mari. Automatiquement ma tête se tourna vers cette voix qui me semblait familière et, très vite, j'apercevais Willow. La belle Willow au charme irrésistible, celle que j'avais demandé en mariage à Las Vegas sous l'effet de l'alcool, cette même liqueur qui me fit aller vers elle sans poser plus de questions. Arrachant son verre de sa main, je le finissais sans rien dire, sans même prévenir, juste un sourire arrogant aux lèvres tandis que ma main passait derrière son dos, se positionnant au dessus de ses fesses afin de l'attirer à moi, bougeant maintenant mes hanches au rythme de son déhanché. « Ravi de te revoir aussi, surtout en train de me faire cocu ! » plaisantais-je, le regard amusé. Nous deux, on n'était pas ensemble et il était peu probable qu'on le soit un jour. Et pourtant je lui avais passé la bague au doigt, dansant maintenant avec elle, prenant du bon temps au lieu d'essayer de reconquérir la femme que j'aimais vraiment.

Peut-être que j'agissais comme un idiot, un moins que rien en niant mes sentiments grandissant pour Kara en passant du bon temps avec une autre femme. Mais cette autre personne n'était pas n'importe qui, elle était celle à qui j'avais passé la bague au doigt alors je me devais d'honorer notre union pas vrai ? Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Et là tout de suite on était en vie, on profitait à fond de cette putain de vie d'ailleurs, buvant comme des assoiffés, dansant comme des acharnés, rigolant comme des désespérés. « T'en as rien à foutre de beaucoup de choses apparemment, ça en viendrait presque à m'inquiéter ! » Ouais, une blague, j'avais rien de mieux à faire que ça. Me laisser aller dans les bras de Willow, elle qui n'était à la base qu'une amie avec qui j'adorais boire devenait un plan drague à deux balles. Je me foutais de ce qu'en penserait Tate, est-ce que quelqu'un pensait à moi dans ce monde ? Non. Alors hors de question de me soucier du bonheur des autres, qu'ils se démerdent. « Un verre c'est tout ce que tu veux ? » murmurais-je avant de venir trouver ses lèvres doucement, pas de manière amoureuse non, plutôt pour ne pas la brusquer. La dernière chose que je tenais à me prendre était un vent de la part d'une femme que j'appréciais. « Je suppose que c'est pas plus mal étant donné que ton mari est un peu fauché » lançais-je en rigolant comme si plus rien d'autre ne comptait.

Ces temps-ci j'avais trop dépensé, trop bu dans les bars, épuisant toutes mes économies pour cette liqueur qui me détruisait le foie mais qui m'emmenait aussi dans un autre monde. Un monde dans lequel les problèmes n'existaient plus, où tout était permis car, au fond, il fallait juste profiter de la vie sans se soucier du reste. Bien sûr la plupart des gens oubliaient qu'on mourrait tous un jour, que ceci n'était qu'une question de temps. C'est pour ça que je ne ressentais aucun regret à embrasser Willow, peu importait qu'elle soit amoureuse d'un autre homme. Il n'y avait plus de sentiments en jeu, on avait tous deux perdus les personnes qui comptaient pour nous, plus aucune attache, plus de responsabilités, juste un homme et une femme cherchant à s'amuser comme ils le pouvaient. « Que le romantisme aille se faire foutre » lâchais-je en levant les yeux au ciel. Au fond rien de ceci ne servait à quelque chose. Quelle différence cela faisait qu'elle paye ou que je paye ? Mais bon la jeune femme avait l'air de tenir à son verre. « T'as de la chance, il me reste encore un peu d'argent pour honorer ce... romantisme » soupirais-je, me dirigeant alors vers le bar pour aller chercher deux boissons. Comme si on n'était pas déjà assez mal comme ça.

On était là dansant l'un contre l'autre jusqu'à ce que je me lâche, que mes lèvres touchent les siennes, laissant l'envie parler, envoyant la raison se faire voir. Personne ne voulait de tout cet amour qu'on avait à donner, trop souvent rejetés, déçus, effrayés par les autres, on avait préféré s'isoler et, au fond, peut-être qu'on avait bien fait. Qu'est ce qu'on en savait finalement ? Personne ne pouvait prévoir l'avenir et j'en avais assez de penser aux conséquences de mes actes, préférant de loin agir sur un coup de tête et assumer après. Alors, quand elle me demande ce verre, je répondis, sans réfléchir, que j'étais fauché mais que ce verre allait lui être remboursé quand même. Je me dirigeais donc vers le bar, une main dans ma poche pour chercher quelques pièces. Putain il n'y allait pas avoir assez. Autant le dire, j'étais dans la merde, avais fait le fier pour les beaux yeux de Willow et finissait par payer ce bluff. Mais, heureusement, elle me stoppa, posant sa main sur mon avant-bras. Curieux, je me tournais vers elle, arrêtant de chercher de la monnaie dans mon jean, l'écoutant parler. Elle semblait sincère, son regard plongé dans le mien, comme si c'était plus une supplication qu'une demande. Avait-elle besoin de compagnie à ce point là ? Au diable les questions, cette soirée allait être une des meilleures de ma vie, je le sentais. « Tu sais si t'as pas envie que je te quitte, même pour aller au bar, faut le dire tout de suite hein » plaisantais-je, les lèvres proches de son oreille, parlant à basse voix avant de mordiller son lobe. « Mais bon la sincérité c'est pas trop notre truc pas vrai ? » Non, pas du tout même.