DAISY GALLAGHER ► Georgia Jagger

Il y a cette petite voix dans sa tête qui lui dit de manger. Toujours. Encore. Jusqu'à vomir. Il y a cette petite voix qui la contrôle. Ou contrôlait, devrait-elle dire. Lorsqu'elle était enfant, Daisy était malade. Le genre de maladie que personne ne prend au sérieux. Elle était obèse et contrairement à ce que la majorité des personnes pensaient, elle ne pouvait pas contrôler ce qu'elle mangeait. Lorsqu'elle était stressée à cause des cours, elle mangeait. Lorsqu'elle rentrait en pleurant de l'école car des enfants s'étaient moqués d'elle, elle mangeait. Lorsqu'elle était heureuse, elle mangeait. Elle ne pouvait pas se contrôler. Elle avait faim et absolument rien ne semblait la rassasiée. Elle était consciente de son problème, mais comment pouvait-elle s'arrêter alors que tout son corps lui réclamait de la nourriture ? Personne ne la prenait au sérieux. Ses parents étaient aveuglés par l'amour qui lui portait, son frère voyait bien qu'elle était mal dans sa peau alors pourquoi en rajouter. Mais plus elle mangeait, moins elle semblait avoir d'amis et elle semblait être coincée dans un cercle vicieux dont elle ne pouvait s'échapper.

Et pourtant, un jour, elle en est sortie. Elle a appris à contrôler cette petite voix dans sa tête, à lui dire de se taire. Elle a appris à manger sans s'écoeurer, à exprimer ses émotions autrement. Ca lui aura pris deux ans de sa vie, deux longues années d'une lutte acharnée contre ses anciens démons. Ce n'est pas un combat terminé, mais elle va mieux. Lorsqu'elle sent qu'une crise va arriver, elle va se défouler dans la salle de sport à côté de chez elle. Elle met ses baskets et va courir. Elle sort son appareil photo et va prendre l'air. Elle pense à autres choses.

La vie universitaire lui a changé la vie. En passant les portes d'Harvard, Daisy était transformée et tout ceux qui la connaissaient du lycée ne la reconnaissaient pas. Elle avait changé et les gens semblaient s'intéresser à elle, maintenant. Pas énormément, mais plus qu'avant – ce qui n'était pas dur. Elle a l'impression que ça va. Elle a l'impression d'aller mieux. Mais Daisy sait très bien que la petite voix dans sa tête est toujours présente, qu'elle la menace toujours. Malgré les efforts qu'elle a fait, elle est consciente qu'une rechute est possible – surtout quand la vie universitaire n'est pas forcément un long fleuve tranquille.