Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibilityCe soir je suis payé, je remets mon nez rouge.
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Ce soir je suis payé, je remets mon nez rouge.

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CE SOIR JE SUIS PAYE, JE REMETS MON NEZ ROUGE
Je sais bien que vous n'en avez rien à faire. De mes problèmes quotidiens, de mes poubelles de mes colères. Je suis là pour vous faire oublier, vous voulez qu'ça bouge. Ce soir je suis payé, je remet mon nez rouge  

   S'en est presque gavant de savoir parfois ce que l'on attend de vous ou pas. Petite soirée pompeusement organisée par les Eliots et comme un abruti je me suis porté garant pour jouer les pianistes, ayant été chaudement recommandé par l'une des membres de cette maison faisant aussi partie de l'orchestre symphonique de Boston. Je n'ai, encore une fois, que pensé à mon image et à ce que je pourrais y gagner. Que n'ai-je pas fait comme connerie... Bref il avait fallu s'apprêter convenablement pour ne pas subir les railleries des compères fortunés, chose que je n'aurais supportée. Mais au dernier moment pourtant, que voulez-vous, j'en avais décidé autrement. A cette fête seraient aussi conviés nombre de Cabots, de Lowells pour leur tenir la chandelle ou immortaliser ce moment et quelques Dunsters de nobles lignées.... Foutus Eliots et leurs pédigrées. Aucun Mather n'y foutra les pieds naturellement. Alors jouant les rebelles, j'ai troqué mon costume pour un jeans, repassé tout de même, une chemise et un blouson de cuir. Seule ma montre aux reflets cuivrés laisse présager que je suis moi aussi de haut rang.

Une fois sur place à l'entrée du bâtiment, le rez-de-chaussée du gymnase réservé pour l'occasion, c'est à peine si on me dévisage et me laisse l'opportunité de rentrer. Encore heureux, j'ai sur moi le numéro de celle qui m'a pistonné. C'est beau, pompeux et ça sent l'oseille partout où mon regard se pose. Ils ont fait dans le grandiose et n'ont pas lésiné sur les moyens. Au loin sur une estrade se trouvent empilés quelques caisses dont il est facile de deviner le contenu aux vues des volumes et formes anguleuses. Mais déjà le beau monde s'affaire autour des tables lorsque je sens un bras m'agripper dans le seul but de m'arrêter. Je lui décroche naturellement un regard avant de lui signifier que malgré tout le fric qu'il pourrait déverser, malheureusement pour lui: " Hey, j'suis pas intéressé " Le gars semble soudainement avoir pigé la teneur du message et me relâche aussi rapidement qu'il était venu me choper pour me laisser aller vagabonder vers les estrades, une coupette de champagne subtilisée à la volée. J'ai de la chance cependant car déjà de l'autre coté du terrain un Mather - à ce qu'il semble être - se fait "gentiment" raccompagner vers la sortie par deux étudiants qui le trainent par les poignets. Comme quoi certains n'ont pas encore compris. Alors posant mon verre sur le bois ciré d'un piano à queue de très bonne manufacture selon la marque qui y est gravée, quand je vois d'un très mauvais œil l'objectif d'une caméra à quelques mètres me cibler. Déjà que je vais devoir jouer pour une bande d'abrutis juste par vanité, il est hors de question qu'on me tire en plus le portrait. D'une main leste je lui fais signe donc de se pointer, espérant qu'il abaisse dans son approche sa caméra.  

   
acidbrain
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Peter et Hank   
Si on lui avait dit que seulement quelques jours après son entrée à Harvard il allait assister à une fête, il se serait félicité. Mais bon, il ne ferait que la filmer, sans être rémunéré en plus.

Un mec était venu lui demandé si c'était bien lui "Peter", et qu'il avait une faveur à lui demander. Ils leur manquait quelqu'un pour filmer la fête qu'ils organisaient, et un ami lui avait parlé de lui et avait assuré qu'il était assez doué pour le faire bien. Peter avait deviné qu'ils cherchaient quelqu'un en plus, pas trop cher, et que si un débutant ferait l'affaire, c'est que la tâche ne devait pas être trop compliquée. Il savait que si on lui avait demandé cette faveur c'était parce qu'il venait d'arriver, qu'il ne connaissait presque personne et que, intimidé par un Eliott, il aurait tout de suite accepté de faire ça gratuitement. En réalité, Peter n'était pas du tout intimidé par n'importe quel Eliott de tout le campus, et s'il avait accepté, c'était parce que dans cette affaire, il pourrait toujours en tirer quelque chose. Et puis il valait toujours mieux donné bonne impression dès le début, en étant serviable et sympa, pour avoir plus d'opportunités plus tard.

Il était arrivé plus tôt pour connaitre les lieux, faire ses repères, parler avec les organisateurs et les autres personnes qui filmeraient ou prendraient des photos. Il avait été très impressionné par les décors. C'était "trop", à son goût. C'est sûr que s'il comparait ce genre d'événement aux soirées de drogués auxquelles il avait l'habitude d'aller, ce truc-là, c'était du grand luxe. Il s'y attendait tout de même: pour demander à plusieurs personnes de filmer une fête, c'était que celle-ci avait quelque chose à prouver, qu'on l'immortalisait pour une raison. Il trouvait cela intéressant, d'un point de vue sociologique.

On lui avaient donc donné des consignes. "Toi, tu filme la scène, le mec qui va jouer."  On ne lui avait rien dit d'autre. Il ne savait pas trop comment il devait le filmer, avec une ou plusieurs caméras, en plans fixes ou non. Il avait alors décider de filmer caméra à l'épaule, lui permettant de filmer sous différents angles et avec différents points de vue. Il testait encore les meilleurs angles par rapport au piano posé sur l'estrade, à la lumière, quand le pianiste rentra alors dans le cadre. Il n'avait pas trop l'air d'un pianiste, et encore moins d'un habitué à ce genre de fête. Sa tenue n'avait rien à voir avec l'ambiance. Peter, lui, s'était simplement habillé en noir pour passer inaperçu, c'était son job. Mais le pianiste était sur scène, donc au centre de l'attention. La décision qu'il avait prise reflétait alors soit son immense plaisir de se retrouver ici, soit son envie de se démarquer.

Sa caméra alors rivée sur lui, le type le repère et d'un signe de la main lui demande de s'approcher. Ce qui, évidemment, irrita un peu Peter. Déjà qu'il était venu ici et qu'il se sentait presque comme un esclave, que ce mec lui demande de venir comme ça, comme si c'était la chose pour laquelle on l'avait engagé, lui fit serrer les dents. Mais il devait faire bonne impression, ne rien faire foirer. Alors il pointa l'objectif de la caméra sur le sol, sachant qu'il allait devoir retrouver cet angle parfait qu'il avait trouvé précédemment, et s'approcha du musicien.

"Ouais ?" interrogea-t-il, d'un air un peu lasse et agacé, déjà.


acidbrain
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CE SOIR JE SUIS PAYE, JE REMETS MON NEZ ROUGE
Je sais bien que vous n'en avez rien à faire. De mes problèmes quotidiens, de mes poubelles de mes colères. Je suis là pour vous faire oublier, vous voulez qu'ça bouge. Ce soir je suis payé, je remet mon nez rouge  

 No way. Je ne suis pas déjà ravi de participer à cette mascarade cousue et brodée par le fric des plus hauts dignitaires de cette université alors retrouver ma face sur une vidéo d'un petit youtubeur en recherche du plus grand nombre de "I like it".... c'était pas vraiment dans mes prérogatives de la soirée. Le blondinet, un peu maigrichon - à se demander ce qu'on lui donne à bouffer - s'approche mais rien qu'à sa face de déterré, j'imagine qu'il n'a pas apprécié d'être interpellé. Allez, je n'ai encore rien dit mais son  "Ouais ?" me fait direct déchanter.  Ouais... Il est évident qu'il ne fait pas partie des Lowells rien qu'à son langage super sophistiqué. Je vais peut-être m'en faire ceci dit un allié. Il s'approche encore un peu et là je lance les hostilités histoire de le juger : " Tu fais quoi là? " Dans l'attente de sa réponse, deux de mes doigts pianotent frénétiquement le clavier, buvant quelques gorgées de ce millésime raffiné avant de reposer violemment la flute sur le plan laqué. C'est aussi çà le charme des Eliots: boire sans s’attribuer l'étiquette de l'alcoolo névrosé, j'ai nommé le club Mather. A peine commence-t-il à parler que je me pince l’arrête du nez, comprenant que lui aussi s'est fait grandement couillonner. D'une main paume ouverte je tente alors de l'arreter. " Hey hey... T'as l'air d'un bon gars. Écoute. Si tu veux te rendre utile, tu peux me remplir ma coupette. Mozart a besoin d'un remontant. " Ma main vient chercher la flute et lui tendre bêtement alors que mes yeux viennent se figer sur le piano en lui-même avant de lâcher un "merde" très discret en m’apercevant qu'avec quelques gouttes de spiritueux renversées, j'ai niqué le laqué.

   
 

   
acidbrain
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